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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

mardi 25 novembre 2014

La chronique économique : L’euro baisse

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Le Quotidien d’Oran, mercredi 19 novembre 2014
Akram Belkaïd, Paris

Une bonne ou une mauvaise chose ? Depuis le mois de mars dernier, l’euro est engagé dans une tendance baissière qui lui a fait perdre plus de 10% par rapport au dollar étasunien et 5% vis-à-vis de l’ensemble des grandes devises mondiales. De façon symbolique, la monnaie européenne est ainsi passée sous le seuil de un euro pour 1,30 dollar. On est loin de la période où de nombreux économistes étaient persuadés que la parité serait de 1,65 dollar pour un euro (à ce jour, le record est de 1,6038 ayant été établi en juillet 2008).

Un impact mitigé

Les raisons de la baisse de l’euro sont connues. Il y a d’abord le fait que c’est plutôt le dollar qui augmente. En effet, l’économie américaine va bien mieux que son homologue européenne pour laquelle le Fonds monétaire international (FMI) continue de craindre une troisième récession. Dans un tel contexte, les investissements vont vers la zone qui affiche les perspectives les plus prometteuses. Cela provoque une hausse des actifs libellés en dollars et donc un certain fléchissement de ceux qui le sont en euros. Plus important encore, on s’attend à ce que la Réserve fédérale (Fed) augmente ses taux en 2015 ce qui rend les investissements en dollars plus attractifs.

Le second facteur qui influe sur la baisse de l’euro est que la Banque centrale européenne (BCE) semble avoir décidé qu’il était temps d’agir en ce sens. Aujourd’hui, son taux directeur est de 0,05% et celui des dépôts (rémunération des placements à court terme) est négatif (-0,2%, ce qui signifie qu’il faut donc payer une prime pour placer ses fonds à court terme). En clair, sur le marché des changes, l’euro est une devise moins attractive pour les investisseurs qui lui préfèrent le billet vert ou d’autres monnaies. De façon plus pragmatique, on peut dire aussi que la devise européenne est enfin entrée dans la bataille des changes alors qu’elle faisait figure, depuis 2008, de grande vaincue de ces mouvements de dévaluation qui ne disaient pas leur nom.

Il reste à savoir si cette baisse va contribuer à faire sortir la zone euro de son marasme actuel. On connaît les avantages et les inconvénients d’un repli d’une devise. D’un côté, les exportateurs gagnent en compétitivité ce qui contribue à créer de l’emploi et à soutenir la croissance. De l’autre, cela signifie que les produits importés augmentent et avec eux l’inflation ce qui est une mauvaise nouvelle pour le pouvoir d’achat des ménages. Dans le cas de la devise européenne il est important de noter que l’effet positif en matière d’exportations ne vaut que pour les entreprises qui vendent au-delà de la zone euro. Or, souvent, la compétition entre entreprises a lieu surtout à l’intérieur même de cette zone. Cela signifie que la baisse de la monnaie unique risque de ne produire que des effets marginaux. On pense ainsi que cela permettrait d’obtenir +0,25% de croissance supplémentaire du Produit intérieur brut (PIB) européen.

L’Algérie rate des occasions

Mais qu’en est-il pour un pays comme l’Algérie dont les recettes sont essentiellement en dollars tandis que ses dépenses d’importations sont principalement libellées en euros ? La situation actuelle (dollar plus fort, euro plus faible) est a priori avantageuse et cela même si les cours du pétrole sont en baisse. Autrement dit, c’est un contexte qui peut permettre à l’Algérie de valoriser ses avoirs en dollars en réalisant quelques bonnes affaires dans la zone euro (immobilier, capital d’entreprises cotées) mais aussi de faire passer une partie de ses réserves de change en euros (le dollar ne restera pas longtemps orienté à la hausse). Cela fait des années que des économistes algériens souhaitent que leur pays prépare l’avenir par le biais de ce type d’opération. En vain…
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