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Hier matin,
dans le métro.
Ligne 13.
Rame bondée, voyageurs qui ont, semble-t-il, vite oublié qu'ils étaient heureux, la veille et l'avant-veille, de voir le trafic enfin reprendre.
Une jeune femme est montée, gros sac accroché à son dos. Un petit bambin aggripé à sa main. Pleurnichard, le môme. Un peu effrayé, aussi, par ces adultes indifférents, qui manquent de lui marcher sur le pied. Elle est rousse et sa peau est blanche. Il a les cheveux crépus et sa peau est café au lait. Un futur beau gosse, à coup sûr, comme le sont si souvent les métis.
Il pleure encore.
Je me lève, fais signe à la mère, lui propose ma place. Elle dit merci, essaie de se déplacer mais pour arriver au strapontin libéré, il faudrait qu'une dame se lève et laisse le passage. Elle ne bouge pas. "Raciste" me dis-je. Accusation gratuite ? Non, j'en suis sûr. L'attitude de son corps parle pour elle. Crispée, recroquevillée, elle nous dit, sans prononcer le moindre mot, qu'elle ne se lèvera pas. Et puis, il y a son regard pour l'enfant. Un regard de colère. De haine. Oui, des gens pareils existent toujours. Et d'ailleurs, ont-ils jamais disparu ?
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Blog au fil des jours, quand la chose et l'écriture sont possibles.
Lignes quotidiennes
mercredi 28 novembre 2007
lundi 26 novembre 2007
Les anti-velib' ont encore frappé !
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Mais qui a fait ça ?
Et pourquoi ?
Que fait la ligue de défense des vélib’ ?
Peut-être un qu’usager, mécontent de ne pouvoir utiliser celui-ci, sa borne affichant le fatidique voyant rouge qui le rend indisponible, s’est-il laissé aller à quelques violences. C’est vrai qu'il est presque plus rageant que de trouver la station vide. Le scénario est désormais classique : on voit de loin qu’un ou plusieurs vélos sont « à quai ». On accélère le pas, et là, ô malchance, on constate qu’aucun d’entre eux ne peut-être retiré (toujours ce fameux voyant rouge). Si, tout de même, il y en a un qui est signalé par un voyant vert. On se précipite mais, selon les jours, on découvre des pneus crevés, une chaîne qui manque, une selle sciée (oui, oui) ou des pédales disparues.
Mais revenons à la victime du jour. Le coupable est peut-être un automobiliste, excédé de voir ses rues envahies par d’indisciplinés – et insolents - vélibeurs, inconscients du danger qu’ils courent en prenant des risques inconsidérés. Je ne suis pas l’inspecteur Columbo, mais je me demande si la piste des chauffeurs de taxi n’est pas à creuser.
A moins qu’il ne s’agisse d’un commando anti-Delanoë... Dis donc Françoise, que faisais-tu du côté de la place de la Concorde, pendant la nuit, à l’heure où les braves gens dorment et où les vélos sont, malheureusement, sans défense ?
lundi 19 novembre 2007
Sarkozy et les musulmans
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Je ne sais pas si cette information sera un jour confirmée mais elle provoque en moi dégoût et répulsion.
Selon mon confrère Jean Quatremer, qui tient un blog sur les coulisses de l'Union européenne, Nicolas Sarkozy aurait affirmé à deux reprises, devant des responsables européens, qu'il jugeait qu'il y avait "trop de musulmans en France".
Extrait : "L’histoire se raconte dans les chancelleries européennes. Nicolas Sarkozy, recevant le Premier ministre irlandais, Bertie Ahern, le 21 septembre, puis suédois, Fredrik Reinfeldt, le 3 octobre, se serait livré à une véritable diatribe anti-musulmane devant ses invités." (pour lire la suite : http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2007/11/sarkozy-et-les-.html).
Pour nombre de musulmans de France, et d'ailleurs, cette information ne fera que confirmer ce qu'ils pensent du président français. Ce dernier n'aurait donc pas usé d'un langage ultra-droitier par seule stratégie électorale - afin d'attirer les électeurs du Front national - mais bien par conviction. Bien entendu, il reste à connaître la réaction de l'intéressé et la prudence est de mise. Mais Jean Quatremer est un journaliste sérieux, son blog est une référence et il n'y a pas de raison de mettre en doute son professionnalisme.
Sarkozy n'aime pas les musulmans. Cela leur promet des jours difficiles en France. On comprend mieux les positions récentes du président français en matière de politique étrangère. On sait aussi à quoi s'attendre, et pourquoi, en son temps, le mot "racaille" fut employé. Quant à Dati, Amari et les autres personnalités de gauche qui gravitent autour de lui, il serait vain d'attendre qu'elles démissionnent...
Je ne sais pas si cette information sera un jour confirmée mais elle provoque en moi dégoût et répulsion.
Selon mon confrère Jean Quatremer, qui tient un blog sur les coulisses de l'Union européenne, Nicolas Sarkozy aurait affirmé à deux reprises, devant des responsables européens, qu'il jugeait qu'il y avait "trop de musulmans en France".
Extrait : "L’histoire se raconte dans les chancelleries européennes. Nicolas Sarkozy, recevant le Premier ministre irlandais, Bertie Ahern, le 21 septembre, puis suédois, Fredrik Reinfeldt, le 3 octobre, se serait livré à une véritable diatribe anti-musulmane devant ses invités." (pour lire la suite : http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2007/11/sarkozy-et-les-.html).
Pour nombre de musulmans de France, et d'ailleurs, cette information ne fera que confirmer ce qu'ils pensent du président français. Ce dernier n'aurait donc pas usé d'un langage ultra-droitier par seule stratégie électorale - afin d'attirer les électeurs du Front national - mais bien par conviction. Bien entendu, il reste à connaître la réaction de l'intéressé et la prudence est de mise. Mais Jean Quatremer est un journaliste sérieux, son blog est une référence et il n'y a pas de raison de mettre en doute son professionnalisme.
Sarkozy n'aime pas les musulmans. Cela leur promet des jours difficiles en France. On comprend mieux les positions récentes du président français en matière de politique étrangère. On sait aussi à quoi s'attendre, et pourquoi, en son temps, le mot "racaille" fut employé. Quant à Dati, Amari et les autres personnalités de gauche qui gravitent autour de lui, il serait vain d'attendre qu'elles démissionnent...
dimanche 18 novembre 2007
Dimanche de grève
Huit heures trente du matin. Brumaire mérite bien son nom. Le beau temps est parti,le froid et la grève des transports demeurent. Sortir de chez soi, assez tôt pour un tel jour, avoir l'embarras du choix pour le velib' - en profiter car cela ne sera certainement pas le cas demain - et enfourcher sa monture pour rouler à l'aise dans les rues de Paris. Pas un bruit, quelques passants, des balayeurs municipaux (qui travaillent le dimanche ???), de rares voitures bien sages et peu agressives.
La Seine est comme vitrifiée par le froid. Des touristes japonais, installés au milieu du pont du carrousel mitraillent sa surface d'ardoise. le gris sombre de la ville semble les enchanter. Je m'arrête aussi. Une, deux photos. Résultat un peu décevant. C'est reparti, troisième vitesse toujours enclenchée, quelques zigzags entre les réverbères qui bordent la pyramide du Louvre. Pur plaisir. Il faut que je me dépêche, la conférence de rédaction est pour 9h00. Aujourd'hui est un grand jour, les patrons du CAC 40 sont, pour l'occasion, et de bout en bout du journal, les rédacteurs des articles de La Tribune.
La Seine est comme vitrifiée par le froid. Des touristes japonais, installés au milieu du pont du carrousel mitraillent sa surface d'ardoise. le gris sombre de la ville semble les enchanter. Je m'arrête aussi. Une, deux photos. Résultat un peu décevant. C'est reparti, troisième vitesse toujours enclenchée, quelques zigzags entre les réverbères qui bordent la pyramide du Louvre. Pur plaisir. Il faut que je me dépêche, la conférence de rédaction est pour 9h00. Aujourd'hui est un grand jour, les patrons du CAC 40 sont, pour l'occasion, et de bout en bout du journal, les rédacteurs des articles de La Tribune.
vendredi 16 novembre 2007
Note de lecture : "5+5 = 32" : Un canevas pour l'Union méditerranéenne
La Tribune, 16 novembre 2006
Le Cercle des économistes avance des propositions pour mettre en place le projet d'Union méditerranéenne défendu par Nicolas Sarkozy. L'approche se base sur l'expérience réussie du partenariat des « 5 + 5 ».
Voilà un ouvrage qui devrait enfin donner de la consistance au projet d'Union méditerranéenne (UM) défendu par Nicolas Sarkozy (*). Des membres du Cercle des économistes se sont en effet penchés sur la question de l'avenir des pays du pourtour sud-méditerranéen en s'efforçant de « définir les contours d'une Union méditerranéenne » et en prenant au mot l'ancien président de la Commission européenne, Romano Prodi, qui, en mars 2003, promettait « moins que l'adhésion, plus que l'association aux pays du Maghreb ».
Loin de s'égarer dans les habituelles déclarations plus ou moins théâtrales sur « l'idée méditerranéenne », les auteurs de ce livre ont basé leur approche sur « l'idée d'association renforcée » entre pays du nord et pays du sud de la Méditerranée en prenant pour référence un mécanisme qui a prouvé son efficacité. Il s'agit du dialogue des « 5 + 5 » qui regroupe, d'un côté, l'Espagne, la France, l'Italie, le Portugal et Malte et, de l'autre, l'Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie.
En prenant appui sur cette coopération qui fonctionne, contrairement à un processus de Barcelone enlisé depuis l'interruption du processus de paix au Proche-Orient, l'Union européenne et les dix pays du Sud méditerranéen pourraient ainsi bâtir une interdépendance économique durable d'où le titre de l'ouvrage : 5 + 5 = 32.
Le projet défendu ne consiste pas en une injection massive de capitaux mais en une démarche ambitieuse en matière d'institutions. Huit réformes prioritaires sont ainsi recensées dont la création d'une banque pour le développement de la Méditerranée « et le triplement des sommes consacrées au capital-risque dans la région, avec en priorité une logique de relocalisation industrielle ».
À cela s'ajouteraient « la création d'une organisation euroméditerranéenne du textile », « le lancement d'un plan d'urgence euroméditerranéen consacré aux technologies de l'information » ainsi que « la création d'un observatoire des investissements directs euroméditerranéens ».
Réalistes, les auteurs notent que le projet d'Union méditerranéenne ne coule pas de source. Chiffres à l'appui, ils montrent que si l'Europe ne se rapproche pas des pays méditerranéens, « ce sera la Chine ou les États-Unis ». En la matière, il y a donc urgence. Mais il faudrait aussi compléter cette réflexion par le rôle fondamental que doit jouer l'Europe dans la région en matière de démocratisation. Dans cette optique, l'exigence d'acquis communautaire pourrait être étendue aux pays du Sud méditerranéen désireux de faire partie de l'UM.
Akram Belkaïd
(*) « 5 + 5 = 32, feuille de route pour une Union méditerranéenne »,
Le Cercle des économistes et Hubert Védrine, 217 pages, 13,80 euros.
France-États-Unis, un rapprochement fragile
La Tribune, 14 novembre 2007
Derrière la "réconciliation entre la France et les Etats-Unis" proclamée par Nicolas Sarkozy, de nombreuses questions demeurent notamment à propos de l'Iran.
C'est entendu, la France et les États-Unis ont définitivement célébré leur réconciliation lors de la visite de Nicolas Sarkozy aux États-Unis la semaine dernière. Mais, au-delà des effusions et des images télévisées en boucle - notamment, les fameuses standing ovations des parlementaires américains, dont on ne répétera jamais assez qu'elles n'ont rien d'exceptionnel, car elles vont toujours de pair avec le moindre discours -, la réalité de ce rapprochement reste bien moins importante que ce que clament Paris et Washington.
Le cas de l'Iran illustre bien cette situation. Officiellement, les deux capitales sont sur la même position, Paris jugeant inacceptable la perspective que la république des mollahs détienne l'arme atomique tout en défendant, dans le même temps, une solution diplomatique. À ce sujet, les diplomates français font observer qu'ils ont réussi à calmer le discours belliqueux des États-Unis, qui ont longtemps répété que « toutes les options » étaient sur la table, y compris le bombardement des installations nucléaires iraniennes.
