Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

mardi 26 septembre 2017

Dialogue (presque) imaginaire...

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- Bon, j'ai une vision. On va envahir le Qatar
- Nooooon ! Majesté, ce n'est pas possible ! 
- Pourquoi ?
- D'abord, il y a un contingent turc sur place. Ensuite, les pays occidentaux n'apprécieront pas. On passera pour les méchants agresseurs.
- Comment convaincre les Occidentaux que nous sommes dans notre bon droit d'envahir ces...
- Changeons notre image !
- Comment ?
- Permettons à nos concitoyennes de conduire. Cela nous fera une bonne publicité.
- Aha, bonne idée. Et ensuite, on attaque ?
- Heu...

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La chronique du blédard : Assad et l’occidentalo-centrisme

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Le Quotidien d’Oran, jeudi 21 septembre 2017
Akram Belkaïd, Paris


Quel que soit le sujet d’actualité internationale, et il n’en manque pas, on ne sort pas de « l’occidentalo-centrisme ». Dans un article publié dans la revue Commentaire (Automne 2017), Michel Duclos , ancien ambassadeur de France en Syrie (2006-2009) se penche ainsi sur le cas de Bachar al-Assad « un fils de dictateur non destiné au départ certes à succéder à son père, mais que celui-ci a longuement préparé, entre 1994 et 2000, à l'exercice du pouvoir» (*). Quitte à se fâcher de nouveau avec des amis qui demeurent « Bacharophiles » envers et contre tout, notamment au nom de convictions « anti-impérialistes », on ne peut que partager certains éléments de l'analyse de l’ex-diplomate. Lequel, rappelons-le tout de même, était en poste à Damas quand le régime syrien était jugé fréquentable (et très courtisé) par nombre de personnalités et d’institutions françaises. 

Face à la contestation, estime Duclos, Bachar, qui, à défaut d’être le président de tous les Syriens, demeure la « figure de proue des 'services’ » (autrement dit de ce qui reste encore debout dans le système de pouvoir syrien) a fait le choix, comme son père en 1982, « de la répression la plus féroce. » A la seule différence que Hafez Al-Assad n'a pas mis son destin entre les mains de forces étrangères (Iran, Russie et Hezbollah, dans le cas du rejeton). « Sans doute ne faut-il pas aller trop loin dans l'analogie entre le comportement du régime sous Bachar et sous Hafez, note l'ancien ambassadeur. Hama 1982 [Le massacre de plusieurs milliers d’insurgés appartenant aux Frères musulmans] avait eu lieu à l'issue de plusieurs années de guerre civile. Bachar n'a pas eu l'intelligence de comprendre que ce n'était pas la même chose que de passer d'emblée au printemps 2011 à la violence extrême, en envoyant la troupe à Deraa, là où des négociations avec les notables locaux auraient peut-être empêché le déclenchement de l'insurrection. De même Hafez était venu à bout de la rébellion des Frères musulmans avec une aide extérieure limitée. Bachar a livré son pays aux djihadistes, au Hezbollah, aux Iraniens et aux Russes. »

On est moins en phase avec l'article quand il insiste sur le « prix du sang » qui oppose la Syrie et la France. Car si l'on cite les attentats commis à l'instigation du régime syrien dans les années 1980, alors, il ne faut pas ignorer le comportement des forces armées françaises en Syrie au milieu du XXème siècle (le bombardement de Damas est resté dans la mémoire nationale syrienne). Et si, comme Michel Duclos, on relève à propos que la question du Golan a permis au pouvoir d'exiger l'unanimisme obéissant de la société et de se prévaloir de cet état de guerre avec le voisin hébreu pour refuser toute ouverture démocratique, on se doit de reconnaître que l'Occident n'a guère cherché à peser dans son influence pour qu'Israël restitue ce territoire. Au milieu des années 1990, après les accords d’Oslo, quand des négociations secrètes furent entamées entre Damas et Tel Aviv, ni l’Europe ni les Etats-Unis ne firent pression sur les Israéliens à propos du Golan dont l’annexion demeure condamnée par les Nations Unies.

