Le Quotidien d’Oran, mercredi 15 mars 2017
Akram Belkaïd, Paris
Va-t-on vers une nouvelle bataille des prix sur le marché
pétrolier ? Près de quatre mois après la conclusion d’un accord de
réduction de la production au sein de l’Organisation des pays exportateurs de
pétrole (Opep), les tensions entre producteurs refont leur apparition. Pour
mémoire, les membres du Cartel avaient réussi à s’entendre pour limiter leurs
pompages afin de soutenir les cours du brut et cette démarche avait reçu le
soutien de la Russie. Or, l’accord conclu en novembre – et largement respecté
par ses signataires - arrive à échéance en juin prochain et des questions se
posent déjà quant à son prolongement. En début de semaine, le Koweït a fait
savoir qu’il soutiendrait une telle prorogation mais l’on attend encore la
position officielle de l’Arabie saoudite.
Guerre des prix
Si les interrogations se multiplient sur la future position
de l’Opep, c’est parce que les prix continuent à être orientés à la baisse.
Certes, il n’y a pas eu d’effondrement des cours et, en cela, on peut dire que
l’accord de novembre dernier a atteint ses objectifs. Mais, dans le même temps,
le baril plonge de manière régulière comme ces derniers jours où le WIT coté à
New York a touché le plancher de 48 dollars. Les raisons d’une telle évolution
sont connues depuis longtemps. Aux Etats Unis, le niveau actuel des prix permet
aux producteurs de pétrole non-conventionnel, le fameux pétrole de schiste, de
continuer leur activité. Le fait que les stocks américains de brut soient au
plus haut confirme bien que ces producteurs ont su s’adapter et que,
contrairement à ce qui était annoncé au cours des dernières années, ils n’ont
pas perdu la « guerre des prix » que leur a imposé l’Arabie
saoudite.
On le sait, le poids lourd de l’Opep s’était engagé dans un
double bras de fer. Le premier contre son voisin iranien et le second contre
les producteurs nord-américains de brut de schiste. Garder le même volume
d’exportations, et cela quel que soit le niveau des prix, a longtemps été la
stratégie de Ryad et cela afin de garder ses parts de marché et de pénaliser la
rentabilité de ses concurrents. L’accord de novembre dernier constituait donc
une mise entre parenthèse de cette approche. La question qui se pose désormais
est de savoir si le Royaume va siffler la fin de la récréation et refuser que
l’accord de novembre soit prolongé. Cela ouvrirait, bien sûr, une nouvelle
course aux parts de marché et il est vraisemblable que le prix du baril
baissera.
Quelle position
vis-à-vis de Trump ?
Il resterait alors à Riyad de convaincre les Etats Unis que
qu’il ne s’agit pas d’une manœuvre hostile à l’encontre des producteurs
américains, ces derniers comptant sur la nouvelle administration Trump pour
protéger leurs intérêts. Le sujet devait certainement être évoqué durant la
rencontre entre le locataire de la Maison Blanche et le vice-prince héritier
saoudien Mohamed Ben Salman (MBS). Il sera d’ailleurs intéressant de voir
comment va évoluer la politique pétrolière saoudienne à l’aune des injonctions,
souvent contradictoires, de Donald Trump. Ce dernier veut des prix de l’énergie
abordables mais il souhaite aussi affaiblir l’Iran avant de décider de
renégocier (ou de remettre en cause) l’accord de Vienne sur le nucléaire. Les
Saoudiens sauront rappeler au milliardaire-président que le pétrole est un
levier qui peut s’avérer efficace pour obtenir des concessions de la part de
Téhéran. Quoi qu’il en soit, l’accord de l’Opep arrive bientôt à échéance et
Riyad devra très vite clarifier sa position.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire