Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

samedi 9 novembre 2019

Soutien au Hirak

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Mon texte d’introduction au meeting de soutien au peuple algérien, organisé ce samedi 9 novembre par des associations algériennes en France (*) – et soutenu par des organisations françaises et maghrébines de l’émigration – à la Bourse du travail, Paris.

Bonjour à toutes et à tous, J’ai l’honneur d’introduire les débats de ce meeting de soutien au peuple algérien et je remercie les organisateurs pour leur confiance.
Depuis le vendredi 22 février, les Algériennes et les Algériens sont engagés dans un impressionnant mouvement de protestation politique et sociale. Entamée avec le refus d’un cinquième mandat de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, cette contestation voit désormais plus grand. Il s’agit d’en finir avec un système de pouvoir autoritariste, liberticide, corrompu et incapable de mener à bien le développement d’un pays pourtant très riche tant sur le plan des ressources naturelles que du capital humain.
Ce mouvement, ce Hirak, car tel est son nom, est historique à bien des égards. - Il est historique parce que pacifique. Chaque manifestation est placée sous le signe de « silmiya » - pacifique en langue arabe. Quand on connaît l’histoire tourmentée de l’Algérie, avant et après l’indépendance, on ne peut que comprendre l’importance fondamentale du caractère pacifique du Hirak. - Il est historique parce que national. Ce n’est pas une seule ou quelques villes qui sont concernées. Ce n’est pas non plus une région unique mais tout le pays. Le Hirak est un mouvement national et populaire. C’est un mouvement totalement et pleinement algérien. - Enfin, il est historique parce qu’il ne faiblit pas. Hier, vendredi 8 novembre, ce fut le 38ième vendredi de manifestation de suite. Mardi 12, ce sera la 38ième manifestation d’affilée des étudiants. Le Hirak ne s’est pas essoufflé. Il a surmonté le jeûne du ramadan, les canicules de l’été et les pluies glaciales de novembre. Le Hirak refuse l’élection présidentielle prévue pour le 12 décembre prochain. Les manifestants estiment que ce scrutin ne fera que prolonger le système ; qu’il faudrait de vraies réformes avant de revenir aux urnes. Il ne s’agit pas de rejeter l’élection présidentielle pour le simple plaisir de dire non. Il y a la conviction que les dés sont pipés et que ce scrutin ne répondra en rien aux aspirations du peuple algérien. Le 12 décembre, si le scrutin se tient…, parmi les cinq candidats qui se présentent, on comptera deux anciens premiers ministres et deux anciens ministres de Bouteflika, le cinquième ayant été un laudateur du système. On appréciera à sa juste valeur le potentiel de changement représenté par ce scrutin ! Dans cette affaire, c’est « vaille que vaille » ou « envers et contre tout » face à « à tous prix ». Le pouvoir, incarné par le général Ahmed Gaïd Salah, veut organiser cette élection à n’importe quel prix. Depuis le printemps dernier, il mène une répression contre toutes celes et tous ceux qui exigent le changement démocratique. Simples citoyens, syndicalistes, activistes, jeunes et moins jeunes, journalistes, la liste des personnes emprisonnées, poursuivies, arrêtées par des personnes en civil sans que l’on sache durant plusieurs heures où elles sont passées, cette liste, donc, ne cesse de s’allonger. Le pouvoir refuse toute ouverture. Il fait de cette élection massivement rejetée une affaire d’honneur. Face à cette répression, le mouvement continue. Le peuple du Hirak veille à en préserver le caractère pacifique et à en défendre l’intégrité et l’indépendance contre toute influence extérieure. Les Algériennes et les Algériens se battent contre un pouvoir finissant. L’initiative louable qui nous réunit aujourd’hui est destinée à leur dire notre respect et notre admiration. Car, en effet, la solidarité que nous exprimons ici n’est certainement pas de l’ingérence. C’est l’expression de notre amitié et de notre affection. C’est une manière de leur dire qu’ils ne sont pas seuls. Akram Belkaïd

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