Deux différences majeures
Pour autant, il existe deux différences majeures entre Paris et Washington sur ce dossier, différences sur lesquelles les journalistes présents n'ont pas eu d'explications lors de la conférence de presse donnée à Mount Vernon par George W. Bush et Nicolas Sarkoy. Ainsi, quand le président français explique que rien ne s'oppose à ce que l'Iran dispose de la technologie du nucléaire civil (pour peu qu'il arrête l'enrichissement de l'uranium et démontre sa volonté de ne pas avoir la bombe), son homologue américain ne pipe mot et se garde bien de faire la même promesse. Et cela ne se comprend que si l'on saisit la seconde différence qui caractérise l'attitude des deux administrations.
Pour les États-Unis, l'objectif vis-à-vis de l'Iran n'a pas changé depuis l'aube des années 1980 : il s'agit ni plus ni moins d'un changement de régime. Les diplomates américains ne cachent pas que ce but est toujours d'actualité, ce qui explique pourquoi, malgré quelques mains tendues dans le passé - ce fut le cas avec l'ancien président réformateur, Khatami -, l'Amérique a toujours refusé des négociations directes avec Téhéran. Faire tomber le régime des mollahs est la raison pour laquelle Washington ne veut pas appliquer la même approche qui a abouti, avec le succès que l'on sait, à la dénucléarisation en cours de la Corée du Nord.
À l'inverse, et jusqu'à preuve du contraire, la France ne cherche pas à provoquer la chute de la République islamique, ce qui lui vaut, malgré le succès médiatique de la visite de Nicolas Sarkozy, la méfiance des faucons néoconservateurs qui désormais se reconstituent autour de Rudy Giuliani, l'ancien maire de New York et candidat à l'investiture républicaine pour la présidentielle de 2008.
Cette différence d'approche n'a, pour l'heure, aucune conséquence, mais risque de se muer en crise si, demain, réalisant que le pire approche, les dirigeants iraniens acceptaient une solution de compromis quant à la question de l'enrichissement de l'uranium. Il faudra s'attendre alors à un durcissement de la position américaine, qui y verra une énième manœuvre dilatoire de Téhéran, et la France sera partagée entre un alignement avec Washington ou une opposition qui fera nécessairement écho à la crise irakienne de 2003. Ainsi, et alors qu'elle est présentée comme l'exemple même de la concordance de vues entre les États-Unis et la France, la crise du nucléaire iranien porte en elle les germes de futures divisions.
Faiblesse du dollar
À cela s'ajoutent des désaccords réels, dont le président français n'a pas hésité à faire mention lors de sa visite. Il s'agit de la faiblesse du dollar, sur laquelle les Américains affirment n'avoir aucune prise, estimant le marché des changes seul juge en la matière. Pour l'heure, ce dialogue de sourds n'a pas créé de tensions entre les deux pays mais qu'en sera-t-il lorsque 1 euro vaudra 1,5, voire 1,6 dollar ?
Enfin, et sans évoquer l'épineuse question du retour de la France au sein de l'Otan (à quelles conditions ?), de nombreuses capitales européennes attendaient de Nicolas Sarkozy, premier dirigeant d'un pays qui s'estime porteur des valeurs universelles, qu'il interpellât George W. Bush à propos de la prison de Guantanamo. Officiellement, ce ne fut pas le cas, mais tôt ou tard la France devra clarifier sa position vis-à-vis de ce centre de détention illégal au regard des lois internationales. Au risque de fâcher l'ami américain…
Akram Belkaïd
Interview de Thomas E. Mann : « L'argent n'influe pas sur le résultat de l'élection présidentielle américaine »
La Tribune, 7 novembre 2007
Spécialiste de la vie politique américaine à la Brookings Institution, Thomas E. Mann, relativise l'impact des dépenses électorales sur l'issue du scrutin présidentiel.
La Tribune.- Les sommes récoltées pour l'élection présidentielle de 2008 battent tous les records. La démocratie américaine n'est-elle pas sous le règne de l'argent ?
Thomas E. Mann.- Beaucoup d'argent est effectivement dépensé pour ce scrutin. Est-ce un danger pour la démocratie ? Je n'en suis pas sûr, même si je suis partisan d'une réforme sur le financement des campagnes électorales. D'abord, il ne faut pas oublier que nous sommes plus de 300 millions d'Américains et qu'il faut arriver à nous intéresser à la politique ! Dans un pays où existent mille et une sollicitations, l'argent est nécessaire pour attirer l'attention de la population et cela passe notamment par la télévision et ses spots publicitaires. Bien entendu, de nombreuses voix s'élèvent depuis des décennies pour limiter l'influence de l'argent dans les campagnes électorales mais, jusqu'à présent et selon la loi, c'est pratiquement impossible. En effet, le premier amendement de notre Constitution garantit la liberté d'expression, or, si vous empêchez quelqu'un de lever des fonds pour financer sa campagne électorale, vous vous opposez, en quelque sorte, à son droit à l'expression. Sur cette affaire, la Cour suprême est assez conservatrice et je vois mal ses membres accepter une loi qui restreindrait les dépenses électorales.
Il y a tout de même des restrictions pour les fonds publics alloués aux candidats ?
C'est vrai mais cela n'a guère d'importance aujourd'hui. Désormais, tous les candidats suivent l'exemple de George W. Bush, qui, pour la présidentielle de 2000, a décidé de se passer d'argent public pour sa campagne. La démarche a deux objectifs : respecter le credo républicain qui consiste à éviter d'alourdir la dépense publique et échapper aux contraintes, notamment en matière de limitation des sommes récoltées d'un État à l'autre. Il faut aussi comprendre que l'argent est un indicateur de campagne. Un candidat n'est jugé sérieux que s'il récolte de l'argent et plus il en a et plus sa crédibilité devient importante, notamment vis-à-vis des médias.Les candidats ont-ils besoin d'autant d'argent ? À vrai dire, non. Mais il leur faut prouver qu'ils sont capables d'en trouver auprès des donateurs.
On en revient donc à la place principale de l'argent !
Oui, mais au final, comme la majorité des candidats réussissent à mobiliser des sommes équivalentes, on peut affirmer sans crainte que l'argent n'influe pas de manière déterminante sur le résultat du scrutin. D'autres facteurs entrent en jeu, notamment la manière dont la campagne a été menée, l'attitude lors des débats contradictoires ou même le thème du discours. Et, pour être franc, je ne pense pas, contrairement à ce que vous croyez en France, que l'argent soit le premier problème de la vie politique américaine. Nous sommes dans une période extrêmement préoccupante où le débat politique est marqué par une extrême polarisation et une défiance des Américains à l'égard de nos institutions. L'actuel président n'est guère populaire mais, dans le même temps, il a trop de pouvoirs. C'est ce qui est le plus inquiétant. Depuis son investiture en janvier 2001, George W. Bush a réussi à rogner une parti des pouvoirs du Congrès qui est normalement la première des trois branches sur lesquelles repose notre pays.
Cette défiance dont vous parlez est-elle responsable de la faible participation aux élections ?
La participation n'est pas aussi faible qu'ont le prétend. Aux dernières élections à mi-mandat, elle a été de 60 %, ce qui n'est pas négligeable. Il faut comprendre que voter ou faire voter les gens n'est pas chose aisée. Il faut d'abord être inscrit sur les listes électorales, ce qui n'est pas obligatoire. De plus, on vote tout le temps dans ce pays, qu'il s'agisse d'élections primaires, générales ou locales. Il fut un temps où la participation était plus élevée mais la comparaison ne tient pas car, au début du siècle dernier, ni les femmes ni les jeunes ne votaient.
Propos recueillis par Akram Belkaïd, à Washington
Débat : La France est-elle devenue atlantiste ?
La Tribune, 6 novembre 2007
Nicolas Sarkozy entame aujourd'hui une visite officielle de deux jours aux États-Unis où il entend consacrer les retrouvailles franco-américaines après la crise irakienne de 2003. En tournant la page de l'antiaméricanisme, le président français va devoir préciser jusqu'où il entend aligner la politique française sur celle de l'Amérique.
Oui : Patrick Basham, directeur du Democracy Institute, à Washington
"Son retour annoncé dans l'Otan le prouve"
Je pense effectivement que l'élection de Nicolas Sarkozy marquera un retour ferme et sans ambiguïté de la France dans la sphère atlantiste. Le plus important, c'est d'abord que Nicolas Sarkozy ait déclaré qu'il était temps de mettre fin à l'antiaméricanisme comme moteur de la politique étrangère française. Cela signifie que la France ne sera plus cet allié presque honteux des États-Unis qui, tout en étant presque toujours à leur côté, s'ingéniait à trouver des motifs de discorde pour des raisons de politique intérieure. Avec Nicolas Sarkozy comme président, je pense que la France va réintégrer l'Otan, ce qui est plus que symbolique car cela aura des conséquences concrètes sur la participation militaire française dans les opérations en Afghanistan voire en Irak, si jamais un accord est trouvé un jour pour remettre l'ONU au centre de ce dossier. Et Paris sera certainement aux côtés de Washington dans le bras de fer croissant qui oppose Américains et Russes sur les questions de défense.
De même, la fin annoncée de la « politique arabe de la France » est-elle accueillie avec enthousiasme par l'administration américaine. À ce stade, je ne vois qu'un seul motif de désaccord entre Washington et Paris. Il s'agit de la question de la lutte contre les effets du réchauffement climatique. Aussi atlantiste soit-il, Nicolas Sarkozy n'arrivera pas à convaincre George W. Bush, ou même son successeur, fût-il un démocrate, de ratifier le protocole de Kyoto et de s'engager sur des objectifs chiffrés en matière de réduction de CO2. Mais ce n'est pas cette opposition qui poussera des Américains à verser des litres de vin français dans le caniveau !
Non : Michael Moran, directeur exécutif du Council on Foreign Relations, à New York.
"Il y a une continuité entre Chirac et Sarkozy"
Méfions-nous des simplifications et du bruit médiatique qui vont entourer la visite de Nicolas Sarkozy à Washington. Malgré ses déclarations pro-américaines, je décèle une continuité politique entre Jacques Chirac et le nouveau président français. Comme le premier, le second va continuer de dire non aux États-Unis. Non à un alignement total de la politique étrangère française sur les objectifs américains. Non à un envoi de troupes françaises en Irak, non à une généralisation du bouclier antimissile sur le sol européen, non à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne souhaitée ardemment par l'actuelle administration.
La seule différence résidera dans la manière de formuler ces refus. Si Chirac, qui à mon sens était tout sauf antiaméricain, le faisait avec une certaine virulence, c'était pour des raisons de politique intérieure. Et si Sarkozy est plutôt enclin à moins rudoyer les États-Unis, c'est aussi pour des raisons de politique intérieure et sa fameuse rupture. L'antiaméricanisme ne sera donc plus la norme du discours français, et c'est tant mieux, mais cela ne veut pas dire que Nicolas Sarkozy est le nouveau Tony Blair ! Quant au possible retour de la France dans l'Otan, il s'agira plus d'une opération formelle de normalisation qu'autre chose. Durant la guerre froide, il n'est jamais venu à l'esprit des Américains que les troupes françaises ne se battraient pas à leur côté en cas d'invasion de l'Europe de l'Ouest par le Pacte de Varsovie. Avec ou sans Sarkozy les relations franco-américaines resteront compliquées tant que les Français n'admettront pas qu'ils ont été vaincus en 1940 et que c'est l'Amérique qui les a libérés en 1944…
Le commentaire d'Akram Belkaïd : Lune de miel ou pragmatisme ?
La particularité des retrouvailles franco-américaines est qu'elles interviennent alors même que le motif de la « grande discorde » reste d'actualité. L'Amérique est enlisée en Irak et la France doit clarifier sa position sur ce dossier pour les prochains mois. Un retour français dans la famille atlantiste signifierait, en toute logique, que Paris accepte d'envoyer des troupes en Irak, notamment pour remplacer le contingent britannique. La question est de savoir si Nicolas Sarkozy est prêt à aller aussi loin dans sa politique pro-américaine et s'il compte ou non obtenir des compensations pour cet engagement. De même, et au-delà des beaux discours sur la réconciliation et la fin décrétée de « l'american bashing » en France, il est évident que la crise iranienne va très vite constituer un rappel à la réalité pour le président français.
La France est-elle prête à renoncer à tous ses intérêts économiques, y compris pétroliers, en Iran ? Hubert Védrine, l'ancien ministre des Affaires étrangères, a coutume de dire que les États-Unis ont toujours eu leur propre agenda, quelles que soient leurs alliances et amitiés. La France serait bien inspirée de ne pas l'oublier en n'hésitant pas à recourir au donnant-donnant et en monnayant ses soutiens accordés à Washington. Côté américain, cela ne choquerait pas étant entendu qu'il s'agit, en la matière, d'une pratique universelle qui n'a que faire des sentiments amicaux.
