par Akram Belkaid, Paris
Après plusieurs mois de discrétion, voici que le thème de la guerre des monnaies refait son apparition au point qu’il a constitué l’un des principaux sujets de conversation durant le Forum de Davos. En effet, plusieurs personnalités du monde des affaires et de la finance s’inquiètent d’un retour en force des politiques monétaires destinées à affaiblir les devises (rappelons que la politique monétaire concerne d’abord les taux d’intérêts et que c’est par leur biais qu’elle peut avoir une incidence sur la valeur de la monnaie). On le sait, de telles politiques servent le plus souvent à remettre sur pied des compétitivités usées par la crise. La règle est simple : une monnaie dépréciée permet le plus souvent aux exportations de rebondir.
LE JAPON MIS EN CAUSE
Jens Weidmann, le très influent président de la Bundesbank, la Banque centrale allemande, fait partie de ceux qui ont tiré la sonnette d’alarme. Pour lui, l’interventionnisme des pouvoirs politiques a pour conséquence directe la perte d’indépendance de nombreuses banques centrales. Ces dernières seraient ainsi encouragées, voire forcées, à manipuler les taux d’intérêts ainsi que la masse monétaire afin d’affaiblir leurs monnaies nationales et, par conséquent, relancer les exportations. Pour le patron de la «Buba», symbole par excellence de la Banque centrale indépendante et garante de l’orthodoxie monétaire, la planète économique serait désormais menacée par une série de dévaluations compétitives. Une arme destinée à contrer les effets de la crise mais qu’aucun Etat membre du G20 n’a jusqu’à présent utilisée.
Dans cette polémique montante, le Japon fait figure d’accusé alors que, jusqu’à présent, la Chine et d’autres pays émergents (Brésil, Argentine…) comptaient parmi les principaux mis en cause. Il est vrai que depuis plusieurs semaines, la Banque centrale du Japon (BoJ) a annoncé son intention de fixer à 2% ses objectifs d’inflation. Ce qui, de manière mécanique, revient à mettre en place une politique monétaire dont l’un des effets sera d’affaiblir le yen. C’est du moins ce que pensent de nombreuses capitales qui craignent que le Japon ne s’engage dans une série de dévaluations compétitives pour réduire son déficit commercial. Il faut dire que la situation de l’Archipel est des plus préoccupantes en la matière.
En 2012, le déficit commercial nippon a ainsi atteint le chiffre historique de 77 milliards de dollars. De nombreuses entreprises, parmi lesquelles les emblématiques Toyota et Panasonic, ont appelé le gouvernement du Premier ministre Abe à prendre des mesures pour enrayer la baisse de leur compétitivité. Une perspective qui inquiète les concurrents du Japon à commencer par la Chine et la Corée du Sud. De son côté, le gouvernement japonais s’est défendu de toute manœuvre monétaire mais la baisse progressive du yen, depuis le mois de novembre dernier, conforte les soupçons de Pékin et Séoul. Dans le même temps, Tokyo a eu beau jeu de rappeler que le yuan chinois est considéré comme étant volontairement sous-évalué tandis que l’euro, de par les parités fixes qu’il a imposées aux monnaies européennes, a largement profité aux exportations allemandes.
UN DEBAT QUI N’EST PAS CLOS
De manière incidente, ce débat sur la politique monétaire japonaise remet au goût du jour celui sur l’indépendance des Banques centrales. Entre la fin des années 1970 et la crise de 2008, cette indépendance a fait figure de dogme incontournable y compris pour des pays en développement. Le ralentissement de l’économie mondiale et l’explosion du chômage aux quatre coins de la planète ont rebattu les cartes. De plus en plus de pouvoirs politiques estiment qu’il est de leur devoir de reprendre en main la politique monétaire quitte à être accusés de «fabriquer» de l’inflation (affaiblir une devise, c’est aussi favoriser une augmentation de l’inflation). En tout état de cause, ce débat est loin d’être terminé d’autant que les partisans de l’indépendance des Banques centrales se sont tout de même accommodés des politiques non conventionnelles suivies par ces dernières depuis 2008 (rachat de dettes des Etats, sauvetages de banques commerciales, etc.).
LE JAPON MIS EN CAUSE
Jens Weidmann, le très influent président de la Bundesbank, la Banque centrale allemande, fait partie de ceux qui ont tiré la sonnette d’alarme. Pour lui, l’interventionnisme des pouvoirs politiques a pour conséquence directe la perte d’indépendance de nombreuses banques centrales. Ces dernières seraient ainsi encouragées, voire forcées, à manipuler les taux d’intérêts ainsi que la masse monétaire afin d’affaiblir leurs monnaies nationales et, par conséquent, relancer les exportations. Pour le patron de la «Buba», symbole par excellence de la Banque centrale indépendante et garante de l’orthodoxie monétaire, la planète économique serait désormais menacée par une série de dévaluations compétitives. Une arme destinée à contrer les effets de la crise mais qu’aucun Etat membre du G20 n’a jusqu’à présent utilisée.
Dans cette polémique montante, le Japon fait figure d’accusé alors que, jusqu’à présent, la Chine et d’autres pays émergents (Brésil, Argentine…) comptaient parmi les principaux mis en cause. Il est vrai que depuis plusieurs semaines, la Banque centrale du Japon (BoJ) a annoncé son intention de fixer à 2% ses objectifs d’inflation. Ce qui, de manière mécanique, revient à mettre en place une politique monétaire dont l’un des effets sera d’affaiblir le yen. C’est du moins ce que pensent de nombreuses capitales qui craignent que le Japon ne s’engage dans une série de dévaluations compétitives pour réduire son déficit commercial. Il faut dire que la situation de l’Archipel est des plus préoccupantes en la matière.
En 2012, le déficit commercial nippon a ainsi atteint le chiffre historique de 77 milliards de dollars. De nombreuses entreprises, parmi lesquelles les emblématiques Toyota et Panasonic, ont appelé le gouvernement du Premier ministre Abe à prendre des mesures pour enrayer la baisse de leur compétitivité. Une perspective qui inquiète les concurrents du Japon à commencer par la Chine et la Corée du Sud. De son côté, le gouvernement japonais s’est défendu de toute manœuvre monétaire mais la baisse progressive du yen, depuis le mois de novembre dernier, conforte les soupçons de Pékin et Séoul. Dans le même temps, Tokyo a eu beau jeu de rappeler que le yuan chinois est considéré comme étant volontairement sous-évalué tandis que l’euro, de par les parités fixes qu’il a imposées aux monnaies européennes, a largement profité aux exportations allemandes.
UN DEBAT QUI N’EST PAS CLOS
De manière incidente, ce débat sur la politique monétaire japonaise remet au goût du jour celui sur l’indépendance des Banques centrales. Entre la fin des années 1970 et la crise de 2008, cette indépendance a fait figure de dogme incontournable y compris pour des pays en développement. Le ralentissement de l’économie mondiale et l’explosion du chômage aux quatre coins de la planète ont rebattu les cartes. De plus en plus de pouvoirs politiques estiment qu’il est de leur devoir de reprendre en main la politique monétaire quitte à être accusés de «fabriquer» de l’inflation (affaiblir une devise, c’est aussi favoriser une augmentation de l’inflation). En tout état de cause, ce débat est loin d’être terminé d’autant que les partisans de l’indépendance des Banques centrales se sont tout de même accommodés des politiques non conventionnelles suivies par ces dernières depuis 2008 (rachat de dettes des Etats, sauvetages de banques commerciales, etc.).
_