Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

dimanche 25 mars 2018

La chronique du blédard : Des civils et de ceux qui les bombardent

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Le Quotidien d’Oran, jeudi 15 mars 2018
Akram Belkaïd, Paris

Quand les bombes pleuvent, le civil n’est plus rien. Ne pèse plus rien. On s’inquiète pour son sort, on pleure sa mort, ses blessures nous horrifient, on défile pour lui, on pétitionne, on clame son indignation, ici ou là, sur les réseaux sociaux, dans la rue ou, tout simplement, au plus profond de sa conscience. Mais, à vrai dire, on n’y peut rien. Depuis l’essor de l’aéronautique, depuis les atrocités du Rif, où s’illustra Pétain, depuis le gazage des tribus irakiennes ordonné par Churchill en passant par Guernica, l’aviation de guerre est une malédiction pour les populations civiles. Un fléau sinistre. Londres, Dresde, Le Havre, Calais, Tokyo, Sakiet Sidi Youssef (8 février 1958, pas vu passer grand-chose pour commémorer ce bombardement…), les Aurès, l’Ouarsenis, le nord du Vietnam, Beyrouth, Bagdad, Sarajevo, Belgrade, Alep, Gaza, la Ghouta, le Yémen : la liste des dévastations venues du ciel et son cortège de populations civiles décimées semble infinie. Elle décrit néanmoins à la perfection l’évolution de l’ordre du monde. Dis-moi qui bombarde et qui est bombardé, et je te dirai qui est le plus fort et qui est le damné. Dis-moi qui a la maîtrise du ciel et je te dirai qui règne vraiment, qui a le pouvoir du feu, qui est mille fois plus puissant qu’une bande d’exaltés en armes dont l’action la plus spectaculaire, et la plus meurtrière, fut justement de transformer des avions civils en bombes volantes.

Cela fait des décennies que les civils meurent sous le fracas censé les libérer. Dans la dialectique qui accompagne ces drames, ils furent considérés comme des victimes innocentes mais, hélas, nécessaires pour que s’accomplisse la liberté. Puis vint le discours des « dommages collatéraux » corollaire du mythe des « frappes chirurgicales ». Le détenteur de la force clamant alors sa capacité technologique à frapper l’objectif militaire tout en épargnant les civils. Clamant aussi sa supériorité morale par rapport à l’ennemi au sol. Aujourd’hui, alors que personne ne gobe plus le blabla du discernement technologique, le civil est désormais la victime de celui qui est au sol et que la bombe vise (et non pas de celui qui bombarde…).

A Gaza, comme à Alep-Est, comme pour la Ghouta damascène, comme pour Afrin au nord de la Syrie, c’est le même discours, les mêmes justifications, les mêmes blâmes moraux, les mêmes accusations. Hélas, oui, les civils meurent sous nos bombes mais, vous savez, c’est la faute de nos ennemis. Ces gens n’ont aucun scrupule, ils empêchent ceux qui n’ont rien à voir avec notre différend de quitter tranquillement les lieux en attendant que nous finissions le travail… Etrange similarité du discours. Tendez-bien l’oreille. A Tel Aviv, comme à Damas, Washington, Moscou ou à Ankara, quelle que soit son idéologie, quelles que soient ses convictions politiques, on dit la même chose. Le civil n’est pas la cible, il est l’otage, le bouclier humain utilisé contre son gré. Si on le tue, c’est la faute des autres, pas la nôtre.

Dès les années 1920, les généraux allemands, tirant les enseignements de la Première Guerre mondiale, théorisaient l’usage de l’aviation pour démoraliser l’ennemi en s’en prenant à sa population civile. Depuis, et au-delà des arguties juridiques sur le droit de la guerre et les propagandes diverses, c’est le même objectif qui est visé. Quand les Américains déversent des « tapis de bombes » sur l’Irak, ce n’est pas uniquement pour mettre en déroute l’armée de Saddam Hussein. C’est, comme l’avait annoncé James Baker à Tarek Aziz, à la fin de l’année 1990 à Genève, pour renvoyer son pays (et sa population) « à l’âge de pierre ». Un bombardement aérien, même lointain, est une somme incroyable de violences. Sans même parler des destructions, des effets de souffle, il faut avoir à l’esprit l’impact effroyable du bruit, notamment sur les plus jeunes, les enfants. Rien ne permet de lutter contre cela.