Nicolas Sarkozy entame aujourd'hui une visite officielle de deux jours aux États-Unis où il entend consacrer les retrouvailles franco-américaines après la crise irakienne de 2003. En tournant la page de l'antiaméricanisme, le président français va devoir préciser jusqu'où il entend aligner la politique française sur celle de l'Amérique.
Oui : Patrick Basham, directeur du Democracy Institute, à Washington
"Son retour annoncé dans l'Otan le prouve"
Je pense effectivement que l'élection de Nicolas Sarkozy marquera un retour ferme et sans ambiguïté de la France dans la sphère atlantiste. Le plus important, c'est d'abord que Nicolas Sarkozy ait déclaré qu'il était temps de mettre fin à l'antiaméricanisme comme moteur de la politique étrangère française. Cela signifie que la France ne sera plus cet allié presque honteux des États-Unis qui, tout en étant presque toujours à leur côté, s'ingéniait à trouver des motifs de discorde pour des raisons de politique intérieure. Avec Nicolas Sarkozy comme président, je pense que la France va réintégrer l'Otan, ce qui est plus que symbolique car cela aura des conséquences concrètes sur la participation militaire française dans les opérations en Afghanistan voire en Irak, si jamais un accord est trouvé un jour pour remettre l'ONU au centre de ce dossier. Et Paris sera certainement aux côtés de Washington dans le bras de fer croissant qui oppose Américains et Russes sur les questions de défense.
De même, la fin annoncée de la « politique arabe de la France » est-elle accueillie avec enthousiasme par l'administration américaine. À ce stade, je ne vois qu'un seul motif de désaccord entre Washington et Paris. Il s'agit de la question de la lutte contre les effets du réchauffement climatique. Aussi atlantiste soit-il, Nicolas Sarkozy n'arrivera pas à convaincre George W. Bush, ou même son successeur, fût-il un démocrate, de ratifier le protocole de Kyoto et de s'engager sur des objectifs chiffrés en matière de réduction de CO2. Mais ce n'est pas cette opposition qui poussera des Américains à verser des litres de vin français dans le caniveau !
Non : Michael Moran, directeur exécutif du Council on Foreign Relations, à New York.
"Il y a une continuité entre Chirac et Sarkozy"
Méfions-nous des simplifications et du bruit médiatique qui vont entourer la visite de Nicolas Sarkozy à Washington. Malgré ses déclarations pro-américaines, je décèle une continuité politique entre Jacques Chirac et le nouveau président français. Comme le premier, le second va continuer de dire non aux États-Unis. Non à un alignement total de la politique étrangère française sur les objectifs américains. Non à un envoi de troupes françaises en Irak, non à une généralisation du bouclier antimissile sur le sol européen, non à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne souhaitée ardemment par l'actuelle administration.
La seule différence résidera dans la manière de formuler ces refus. Si Chirac, qui à mon sens était tout sauf antiaméricain, le faisait avec une certaine virulence, c'était pour des raisons de politique intérieure. Et si Sarkozy est plutôt enclin à moins rudoyer les États-Unis, c'est aussi pour des raisons de politique intérieure et sa fameuse rupture. L'antiaméricanisme ne sera donc plus la norme du discours français, et c'est tant mieux, mais cela ne veut pas dire que Nicolas Sarkozy est le nouveau Tony Blair ! Quant au possible retour de la France dans l'Otan, il s'agira plus d'une opération formelle de normalisation qu'autre chose. Durant la guerre froide, il n'est jamais venu à l'esprit des Américains que les troupes françaises ne se battraient pas à leur côté en cas d'invasion de l'Europe de l'Ouest par le Pacte de Varsovie. Avec ou sans Sarkozy les relations franco-américaines resteront compliquées tant que les Français n'admettront pas qu'ils ont été vaincus en 1940 et que c'est l'Amérique qui les a libérés en 1944…
Le commentaire d'Akram Belkaïd : Lune de miel ou pragmatisme ?
La particularité des retrouvailles franco-américaines est qu'elles interviennent alors même que le motif de la « grande discorde » reste d'actualité. L'Amérique est enlisée en Irak et la France doit clarifier sa position sur ce dossier pour les prochains mois. Un retour français dans la famille atlantiste signifierait, en toute logique, que Paris accepte d'envoyer des troupes en Irak, notamment pour remplacer le contingent britannique. La question est de savoir si Nicolas Sarkozy est prêt à aller aussi loin dans sa politique pro-américaine et s'il compte ou non obtenir des compensations pour cet engagement. De même, et au-delà des beaux discours sur la réconciliation et la fin décrétée de « l'american bashing » en France, il est évident que la crise iranienne va très vite constituer un rappel à la réalité pour le président français.
La France est-elle prête à renoncer à tous ses intérêts économiques, y compris pétroliers, en Iran ? Hubert Védrine, l'ancien ministre des Affaires étrangères, a coutume de dire que les États-Unis ont toujours eu leur propre agenda, quelles que soient leurs alliances et amitiés. La France serait bien inspirée de ne pas l'oublier en n'hésitant pas à recourir au donnant-donnant et en monnayant ses soutiens accordés à Washington. Côté américain, cela ne choquerait pas étant entendu qu'il s'agit, en la matière, d'une pratique universelle qui n'a que faire des sentiments amicaux.
Etats Unis - Elections 2008 : Santé, mondialisation et emploi, thèmes majeurs de campagne
La Tribune, 5 novembre 2007
Au-delà de la guerre en Irak et du retrait des troupes américaines, un sujet vis-à-vis duquel les principaux candidats ont du mal à se déterminer clairement, plusieurs thèmes socio-économiques pèsent déjà sur la précampagne électorale. L'un d'eux est sans conteste celui de l'assurance-maladie, dont sont démunis près de 45 millions d'Américains. En la matière, l'initiative majeure a été le fait d'Hillary Clinton, qui a présenté, en septembre dernier, un plan destiné à offrir une couverture santé pour tous les Américains.
Après avoir connu un échec majeur sur ce dossier, alors que son mari était Président, l'ancienne First Lady s'est toutefois bien gardée de remettre en cause l'existence d'assurances privées. En face d'elle, c'est sur le thème de la santé que le candidat républicain Mitt Romney peut se targuer d'une réussite puisqu'il a réussi à mettre en place l'équivalent d'une couverture maladie universelle dans l'État du Massachusetts alors qu'il en était le gouverneur.
De même, et sans qu'elle soit formulée ainsi, la mondialisation est au centre des programmes économiques, ou plutôt la manière d'en amortir le choc. Chez les démocrates, la tendance, depuis l'été, est au protectionnisme et à la remise en cause de la politique de libre-échange initiée au début des années 90 par Bill Clinton au nom de la préservation de l'emploi. Menée par la centrale syndicale AFL-CIO et l'aile gauche du Parti démocrate, l'offensive contre les accords commerciaux bilatéraux a obligé cette formation politique à rééquilibrer son discours dans un sens plus critique vis-à-vis de la globalisation, y compris chez les démocrates de la côte Est, traditionnellement proches des intérêts de Wall Street.
Côté républicain, et comme l'ont montré les débats télévisés entre les candidats aux primaires, l'approche protectionniste emprunte un autre chemin puisqu'elle se focalise sur la Chine et la faiblesse jugée artificielle de sa monnaie. Chez Giuliani comme chez Romney, la tentation semble ainsi grande de faire de Pékin la cible désignée en matière de concurrence déloyale, et il n'y a guère, pour le premier, que les extrémistes musulmans à être plus stigmatisés.
Enfin, l'immigration est elle aussi un thème de campagne. Échec majeur des deux mandats de Bush qui n'a pu faire passer sa réforme, elle oblige jusqu'à présent les candidats à des circonvolutions prudentes. En effet, aucun d'entre eux ne promet la régularisation massive réclamée par le patronat.
Akram Belkaïd
Au-delà de la guerre en Irak et du retrait des troupes américaines, un sujet vis-à-vis duquel les principaux candidats ont du mal à se déterminer clairement, plusieurs thèmes socio-économiques pèsent déjà sur la précampagne électorale. L'un d'eux est sans conteste celui de l'assurance-maladie, dont sont démunis près de 45 millions d'Américains. En la matière, l'initiative majeure a été le fait d'Hillary Clinton, qui a présenté, en septembre dernier, un plan destiné à offrir une couverture santé pour tous les Américains.
Après avoir connu un échec majeur sur ce dossier, alors que son mari était Président, l'ancienne First Lady s'est toutefois bien gardée de remettre en cause l'existence d'assurances privées. En face d'elle, c'est sur le thème de la santé que le candidat républicain Mitt Romney peut se targuer d'une réussite puisqu'il a réussi à mettre en place l'équivalent d'une couverture maladie universelle dans l'État du Massachusetts alors qu'il en était le gouverneur.
De même, et sans qu'elle soit formulée ainsi, la mondialisation est au centre des programmes économiques, ou plutôt la manière d'en amortir le choc. Chez les démocrates, la tendance, depuis l'été, est au protectionnisme et à la remise en cause de la politique de libre-échange initiée au début des années 90 par Bill Clinton au nom de la préservation de l'emploi. Menée par la centrale syndicale AFL-CIO et l'aile gauche du Parti démocrate, l'offensive contre les accords commerciaux bilatéraux a obligé cette formation politique à rééquilibrer son discours dans un sens plus critique vis-à-vis de la globalisation, y compris chez les démocrates de la côte Est, traditionnellement proches des intérêts de Wall Street.
Côté républicain, et comme l'ont montré les débats télévisés entre les candidats aux primaires, l'approche protectionniste emprunte un autre chemin puisqu'elle se focalise sur la Chine et la faiblesse jugée artificielle de sa monnaie. Chez Giuliani comme chez Romney, la tentation semble ainsi grande de faire de Pékin la cible désignée en matière de concurrence déloyale, et il n'y a guère, pour le premier, que les extrémistes musulmans à être plus stigmatisés.
Enfin, l'immigration est elle aussi un thème de campagne. Échec majeur des deux mandats de Bush qui n'a pu faire passer sa réforme, elle oblige jusqu'à présent les candidats à des circonvolutions prudentes. En effet, aucun d'entre eux ne promet la régularisation massive réclamée par le patronat.
Akram Belkaïd
La faiblesse du dollar fait la force de la croissance américaine
La Tribune, 2 novembre 2007
Loin de rompre ou de plier, l'économie des États-Unis continue d'afficher une santé d'airain pour le moins surprenante quand on connaît la gravité de la crise immobilière qui sévit dans ce pays depuis plusieurs mois. En effet, aux 3,9 % de croissance du PIB enregistrés au troisième trimestre, on peut opposer la plongée, pour le septième trimestre consécutif, des mises en construction de logements résidentiels (- 20,1 %). Une chute qui a amputé la croissance du PIB américain d'un point et qui demeure au centre d'analyses divergentes.
Pour de nombreux experts, le marasme immobilier doit nécessairement déboucher, comme ce fut systématiquement le cas au XXe siècle, sur une récession. Le raisonnement qui fonde cette prévision est connu : inquiets face à la dépréciation de leur bien immobilier (le prix d'une maison a baissé de 5 % en moyenne depuis septembre 2006), les ménages américains (67 % d'entre eux sont propriétaires) sont moins enclins à consommer et limitent leurs dépenses. Sachant que la consommation contribue aux deux tiers à l'économie, cette attitude, assurent les spécialistes, ne peut qu'entraîner une récession.
« La crise immobilière est partie pour durer mais, pour l'instant, le consommateur américain n'est pas effrayé », relève Peter Kretzmer, chef économiste chez Bank of America, qui avoue sa surprise face à la très bonne tenue de la consommation au troisième trimestre (+ 3 %, soit une contribution de 2,1 % à la croissance du PIB). « On a beau dire que les dépenses vont baisser au fur et à mesure que les prix de l'immobilier chutent, cela ne se vérifie pas encore, du moins pour l'instant. »
D'autres économistes sont moins inquiets. Pour eux, il n'y a pas de contradiction entre le fait que l'immobilier s'effondre et que le consommateur américain continue de dépenser. Qu'il soit optimiste ou non, ce dernier est largement encouragé à sortir sa carte de crédit par des commerçants qui ont en tête la nécessité de contrer les effets négatifs de la crise immobilière. Budgets publicitaires en hausse, campagnes de promotion - l'Amérique est entrée dans la période des achats de fin d'année -, tous les moyens sont bons pour que les tiroirs-caisses fonctionnent…
Mais le caractère dispendieux du consommateur n'explique pas à lui seul la hausse du PIB américain. Il y a aussi des causes rarement citées, mais qui ont leur importance, à l'image de la hausse des dépenses fédérales de défense (+ 9,7 % contre 8,5 % au trimestre précédent) qui ont contribué à hauteur de 0,7 % aux 3,9 % de croissance trimestrielle. Et il y a surtout les effets désormais tangibles de la baisse du dollar. Comme le montre la contraction du déficit commercial (546,2 milliards de dollars, soit son niveau le plus bas depuis fin 2003), les exportations nettes sont en hausse (+ 16,2 %) et ont contribué à hauteur de 0,9 % au taux de croissance.
