SlateAfrique, dimanche 30 décembre 2012
Son dernier happening avec le groupe féministe des FEMEN a fait le tour de la Toile. Que veut vraiment Magda Elmahdy?
Aliaa Magda elmahdy et les FEMEN, à Stockholm, le 20 décembre 2012. Capture d'écran/ DR.
Lady Godiva plutôt que Lady Gaga… Si les jeunes adolescentes du monde entier connaissent la seconde, ses chansons à deux sous et ses provocations très commerciales, la première semble devenir une source d’inspiration pour quelques jeunes femmes arabes protestataires.
Rapide rappel historique: selon la légende, vers l’an 1000, Lady Godiva, une aristocrate saxonne, aurait chevauché nue à travers la ville de Coventry, pour obliger le comte Léofric, son seigneur de mari, à baisser les impôts imposés à la population pour financer ses guerres.
Depuis, à travers l’histoire, on retrouve de manière régulière des femmes qui se revendiquent de celle qui, vêtue uniquement de ses longs cheveux, aurait finalement obtenu gain de cause.
Ainsi, en Ukraine comme en Russie sans oublier Notre-Dame des Landes en France, Lady Godiva est la lointaine inspiratrice de ces militantes qui exposent leurs corps —notamment leur poitrine— pour des motifs politiques.
La plus connue d’entre elles est Aliaa Magda Elmahdy. En novembre 2011, cette jeune activiste égyptienne a mis en ligne des photographies d’elle dans le plus simple appareil pour dénoncer l’obscurantisme des islamistes.
Bien entendu, les médias occidentaux se sont emparés de l’affaire, portant au pinacle cette jeune femme, elle-même très vite dépassée par l’affaire (on se souvient de sa mine effrayée sur certaines de ses photographies).
Là encore, les réactions sont multiples mais, le plus souvent, critiques. Et à raison, du moins est-ce l’avis de l’auteur de ces lignes. En effet, on peut se demander à quoi peut bien servir pareil acte. Car, pour les intégristes qu’il faut effectivement combattre sur le plan des idées, c’est, ose-t-on écrire, du pain béni.
Dans un monde arabe largement acquis aux idées conservatrices, et pas forcément intégristes, une femme nue qui manifeste contre l’islamisation ou qui délivre un message politique, est un spectacle, le plus souvent choquant, qui défie l’entendement et la raison.
Est-ce que cette nudité militante peut changer les mentalités misogynes et rétrogrades? On peut en douter.
C’est d’autant plus vrai qu’il faut s’attendre à ce qu’Aliaa Magda Elmahdy devienne une héroïne pour les médias occidentaux et certains courants féministes. Pensez-donc, une femme qui use de son corps pour défier les barbus!
Mais, peut-être, est-ce là le but d’Elmahdy? Devenir célèbre, coûte que coûte, même en usant d’arguments, au final, inefficaces et même désastreux pour ses sœurs égyptiennes et arabes.
Dans un monde où chacun veut plus que son quart d’heure de célébrité, ce qui explique la profusion des comportements égotiques sur les réseaux sociaux, la gloire soudaine peut rendre fou n’importe qui.
Mais, cela étant dit, il faut tout de même convenir qu’Elmahdy ne manque pas de courage ni de ténacité.
Un texte accompagne la photographie stipulant que«les moudjahidines du FLN doivent reconnaître les crimes commis contre les Algériens et les viols dont ont été victimes les Algériennes».
Pourquoi le FLN? De quels crimes est-il question? Sur quelle période? Mystère. Le fait est que l’on ne connaît pas encore l’identité de la concernée et encore moins si elle est algérienne ou pas.
Là aussi, les réactions à ce document étaient divisées. Nombre d’internautes algériens ont trouvé scandaleux que leur drapeau soit associé à pareille exhibition. D’autres se sont demandé s’il ne s’agissait pas d’un règlement de compte où la dame dénudée aurait été victime d’un amant malintentionné.
Autre hypothèse avancée, la photographie ne serait qu’une provocation politique réalisée hors d’Algérie par un internaute hostile à l’Algérie. Le mystère reste donc entier mais une chose est sûre, le phénomène des protestations par la nudité ne fait que commencer tant son audience sur Internet paraît assurée.
Akram Belkaïd
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Rapide rappel historique: selon la légende, vers l’an 1000, Lady Godiva, une aristocrate saxonne, aurait chevauché nue à travers la ville de Coventry, pour obliger le comte Léofric, son seigneur de mari, à baisser les impôts imposés à la population pour financer ses guerres.
Depuis, à travers l’histoire, on retrouve de manière régulière des femmes qui se revendiquent de celle qui, vêtue uniquement de ses longs cheveux, aurait finalement obtenu gain de cause.