L’avantage stratégique de l’aviation militaire ne vaut aujourd’hui encore que si la dévastation est totale ou importante. Dans les conflits asymétriques, celui qui bombarde doit être sûr que l’ennemi au sol sera totalement anéanti ou qu’il ne puisse pas se terrer en attendant des combats terrestres dont les états-majors ne veulent plus parce que leurs opinions publiques exigent le « zéro-mort » pour leurs armées. On bombarde et on bombarde encore, ce credo venu des Etats-Unis, survivance de la Seconde Guerre mondiale, est toujours valable. Voilà pourquoi les beaux discours et les larmes diplomatiques à-propos des corridors humanitaires et des trêves à mettre en place pour permettre aux civils de fuir ne tiennent pas la route.


Terminons cette chronique en consacrant quelques lignes aux pilotes. Toute une littérature et filmographie leur ont patiemment bâti une légende et un prestige en insistant sur les fameux duels aériens dont les prémisses remontent à la Grande Guerre. Le « Baron rouge » comme les protagonistes de Top Gun ne tuent pas de civils. Ils abattent des avions (et des pilotes) ennemis. On parle rarement de celui qui bombarde, qui emporte avec lui des centaines de kilogrammes d’explosifs avant de les balancer sur des populations civiles. Notre rapport aux conflits quels qu’ils soient changerait si l’on gardait cela en tête. Devenu un fameux pilote d’essai – il fut le premier homme à passer le mur du son – Chuck Yeager raconte dans son autobiographie comment, alors qu’il était jeune pilote dans l’armée américaine, il reçut l’ordre de mitrailler tout ce qui bougeait sur la partie du territoire allemand assigné à son escadrille. Et d’avouer qu’il eut conscience que cet ordre de démoraliser la population en la décimant relevait bien d’un crime de guerre…
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mardi 20 mars 2018

La chronique économique : Trump défend la 5G américaine

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Le Quotidien d’Oran, mercredi 14 mars 2018
Akram Belkaïd, Paris

Après l’acier et l’aluminium, au tour des semi-conducteurs… Et avec la manière forte ! Le président américain Donald Trump vient donc de bloquer ce qui s’annonçait comme étant la plus grosse opération d’acquisition dans le domaine technologique. Le locataire de la Maison-Blanche a signé un décret interdisant le projet de rachat de Qualcomm, fabricant californien de puces pour la connectivité des appareils mobiles, par son rival singapourien Broadcom. Pour mémoire, il s’agit d’une offre publique d’achat (OPA) hostile (les dirigeants et actionnaires principaux de Qualcomm s’y opposaient) d’un montant de 142 milliards de dollars (la première offre, « amicale », était de 117 milliards de dollars).

Motif de sécurité nationale

Pour les autorités américaines, cette acquisition aurait représenté une menace directe pour la « sécurité nationale ». En effet, ce qui se joue en toile de fond, c’est la fabrication des composants nécessaires à la 5G (technologie qui serait 100 fois plus rapide en début que l’actuelle 4G). Saisie par Qualcomm, la Commission des investissements étrangers aux Etats-Unis (Cifius ou Committee on Foreign Investment in the United States) a émis un avis négatif quant à l’opération et Donald Trump n’a fait que suivre ses recommandations. « L’offre de reprise de Qualcomm par l’acquéreur est interdite et toute opération équivalente, de fusion, acquisition ou d’OPA, directe ou indirecte, est également interdite » indique le décret signé par le dirigeant américain.