Cette remarque sur ces occultations opportunes vaut aussi pour l’Irak. Trop souvent, les analyses publiées dans la presse américaine mais aussi européenne font mine d’ignorer que l’origine du chaos actuel remonte à l’invasion de 2003. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et leurs alliés-vassaux de l’époque sont pourtant directement responsables de la situation en Irak et en Syrie. Mais, de cela, il est fort peu question. Tout est présenté comme si les facteurs expliquant les guerres multiples du Levant relèvent de considérations strictement locales.

Mais ce qui fait hocher la tête et qui conforte dans l'idée que l'européo-centrisme est un vrai facteur de biais et de différences d'appréciations, c'est le paragraphe suivant à propos du pseudo-modernisme d'Assad. Dans le même article, l'ancien ambassadeur note ainsi qu'Assad « n'est pas l'innocent réformiste occidentalisé que l'on a montré au bras d'une jolie femme dans les magazines sur papier glacé : son exposition à la culture occidentale à Londres a été très limitée et n'a duré que quelques mois ».

On lit ce passage. On le relit. Et on se dit que les pro-Bachars qui ont le triomphe bruyant en ce moment n'ont même plus besoin de donner de la voix avec pareil raisonnement. Car en quoi une exposition plus longue à « l'Occident » aurait rendu le président syrien différent ? Qui peut croire que fréquenter Tony Blair lors de son séjour londonien aurait pu le convaincre de l'importance de respecter les droits de la personne humaine ? On reproche souvent aux habitants de l’aire arabo-musulmane, y compris ses minorités, d’aborder les questions internationales en se plaçant systématiquement (ou presque) dans la position de la victime. On pourrait inverser le reproche et signifier aux Occidentaux qu’il est peut-être temps qu’ils cessent de se poser comme « la » référence ultime, quel que soit le sujet, y compris en matière de défense des droits de la personne humaine. Certes, Bachar al-Assad est le produit de son environnement direct, syrien, arabe, musulman et même, admettons ce terme, oriental. Mais cet environnement n’a jamais été hermétique et c’est bien l’Occident qui n’a jamais cessé de le façonner.


(*) « Notre ami Bachar al-Assad », Commentaire, n°159, automne 2017.
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lundi 25 septembre 2017

La chronique économique : Inflation, importations et euros

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Le Quotidien d'Oran, Mercredi 20 septembre 2017
Akram Belkaïd, Paris

Partout dans le monde, l’inflation a mauvaise réputation et à juste titre. L’augmentation continue des prix, la dépréciation de la valeur des biens que cela engendre, les difficultés économiques que cela génère pour les ménages sans oublier le manque de confiance des investisseurs nationaux et étrangers sont autant de facteurs qui contribuent à faire de ce phénomène un épouvantail que toutes les banques centrales n’ont de cesse de combattre. A l’inverse, une conjoncture sans inflation n’est pas une bonne chose puisque cela signifie que les prix et la demande stagnent.

Un synonyme de déséquilibre

On dit souvent que la mondialisation a « tué » l’inflation en imposant ses prix bas partout. En favorisant l’essor du commerce mondial et les approvisionnements à partir des pays à faible coût du travail, la globalisation a effectivement contribué au tassement des prix mais aussi et surtout à celui des salaires. Peu de pays au monde peuvent se targuer, aujourd’hui, d’avoir enregistré de notables hausses des revenus du travail au cours des vingt dernières années. Cela a eu les conséquences que l’on sait. La victoire électorale de Donald Trump aux Etats-Unis est due à plusieurs facteurs mais la faiblesse du pouvoir d’achat des classes moyennes y est pour quelque chose.