Ainsi, en Ukraine comme en Russie sans oublier Notre-Dame des Landes en France, Lady Godiva est la lointaine inspiratrice de ces militantes qui exposent leurs corps —notamment leur poitrine— pour des motifs politiques.
Lala Godiva égyptienne
Et le monde arabe commence à découvrir cette manière de protester avec des Lala (dame) Godiva qui ont recours à Internet pour se faire connaître.La plus connue d’entre elles est Aliaa Magda Elmahdy. En novembre 2011, cette jeune activiste égyptienne a mis en ligne des photographies d’elle dans le plus simple appareil pour dénoncer l’obscurantisme des islamistes.
«J’ai le droit de vivre librement n’importe où», avait-elle écrit sur son blog pour justifier sa démarche et clamer son athéisme.A l’époque, la blogosphère arabe s’était divisée à propos de ce geste. Les uns comprenaient et saluaient cette prise de risque qualifiée de courageuse quant d’autres dénonçaient le manquement aux bonnes mœurs ou l’inutilité d’une provocation qui ne pouvaient que renforcer les intégristes dans leurs convictions rétrogrades.
Bien entendu, les médias occidentaux se sont emparés de l’affaire, portant au pinacle cette jeune femme, elle-même très vite dépassée par l’affaire (on se souvient de sa mine effrayée sur certaines de ses photographies).
Nue pour protester contre l'islamisation de l'Egypte
Après quelques démêlés avec la police égyptienne, Magda Elmahdy vient de récidiver, en manifestant nue en compagnie d’activistes du groupe Femen, devant l’ambassade égyptienne à Stockholm. Une mise à nu pour protester contre l’islamisation de son pays et contre le régime du président Morsi.Là encore, les réactions sont multiples mais, le plus souvent, critiques. Et à raison, du moins est-ce l’avis de l’auteur de ces lignes. En effet, on peut se demander à quoi peut bien servir pareil acte. Car, pour les intégristes qu’il faut effectivement combattre sur le plan des idées, c’est, ose-t-on écrire, du pain béni.
Dans un monde arabe largement acquis aux idées conservatrices, et pas forcément intégristes, une femme nue qui manifeste contre l’islamisation ou qui délivre un message politique, est un spectacle, le plus souvent choquant, qui défie l’entendement et la raison.
Est-ce que cette nudité militante peut changer les mentalités misogynes et rétrogrades? On peut en douter.
C’est d’autant plus vrai qu’il faut s’attendre à ce qu’Aliaa Magda Elmahdy devienne une héroïne pour les médias occidentaux et certains courants féministes. Pensez-donc, une femme qui use de son corps pour défier les barbus!
La gloire avant tout
Pour cette Lala Godiva égyptienne, le risque est grand de devenir un phénomène de foire, un emblème bien commode que l’on va exhiber sur les plateaux pour dire ô combien le monde arabe est en retard et impitoyable avec ses femmes.Mais, peut-être, est-ce là le but d’Elmahdy? Devenir célèbre, coûte que coûte, même en usant d’arguments, au final, inefficaces et même désastreux pour ses sœurs égyptiennes et arabes.
Dans un monde où chacun veut plus que son quart d’heure de célébrité, ce qui explique la profusion des comportements égotiques sur les réseaux sociaux, la gloire soudaine peut rendre fou n’importe qui.
Mais, cela étant dit, il faut tout de même convenir qu’Elmahdy ne manque pas de courage ni de ténacité.
Elle fait des émules
En tous les cas, la militante égyptienne semble devenir une source d’inspiration. Dans une photo qui circule actuellement sur Internet, mais dont on ne connaît pas encore la provenance, une jeune femme inconnue expose ses chairs dans une posture qui n’est pas sans rappeler les photos coquines —effet accentué par la présence de chaussures à talons— avec, en arrière-plan, le drapeau algérien.Un texte accompagne la photographie stipulant que«les moudjahidines du FLN doivent reconnaître les crimes commis contre les Algériens et les viols dont ont été victimes les Algériennes».
Pourquoi le FLN? De quels crimes est-il question? Sur quelle période? Mystère. Le fait est que l’on ne connaît pas encore l’identité de la concernée et encore moins si elle est algérienne ou pas.
Là aussi, les réactions à ce document étaient divisées. Nombre d’internautes algériens ont trouvé scandaleux que leur drapeau soit associé à pareille exhibition. D’autres se sont demandé s’il ne s’agissait pas d’un règlement de compte où la dame dénudée aurait été victime d’un amant malintentionné.
Autre hypothèse avancée, la photographie ne serait qu’une provocation politique réalisée hors d’Algérie par un internaute hostile à l’Algérie. Le mystère reste donc entier mais une chose est sûre, le phénomène des protestations par la nudité ne fait que commencer tant son audience sur Internet paraît assurée.
Akram Belkaïd
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