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Allô, Manu, c'est Manu ! J'ai donc décidé de te soutenir.
- Ah ouais ? Tiens, donc... Bon... Ben merci, hein ! Mais que les choses soient claires, tu n'auras pas de poste. Je ne pourrai pas te nommer ministre.
- Heu... Pas même un petit secrétariat d'Etat ?
- Non. Rien de rien.
- Une ambassade, alors ?
- Rien du tout.
- Une toute petite ambassade...
- Nada, walou, nothing, des clous, des nèfles,...
- Un consulat, peut-être ?
- Je ne t'entends plus, ça va couper...
- Attaché culturel ? Une mission commerciale ? Le bureau des Bourses à Oulan Bator ? Allez, en souvenir de la belle époque ! Allô ?
- (rires étouffés) Il n'y a plus personne, bip... bip... bip...
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Blog au fil des jours, quand la chose et l'écriture sont possibles.
Lignes quotidiennes
mercredi 29 mars 2017
mardi 28 mars 2017
Hommage à Ahmed Kathrada
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Ahmed Kathrada (1929-2017), sud-africain, vétéran de la lutte contre l'apartheid n'est plus. Outre ses multiples engagements progressistes, cet homme qui fut un compagnon de route et l'un des plus proches conseillers de Nelson Mandela, était la figure de proue d’un mouvement international pour la libération de Marouane Barghouti, dirigeant du Fatah condamné à la prison à vie par Israël.
Les Palestiniens viennent de perdre un grand ami de leur cause.
Si je mentionne ce fait, c'est parce que nombre d'articles sur Ahmed Kathrada évitent de mentionner cet engagement particulier.
AMANDLA !
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Ahmed Kathrada (1929-2017), sud-africain, vétéran de la lutte contre l'apartheid n'est plus. Outre ses multiples engagements progressistes, cet homme qui fut un compagnon de route et l'un des plus proches conseillers de Nelson Mandela, était la figure de proue d’un mouvement international pour la libération de Marouane Barghouti, dirigeant du Fatah condamné à la prison à vie par Israël.
Les Palestiniens viennent de perdre un grand ami de leur cause.
Si je mentionne ce fait, c'est parce que nombre d'articles sur Ahmed Kathrada évitent de mentionner cet engagement particulier.
AMANDLA !
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lundi 27 mars 2017
La chronique de l’économie : C’est l’économie, idiot !
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Le Quotidien d’Oran, mercredi 21 mars 2017
Akram Belkaïd, Paris
Bien qu’ils soient très décriés, les sondages en période de
campagne électorale offrent toujours des enseignements précieux. Concernant la
présidentielle française, l’un d’eux revient sur les attentes des électeurs en
matière d’économie (*). Et il s’avère que la majorité d’entre eux considère
justement que les enjeux économiques sont leur principale priorité. Trois
thèmes reviennent en force : L’emploi, la protection sociale et le pouvoir
d’achat. Seuls les électeurs du Front national demeurent persuadés que c’est
l’immigration qui prime sur tout puisque ce dossier engloberait le reste. On
voit là à quel point il est facile pour Marine Le Pen de faire campagne.
L’immigration brandie en permanence permet de répondre à toutes les attentes y
compris économiques…
Le poids de la
précarité
Il n’est pas besoin d’être un expert en sciences économiques
pour comprendre pourquoi l’emploi est la question numéro un pour les Français.
Cela fait plus de trente ans que c’est le cas et toutes les politiques censées
redonner du travail aux chômeurs ont échoué. Plus grave encore, la précarité
pour les actifs tend à se généraliser du fait des nouvelles pratiques des
entreprises. Considéré comme le but à atteindre, le contrat à durée illimitée
(CDI) fait désormais figure de Graal impossible pour nombre de jeunes
précaires, y compris des diplômés de l’enseignement supérieur. Dans plusieurs
secteurs des services, le phénomène d’externalisation prend de l’ampleur. Des
salariés sont conviés – le mot est faible – à démissionner et à « créer
leurs boîtes » voire à passer sous le statut d’auto-entrepreneur. Pour les
entreprises, cela permet de diminuer les charges. Pour les ex-salariés, c’est
la porte ouverte à tous les risques sans oublier le fait qu’ils seront
pénalisés sur le plan des acquis sociaux (obligation de cotiser par eux-mêmes
pour la retraite notamment).
