Cap sur les énergies renouvelables et le nucléaire. Tel est l’un des messages récurrents des autorités saoudiennes et il n’est pas toujours facile de faire la part des choses entre intentions réelles et simple communication surfant sur le thème du développement durable. Mais, une chose est certaine : dans quelques années, évolution démographique et développement économique obligent, la consommation énergétique interne de l’Arabie saoudite atteindra l’équivalent de 8 millions de baril par jour (mbj), soit la presque-totalité de sa production pétrolière actuelle.
DE L’ELECTRICITE A DESTINATION DE L’EUROPE
DE L’ELECTRICITE A DESTINATION DE L’EUROPE
C’est en évoquant cette perspective que Ryad vient d’annoncer son intention d’investir 100 milliards de dollars sur 15 ans, pour le développement de stations solaires destinées à produire de l’électricité « verte ». Dans le même temps, les autorités du Royaume wahhabite affirment qu’une partie de cette énergie sera exportée à destination des pays voisins du Golfe, mais aussi d’Afrique de l’Est et, surtout, de l’Egypte. Toujours à en croire les multiples déclarations officielles, le projet d’interconnexion du réseau électrique saoudien avec son équivalent égyptien serait déjà lancé avec, comme objectif, l’exportation de l’électricité saoudienne vers le pourtour Est de la Méditerranée puis vers l’Europe occidentale.
Il est encore trop tôt pour juger de la pertinence d’un tel projet mais il faut relever que l’énergie solaire n’est pas juste un slogan en Arabie saoudite. Ainsi, c’est dans ce pays, qu’a été installé il y a plus d’un an, le plus grand complexe solaire du monde. Construit par deux entreprises autrichiennes, il sert à fournir en eau chaude un campus universitaire de 40.000 personnes. Bien entendu, il y a une grande différence entre chauffer l’eau des étudiants et fournir de l’électricité aux Européens. Mais, dans la course à la diversification énergétique, les Saoudiens ne cessent de marquer des points vis-à-vis de leurs concurrents, notamment d’Afrique du nord. Malgré les discours volontaristes, force est de constater que le solaire prend du retard au Maghreb. Qu’il s’agisse du Maroc, pays le plus avancé en la matière dans la région, de la Tunisie et encore plus de l’Algérie, la dynamique d’il y a quelques années semble s’être essoufflée. A titre d’exemple, le projet Desertec n’a guère progressé depuis son lancement à grands renforts médiatiques, il y a trois ans.
Plus important, on attend encore de voir se dessiner une stratégie industrielle dans ces trois pays. Alors que les pays du Golfe, Arabie Saoudite mais aussi le Qatar et les Emirats arabes unis, sont engagés dans une dynamique d’acquisition des technologies – via l’achat de brevets et d’entreprises – les pays du Maghreb, l’Algérie en tête, continuent de croire que l’énergie solaire s’exportera comme on exporte aujourd’hui le gaz naturel ou le pétrole. Pourtant, la filière du solaire pourrait permettre la création de dizaines de milliers d’emplois et la renaissance d’un parc industriel en totale déshérence depuis la fin des années 1980. Encore faudrait-il disposer à ce sujet d’une vraie vision stratégique, à la fois politique mais aussi économique…
LE CAS DU NUCLÉAIRE
Cela vaut aussi pour la question de l’énergie nucléaire, laquelle, il faut en convenir, risque de poser de sérieux problèmes en matière de sécurité. Mais, toujours est-il que Ryad a, là aussi, décidé de mettre les moyens en investissant 80 milliards de dollars pour se doter d’ici à 2020 de 16 réacteurs civils. A terme, énergies solaire et nucléaire devraient contribuer à 30% de la consommation énergétique du Royaume contre actuellement à peine moins de 2% pour l’ensemble des renouvelables. Cette ambition en matière « d’energy-mix » va-t-elle aboutir ? Les prochaines années le diront mais, une chose est sûre. En matière d’énergies renouvelables, le Maghreb n’a pas intérêt à traîner en chemin.
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