Cette compétitivité retrouvée du « made in America » est d'ailleurs en partie à l'origine de la hausse de l'investissement consenti par les entreprises (+ 7,9 %). Longtemps réfutée des deux côtés de l'Atlantique, l'idée que la baisse du billet vert puisse insuffler de l'oxygène à l'économie américaine se concrétise donc.
Akram Belkaïd
Loin de rompre ou de plier, l'économie des États-Unis continue d'afficher une santé d'airain pour le moins surprenante quand on connaît la gravité de la crise immobilière qui sévit dans ce pays depuis plusieurs mois. En effet, aux 3,9 % de croissance du PIB enregistrés au troisième trimestre, on peut opposer la plongée, pour le septième trimestre consécutif, des mises en construction de logements résidentiels (- 20,1 %). Une chute qui a amputé la croissance du PIB américain d'un point et qui demeure au centre d'analyses divergentes.
Pour de nombreux experts, le marasme immobilier doit nécessairement déboucher, comme ce fut systématiquement le cas au XXe siècle, sur une récession. Le raisonnement qui fonde cette prévision est connu : inquiets face à la dépréciation de leur bien immobilier (le prix d'une maison a baissé de 5 % en moyenne depuis septembre 2006), les ménages américains (67 % d'entre eux sont propriétaires) sont moins enclins à consommer et limitent leurs dépenses. Sachant que la consommation contribue aux deux tiers à l'économie, cette attitude, assurent les spécialistes, ne peut qu'entraîner une récession.
« La crise immobilière est partie pour durer mais, pour l'instant, le consommateur américain n'est pas effrayé », relève Peter Kretzmer, chef économiste chez Bank of America, qui avoue sa surprise face à la très bonne tenue de la consommation au troisième trimestre (+ 3 %, soit une contribution de 2,1 % à la croissance du PIB). « On a beau dire que les dépenses vont baisser au fur et à mesure que les prix de l'immobilier chutent, cela ne se vérifie pas encore, du moins pour l'instant. »
D'autres économistes sont moins inquiets. Pour eux, il n'y a pas de contradiction entre le fait que l'immobilier s'effondre et que le consommateur américain continue de dépenser. Qu'il soit optimiste ou non, ce dernier est largement encouragé à sortir sa carte de crédit par des commerçants qui ont en tête la nécessité de contrer les effets négatifs de la crise immobilière. Budgets publicitaires en hausse, campagnes de promotion - l'Amérique est entrée dans la période des achats de fin d'année -, tous les moyens sont bons pour que les tiroirs-caisses fonctionnent…
Mais le caractère dispendieux du consommateur n'explique pas à lui seul la hausse du PIB américain. Il y a aussi des causes rarement citées, mais qui ont leur importance, à l'image de la hausse des dépenses fédérales de défense (+ 9,7 % contre 8,5 % au trimestre précédent) qui ont contribué à hauteur de 0,7 % aux 3,9 % de croissance trimestrielle. Et il y a surtout les effets désormais tangibles de la baisse du dollar. Comme le montre la contraction du déficit commercial (546,2 milliards de dollars, soit son niveau le plus bas depuis fin 2003), les exportations nettes sont en hausse (+ 16,2 %) et ont contribué à hauteur de 0,9 % au taux de croissance.
Cette compétitivité retrouvée du « made in America » est d'ailleurs en partie à l'origine de la hausse de l'investissement consenti par les entreprises (+ 7,9 %). Longtemps réfutée des deux côtés de l'Atlantique, l'idée que la baisse du billet vert puisse insuffler de l'oxygène à l'économie américaine se concrétise donc.
Akram Belkaïd
Note de lecture : le Croissant ou le Chaos d'Olivier Roy : Les erreurs stratégiques de l'Occident face à l'islam
La Tribune, Paris, 02 novembre 2007
Pour Olivier Roy, les Occidentaux gagneraient à moins simplifier leur approche du monde musulman.
« Il n'y a pas de géostratégie de l'islam qui expliquerait tous les conflits actuels de la Palestine à Ben Laden en passant par les banlieues de Paris. » Cette phrase, est, à plus d'un titre, représentative du dernier ouvrage du chercheur français Olivier Roy (*). Selon lui, c'est en simplifiant à l'extrême les tensions qui traversent le monde musulman - en les résumant par exemple comme le font nombre de néoconservateurs, y compris français, à la montée d'un « fascisme vert » - que les pays occidentaux, États-Unis en tête, font fausse route.
Celle de ne pas savoir « qui est l'ennemi » (et donc qui est l'allié, même temporaire) dans cette guerre déclarée par George W. Bush au terrorisme mondial. Une guerre qui, à ce jour, est un échec, les États-Unis ayant en effet fondé leur action sur deux « erreurs majeures » : « D'abord concevoir la riposte aux attentats du 11 septembre 2001 sous le concept de "guerre globale contre le terrorisme'' ; ensuite faire de l'intervention militaire en Irak le pivot de cette nouvelle stratégie. »
Et l'auteur de noter que la « globalisation de la menace (terroriste et islamiste) rend impossible toute stratégie rationnelle » et qu'elle laisse « la place à une rhétorique vide et empathique qui sert avant tout aux débats internes des sociétés occidentalisées ».
Cette incapacité de nombre d'Occidentaux à accepter la nuance, et à faire par exemple la différence entre Al-Qaida et le Hamas, est d'autant plus dommageable qu'elle s'accompagne d'un « rejet illusoire » de l'islam politique. En effet, au Moyen-Orient, le « discours de mobilisation est islamo-nationaliste » , la charia étant souvent « revendiquée pour des raisons purement politiques ».
Dans son ouvrage, Olivier Roy revient aussi sur la question fondamentale de la mise en place de la démocratie dans les pays arabes. Et c'est, là aussi, pour constater l'erreur des néoconservateurs américains qui, tout comme les institutions internationales, ont cru qu'il s'agissait « d'une simple question d'institutions et de mécanismes électoraux ». Le cas de Gaza ou de l'Irak l'a pourtant montré : créer des ministères et organiser des élections n'aboutit pas toujours au résultat escompté :
« En expliquant les problèmes du Moyen-Orient par des blocages culturels et sociétaux, qu'il faudrait ignorer ou contourner, on évacue la dimension politique de ces problèmes », note le spécialiste, qui ajoute que « ce qui manque à la théorie de la démocratisation, c'est toute la dimension politique d'une société moderne (État) et toute l'épaisseur anthropologique d'une société traditionnelle ».
Akram Belkaïd
(*) « Le Croissant et le Chaos », Olivier Roy, Hachette Littératures, collection Tapages, 190 pages, 14 euros.
Pour Olivier Roy, les Occidentaux gagneraient à moins simplifier leur approche du monde musulman.
« Il n'y a pas de géostratégie de l'islam qui expliquerait tous les conflits actuels de la Palestine à Ben Laden en passant par les banlieues de Paris. » Cette phrase, est, à plus d'un titre, représentative du dernier ouvrage du chercheur français Olivier Roy (*). Selon lui, c'est en simplifiant à l'extrême les tensions qui traversent le monde musulman - en les résumant par exemple comme le font nombre de néoconservateurs, y compris français, à la montée d'un « fascisme vert » - que les pays occidentaux, États-Unis en tête, font fausse route.
Celle de ne pas savoir « qui est l'ennemi » (et donc qui est l'allié, même temporaire) dans cette guerre déclarée par George W. Bush au terrorisme mondial. Une guerre qui, à ce jour, est un échec, les États-Unis ayant en effet fondé leur action sur deux « erreurs majeures » : « D'abord concevoir la riposte aux attentats du 11 septembre 2001 sous le concept de "guerre globale contre le terrorisme'' ; ensuite faire de l'intervention militaire en Irak le pivot de cette nouvelle stratégie. »
Et l'auteur de noter que la « globalisation de la menace (terroriste et islamiste) rend impossible toute stratégie rationnelle » et qu'elle laisse « la place à une rhétorique vide et empathique qui sert avant tout aux débats internes des sociétés occidentalisées ».
Cette incapacité de nombre d'Occidentaux à accepter la nuance, et à faire par exemple la différence entre Al-Qaida et le Hamas, est d'autant plus dommageable qu'elle s'accompagne d'un « rejet illusoire » de l'islam politique. En effet, au Moyen-Orient, le « discours de mobilisation est islamo-nationaliste » , la charia étant souvent « revendiquée pour des raisons purement politiques ».
Dans son ouvrage, Olivier Roy revient aussi sur la question fondamentale de la mise en place de la démocratie dans les pays arabes. Et c'est, là aussi, pour constater l'erreur des néoconservateurs américains qui, tout comme les institutions internationales, ont cru qu'il s'agissait « d'une simple question d'institutions et de mécanismes électoraux ». Le cas de Gaza ou de l'Irak l'a pourtant montré : créer des ministères et organiser des élections n'aboutit pas toujours au résultat escompté :
« En expliquant les problèmes du Moyen-Orient par des blocages culturels et sociétaux, qu'il faudrait ignorer ou contourner, on évacue la dimension politique de ces problèmes », note le spécialiste, qui ajoute que « ce qui manque à la théorie de la démocratisation, c'est toute la dimension politique d'une société moderne (État) et toute l'épaisseur anthropologique d'une société traditionnelle ».
Akram Belkaïd
(*) « Le Croissant et le Chaos », Olivier Roy, Hachette Littératures, collection Tapages, 190 pages, 14 euros.
Débat : une forte réévaluation du yuan est-elle possible ?
La Tribune, 23 octobre 2007
Présentation : Les membres du G7 ont haussé le ton ce week-end en exigeant de la Chine une rapide et conséquente réévaluation de sa devise afin de de résorber les déséquilibres commerciaux. Hier, la banque centrale chinoise a opposé une fin de non-recevoir en affirmant que l'ajustement se fera de manière graduelle et à la seule initiative de la Chine.
Oui : Morris Goldstein, senior fellow au Peterson Institute à Washington DC.
" L'économie chinoise peut désormais encaisser cette hausse "
Je réfute tous les arguments que le gouvernement chinois avance à chaque fois qu'on lui demande de remédier à la valeur artificiellement faible du yuan. Une forte appréciation de cette devise, dans un laps de temps très court, ne constituera pas un désastre pour l'économie chinoise. Cette dernière est suffisamment forte et intégrée au commerce mondial pour encaisser un tel ajustement. De même, j'ai du mal à comprendre l'excuse selon laquelle une hausse conséquente du yuan provoquerait des faillites bancaires en cascade. Le secteur financier chinois a certes des progrès à accomplir mais il a été largement assaini au cours de ces dernières années et se réfugier derrière la persistance de créances douteuses pour refuser la réévaluation n'est pas acceptable. Je ne vois pas pourquoi le reste du monde devrait attendre l'achèvement de l'assainissement du système bancaire chinois pour que l'on assiste à un geste sur le yuan. Les deux peuvent être conduits en même temps. Depuis cinq ans, Pékin multiplie les manœuvres dilatoires et la situation s'est aggravée. C'est pourquoi je plaide pour que le FMI prenne ses responsabilités et exige de la Chine une réévaluation immédiate de sa devise dans une fourchette allant de 10 à 15 %. Cela ne serait qu'un premier pas puisque j'estime que cette monnaie est sous-évaluée de 30 à 40 %. Et cette surévaluation serait avant tout profitable pour la Chine elle-même. Cela lui permettrait d'avoir une économie basée, non plus sur les exportations - qui exigent une monnaie faible - mais sur la consommation interne - que permet une monnaie forte - et d'accorder enfin l'importance nécessaire aux questions sociales.
