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jeudi 7 mars 2013

La chronique économique : Situation difficile pour l’Argentine

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 Le Quotidien d'Oran, mercredi 6 mars 2013
 Akram Belkaïd, Paris
 

En 2002, l’Argentine faisait défaut sur sa dette. Onze ans plus tard, le pays affiche une croissance soutenue (3% prévus en 2013) et fait même figure d’exemple en matière de résistance aux diktats des marchés financiers et du Fonds monétaire international (FMI). C’est aussi devenu un modèle en matière de patriotisme économique puisque la production locale est encouragée voire rendue obligatoire (au grand dam des voisins et des fournisseurs habituels du pays). Dans le même temps, les entreprises argentines ou installées sur place sont obligées de compenser leurs importations par des exportations ou des investissements dans le pays y compris dans des activités totalement différentes de leur cœur de métier.
  
La fermeté d’un fonds vautour
  
  Reste que l’Argentine fait de nouveau l’actualité en ce qui concerne ses finances. A l’origine de cette situation, se trouve un créancier qui avait refusé d’entériner l’accord de restructuration de la dette argentine après la faillite de 2001. Il s’agit de l’Elliott Fund, propriété du milliardaire américain Paul Singer. Cette société d’investissement fait partie des plus importants fonds vautours du monde, c’est-à-dire des fonds spécialisés dans le rachat de la dette privée de pays confrontés à d’importantes difficultés financières. La somme en jeu réclamée par Elliott n’est pas énorme puisqu’elle atteint 1,33 milliard de dollars mais la présidente Cristina Kirchner a juré que son pays ne verserait pas cette somme à celui qu’elle considère comme un ennemi implacable de l’Argentine. En fait, Buenos Aires propose au Fonds Elliott de le rembourser avec la même décote que les autres créanciers, ce que refuse Paul Singer.
  
  L’Affaire est actuellement jugée à New York et la justice américaine a donné jusqu’à la fin du mois au gouvernement argentin pour qu’il formule une proposition de remboursement à Elliott. Dans le cas contraire, une injonction du tribunal ordonnera à l’Argentine de rembourser Elliott à chaque fois que ce pays honorera l’une des échéances de ses autres créanciers, c’est-à-dire ceux qui, contrairement à Paul Singer, ont accepté d’effacer une partie de la dette argentine après le défaut de 2001. Et c’est pour contrer cette mise en demeure que Buenos Aires envisage donc de… ne plus rembourser personne. Ce défaut volontaire ou technique est donc le moyen radical auquel pense l’Etat argentin pour ne pas être obligé de verser le moindre dollar au Fonds Elliott. On saura à la fin du mois si l’Argentine a tout de même accepté de faire un geste avec une proposition alternative ou si la présidente Kirchner, qui suit au plus près ce dossier, persiste dans sa position de fermeté.
 
  De façon générale, ce bras de fer met en lumière plusieurs problèmes dont celui de la vulnérabilité des Etats face à la fois aux fonds vautours mais aussi à la justice américaine qui entend passer outre les questions de souveraineté - il faut dire aussi que la dette détenue par le Fonds Elliott dépend de la justice de l’Etat de New York, clause que l’Argentine a acceptée en toute connaissance de cause. Reste que si aucune solution n’est trouvée, il est fort possible que l’Argentine fasse défaut le 31 mars prochain avec ce que cela comporte comme risque de contagion et de panique pour les marchés financiers.

L’Argentine a d’autres soucis
 
  Mais ce risque de défaut technique n’est pas le seul problème de l’Argentine. Après avoir été étincelante, l’économie de ce pays est en train de ralentir dans un contexte de forte inflation (près de 25%). Bien que confortablement réélue en octobre 2011, la présidente Kirchner va devoir aussi affronter de périlleuses élections législatives à l’automne prochain. Un scrutin qui va intervenir dans un contexte de grogne générale et de ras-le-bol populaire face à la multiplication des affaires de corruption et à la dégradation des services publics. Durant plusieurs années, l’Argentine a été présentée comme contre-modèle à la voie libérale imposée par le consensus de Washington. Il est à craindre que toutes ces difficultés ne sonnent le glas d’une expérience originale qui a laissé entrevoir l’existence d’alternatives à l’orthodoxie néolibérale.
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