Concernant l’emploi toujours, il est fascinant de voir à
quel point s’est installée une certaine résignation sur la question de la
précarité. Même l’Etat français et ses différentes branches y ont recours avec
excès. Dans toutes les administrations, dans les services publics, on use et
abuse des contrats à durée déterminée (CDD). Ne parlons pas non plus de la
flexibilité des horaires tandis que, et la tendance ne date pas d’hier, des
services de contrôle, comme par exemple, l’inspection du travail sont peu à peu
affaiblis. C’est un cercle vicieux global. L’Etat se désengage, il accorde plus
de champ aux entreprises, lesquelles, entre l’optimisation fiscale et les
pratiques managériales destinées à alléger les charges, versent moins de
cotisations. Comme l’Etat est alors incapable d’assumer sa mission, il délègue
puis privatise.
Ainsi, et cela rejoint la question de la protection sociale,
l’un des vrais enjeux dans les années à venir pour la France est l’avenir de sa
sécurité sociale. Officiellement, tous les candidats veulent préserver le
système qui ploie sous les dépenses. En réalité, la mécanique infernale est
déjà enclenchée. Les mutuelles, et plus encore, les sociétés d’assurance, sont
en embuscade et activent dans l’ombre pour s’emparer du gâteau. Bien sûr,
personne n’osera proclamer qu’il veut vendre « la sécu » car c’est là
tout l’art de la politique. Mais mesure après mesure, on se dirige vers un
affaiblissement de la structure, on la fait « maigrir » et, in fine,
on proclamera qu’elle en peut survivre sans apport de capital frais (et privé).
Salaires en berne, inégalités
en hausse
La question du pouvoir d’achat, et donc des salaires, est
elle aussi centrale. Dans un contexte où la mondialisation a eu pour effet de
lisser les revenus des classes moyennes (on dira aussi qu’elle a contenu
l’inflation…), la parade de ces deux dernières décennies a été de recourir au
crédit en guise de compensation. Le problème, c’est que le système atteint ses
limites et que les dynamiques de consommations se tassent. A force de priver
les ménages de ressources, le capitalisme est en train de se pénaliser
lui-même. Les inégalités se creusent, les rémunérations des actionnaires
augmentent et les plus riches voient leur patrimoine augmenter. Dans une telle
situation, on se demande comment les explosions sociales ne sont pas plus
nombreuses.
(*)
« Les Français et les programmes politiques », sondage OpinionWay réalisé les
1er et 2 mars 2017 sur un échantillon de 1 039 personnes. www.printempsdeleco.fr
Note : le titre de cette chronique
fait allusion au fameux slogan de Bill Clinton lors de sa campagne électorale
victorieuse de 1992 face à George H. W. Bush. Ce slogan, « it’s the
economy, stupid » est attribué à son conseiller James Carville et il était
destiné à contrer le discours électoral de Bush qui insistait sur la victoire
militaire américaine durant la première guerre du Golfe (février-mars 1992)
_dimanche 26 mars 2017
Patrimoines mutilés
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Par, Akram Belkaïd
Mounir Bouchenaki,
responsable du Centre de l’Unesco pour le patrimoine mondial dans la région
arabe est actuellement en Algérie pour plusieurs conférences à Alger, Oran et
Tlemcen. L’occasion pour lui d’évoquer la situation des trésors archéologiques
dans le monde arabe et de présenter son dernier livre dont nous livrons ici un
compte-rendu.
On lit ce livre avec un mélange d’intérêt, de tristesse et
de colère (*). Certes, on sait depuis longtemps que les guerres ne signifient
pas uniquement la mort de civils et la destruction d’infrastructures. Elles
infligent aussi des dommages irrémédiables aux patrimoines culturels des pays
touchés par les conflits. Comme le montre l’auteur, la liste des
« vandalismes à grande échelle », n’en finit pas de s’allonger.