Non : Adrian Foster,directeur Capital Markets chez Dresdner Kleinwort à Pékin
" Incompatible avec les ambitions commerciales de la Chine "
Le gouvernement chinois ne manque pas d'arguments pour refuser une forte et immédiate réévaluation du yuan. Certains sont déjà connus : une hausse brutale de cette devise pourrait provoquer la panique sur les marchés boursiers chinois qui sont déjà fébriles en raison même de cette perspective. On sait aussi que Pékin donne la priorité à la réforme et à l'assainissement du secteur bancaire et considère que toute modification d'ampleur sur sa monnaie risquerait de pénaliser cette réforme. Mais il y a une autre raison dont on parle peu, et qui explique la virulence des appels à la réévaluation du yuan en provenance des Etats-Unis ou d'Europe, voire même du Japon. Après avoir été l'atelier de fabrication mondial de produits de base, la Chine veut désormais monter en gamme et pouvoir exporter des produits à haute valeur ajoutée. Or les dirigeants chinois estiment que, pour y arriver, ils doivent à tout prix protéger la compétitivité de leur économie. La bataille autour du yuan est donc aussi un bras de fer autour du leadership futur en termes d'exportation de technologies à forte valeur ajoutée. Cela étant, je pense que la Chine va continuer sa politique de « deux pas en avant, un pas en arrière » avec une appréciation progressive qui va amener la parité dollar-yuan à 1 pour 7 à la fin du troisième trimestre 2008. Cela correspondrait à une réévaluation de 20 % de la devise chinoise par rapport à son niveau de 2005. Le problème, c'est que les Occidentaux n'ont plus la patience d'attendre.
Le commentaire d'Akram Belkaïd :
Les États-Unis et l'Union européenne se tromperaient-ils de méthode en agitant la menace de représailles commerciales pour forcer la Chine à réévaluer sa monnaie ? Outre le fait que ce front commun apparaît comme une manière d'éviter de parler sérieusement des choses qui fâchent - en l'occurrence l'appréciation de l'euro vis-à-vis du dollar -, les diatribes occidentales à propos de la monnaie chinoise passent de plus en plus mal en Chine et en Asie. Il est difficile en effet de ne pas voir dans cette affaire une volonté de l'Occident d'imposer ses règles à un pays qui, malgré ses 1.500 milliards de dollars de réserves de changes et sa croissance économique annuelle de 11 %, est loin d'avoir achevé son développement et reste dans les profondeurs du classement quand il s'agit de parler d'éducation ou de santé. Peut-on pour autant convaincre Pékin de son propre intérêt à réévaluer de manière rapide sa monnaie ? Il faudrait pour cela qu'Américains et Européens aient une approche commune qui fasse la part belle à la fois à la pédagogie et au « gagnant-gagnant », ce qui sous-entend un accord monétaire comparable à ceux signés dans les années 1990. Mais il ne faut pas rêver. Comme pour d'autres questions politiques et économiques, Pékin préférera toujours une lente évolution à la révolution. Voilà pourquoi la piste d'une réévaluation brutale du yuan paraît, pour l'instant, exclue.
Présentation : Les membres du G7 ont haussé le ton ce week-end en exigeant de la Chine une rapide et conséquente réévaluation de sa devise afin de de résorber les déséquilibres commerciaux. Hier, la banque centrale chinoise a opposé une fin de non-recevoir en affirmant que l'ajustement se fera de manière graduelle et à la seule initiative de la Chine.
Oui : Morris Goldstein, senior fellow au Peterson Institute à Washington DC.
" L'économie chinoise peut désormais encaisser cette hausse "
Je réfute tous les arguments que le gouvernement chinois avance à chaque fois qu'on lui demande de remédier à la valeur artificiellement faible du yuan. Une forte appréciation de cette devise, dans un laps de temps très court, ne constituera pas un désastre pour l'économie chinoise. Cette dernière est suffisamment forte et intégrée au commerce mondial pour encaisser un tel ajustement. De même, j'ai du mal à comprendre l'excuse selon laquelle une hausse conséquente du yuan provoquerait des faillites bancaires en cascade. Le secteur financier chinois a certes des progrès à accomplir mais il a été largement assaini au cours de ces dernières années et se réfugier derrière la persistance de créances douteuses pour refuser la réévaluation n'est pas acceptable. Je ne vois pas pourquoi le reste du monde devrait attendre l'achèvement de l'assainissement du système bancaire chinois pour que l'on assiste à un geste sur le yuan. Les deux peuvent être conduits en même temps. Depuis cinq ans, Pékin multiplie les manœuvres dilatoires et la situation s'est aggravée. C'est pourquoi je plaide pour que le FMI prenne ses responsabilités et exige de la Chine une réévaluation immédiate de sa devise dans une fourchette allant de 10 à 15 %. Cela ne serait qu'un premier pas puisque j'estime que cette monnaie est sous-évaluée de 30 à 40 %. Et cette surévaluation serait avant tout profitable pour la Chine elle-même. Cela lui permettrait d'avoir une économie basée, non plus sur les exportations - qui exigent une monnaie faible - mais sur la consommation interne - que permet une monnaie forte - et d'accorder enfin l'importance nécessaire aux questions sociales.
Non : Adrian Foster,directeur Capital Markets chez Dresdner Kleinwort à Pékin
" Incompatible avec les ambitions commerciales de la Chine "
Le gouvernement chinois ne manque pas d'arguments pour refuser une forte et immédiate réévaluation du yuan. Certains sont déjà connus : une hausse brutale de cette devise pourrait provoquer la panique sur les marchés boursiers chinois qui sont déjà fébriles en raison même de cette perspective. On sait aussi que Pékin donne la priorité à la réforme et à l'assainissement du secteur bancaire et considère que toute modification d'ampleur sur sa monnaie risquerait de pénaliser cette réforme. Mais il y a une autre raison dont on parle peu, et qui explique la virulence des appels à la réévaluation du yuan en provenance des Etats-Unis ou d'Europe, voire même du Japon. Après avoir été l'atelier de fabrication mondial de produits de base, la Chine veut désormais monter en gamme et pouvoir exporter des produits à haute valeur ajoutée. Or les dirigeants chinois estiment que, pour y arriver, ils doivent à tout prix protéger la compétitivité de leur économie. La bataille autour du yuan est donc aussi un bras de fer autour du leadership futur en termes d'exportation de technologies à forte valeur ajoutée. Cela étant, je pense que la Chine va continuer sa politique de « deux pas en avant, un pas en arrière » avec une appréciation progressive qui va amener la parité dollar-yuan à 1 pour 7 à la fin du troisième trimestre 2008. Cela correspondrait à une réévaluation de 20 % de la devise chinoise par rapport à son niveau de 2005. Le problème, c'est que les Occidentaux n'ont plus la patience d'attendre.
Le commentaire d'Akram Belkaïd :
Les États-Unis et l'Union européenne se tromperaient-ils de méthode en agitant la menace de représailles commerciales pour forcer la Chine à réévaluer sa monnaie ? Outre le fait que ce front commun apparaît comme une manière d'éviter de parler sérieusement des choses qui fâchent - en l'occurrence l'appréciation de l'euro vis-à-vis du dollar -, les diatribes occidentales à propos de la monnaie chinoise passent de plus en plus mal en Chine et en Asie. Il est difficile en effet de ne pas voir dans cette affaire une volonté de l'Occident d'imposer ses règles à un pays qui, malgré ses 1.500 milliards de dollars de réserves de changes et sa croissance économique annuelle de 11 %, est loin d'avoir achevé son développement et reste dans les profondeurs du classement quand il s'agit de parler d'éducation ou de santé. Peut-on pour autant convaincre Pékin de son propre intérêt à réévaluer de manière rapide sa monnaie ? Il faudrait pour cela qu'Américains et Européens aient une approche commune qui fasse la part belle à la fois à la pédagogie et au « gagnant-gagnant », ce qui sous-entend un accord monétaire comparable à ceux signés dans les années 1990. Mais il ne faut pas rêver. Comme pour d'autres questions politiques et économiques, Pékin préférera toujours une lente évolution à la révolution. Voilà pourquoi la piste d'une réévaluation brutale du yuan paraît, pour l'instant, exclue.
mardi 16 octobre 2007
Al Gore : Après le Nobel, y aller ou pas ?
latribune.fr, lundi 15 octobre 2007
Après le Nobel, le bureau ovale ? L'attribution, presque sans surprise, du prix Nobel de la Paix 2007 à Al Gore relance les supputations à propos de son éventuelle candidature à l'investiture démocrate. Le prix à peine annoncé, plusieurs soutiens de l'ancien vice-président de Bill Clinton ont ainsi fait entendre leur voix en l'exhortant à entrer dans l'arène. Pétitions en ligne, sites Internet, à l'image de www.draftgore.com, et blogs engagés font tous le même constat : pour eux, il ne fait aucun doute qu'Al Gore est le mieux placé pour l'emporter en novembre 2008.
Auréolé de sa récompense, fort d'une proximité patiemment construite avec l'Amérique profonde au fil de ses conférences sur le changement climatique, Al Gore aurait pour atout supplémentaire de s'être prononcé contre la guerre en Irak et cela contrairement à une Hillary Clinton qui peine à faire oublier qu'elle s'était rangée aux côtés des faucons néo-conservateurs lorsque le Congrès avait donné son feu vert à ce conflit. De même, son expérience de vice-président, ses nombreux voyages et contacts à l'étranger donnent au nouveau prix Nobel de la Paix une stature internationale que ne possède ni Barack Obama, ni Jon Edwards.
Auréolé de sa récompense, fort d'une proximité patiemment construite avec l'Amérique profonde au fil de ses conférences sur le changement climatique, Al Gore aurait pour atout supplémentaire de s'être prononcé contre la guerre en Irak et cela contrairement à une Hillary Clinton qui peine à faire oublier qu'elle s'était rangée aux côtés des faucons néo-conservateurs lorsque le Congrès avait donné son feu vert à ce conflit. De même, son expérience de vice-président, ses nombreux voyages et contacts à l'étranger donnent au nouveau prix Nobel de la Paix une stature internationale que ne possède ni Barack Obama, ni Jon Edwards.
Enfin, de nombreux commentateurs estiment que l'Amérique a mauvaise conscience vis-à-vis de lui. On se souvient de la manière dont il fut battu par George W. Bush - à l'époque, la Cour suprême avait refusé un nouveau décompte des bulletins de vote en Floride - alors qu'il avait remporté le vote populaire. Après huit années de présidence Bush, les électeurs pourraient donc se racheter en donnant leur voix à celui qui aime à ce présenter, non sans humour, comme "l'ex-futur président des Etats-Unis".
"S'il se présente, il ne fait aucun doute pour moi qu'il sera élu. La vraie question, c'est de savoir s'il en a envie", déclarait au printemps dernier Steve Jobbs, son ami et patron d'Apple, au magasine Time. Et cette interrogation reste d'actualité. Officiellement, Al Gore, n'est plus "amoureux de la politique" et veut se consacrer à "l'urgence planétaire" que constitue le réchauffement climatique. Pour autant, il n'a jamais tranché de manière catégorique et nombreux sont les observateurs qui sont persuadés de l'existence d'une campagne électorale plus ou moins officieuse qui devrait apparaître au plein jour d'ici la fin de l'année.
Mais rien ne permet d'assurer que Gore s'imposera face à Hillary Clinton qui caracole actuellement en tête des sondages. Certes, un trou d'air de l'ancienne First Lady lui offrirait une bonne occasion mais il reste à savoir si le Prix Nobel de la Paix est prêt à assumer les conséquences d'une nouvelle défaite électorale. A moins qu'il ne se décide de soutenir publiquement l'un des candidats à l'investiture auquel cas, mais rien n'est sûr, il pourrait s'agir de Barack Obama.
vendredi 12 octobre 2007
Giuliani et Romney se chamaillent, Thompson fait des débuts prudents
La Tribune.fr, vendredi 12 octobre 2007
Pour les principaux candidats à l'investiture républicaine, l'adversaire démocrate que l'un d'entre eux aura à affronter en novembre 2008 est Hillary Clinton. Exit donc Barrack Obama et John Edwards. A voir...
C'est entendu. Pour les principaux candidats à l'investiture républicaine, l'adversaire démocrate que l'un d'entre eux aura à affronter en novembre 2008 est Hillary Clinton. Exit donc Barrack Obama et John Edwards. A voir... Mais pour l'heure, les impétrants du Grand Old Party (GOP) sont plus occupés à croiser le fer entre eux qu'à vraiment attaquer la sénatrice de New York. Ce fut le cas en début de semaine lors d'un débat, le sixième depuis le début de l'année, à Dearborn, Michigan (l'une des régions les plus sinistrées des Etats-Unis) marqué par la bisbille permanente entre Rudolph Giuliani, l'ancien maire de New York, et Mitt Romney, l'ancien gouverneur du Massachusetts.
Et le terrain principal de leur affrontement a été celui de la fiscalité, les deux hommes essayant de convaincre la base républicaine - car c'est bien elle qui détient la clé des primaires - qu'ils sont des partisans acharnés des baisses d'impôts. "J'ai baissé la fiscalité, il l'a alourdie", a ainsi été leur principal message accompagné de force statistiques et de mise en doute réciproque de la sincérité de chacun.
A noter que cette prise de bec a permis à Fred Thompson, le dernier arrivé dans la course, de faire bonne figure. Peu souriant, sur ses gardes, l'acteur de la série télévisée Law and Order a évité d'attaquer ses concurrents de manière frontale, se contentant de répondre aux questions posées par les journalistes de CNBC et du Wall Street Journal. Celui qu'une partie des électeurs républicains espèrent voire reprendre le flambeau de Ronald Reagan a, par contre, stigmatisé le "fascisme islamique" qui a déclenché "une guerre mondiale" et qui veut "détruire la civilisation occidentale et les Etats-Unis."
Akram Belkaïd
jeudi 11 octobre 2007
Hillary Clinton gauchit son discours économique
La Tribune, 11 octobre 2007
En tête dans les sondages pour le scrutin présidentiel de novembre 2008, la candidate démocrate veut séduire les classes moyennes et prend ses distances avec le libre-échange.
À bord d'un bus baptisé le « Middle Class Express », Hillary Clinton achève ce jeudi 11 octobre 2007 une visite de quatre jours dans l'Iowa et le New Hampshire, États où dans trois mois auront lieu les caucus, les premières échéances électorales de la présidentielle de 2008. La candidate, donnée favorite de l'investiture démocrate, a choisi l'économie pour thème de cette tournée marathon.
Après avoir levé le voile sur son projet de couverture santé universelle voilà deux semaines, la sénatrice de New York présente ses autres priorités : retraites, emploi, accès à l'éducation supérieure, protection des ménages menacés par la crise des prêts immobiliers à risque et libre-échange.Dans l'Iowa, Hillary Clinton s'est déclarée favorable à la création de comptes épargne retraite« accessibles à l'ensemble des familles travaillant ».
La candidate propose que chaque Américain puisse placer 5.000 dollars par an dans ces comptes ouvrant droit à des baisses d'impôts pouvant s'élever jusqu'à 1.000 dollars selon les revenus des épargnants. Dans le cadre de son« nouveau modèle économique pour une économie du XXIe siècle », la candidate entend aussi renforcer temporairement les capacités financières de Freddy Mac et Fannie Mae, les deux organismes de refinancement des crédits hypothécaires soutenus par l'État. Elle veut ainsi leur donner les moyens de secourir les établissements de crédit affectés par la crise du subprime et, in fine, les ménages dont le logement risque d'être saisi.
Dans un entretien accordé auWall Street Journal, Hillary Clinton a par ailleurs indiqué être opposée à la création d'un impôt visant à financer les interventions américaines en Irak et en Afghanistan. Des élus démocrates de la Chambre des représentants l'ont proposé afin que la facture de ces conflits, dont le coût mensuel s'élève à 13 milliards de dollars, ne soit pas payée par les générations futures. Mais la candidate, qui ne veut surtout pas être accusée de vouloir augmenter les impôts par ses adversaires républicains, s'est gardée de soutenir cette proposition. D'autant que, pour l'heure, elle domine les sondages, 53 % des démocrates ayant indiqué dans une enquêteWashington Post-ABC News qu'ils voteraient pour elle lors des primaires.
Après sept années d'administration Bush, les milieux d'affaires sont aussi sensibles à ses arguments. Après avoir soutenu George W. Bush en 2004, John Mack, le directeur général de Morgan Stanley, et Terry Semel, le président du conseil d'administration de Yahoo, font partie des dirigeants qui désirent sa victoire en novembre 2008.
Mais, bien qu'ayant le vent en poupe, l'ancienne first lady devra composer avec une famille politique démocrate fragmentée pour remporter les primaires.« Elle n'a pas fermé sa porte à la gauche de la gauche et cela agace nombre de ses soutiens », relève ainsi Jeff Faux, le fondateur de l'Economic Policy Institute, un think tank proche de la centrale syndicale AFL-CIO. Pour autant, amadouer cette frange du Parti démocrate n'était pas chose aisée au regard du bilan économique de Bill Clinton.
« Pour nombre de syndicalistes, poursuit Jeff Faux, le nom de Clinton est lié à la ratification de l'Alena[le Traité de libre-échange d'Amérique du Nord]et, surtout, à l'entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce, d'où la haine qu'ils vouent à l'ancien président. »
Pour gommer ce legs encombrant, la candidate est en pointe dans la critique des accords commerciaux scellés par l'administration Bush. Cette semaine dans l'Iowa, elle a affirmé devant une assemblée de syndicalistes qu'une fois élue elle ferait réévaluer tous les cinq ans la validité des accords de libre-échange signés par les États-Unis, Alena compris.
Dans le même temps, Hillary Clinton doit tenir compte de l'autre aile du parti, plutôt favorable à Wall Street et fervente partisane d'une plus grande ouverture commerciale. Entouré de nombreux experts, Robert Rubin, l'ancien secrétaire d'État au Trésor sous la présidence de Bill, conseille désormais Hillary et cherche actuellement à définir les axes de discours destinés à mieux « vendre » la mondialisation aux Américains.
« Pour le moment, Hillary Clinton a plutôt bien réussi ce grand écart entre libre-échangistes et protectionnistes, juge Steve Clemons, de la New America Foundation.Mais la campagne pour les primaires ne fait que commencer et un candidat comme John Edwards reste en embuscade sur ces questions. Tôt au tard, il lui faudra dévoiler ses intentions et cela risque d'indisposer l'un des deux camps. »
Akram Belkaïdet Éric Chalmet, à New York
lundi 3 septembre 2007
Le Maroc assemblera des Renault, l’Algérie continuera de les importer
Il y a quelques jours, la presse algérienne a annoncé, de manière plutôt lapidaire, la fin officielle du projet d’installation d’une usine de fabrication de véhicules de marque Fiat à Tiaret, dans l’Ouest du pays. Cette discrétion n’était pas dictée par une quelconque volonté de minimiser cet échec pour l’Algérie qui perdait là une occasion d’attirer un investissement étranger à la fois conséquent et symbolique.
En réalité, c’est le caractère attendu et peu original de l’information qui explique son traitement modeste. Depuis son lancement au début des années 1980, ce projet est très vite devenu un serpent de mer (un peu à l’image du métro d’Alger qui, à l’inverse, va enfin être finalisé, près de trente ans après son lancement !). De reports en vrais-faux redémarrages, « l’usine Fatia » - telle était sa dénomination – a alimenté une chronique de l’impuissance dont il a été très vite évident qu’elle se solderait par un échec.
Mais si l’abandon de ce qui devait être la première usine automobile d’Afrique du nord n’a surpris personne, il faut tout de même le mettre en perspective avec l’annonce, faite par Renault, d’investir 1 milliards de dollars dans la zone franche de Tanger au Maroc pour y construire une usine d’assemblage « low cost » avec une capacité maximale de 400.000 voitures par an dont 90% seront destinés au marché européen.
A moins d’une semaine d’élections législatives à haut risque – avec la perspective d’une percée importante des islamistes – le Maroc vient ainsi de confirmer sa capacité à attirer l’investissement étranger quelles que soient les inquiétudes que sa situation politique et sociale engendre et, surtout, quand son voisin algérien peine en faire de même (exception faite dans le secteur des hydrocarbures et de la construction).
Comment expliquer cela ? Il faut d’abord relever le choix stratégique du Maroc dans sa volonté de développer Tanger et d’en faire une plate-forme logistique incontournable en Méditerranée. A cela, il faut ajouter une certaine bienveillance des milieux d’affaires hexagonaux à l’égard du pays de Mohammed VI. Depuis plusieurs années, un certain nombre de grands patrons français militent ouvertement pour aider le Maroc et mettent leur carnet d’adresse et leur influence au service du Royaume qui sait bien leur renvoyer l’ascenseur.
A l’inverse, l’Algérie a du mal à « se vendre » comme terre d’investissement et ne semble représenter pour les firmes occidentales qu’une grande surface commerciale où il est plus rentable d’écouler des produits finis plutôt que les fabriquer sur place, cela alors que, dans bien des secteurs, une implantation locale serait cohérente avec la taille du marché et de la demande.
A cet égard, il serait intéressant de savoir comment le gouvernement algérien compte réagir à l’investissement de Renault au Maroc. C’est d’autant plus important que la marque au losange fait partie des principaux fournisseurs du marché algérien qui, avec en moyenne 180.000 véhicules importés par an, reste le plus grand du Maghreb. Va-t-on voir demain une Logane assemblée au Maroc être exportée à destination de l’Europe avant d’être revendue en Algérie ?
De façon générale, c’est toute la stratégie économique algérienne qui est interpellée par l’investissement de Renault au Maroc. Avec un baril de pétrole à 70 dollars qui lui offre une réelle aisance financière – et une tranquillité sociale, le gouvernement algérien fait-il suffisamment pour attirer l’investissement étranger – et donc l’emploi ? Ses réformes sont-elles vraiment prises au sérieux ? N’est-il pas temps, pour lui de prendre lui aussi en compte le fameux principe de réciprocité dont on entend parler en Europe, y compris dans cet antre libéral qu’est la Commission européenne. « Pas d’investissement, pas de marchés » est une expression qui, certes, ne définit pas une politique économique mais, au moins, aurait-elle le mérite de la clarté…
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Sur les importations de véhicules en Algérie :
En réalité, c’est le caractère attendu et peu original de l’information qui explique son traitement modeste. Depuis son lancement au début des années 1980, ce projet est très vite devenu un serpent de mer (un peu à l’image du métro d’Alger qui, à l’inverse, va enfin être finalisé, près de trente ans après son lancement !). De reports en vrais-faux redémarrages, « l’usine Fatia » - telle était sa dénomination – a alimenté une chronique de l’impuissance dont il a été très vite évident qu’elle se solderait par un échec.
Mais si l’abandon de ce qui devait être la première usine automobile d’Afrique du nord n’a surpris personne, il faut tout de même le mettre en perspective avec l’annonce, faite par Renault, d’investir 1 milliards de dollars dans la zone franche de Tanger au Maroc pour y construire une usine d’assemblage « low cost » avec une capacité maximale de 400.000 voitures par an dont 90% seront destinés au marché européen.
A moins d’une semaine d’élections législatives à haut risque – avec la perspective d’une percée importante des islamistes – le Maroc vient ainsi de confirmer sa capacité à attirer l’investissement étranger quelles que soient les inquiétudes que sa situation politique et sociale engendre et, surtout, quand son voisin algérien peine en faire de même (exception faite dans le secteur des hydrocarbures et de la construction).
Comment expliquer cela ? Il faut d’abord relever le choix stratégique du Maroc dans sa volonté de développer Tanger et d’en faire une plate-forme logistique incontournable en Méditerranée. A cela, il faut ajouter une certaine bienveillance des milieux d’affaires hexagonaux à l’égard du pays de Mohammed VI. Depuis plusieurs années, un certain nombre de grands patrons français militent ouvertement pour aider le Maroc et mettent leur carnet d’adresse et leur influence au service du Royaume qui sait bien leur renvoyer l’ascenseur.
A l’inverse, l’Algérie a du mal à « se vendre » comme terre d’investissement et ne semble représenter pour les firmes occidentales qu’une grande surface commerciale où il est plus rentable d’écouler des produits finis plutôt que les fabriquer sur place, cela alors que, dans bien des secteurs, une implantation locale serait cohérente avec la taille du marché et de la demande.
A cet égard, il serait intéressant de savoir comment le gouvernement algérien compte réagir à l’investissement de Renault au Maroc. C’est d’autant plus important que la marque au losange fait partie des principaux fournisseurs du marché algérien qui, avec en moyenne 180.000 véhicules importés par an, reste le plus grand du Maghreb. Va-t-on voir demain une Logane assemblée au Maroc être exportée à destination de l’Europe avant d’être revendue en Algérie ?
De façon générale, c’est toute la stratégie économique algérienne qui est interpellée par l’investissement de Renault au Maroc. Avec un baril de pétrole à 70 dollars qui lui offre une réelle aisance financière – et une tranquillité sociale, le gouvernement algérien fait-il suffisamment pour attirer l’investissement étranger – et donc l’emploi ? Ses réformes sont-elles vraiment prises au sérieux ? N’est-il pas temps, pour lui de prendre lui aussi en compte le fameux principe de réciprocité dont on entend parler en Europe, y compris dans cet antre libéral qu’est la Commission européenne. « Pas d’investissement, pas de marchés » est une expression qui, certes, ne définit pas une politique économique mais, au moins, aurait-elle le mérite de la clarté…
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Sur les importations de véhicules en Algérie :
samedi 1 septembre 2007
Où est la viande, monsieur le président Sarkozy ?
« Il court vite mais où va-t-il ? », se demande l’hebdomadaire The Economist à propos de Nicolas Sarkozy. Une interrogation qui résume bien l’état d’esprit de la presse anglo-saxonne libérale qui reste partagée entre l’admiration vis-à-vis du volontarisme du président français et le scepticisme quant à l’efficacité de toutes ses promesses et déclarations d’intentions.
Au chapitre satisfecit, on trouve, pêle-mêle, la conclusion d’un mini-traité européen, les premières réformes fiscales en France (baisse de l’ISF et mise en place d'un bouclier fiscal), la libération des infirmières bulgares (avec un bémol sur le caractère opportuniste de l’intervention française), le projet d’une « Union-méditerranéenne » (dont les contours restent à déterminer), le rapprochement symbolique avec les Etats-Unis (une rupture avec le style Chirac particulièrement appréciée par le très conservateur Wall Sreet Journal)) et le discours musclé à l’encontre de l’Iran dont les dirigeants savent désormais que la France est favorable à une action militaire au cas où Téhéran chercherait à se doter de l’arme nucléaire.
Mais, comme le relève The Economist, il est temps pour le président français de passer à un autre stade que celui du bagoût médiatique. « Time to deliver », peut-on lire ici et là. La France va-t-elle changer d’opinion vis-à-vis de l’adhésion de la Turquie à l'Union européenne ? Va-t-elle réintégrer l’Otan ? Son président, et son gouvernement, vont-ils cesser de s’en prendre à la Banque centrale européenne (BCE) et à la valeur de l’euro ? Et que va faire Sarkozy en matière de réforme droit du travail ?
Autant de questions qui traduisent l’impatience, encore indulgente, des médias libéraux pour qui la salut de la France ne peut passer que par plus de réformes, notamment plus de flexibilité sur le marché du travail…
En tout état de cause, la question qu’ils posent désormais à Nicolas Sarkozy est la suivante : « Nicolas, where is the beef ? ». "Le fumet des promesses est plaisant, mais où est la viande ?", se demande ainsi The Economist. Une manière polie de dire que le forcing médiatique ne sert qu'un temps...
Pour la petite histoire, cette expression très populaire aux Etats-Unis, remonte à la campagne électorale pour l’élection présidentielle de 1984. Lors de la course à l’investiture démocrate, le candidat Gary Hart – dont plus personne ne se souvient aujourd’hui – avait multiplié les promesses médiatiques pour « une nouvelle manière de penser », se présentant, avec force marketing médiatique, comme le nouveau Kennedy.
Lassé de ce discours creux, son adversaire Walter Mondale – dont on se souvient un peu – avait eu cette phrase célèbre inspirée d’une publicité pour une chaîne de restauration rapide : « Okay, now, but, mister Hart, tell us where is the beef ?». La suite est connue, incapable de préciser ses pensées et de donner du fond à son discours, Gary Hart a perdu la course à l’investiture face à Mondale (lequel n’a, malheureusement rien pu faire contre Reagan, mais il s’agit d’une autre histoire…).
« Où est la viande, monsieur le président Sarkozy ? ». Voilà certainement une expression que l’on risque d’entendre souvent au cours des prochains mois…
Au chapitre satisfecit, on trouve, pêle-mêle, la conclusion d’un mini-traité européen, les premières réformes fiscales en France (baisse de l’ISF et mise en place d'un bouclier fiscal), la libération des infirmières bulgares (avec un bémol sur le caractère opportuniste de l’intervention française), le projet d’une « Union-méditerranéenne » (dont les contours restent à déterminer), le rapprochement symbolique avec les Etats-Unis (une rupture avec le style Chirac particulièrement appréciée par le très conservateur Wall Sreet Journal)) et le discours musclé à l’encontre de l’Iran dont les dirigeants savent désormais que la France est favorable à une action militaire au cas où Téhéran chercherait à se doter de l’arme nucléaire.
Mais, comme le relève The Economist, il est temps pour le président français de passer à un autre stade que celui du bagoût médiatique. « Time to deliver », peut-on lire ici et là. La France va-t-elle changer d’opinion vis-à-vis de l’adhésion de la Turquie à l'Union européenne ? Va-t-elle réintégrer l’Otan ? Son président, et son gouvernement, vont-ils cesser de s’en prendre à la Banque centrale européenne (BCE) et à la valeur de l’euro ? Et que va faire Sarkozy en matière de réforme droit du travail ?
Autant de questions qui traduisent l’impatience, encore indulgente, des médias libéraux pour qui la salut de la France ne peut passer que par plus de réformes, notamment plus de flexibilité sur le marché du travail…
En tout état de cause, la question qu’ils posent désormais à Nicolas Sarkozy est la suivante : « Nicolas, where is the beef ? ». "Le fumet des promesses est plaisant, mais où est la viande ?", se demande ainsi The Economist. Une manière polie de dire que le forcing médiatique ne sert qu'un temps...
Pour la petite histoire, cette expression très populaire aux Etats-Unis, remonte à la campagne électorale pour l’élection présidentielle de 1984. Lors de la course à l’investiture démocrate, le candidat Gary Hart – dont plus personne ne se souvient aujourd’hui – avait multiplié les promesses médiatiques pour « une nouvelle manière de penser », se présentant, avec force marketing médiatique, comme le nouveau Kennedy.
Lassé de ce discours creux, son adversaire Walter Mondale – dont on se souvient un peu – avait eu cette phrase célèbre inspirée d’une publicité pour une chaîne de restauration rapide : « Okay, now, but, mister Hart, tell us where is the beef ?». La suite est connue, incapable de préciser ses pensées et de donner du fond à son discours, Gary Hart a perdu la course à l’investiture face à Mondale (lequel n’a, malheureusement rien pu faire contre Reagan, mais il s’agit d’une autre histoire…).
« Où est la viande, monsieur le président Sarkozy ? ». Voilà certainement une expression que l’on risque d’entendre souvent au cours des prochains mois…
jeudi 23 août 2007
Irak - Vietnam : Bush réécrit l'histoire
Voilà donc le Vietnam qui fait une entrée fracassante dans le débat sur la présence des troupes américaines en Irak. Certes, depuis le début de la guerre, en mars 2003, commentateurs et experts ont toujours eu en tête l’exemple du bourbier vietnamien pour mesurer la détérioration de la situation sécuritaire et cela dès les premières semaines qui ont suivi la chute du régime de Saddam Hussein. Par la suite, et l’occupation virant au chaos, cette comparaison est devenue de plus en plus fréquente, le terme « quagmire » (bourbier) étant souvent utilisé dans les titres et manchettes.
Mais, cette fois-ci, c’est le président Bush lui-même qui vient, pour des raisons différentes (on s’en doute !), de se référer au Vietnam pour justifier le maintien des troupes américaines en Irak. Son message, délivré mercredi 22 août au Kansas devant des vétérans de plusieurs guerres, est simple : un retrait américain provoquera un bain de sang tout comme le départ de l’US army du Vietnam a provoqué « des millions de morts » sans compter les milliers de réfugiés et autres « boat people ».
C’est donc une double polémique que déclenche le président américain. D’une part, il refuse de céder aux appels répétés de ceux qui le pressent à désengager les Etats-Unis d’Irak. Et, de l’autre, il ravive un débat que l’on croyait clos à propos du Vietnam. Ainsi, pour Bush, le retrait américain du « Nam » en 1975 fut une erreur et il en veut pour preuve la victoire du Vietminh mais aussi celle des khmers rouges au Cambodge. Disons-le tout de suite, cette opinion est aujourd’hui minoritaire aux Etats-Unis y compris dans le camp républicain même si on y a encore du mal à digérer ce qui fut une défaite politique sinon militaire.
Mais Bush, fidèle à son habitude, réécrit l’Histoire tout en créant la controverse. Il feint de croire que le retrait du Vietnam fut décidé à la hâte alors, qu’en réalité, il a débuté dès 1968 avec un plafonnement des troupes sur le terrain. De même, il ne veut pas admettre que la défaite des troupes américaines était consommée dès lors qu’elles intervenaient dans un pays dont la majorité de la population ne leur était pas acquise. Enfin, c’est bien parce que les Etats-Unis sont intervenus au Vietnam que la guérilla khmer a gagné en influence au Cambodge.
L’objectif du président américain est simple. En assimilant l’Irak au Vietnam, il entend ressouder autour de lui le camp républicain dont une bonne partie est désormais encline à ne plus le soutenir sur la question du maintien des troupes. Pour ce faire, il réveille une vieille blessure et en appelle à l’amour-propre des Américains. « Evitons-nous une seconde humiliation », leur dit-il et, à moins d’un mois du rapport au Congrès sur la situation en Irak, il n’est pas impossible que ce discours atteigne son objectif. A moins que le cycle de violences sur place ne conforte la position des partisans d’un retrait, fut-il progressif.
Mais, cette fois-ci, c’est le président Bush lui-même qui vient, pour des raisons différentes (on s’en doute !), de se référer au Vietnam pour justifier le maintien des troupes américaines en Irak. Son message, délivré mercredi 22 août au Kansas devant des vétérans de plusieurs guerres, est simple : un retrait américain provoquera un bain de sang tout comme le départ de l’US army du Vietnam a provoqué « des millions de morts » sans compter les milliers de réfugiés et autres « boat people ».
C’est donc une double polémique que déclenche le président américain. D’une part, il refuse de céder aux appels répétés de ceux qui le pressent à désengager les Etats-Unis d’Irak. Et, de l’autre, il ravive un débat que l’on croyait clos à propos du Vietnam. Ainsi, pour Bush, le retrait américain du « Nam » en 1975 fut une erreur et il en veut pour preuve la victoire du Vietminh mais aussi celle des khmers rouges au Cambodge. Disons-le tout de suite, cette opinion est aujourd’hui minoritaire aux Etats-Unis y compris dans le camp républicain même si on y a encore du mal à digérer ce qui fut une défaite politique sinon militaire.
Mais Bush, fidèle à son habitude, réécrit l’Histoire tout en créant la controverse. Il feint de croire que le retrait du Vietnam fut décidé à la hâte alors, qu’en réalité, il a débuté dès 1968 avec un plafonnement des troupes sur le terrain. De même, il ne veut pas admettre que la défaite des troupes américaines était consommée dès lors qu’elles intervenaient dans un pays dont la majorité de la population ne leur était pas acquise. Enfin, c’est bien parce que les Etats-Unis sont intervenus au Vietnam que la guérilla khmer a gagné en influence au Cambodge.
L’objectif du président américain est simple. En assimilant l’Irak au Vietnam, il entend ressouder autour de lui le camp républicain dont une bonne partie est désormais encline à ne plus le soutenir sur la question du maintien des troupes. Pour ce faire, il réveille une vieille blessure et en appelle à l’amour-propre des Américains. « Evitons-nous une seconde humiliation », leur dit-il et, à moins d’un mois du rapport au Congrès sur la situation en Irak, il n’est pas impossible que ce discours atteigne son objectif. A moins que le cycle de violences sur place ne conforte la position des partisans d’un retrait, fut-il progressif.
jeudi 9 août 2007
Effets de muscles à Pékin et Washington
C’est une tournure intéressante que vient de prendre le « dialogue économique stratégique » entre la Chine et les Etats-Unis. De quoi s’agit-il ? Prenons cette affaire dans l’ordre chronologique. Mercredi 8 août, le Daily Telegraph a affirmé que la Chine n’excluait pas de recourir à la vente d’une partie de ses avoirs en dollars – notamment des bons du Trésor US– si des sanctions commerciales lui étaient infligées par le Congrès américain.
