Bien que prévisible, le retournement d’une bonne partie
de l’opinion publique algérienne est spectaculaire. Hier, c'est-à-dire bien
avant le déclenchement de la prise d’otage sur le site gazier de Teguentourine
(In Amenas), la vox populi grondait contre un régime jugé coupable de mille et
un maux, le dernier étant celui d’avoir autorisé - en catimini - les avions
français à emprunter l’espace aérien algérien pour intervenir au nord du Mali.
Ensuite, l’attaque par un commando djihadiste de ces installations exploitées
par la Sonatrach, BP et Statoil, a d’abord provoqué un effet de sidération et d’accablement.
Que des islamistes armés arrivent à toucher le cœur de ce qui constitue la
rente algérienne avait de quoi surprendre. De même, cela prouvait une nouvelle
fois que rien, ou presque, ne fonctionne normalement dans un pays en proie à
une incertitude politique majeure.
Et puis, est venu l’assaut de l’armée algérienne et son
dénouement sanglant pour une partie des otages. Il ne m’appartient pas ici de
juger de la pertinence ou non de cet assaut notamment en ce qui concerne le
moment de son déclenchement. Au-delà du drame humain, que nul ne doit contester
ou minimiser, ce type de situation n’est jamais simple à gérer. Il est d’ailleurs
étonnant de voir des confrères émettre des avis (le plus souvent négatifs)
alors qu’ils sont à des milliers de kilomètres du théâtre des opérations et que
certains, n’ont peut-être jamais mis les pieds en Algérie. De même, et tout en
refusant de se faire le porte-voix du pouvoir algérien, on ne peut s’empêcher
de relever l’attitude quelque peu paternaliste voire donneuse d’ordre de certaines
capitales occidentales. En effet, pourquoi les autorités algériennes
devraient-elles attendre le feu vert de Londres ou Tokyo pour régler un (grave)
problème qui se déroule sur leur sol ? Considère-t-on dans ces mêmes
capitales que les Algériens n’ont pas à prendre d’initiatives autonomes et qu’ils
se doivent d’attendre les bons conseils de Paris, Londres ou Washington ?
Passons…
En tout état de cause, ces critiques formulées à l’étranger
ont eu pour effet de réveiller le nationalisme déjà très ombrageux des
Algériens. Aux réserves de Londres, Tokyo ou même Washington, répondent aujourd’hui
les imprécations en provenance d’Algérie mais aussi de la diaspora. « On
est chez nous, on fait ce que l’on veut et personne n’a de conseils à nous
donner ». Tel pourrait être le message de rappel de souveraineté à
destination de l’étranger. Et, il faut dire, que les approximations des médias
occidentaux, notamment français, cela sans compter la manière presque méprisante
(à l’égard de l’armée algérienne) avec laquelle ils ont commenté les
événements, ont provoqué la colère. Ce qui, plus important encore, a offert l’occasion
au régime algérien – qui n’en demandait pas tant – de ressouder les rangs.
Cette colère indignée, qui se traduit notamment par des
billets virulents sur les réseaux sociaux (y compris de la part d’opposant au
régime d’Abdelaziz Bouteflika), s’explique aussi par le fait que les Algériens
ne cessent de rappeler qu’ils ont été seuls et abandonnés à leur sort durant
les années 1990, une période de sang et de terreur qui est encore dans les
esprits et qui alimente nombre d’amertumes. Les Algériens rappellent aussi qu’ils
n’ont jamais accepté le fait que des rançons soient versées pour régler les
kidnappings de touristes occidentaux au Sahara. De l’argent dont une partie,
disent-ils aujourd’hui, a financé l’armement des preneurs d’otages. Voilà
pourquoi les critiques à propos de l’assaut de leur armée horripilent tant les
Algériens. Et, pour le pouvoir, c’est une bénédiction d’autant que circulent
désormais des thèses selon lesquelles cette prise d’otage aurait été fomentée
par la fameuse « main de l’étranger » pour déstabiliser le pays. En
clair, le tollé général en Europe, au Japon et aux Etats-Unis à propos de l’assaut,
est une belle occasion pour le gouvernement algérien de faire oublier le reste
et pour occulter les questions essentielles. Comment une telle prise d’otage
a-t-elle pu avoir lieu dans une zone censée être ultra-sécurisée ? Quelles
sont les conditions de participation de l’Algérie à l’intervention militaire
française au nord du Mali ? Mais
aussi comment sont gérés ces sites gaziers et pétroliers dont on sait qu’ils
bénéficient d’une certaine extra-territorialité comme en témoignent des
syndicalistes algériens qui n’hésitent pas à parler de zones de non-droit ?
Ces questions attendent des réponses et l’effervescence nationaliste – fut-elle
justifiée en partie – ne devrait absolument pas les faire passer au second
plan. C’est hélas, ce qui est en train de se passer au plus grand bénéfice d’un
régime qui reste comptable de tout ce qui s’est passé depuis le début de ce
drame jusqu’à sa fin.
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2 commentaires:
Lire cet article. Des éléments de réponse y sont présentés.
http://www.liberte-algerie.com/actualite/revelations-sur-une-attaque-terroriste-in-amenas-192758
boutflika est absent malade donc il doit partir laisser la place c'est sa génération qui a laisser croire aux algériens que l'etat peut tou faire à leur place et ils ne savent que critiquer et revendiquer ,ils sont là l'etat doit faire ceci et cela ,ici en france vous devez payer vos impots quoi que vous ayez comme charge et comme revenus en algérie pas d'impots ni foncier ni d'habitation ni csg ni rds aolrs ils doivent se retrousser les manches pour une fois je suis d'accord avec vous sur certains passages memona
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