Que craignent vraiment les Etats-Unis ? Le raisonnement qui fonde cette décision protectionniste est très simple à appréhender. Washington souhaite protéger un « champion national » des appétits étrangers et notamment chinois. Broadcom a beau être basé à Singapour, c’est la main de Pékin qui est vue derrière cette entreprise. La Cifius a clairement indiqué que Broadcom pourrait à la fois siphonner le savoir-faire de Qualcomm avant de mettre cette entreprise hors-circuit en réduisant fortement ses budgets de recherche et développement. Une perspective qui aurait signifié une dépendance accrue à l’égard d’entreprises étrangères et notamment asiatiques pour de nombreux opérateurs américains, dont ceux liés au secteur de la défense.

Le signal envoyé par les Etats-Unis est donc d’une fermeté totale. Pas question de perdre l’avantage technologique mondial en matière de composants pour les appareils mobiles. Le décret de Donald Trump montre bien que l’idée de défendre un champion national est bien dans l’air du temps malgré tous les discours sur les bienfaits de la mondialisation. En réalité, il s’agit bien de protectionnisme sélectif. Aux Etats-Unis, la notion de champion national dépend surtout du lien qui existerait entre l’entreprise concernée et le secteur de la défense. Si une telle relation n’existe pas, il n’est pas dit que la Cifius remette en cause une offre d’acquisition venue de l’étranger.

De prédateur à proie


Cet échec va faire date pour Broadcom. Dans les prochains mois, on suivra avec attention si, de prédateur, cette entreprise ne va pas se transformer en cible. Pour ses dirigeants, l’acquisition de Qualcomm visait à atteindre une taille stratégique et à s’installer sur le marché américain. Pour vaincre les réticences de la Cifius, Broadcom a même lancé une procédure d’installation officielle aux Etats-Unis afin d’être considérée comme une société américaine. La manœuvre n’a pas réussi et désormais la firme singapourienne pourrait faire figure de proie rêvée pour des entreprises chinoises de haute technologie auxquelles Pékin a donné l’ordre de se développer à l’international.
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mardi 13 mars 2018

La chronique économique : Trump et la « guerre » commerciale

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Le Quotidien d’Oran, mercredi 7 mars 2018
Akram Belkaïd, Paris

Donald Trum va-t-il déclencher un conflit commercial généralisé ? En annonçant que les Etats-Unis taxeront bientôt leurs importations d’acier (+25%) et d’aluminium (+10%), le président américain n’a pas simplement engendré la panique sur les marchés financiers. Il a provoqué des réactions en chaine, le plus souvent négatives, à commencer par celles de personnalités du parti républicain, une formation traditionnellement favorable au libre-échange. Certes, on ne sait pas quand ces augmentations tarifaires vont entrer en vigueur. On commence à prendre l’habitude des déclarations tonitruantes du locataire de la Maison-Blanche, lesquelles déclarations sont rarement suivies d’effet. Mais le doute et l’inquiétude sont là.

Représailles commerciales

Si les Etats-Unis taxent l’acier et l’aluminium importé, ils déclencheront des mesures de représailles de la part de la Chine mais aussi de l’Australie et, bien sûr, de l’Union européenne (UE). Cette dernière a déjà laissé entendre que des produits « made in USA » comme les motos Harley-Davidson ou les jeans seraient taxés en retour. Ce à quoi Trump a répondu que son pays réagirait en augmentant les tarifs douaniers sur les voitures européennes. On le voit, le cycle de représailles et de contre-représailles pourrait vite s’emballer.

Dans cette affaire, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sera nécessairement impliquée ne serait-ce que parce que de nombreux contentieux seront portés devant ses instances. On imagine aussi que les diplomaties des pays concernés vont essayer de trouver un terrain d’entente mais une chose est certaine, Trump vient de donner un sérieux coup de pied au tabou de la mondialisation vertueuse par le biais du commerce international. En affirmant haut et fort ses options protectionnistes, il ne fait pas simplement un appel du pied à ses électeurs alors qu’il évoque déjà sa candidature pour 2020. Trump veut que les Etats-Unis imposent leurs intérêts dans la répartition des flux commerciaux.