Le journal citait les commentaires de Xia Bin, directeur du centre de recherche sur le développement (State Council Development Research Center, un organisme étatique) pour qui les actifs en dollars détenus par la Chine (en mai dernier, la Banque centrale chinoise détenait 407,4 milliards de dollars en Bons du Trésor américains soit le tiers des réserves de change du pays du Milieu), devraient pouvoir servir de « pion de marchandage » dans les discussions plus ou moins tendues entre son pays et les Etats-Unis.
Des propos réitérés ce jeudi 9 août sur le fil de l’agence Bloomberg, le responsable affirmant toutefois parler en son nom propre. A cela, il faut ajouter les déclarations de He Fan, responsable de l’Académie chinoise des sciences sociales, pour qui la Chine est aujourd’hui « capable de faire chuter le dollar. »
L’affaire aurait pu en rester-là même si ces déclarations ont provoqué quelques turbulences sur des marchés financiers déjà très éprouvés par la crise du crédit immobilier aux Etats-Unis. Mais c’est la réaction du président Bush qui mérite d’être relevée. Interrogé par Fox News, le locataire de la Maison-Blanche a estimé que la Chine aurait plus à perdre que les Etats-Unis si elle venait à céder une partie de ses actifs en dollars. Pour lui, une telle vente serait « téméraire » et « absurde ».
La mise en garde est évidente et, du coup, cela relance les conjectures autour du scénario « du grand affrontement ». Depuis plusieurs années, commentateurs et experts prédisent en effet, qu’un jour ou l’autre, la question des bons du Trésor américains détenus par la Chine débouchera sur une crise majeure entre Pékin et Washington. On connaît le marché qui lie les deux pays. Pour financer son train de vie – et vivre au dessus de ses moyens -, l’Amérique s’endette notamment auprès de la Chine laquelle, de son côté, a besoin du marché américain pour écouler une partie de ses exportations. En apparence donc, chaque partie se tient. Question : qu’adviendra-t-il si la Chine décide un jour, pour des raisons politiques ou de leadership planétaire, de casser ce contrat implicite ?
Il y a quelques années, lors du forum de Davos, un officiel américain avait expliqué que les Chinois ne se détourneraient jamais du dollar, vivant avec lui « une véritable histoire d’amour. » Ce à quoi avait répliqué sans rire un représentant du gouvernement chinois : « les histoires d’amour finissent mal en général. »
En lançant son avertissement, George W. Bush veut donc donner l’impression que les Etats-Unis se sentent en position de force mais l’affolement des marchés et la nature de son commentaire – pourquoi user du terme « téméraire » ? - démontrent que son administration n’est pas aussi sereine que cela.
Bien entendu, l’affaire est loin d’être annonciatrice de la crise tant de fois annoncée d’autant qu’officiellement, Pékin répète régulièrement qu’il n’est pas de son intérêt de vendre massivement ses actifs en dollars pour ne pas provoquer un effondrement du dollar et une dépréciation de ses avoirs. Il n’empêche, cette passe d’arme ne doit pas être négligée d’autant que l’on imagine mal que les deux officiels chinois aient pu avancer pareils arguments sans le feu vert, même implicite, de hauts responsables.
Et il est vraisemblable qu’en Chine, on commence à s’agacer sérieusement du « China-Bashing » qui ne cesse de s’aggraver aux Etats-Unis avec des Démocrates qui réclament des sanctions à cor et à cri pour punir, selon eux, le fait que la devise chinoise seraient sciemment sous-évaluée pour favoriser les exportations, au détriment des produits et emplois américains, bien sûr.
A suivre...
Le journal citait les commentaires de Xia Bin, directeur du centre de recherche sur le développement (State Council Development Research Center, un organisme étatique) pour qui les actifs en dollars détenus par la Chine (en mai dernier, la Banque centrale chinoise détenait 407,4 milliards de dollars en Bons du Trésor américains soit le tiers des réserves de change du pays du Milieu), devraient pouvoir servir de « pion de marchandage » dans les discussions plus ou moins tendues entre son pays et les Etats-Unis.
Des propos réitérés ce jeudi 9 août sur le fil de l’agence Bloomberg, le responsable affirmant toutefois parler en son nom propre. A cela, il faut ajouter les déclarations de He Fan, responsable de l’Académie chinoise des sciences sociales, pour qui la Chine est aujourd’hui « capable de faire chuter le dollar. »
L’affaire aurait pu en rester-là même si ces déclarations ont provoqué quelques turbulences sur des marchés financiers déjà très éprouvés par la crise du crédit immobilier aux Etats-Unis. Mais c’est la réaction du président Bush qui mérite d’être relevée. Interrogé par Fox News, le locataire de la Maison-Blanche a estimé que la Chine aurait plus à perdre que les Etats-Unis si elle venait à céder une partie de ses actifs en dollars. Pour lui, une telle vente serait « téméraire » et « absurde ».
La mise en garde est évidente et, du coup, cela relance les conjectures autour du scénario « du grand affrontement ». Depuis plusieurs années, commentateurs et experts prédisent en effet, qu’un jour ou l’autre, la question des bons du Trésor américains détenus par la Chine débouchera sur une crise majeure entre Pékin et Washington. On connaît le marché qui lie les deux pays. Pour financer son train de vie – et vivre au dessus de ses moyens -, l’Amérique s’endette notamment auprès de la Chine laquelle, de son côté, a besoin du marché américain pour écouler une partie de ses exportations. En apparence donc, chaque partie se tient. Question : qu’adviendra-t-il si la Chine décide un jour, pour des raisons politiques ou de leadership planétaire, de casser ce contrat implicite ?
Il y a quelques années, lors du forum de Davos, un officiel américain avait expliqué que les Chinois ne se détourneraient jamais du dollar, vivant avec lui « une véritable histoire d’amour. » Ce à quoi avait répliqué sans rire un représentant du gouvernement chinois : « les histoires d’amour finissent mal en général. »
En lançant son avertissement, George W. Bush veut donc donner l’impression que les Etats-Unis se sentent en position de force mais l’affolement des marchés et la nature de son commentaire – pourquoi user du terme « téméraire » ? - démontrent que son administration n’est pas aussi sereine que cela.
Bien entendu, l’affaire est loin d’être annonciatrice de la crise tant de fois annoncée d’autant qu’officiellement, Pékin répète régulièrement qu’il n’est pas de son intérêt de vendre massivement ses actifs en dollars pour ne pas provoquer un effondrement du dollar et une dépréciation de ses avoirs. Il n’empêche, cette passe d’arme ne doit pas être négligée d’autant que l’on imagine mal que les deux officiels chinois aient pu avancer pareils arguments sans le feu vert, même implicite, de hauts responsables.
Et il est vraisemblable qu’en Chine, on commence à s’agacer sérieusement du « China-Bashing » qui ne cesse de s’aggraver aux Etats-Unis avec des Démocrates qui réclament des sanctions à cor et à cri pour punir, selon eux, le fait que la devise chinoise seraient sciemment sous-évaluée pour favoriser les exportations, au détriment des produits et emplois américains, bien sûr.
A suivre...
mercredi 8 août 2007
Elections américaines : Obama et le "bon sens en politique"
C’est un peu le monde à l’envers. Traditionnellement, la politique étrangère ne pesait guère dans le débat électoral américain et l’inexpérience dans ce domaine n’a jamais constitué un obstacle important. On se souvient par exemple de la campagne pour le scrutin de 2000 où George W. Bush s’était avéré incapable de citer le nom du président pakistanais Pervez Musharraf (« Heu... C’est un général, je crois », avait-il répondu au journaliste qui l’interviewait). Mais au cours des derniers jours, c’est ce motif qu’ont invoqué les adversaires d’Obama pour disqualifier Barack Obama.
En déclarant qu’il n’hésiterait pas, en tant que président, à user de la force militaire contre Al-Qaida au Pakistan, en se passant au besoin de l’accord du président Pervez Musharraf, le sénateur démocrate de l’Illinois s’est ainsi fait traiter de dangereux « va-t-en guerre » et d’« inconscient » par ses rivaux politiques qu’ils soient démocrates ou républicains. Quelques jours plus tôt, lors d’un débat avec les candidats démocrates, il s’était dit prêt à rencontrer sans préalable les dirigeants de pays opposés aux Etats-Unis tels l’Iran, la Syrie, le Venezuela, Cuba ou la Corée du Nord. « Colombe naïve » voire « incompétente » ont aussitôt tranché ses adversaires, Hillary Clinton en tête, qui ont encore profité de ses propos selon lesquels il n’ordonnerait pas le recours à l’arme nucléaire. « Il passe de Jane Fonda (qui avait milité contre la guerre au Vietnam) au Docteur Folamour (qui dans un film de Stanley Kubrick déclenche une guerre nucléaire) », a même ironisé de son côté le candidat républicain Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachusetts.
Ces critiques ont de quoi surprendre. D’abord, parce qu’elles émanent de personnalités politiques qui n’ont guère brillé par leur sagacité en soutenant, voire en encourageant, la décision du président Bush d’envahir l’Irak en mars 2003. On pense à Hillary Clinton qui n’en finit pas d’essayer de faire oublier qu’elle avait voté pour la guerre et que ses propos de l’époque faisaient d’elle l’un des principaux faucons du camp démocrate.
Mais il n’y a pas que cela. Qu’Obama déclare qu’il utilisera la force contre Al-Qaida ne devrait choquer personne et il est étonnant d’entendre la Maison-Blanche défendre le général Musharraf après avoir multiplié les critiques à son encontre à propos de son incapacité, voire de sa duplicité, à mener le combat contre les extrémistes dans les zones tribales frontalières de l’Afghanistan. Il y a quelques semaines, dans un entretien accordé à la radio publique américaine, Hillary Clinton avait elle-même évoqué le recours à la force par les forces armées américaines à l’intérieur du Pakistan.
De même, Obama semble avoir compris, comme Nixon en son temps avec la Chine, que les tensions récurrentes entre les Etats-Unis et certains Etats dits « voyous » ne se règleront que par le dialogue et la négociation. Et son principal conseiller David Axelrod n’a pas tort de dire que Barack « tente d’insuffler un peu de bon sens dans une politique étrangère qui en a grandement besoin. »
En déclarant qu’il n’hésiterait pas, en tant que président, à user de la force militaire contre Al-Qaida au Pakistan, en se passant au besoin de l’accord du président Pervez Musharraf, le sénateur démocrate de l’Illinois s’est ainsi fait traiter de dangereux « va-t-en guerre » et d’« inconscient » par ses rivaux politiques qu’ils soient démocrates ou républicains. Quelques jours plus tôt, lors d’un débat avec les candidats démocrates, il s’était dit prêt à rencontrer sans préalable les dirigeants de pays opposés aux Etats-Unis tels l’Iran, la Syrie, le Venezuela, Cuba ou la Corée du Nord. « Colombe naïve » voire « incompétente » ont aussitôt tranché ses adversaires, Hillary Clinton en tête, qui ont encore profité de ses propos selon lesquels il n’ordonnerait pas le recours à l’arme nucléaire. « Il passe de Jane Fonda (qui avait milité contre la guerre au Vietnam) au Docteur Folamour (qui dans un film de Stanley Kubrick déclenche une guerre nucléaire) », a même ironisé de son côté le candidat républicain Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachusetts.
Ces critiques ont de quoi surprendre. D’abord, parce qu’elles émanent de personnalités politiques qui n’ont guère brillé par leur sagacité en soutenant, voire en encourageant, la décision du président Bush d’envahir l’Irak en mars 2003. On pense à Hillary Clinton qui n’en finit pas d’essayer de faire oublier qu’elle avait voté pour la guerre et que ses propos de l’époque faisaient d’elle l’un des principaux faucons du camp démocrate.
Mais il n’y a pas que cela. Qu’Obama déclare qu’il utilisera la force contre Al-Qaida ne devrait choquer personne et il est étonnant d’entendre la Maison-Blanche défendre le général Musharraf après avoir multiplié les critiques à son encontre à propos de son incapacité, voire de sa duplicité, à mener le combat contre les extrémistes dans les zones tribales frontalières de l’Afghanistan. Il y a quelques semaines, dans un entretien accordé à la radio publique américaine, Hillary Clinton avait elle-même évoqué le recours à la force par les forces armées américaines à l’intérieur du Pakistan.
De même, Obama semble avoir compris, comme Nixon en son temps avec la Chine, que les tensions récurrentes entre les Etats-Unis et certains Etats dits « voyous » ne se règleront que par le dialogue et la négociation. Et son principal conseiller David Axelrod n’a pas tort de dire que Barack « tente d’insuffler un peu de bon sens dans une politique étrangère qui en a grandement besoin. »
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