Ancien directeur du patrimoine culturel en Algérie (1974-1981) et ancien
haut-cadre au sein de l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la
science et la culture (Unesco), Mounir Bouchenaki nous livre un témoignage sur
plusieurs années de lutte pour protéger, réhabiliter et défendre ce qui n’est
rien d’autre que l’héritage de toute l’humanité. Du site d’Angkor aux trésors
archéologiques irakiens volés pendant et après l’invasion américaine de 2003,
les exemples de pillages et de trafics organisés ne manquent pas. Là où frappe
la guerre, les trésors architecturaux, les œuvres d’art, les pièces de valeur,
font l’objet de razzias plus ou moins organisées. On lira avec attention les
pages consacrées à l’Irak pour comprendre l’étendue des dégâts. Dans les années
1990, ce pays est soumis à un embargo qui l’empêche d’importer de nombreux
produits. On sait que des dizaines de milliers d’enfants sont morts de ces
restrictions. A un degré bien moindre en matière de tragédie, le musée de
Bagdad sera envahi par les termites faute d’insecticides. Plus tard, au
printemps 2003, le patrimoine irakien est pillé et détruit. En mission sur
place, Mounir Bouchenaki découvre l’ampleur du saccage qu’une partie des
gouvernements et médias occidentaux ont présenté comme le résultat de
l’anarchie alors qu’il apparaît aujourd’hui que ce furent des entreprises
criminelles dûment organisées et planifiées. Les autorités américaines
raconteront que seules vingt-cinq pièces ( !) ont été volées du musée de
Bagdad alors que les estimations les plus prudentes des experts compétents
avancent le chiffre de… soixante-dix mille.
Mais aux dommages de la guerre (destructions et pillages à
vocation de trafic et de revente sur les marchés internationaux), s’ajoute
désormais la folie iconoclaste des groupes radicaux islamistes à l’image de
l’Organisation de l’Etat islamique (OEI, souvent désignée par l’acronyme
« Daech »). L’exemple des saccages de Palmyre est dans toutes les
têtes et témoigne d’une certaine manière des dégâts auxquels peut mener une
lecture erronée des préceptes coraniques. En tout état de cause, l’auteur ne
cache pas l’importance des dégâts et leur caractère définitif : « Nous devons déplorer malheureusement
des pertes irrémédiables sur les sites irakiens non encore inscrits sur la
Liste du patrimoine, mais qui auraient pu l’être, comme Nimrud, considérée
comme la seconde capitale de l’Empire assyrien, cité de grand prestige à
l’époque du roi Assourbanipal et dont les vestiges ont été détruits au
bulldozer, ou encore le site de Ninive, ancienne capitale de l’Assyrie au VIIe
siècle avant l’ère chrétienne, et certains monuments de la ville de Mossoul
dont le Musée a été saccagé en février 2015. Même Hatra, l’unique site d’Irak
inscrit sur la Liste du patrimoine mondial jusqu’en 2003, n’a pas échappé au
vandalisme filmé par leurs auteurs eux-mêmes en train de mutiler la statuaire
qui ornait les murs des temples de la ville antique. »
Comme le montre l’ouvrage, la mobilisation pour sauver ce qui
peut l’être existe. Les Nations Unies, des donateurs, certains gouvernements
arabes agissent dans le sens de la préservation du patrimoine. Mais l’effort à
déployer demeure immense. Un rapide regard sur l’état des vestiges culturels
dans le monde arabe convainc de l’urgence d’une action d’envergure.
(*) « Patrimoines
mutilés. Ces trésors de l’Humanité défigurés par la folie des hommes »,
Mounir Bouchenaki, préface d’Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco,
éditions ErickBonnier, coll. Encre d’Orient, 257 pages, 20 euros.
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jeudi 23 mars 2017
La chronique du blédard : Ni Macron, ni Fillon
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Le Quotidien d’Oran,
jeudi 23 mars 2017
Akram Belkaïd, Paris
Au départ, on s’était
dit qu’un bon polar scandinave ou japonais ferait l’affaire ou bien, qu’avec un
peu de courage, il serait peut-être possible de terminer l’un des multiples
articles censés être rendus à une date butoir depuis longtemps dépassée. Une
autre voix suggérait de rattraper le retard en matière de séries, de celles
dont on n’a vu que les premiers épisodes il y a, on ne sait plus quand, et qui
en sont aujourd’hui à la quatrième voire la cinquième saison. Tout sauf ce
débat, se disait-on.
Et puis, un ado a
voulu voir « le baston ». On a cherché à l’en dissuader mais devant
son insistance, il a bien fallu s’installer avec lui devant le grand petit
écran. Disons tout de suite que le boutonneux à la voix en perte d’octaves n’est
pas resté assis plus d’une heure. Son écoute fut néanmoins attentive ponctuée
parfois de questions pour mieux comprendre ce dont il s’agissait ou pour se
faire préciser une notion agitée par l’une ou l’un des impétrants. A cela
s’ajoutait quelques rires et applaudissements quand l’ineffable Jean-Luc
faisait donner l’artillerie. Au final, avant de se lever pour rejoindre ses
pénates, nous laissant accroché et incapable d’user de la télécommande pour
regarder autre chose ou pour tout simplement s’endormir à une heure décente, il
eut cette phrase en forme de couperet : « ‘Elle’ se comporte comme si
elle avait déjà gagné. »
Et c’est effectivement
cette même impression que nous avons retiré de ce premier débat pour l’élection
présidentielle française. Bien sûr, se comporter comme si l’on avait déjà
emporté la partie ne signifie pas qu’on va y arriver. Il est encore trop tôt
pour avancer tel ou tel pronostic mais, c’est ainsi, il y a cette petite
sensation désagréable, que disons-nous, ce malaise croissant qui incite à
penser qu’avril prochain sera un remake de celui de 2002. On dira que c’est prévu
depuis longtemps et que plus personne ne doute que la patronne du Front
national sera qualifiée pour le second tour du scrutin. Précisons alors notre
pensée. Cela risque bien d’être un autre « 21 avril » mais en pire.