Ce n’est donc pas un hasard si, évoquant la hausse des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium, il a indiqué qu’il pourrait se montrer accommodant à l’égard du Mexique et du Canada… à la condition que ces deux pays se montrent plus souples dans les actuelles renégociations de l’accord de libre-échange nord-américain (Alena). Entamées dès son installation à Washington, ces discussions en sont à leur septième round et n’ont rien donné de concret pour le moment. Ottawa comme Mexico ne concèdent rien à leur voisin et Trump aimerait bien que la renégociation aboutisse pour clamer que l’une de ses promesses électorales a été tenue.

Accord dans le Pacifique


Quoiqu’il en soit, il serait faux néanmoins de penser que Trump initie un mouvement de fond en faveur du protectionnisme. Hasard du calendrier, c’est cette semaine que sera signé l’accord de libre-échange transpacifique. Voulu à l’origine par les administrations Bush puis Obama, ce texte libéralise les échanges entre onze pays : Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Singapour et Vietnam. Les Etats-Unis, eux, se sont retirés de ce projet destiné à contrebalancer l’influence chinoise dans la zone pacifique. Ce faisant, Donald Trump a créé une situation inédite puisque le retrait de son pays crée un vide dont Pékin pourrait bien profiter à moyen terme.
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vendredi 9 mars 2018

Nasser Al-Khelaïfi, ou l’Arabe qu’on n’appelle que par son prénom…

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 Revenons quelques lignes sur la défaite du Paris Saint Germain (PSG) face au Real de Madrid. Un sujet qui fait « l’actu » et qui alimente les débats de nombre de talk-shows sportifs français. Les avis des uns et des autres peuvent diverger mais il y a un fait qui mérite néanmoins d’être relevé. Parmi les commentateurs, les journalistes et les consultants, tous, ou presque, appellent le président du PSG par son prénom et uniquement par son prénom. Ce n’est pas Nasser Al-Khelaïfi comme on pourrait dire Jean-Michel Aulas, mais « Nasser ». « Nasser va-t-il se retirer » ? « Nasser va-t-il nommer un autre entraîneur » ? « Que va faire Nasser » ? De Canal plus à l’Equipe TV en passant par Bein ou RMC, c’est le même mode d’appellation.


Bien étrange cette habitude qui consiste à ne désigner une personne que par son prénom. Un signe de la familiarité qu’aurait instaurée l’intéressé avec le monde médiatique ? Peut-être. De la condescendance ? Du mépris ? Un manque manifeste de respect ? Allez savoir…   Un petit relent inconscient (ou non) de paternalisme post-colonial où l’Arabe, comme le domestique d'antan, n’existe que par son prénom ? Qui sait… Nasser aujourd’hui, comme le yaouled d’hier ?
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jeudi 8 mars 2018

La chronique du blédard : Du Qatar, du football et du rôle attendu de l’investisseur du Golfe

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Le Quotidien d’Oran, jeudi 8 mars 2018
Akram Belkaïd, Paris

L’élimination du Paris Saint Germain (PSG) en huitièmes de finale de la Ligue des champions (oui, c’est du football) illustre bien l’adage populaire selon lequel l’argent n’achète pas tout. On peut dépenser tous les euros de la terre et s’acheter des stars du ballon rond par paquets, cela ne suffit pas à créer une vraie équipe, solidaire et motivée, et encore moins à construire un club organisé avec ses règles de fonctionnement et ses traditions. Rien ne remplace le temps et c’est ce que les dirigeants qataris du PSG s’évertuent à ignorer. De cette déroute bien pitoyable, on retiendra donc que les 417 millions d’euros déboursés l’été dernier en transferts de joueurs (Neymar, Mbappé,…) n’auront servi à rien ou presque. Ce n’est pas cette année que le PSG se hissera au niveau des plus grands clubs européens. Il peut bien semer la terreur (quoique…) sur les terrains de France et de Navarre, cela ne fera pas oublier qu’il demeure un tout petit parmi les cadors de l’Europe.

Comme c’est souvent le cas, le résultat de mardi soir dépasse largement le cadre sportif. Une nouvelle fois, c’est la stratégie du Qatar dans le football qui pose question. Depuis 2011, l’émirat a déversé plusieurs centaines de millions d’euros dans le club parisien pour un résultat des plus mitigés. A ce sujet, on ne peut éviter de faire le parallèle avec les milliards de dollars dépensés parfois par Doha afin de complaire aux grandes puissances occidentales. Ici, c’est le capital d’une banque qu’il faut renflouer. Là, c’est un complexe immobilier à la rentabilité incertaine qu’il s’agit de financer…

On sait que pour l’émirat gazier, le football est un outil de « soft power », d’influence. Au Parc des Princes, la tribune des VIP (very important person) est l’un des endroits parmi les plus courus de France. On y croise des hommes politiques, des stars de la chanson ou du cinéma mais aussi des chefs d’entreprise et des banquiers. Grâce aux gazodollars, champagne, buffet Lenôtre bien garni et hôtesses aux petits soins permettent à ce beau monde de parler sport, politique et affaires tout en échangeant cartes de visites et tuyaux divers. Mais est-ce que tout cela sert vraiment Doha ? Dans cette foule d’invités, combien de profiteurs et, disons-le directement, d’arnaqueurs persuadés qu’il y a « du pognon à se faire », pour reprendre une phrase prêtée à Gérard Depardieu lorsqu’il parlait de l’Algérie au début des années 2000 ? En juin dernier, quand l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et leurs vassaux ont imposé un blocus à leur voisin, on n’a pas entendu beaucoup de ces VIP défendre le Qatar…

La défaite face à Madrid a remis en lumière une réalité gênante : l’acquisition du PSG par le Qatar n’est toujours pas totalement digérée par nombre de Français. Des Arabes qui se paient l’un des plus grands clubs de l’Hexagone, ça fait encore grincer des dents. Sentiment ambigu qui naît de l’obligation de reconnaître que les qataris ont fait entrer le PSG dans une nouvelle dimension. Des qataris dont on aurait aimé qu’ils soient autre chose que ce qu’ils sont afin de pouvoir leur être sincèrement reconnaissants… Il faut d’ailleurs passer en revue les analyses et commentaires d’après-match pour prendre la mesure de cette répulsion persistante qui ne dit pas son nom.

L’une des critiques récurrentes est que le club, malgré son budget, n’est pas une institution qui serait au-dessus de ses joueurs. Il y a beaucoup de vrai dans cette affirmation. Le comportement de Neymar à Paris aurait été impensable lorsqu’il jouait pour le FC Barcelone. On peut citer de nombreux exemples édifiants où les exigences d’enfants gâtés, les manquements à la discipline de groupe des uns, les états d’âmes des autres, témoignent d’un problème profond de gestion du club. Pour la presse française, c’est d’abord et surtout la faute à Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG. Trop proche des joueurs, trop laxiste, pas assez organisé, voire incompétent, il serait responsable du flottement général qui empêche l’émergence de cette rigueur à tous les niveaux que l’on retrouve au Real de Madrid, au Barça ou au Bayern de Munich pour ne citer que ces grandes formations où tout est planifié et codifié afin d’assurer la victoire.

Mais derrière cela, il y un autre message. En rachetant le PSG, le Qatar a commis une erreur stratégique qui l’empêche d’être pleinement accepté : c’est celle de ne pas se contenter de jouer le rôle habituel de l’investisseur du Golfe. Autrement dit celui qui injecte de l’argent, qui exige des résultats mais qui sait rester à sa place en se gardant d’intervenir dans la gestion au quotidien de son acquisition. Au lieu de cela, le « président Nasser » ou « Nasser » tout court, comme l’appellent nombre de journalistes français (étonnante familiarité…), occupe tout le terrain, y compris celui de la communication. La défaite de son club face à Madrid permet à tous ceux qui convoitent son poste de relancer leur campagne de lobbying. Ils savent que la nomination d’un président français ou, pour garder les apparences sauves, d’un vice-président (ou d’un directeur général) ayant tous les pouvoirs, est une solution que Doha va certainement envisager pour faire face aux turbulences provoquées par ce nouvel échec.
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