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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

dimanche 20 janvier 2019

La chronique économique : Du financement de la transition écologique

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Le Quotidien d’Oran, mercredi 12 décembre 2018
Akram Belkaïd, Paris


Le point de départ de la crise française des gilets jaunes est l’augmentation des taxes sur les carburants notamment le gasoil destiné aux moteurs diesels. On sait que ce fut juste le catalyseur d’un mécontentement aux motivations bien plus multiples et, d’ailleurs, l’annulation de ces taxes décidée par le gouvernement n’a pas suffi à calmer la rue. S’il est beaucoup question désormais de salaires, de réduction des inégalités et de pouvoir d’achat, il est intéressant de revenir au point de départ de cette contestation inédite qui est loin d’avoir trouvé son aboutissement.

Financer l’énergie propre

Officiellement, le surplus de taxes recueillies devait servir à financer la transition énergétique. « Transition énergétique », voilà une combinaison de deux mots dont on entend beaucoup parler surtout quand il s’agit d’évoquer la lutte contre le réchauffement climatique. La présence du mot « transition » signifie le passage d’un état à un autre. Dans le cas présent, il s’agit d’abandonner peu à peu le modèle qui repose sur l’exploitation des énergies non-renouvelables (hydrocarbures, charbon) pour passer à des énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien. On peut aussi définir cette transition comme le passage à des modèles d’exploitation d’énergie fortement carbonées (ou pour le dire plus simplement, sales) à des énergies moins productrices d’émissions de gaz à effet de serre (ges).

Pour abandonner un système et passer à l’autre, il faut de l’argent. Exemple, si on veut convaincre un ménage d’utiliser un chauffe-eau solaire à la place d’une chaudière à gaz, il faut un ensemble d’incitations fiscales consenties par l’État. Idem, quand il s’agit de remplacer une voiture avec un bon vieux moteur à combustion et le remplacer par un véhicule hybride. Là aussi, l’État a tout intérêt à offrir des primes de remplacement sans compter des prêts à taux d’intérêts bas (le jargon habituel parle de taux bonifiés). Bref, il faut de l’argent pour développer les technologies, financer la transition et en amortir les conséquences directes et indirectes sur l’emploi et les infrastructures.

Le problème dans l’affaire des gilets jaunes c’est qu’au-delà de leur caractère inopportun (venues après une longue liste d’augmentations), ces nouvelles taxes ne devaient guère servir à financer la transition énergétique. Selon les estimations les plus répandues, on estime que 85% de l’augmentation des prix des carburants était destinée à compenser la baisse de recettes fiscales dues à la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF). Rien à voir donc avec une quelconque stratégie écologique. Cette dernière avait bon dos et ne servait qu’à mieux faire passer la pilule. Une sorte de « green-washing » fiscal en somme. Les observateurs auront d’ailleurs remarqué que le président Emmanuel Macron n’a pas prononcé une seule fois le mot écologie pendant son discours du 10 décembre.

Les pollueurs ne veulent pas payer

Quoiqu’il en soit, financer la transition écologique en alourdissant la fiscalité indirecte à laquelle sont confrontés les ménages est injuste. Le bon sens voudrait que les pollueurs soient les premiers payeurs. On pense notamment aux groupes pétroliers mais aussi aux compagnies aériennes, aux transporteurs routiers ainsi qu’aux entreprises maritimes. Depuis trente ans, la planète vit un bras-de-fer qui ne dit pas son nom. Il s’agit pour ces gros pollueurs d’échapper à une plus forte contribution en matière de financement de la transition énergétique. Le « green-washing », encore un autre, de ces entreprises qui ne cessent de communiquer sur les « énergies propres » ne doit tromper personne. Toutes ou presque refusent de payer seules la facture. Et à ce jeu, la solution de facilité consiste à faire payer les ménages.

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