Si l’on revient à l’inflation, on peut dire, sans forcer le trait, qu’elle existe aujourd’hui là où les économies sont totalement déstructurées voire archaïques (si l’on excepte les pays émergents à forte croissance où l’inflation est le corollaire d’une activité soutenue). Economies déstructurées donc et l’Algérie en fait partie. Dans une situation de pré-crise (le pays n’a encore rien vu), le recours à un jeu d’écriture où le Trésor pour emprunter auprès de la Banque centrale revient, in fine, à faire la même chose qu’actionner la planche à billets. Le caractère inflationniste de cette mesure est évident. L’Etat étant un acteur majeur de l’économie nationale, il est évident que le fait de vivre à crédit avec une Banque centrale qui lui prêtera sans compter (et sans rechigner) va nécessairement déboucher sur un affolement de l’indice des prix.

Contrairement à ce que racontent les autorités, ce n’est pas ainsi que les pays développés ont affronté la crise de 2008. Ils ont certes eu recours à des méthodes peu conventionnelles comme le fait de transformer leurs Banques centrales en quasi-fonds spéculatifs dédiés à racheter des créances privées et publiques sur les marchés. Cela a fonctionné, du moins pour l’instant, parce que cette stratégie a pu s’appuyer sur un environnement financier mature et développé (même s’il demeure miné par la spéculation). En Algérie, rien de tout cela. L’affaire sera menée par le gouvernement et lui seul. L’indépendance de la Banque centrale telle que voulue par (feue) la loi de la monnaie et du crédit n’est plus qu’un lointain souvenir.

L’euro à l’équilibre

Dans cette perspective, les Algériens vont devoir se préparer à encaisser le choc d’une possible hausse brutale et continue des prix. Le dinar, déjà malmené, risque de plonger encore plus. Des valeurs « refuge » comme l’euro, l’or ou la pierre vont augmenter elles aussi. Il sera alors important de garder un œil sur la politique gouvernementale en matière de commerce extérieur. Une restriction des importations dans un contexte inflationniste va aggraver la hausse des prix. Alors qu’un statu quo, autrement dit, un flux maintenu d’achats à l’étranger, devrait atténuer les pressions inflationnistes.


L’évolution du marché de la devise va constituer lui aussi un terrain d’observation intéressant. Pour l’heure, le cours de l’euro n’a pas flambé. Cela étonne beaucoup de gens car les perspectives étant peu encourageantes, cela devrait être le contraire. L’explication, prudente, est que nous avons là une illustration d’un mécanisme de marché qui n’est pas forcément détectable de prime abord mais qui illustre une certaine rationalité. Dans un contexte où l’inflation est annoncée, où la crise frappe à la porte du pays et où les liquidités en dinars commencent à manquer, les détenteurs de devises ne veulent pas transformer celles-ci en produit de luxe. Tant que l’inflation n’est pas constatée, et que le gouvernement ne lui court pas après en imprimant en masse de nouveaux billets, il est préférable pour le cambiste de proposer un taux de change, certes élevé, mais qui n’est pas rédhibitoire pour le client. Est-ce que cela va durer ? Impossible de répondre à cette question. Mais une injection massive de dinars dans l’économie algérienne provoquera certainement une flambée du cours de l’euro.
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Deux choses à propos de la situation financière de l'Algérie :

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1- Et si un (vrai) fonds souverain avait été créé ?
C'est maintenant que l'on va prendre la mesure du gâchis financier et des conséquences du refus de créer un Fonds souverain lequel aurait pu prendre des participations dans des entreprises étrangères et dont les revenus auraient pu compenser la baisse des recettes pétrolières et gazières (cf, chronique économique publiée à ce sujet en... 2008). Il faudra qu'on nous explique un jour pourquoi ce Fonds n'a jamais été créé.

2- Ouf, heureusement que la dette extérieure a été remboursée

On ne cessera jamais de saluer le mérite des hauts-fonctionnaires algériens qui ont réussi à convaincre le pouvoir politique d'utiliser une partie des revenus pétroliers pour rembourser la dette extérieure. Ils ont su trouver le bon argument (se prémunir des pressions extérieures dont celles du Fonds monétaire international - FMI) pour faire en sorte qu'une partie du magot pétrolier ne soit pas gaspillée. Je n'ose imaginer ce que serait la situation si l'Algérie était endettée aujourd'hui comme elle le fut au début des années 1994.
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