Et ce pire pourra
prendre plusieurs formes lesquelles pourront même se confondre car elles ne
sont pas antagonistes. Il y a d’abord la possibilité d’un gros score,
c’est-à-dire d’une avance bien plus importante que prévu. Une avance qui fera
planer le doute sur le deuxième tour et qui empêchera la répétition du scénario
80%-20% de 2002. Le fumet putride qui se dégage actuellement du monde politique
français contribuera à ce gros score. Pas un jour ne passe sans que des
révélations ne tombent à propos du clientélisme et de l’affairisme ambiants.
L’argent, les privilèges, le mépris du peuple et, surtout, cette certitude
d’avoir le droit de ne pas respecter le droit, voilà ce dont il est question.
Quand les historiens
se pencheront un jour sur cette période, ils relèveront à quel point la France
ressemble désormais à ses post-colonies de la françafrique. Des margoulins qui
paient des cadeaux à des hommes politiques – avec du cash dont on se doute
qu’il vient d’Abidjan, de Libreville ou de Ndjamena en attendant que l’on
apprenne qu’il pourrait aussi provenir d’Alger ou de Rabat… Des élus qui
estiment que l’argent public leur appartient ainsi qu’à leur famille… Certes,
l’Etat de droit fonctionne encore. La justice enquête. Corruption, abus de bien
social, faux et usage de faux, escroquerie aggravée, recel,… Mazette, la belle
liste que voilà ! Mais le mal est fait. En d’autres temps, la colère
sourde et silencieuse, celle à propos de laquelle Jean-Paul Delevoye, alors
médiateur de la République – c’était en février 2010 – avait tiré un signal d’alarme,
se serait exprimée par le biais d’une jacquerie ou l’érection de barricades
dans les rues de Paris. Aujourd’hui, le seul débouché pour cette rage
multiforme est le vote pour le Front national.
Il y a ensuite cette
vacuité que l’on a ressenti en entendant les autres candidats étaler des
mesures et des promesses auxquelles ils semblent si peu croire. En l’état
actuel des choses, deux adversaires semblent possibles face à la candidate frontiste
: Emmanuel Macron ou François Fillon. D’un côté, la dynamique du vide, le
« globish » à la sauce Molière, c’est-à-dire ce discours creux que
l’on peut entendre dans les séminaires de motivation pour managers en quête
d’avancement et de développement personnel. Du langage « HEC », si
l’on préfère. De l’autre, le visage d’un Thénardier de notre temps, réactionnaire
et partisan d’une thérapie de choc néolibérale dont on comprend tout l’intérêt
qu’il a à se faire élire pour suspendre à son profit le temps de la justice.
Qu’il s’agisse de
Macron, chouchou de la presse centre-gauche-caviar – qui a vu en lui le
vainqueur d’un débat (!) – ou de Fillon visiblement heureux de ne pas avoir été
malmené par deux « journalistes », au vrai des péagistes appelés à
uniquement passer les plats, l’idée générale est que la candidate FN sera
battue au final. Qu’entre les deux tours, la « mobilisation
républicaine » battra son plein et que, comme 2002, des électeurs se
rendront dans les bureaux de vote, les doigts pinçant leurs nez, afin de
« faire barrage » en votant pour un candidat qui n’a pas forcément
leurs faveurs. Attention à ce genre de certitudes… En tant qu’auteur de ces
lignes, nous ne saurions prétendre au rôle d’échantillon représentatif mais
qu’il soit dit, et la conviction est largement partagée, que ni Emmanuel Macron
ni François Fillon ne méritent un bulletin de vote et cela même au nom d’un
sauvetage républicain dont on ne peut oublier qu’il fit tant de cocus en 2002.
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