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mercredi 28 novembre 2012

Ces pays africains qui boudent la Palestine

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SlateAfrique, 28 novembre 2012

Le chroniqueur Akram Belkaïd se demande quelle position vont adopter les pays africains lors du vote de l'Assemblée générale des Nations unies sur le statut d’État non membre de la Palestine.

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le 23 septembre 2011 aux Nations unies, à New York. REUTERS/Mike Segar
L'AUTEUR
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C’est ce jeudi 29 novembre que l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) va décider ou non d’accorder à la Palestine le statut d’État non membre. Selon les prévisions, entre 130 et 135 pays sur 190 devraient voter en faveur de cette demande (à la différence du Conseil de sécurité, aucun veto ne peut s’opposer à ce vote).
Parmi eux, la France qui, après quelques semaines de tergiversations, a fini par décider de prendre le risque de se fâcher avec le gouvernement de Benjamin Netanyahou. De façon générale, la majorité des pays soutenant la démarche palestinienne appartiennent à ce que l’on qualifie habituellement de «Sud»: pays arabes, bien sûr, mais aussi d’Amérique latine, d’Asie et, à quelques exceptions près, d’Afrique.

Une possible abstention

À ce sujet, on ne sait pas encore quels sont les pays africains qui vont certainement s’abstenir durant le vote (aucun ne devrait voter contre la demande palestinienne), mais pour en avoir une idée, on peut se baser sur le scrutin de novembre 2011 pour l’adhésion de la Palestine àl’Unesco. A l’époque, huit pays africains s’étaient réfugiés dans l’abstention, ce qui pour nombre de Palestiniens et d’Arabes, s’apparentait tout de même à un vote négatif. Il s’agit du Burundi, du Cameroun, du Cap Vert, de la Côte d’Ivoire, du Rwanda, du Togo, de l’Ouganda et de la Zambie.
Comment expliquer une telle abstention alors que le Sud prend en règle générale parti pour les Palestiniens? On peut d’abord relever que l’abstention reste tout de même le meilleur moyen de ménager la chèvre et le chou et de résister aux pressions diplomatiques des grandes puissances.
Ainsi, les États-Unis n’ont pas caché qu’ils étaient opposés à l’adhésion de la Palestine à l’Unesco ou à l’ONU. Un pays proche de Washington comme l’Ouganda s’est donc très certainement retrouvé dans une position difficile, d’autant qu’il existe en plus des liens économiques et militaires entre Kampala et Tel Aviv. Même chose pour le Burundi et le Rwanda, deux pays ayant longtemps été dans la sphère d’influence française, mais dont on sait aujourd’hui qu’ils sont plus à l’écoute des États-Unis – et de l’État hébreu – que de Paris.
Il reste à savoir si cette proximité va déboucher jeudi sur une abstention ou un vote négatif. En effet, l’affaire est autrement plus sérieuse qu’une adhésion à l’Unesco. En bénéficiant du statut d’État non membre, la Palestine pourra tout de même attaquer Israël auprès de la Cour pénale internationale (CPI), une perspective qu’ont en tête toutes les chancelleries occidentales. D’où l’importance du vote à l’ONU.
Par ailleurs, on peut s’interroger sur la motivation des abstentions possibles de la Côte d’Ivoire, duCameroun et du Togo. Est-ce le fait que les services de sécurité israéliens sont plutôt actifs dans ces pays qui explique leur non-vote d’il y a un an? Est-ce la volonté de ne pas se mêler d’une affaire qui peut paraître moins urgente que les problèmes auxquels est confrontée l’Afrique subsaharienne?
En tout état de cause, le vote africain de ce jeudi sera examiné à la loupe et révélera quels sont les pays du continent qui s’inscrivent sans complexes dans la vision étasunienne du mode de résolution du conflit israélo-palestinien

Akram Belkaïd (Quotidien d'Oran)
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