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Le Quotidien d’Oran, Jeudi 30 décembre 2021
Akram Belkaïd, Paris
Amies lectrices, amis lecteurs, copains d’Alger et de Montréal, cousins et parents de Ténès et de partout ailleurs, bienveillantes lectrices, bienveillants lecteurs de La Marsa, Portland, Vienne, Genève, Mascate et Barize, cher lectorat toujours indulgent mais aussi chers contempteurs et chères contemptrices d’ici et de là-bas : même les meilleures plaisanteries ont une fin. Cette chronique est donc la dernière du genre. Si, si, il faut bien clore l’aventure pour en préparer d’autres. Ici se ferme donc le crochet ouvert en avril 2005. Depuis cette date, huit-cent-cinquante (850) textes se sont succédés de manière quasi-ininterrompue, exception faite des non-parutions du présent journal pour cause de jours fériés. Pas de quoi entrer dans le Guiness mais tout de même ! Faites claquer paumes et phalanges, champagne pour tout le monde et lben fermenté pour les autres. Huit-cent-cinquante textes… Soit l’équivalent, au doigt mouillé, de cinq millions de signes (espaces compris pour celles et ceux qui n’ont pas encore compris la règle) ou encore de deux mille-cinq-cents (2 500) pages d’un ouvrage standard. Voilà pour les considérations arithmétiques (ajoutons à cela les six-cent-neuf chroniques économiques qui se sont succédées de janvier 2008 à la semaine dernière et qui, elles aussi, s’achèvent).
J’aimerais ici remercier la direction du Quotidien d’Oran qui a offert l’hospitalité de ses colonnes à une chronique totalement libre, sans aucun thème ni sujet imposé. Une chronique qui lui a parfois attiré quelques appels, courriers et soucis en créant ici et là des turbulences et des frémissements de moustaches wanetoutristes. Cela a d’ailleurs commencé dès le début avec une réflexion, maladroite, je le reconnais aujourd’hui, à propos des « beurs » et des « blédards » qui me vaut, aujourd’hui encore, quelques inimitiés dont celle d’un brobro ami d’une ex-copine à Sarko. Mais c’est la règle du jeu et celle de notre métier : si des gens ne sont pas contents de ce que l’on a écrit, c’est que l’on a fait son travail. Faire enrager les officiels, les communiquants et leurs obligés, les porte-parole des institutions et leurs relais : voici une bonne feuille de route. De toutes les chroniques qui se sont succédées, il en est ainsi dont on me parle encore notamment celles qui provoquèrent les ires respectives d’un consul d’Algérie en France, d’un écrivain algérien en mal de prix littéraire, d’un ministre français des affaires étrangères, etc. Les textes sarcastiques, ou les « monologues » ont aussi leurs afficionados sans oublier les quelques incursions dans le monde de la poésie et de la fiction.
Cette chronique a pu cheminer durant des années sans jamais souffrir de la moindre censure et encore moins d’autocensure. C’est peut-être ce qui explique sa longévité et le plaisir que j’ai eu à me remettre chaque semaine à la tâche. Quel que soit le contexte, quels que soient le lieu ou les circonstances, il me fallait penser à « la » chronique, l’écrire (souvent le dimanche ou le mardi) et, parfois, me démener pour trouver le moyen de l’envoyer en temps et en heure (souvenir d’un texte envoyé à la dernière minute d’un improbable cybercafé dans un petit village du Sinaï écrasé par la chaleur). Anticiper un sujet, en noter un autre, avoir toujours en tête qu’il y a une chronique qui attend d’être rédigée, se dire chaque semaine que l’on serait avisé d’en avoir quelques-unes au marbre (ou au frigo) mais travailler presque toujours en flux tendu (le dos au mur : la pire et la meilleure des méthodes…). Mes semaines ont souvent commencé le mercredi à midi, une fois la chronique bouclée et envoyée, avec cette sensation de soulagement temporaire car, dès le dimanche, l’ampoule rouge se remettait à clignoter.
J’en relis souvent certaines – celles liées à la contemplation de scènes qui pourraient paraître banales – et j’avoue en redécouvrir d’autres dont j’ai complètement oublié le thème et le contenu. Un journaliste ne peut pas traiter tous les sujets qu’il a en tête. Il lui faut faire des choix mais, règle essentielle, il doit garder l’illusion qu’il peut tout écrire et tout aborder. Si tel n’est pas le cas, le plaisir s’étiole et la mauvaise conscience s’installe. Des textes et des chroniques, j’espère qu’il y en aura encore d’autres. Dans mon blog, sur ma page Facebook, ou ailleurs. Merci donc à toutes et à tous. Roulement de tambour, zoom et plan fixe mais au lieu de lancer le fameux « au-revoir » avant de me lever et de tourner le dos, je lance un « qiw ! » bien sonore et vous dit à bientôt.
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