Le Quotidien d’Oran, mercredi 16 janvier 2019
Akram Belkaïd, Paris
Dix ans déjà mais le bilan est plus que mitigé. Né en 2009,
le Bitcoin, cette crypto-monnaie qui tient la vedette depuis quelques temps,
semble engagé dans une spirale baissière qui tranche avec l’euphorie qui
caractérisait sa progression il y a encore douze mois. En un an, le Bitcoin est
ainsi passé de 20 000 euros à 3 500 euros soit une chute de 70%. Toutes les
autres crypto-monnaies sont engagées dans le même mouvement de repli. Mais
est-ce une raison pour proclamer l’échec définitif des monnaies
alternatives ? Pas si sûr.
Un projet en cours
Avant d’expliquer pourquoi il ne faut pas enterrer le
Bitcoin trop vite, relevons d’abord que les experts ont un peu de mal à
expliquer son repli et sa volatilité si ce n’est le fait d’affirmer que les
« baleines bougent ». Autrement dit, les gros détenteurs de Bitcoins
- un millier possédant 80% des actifs selon les estimations -, seraient
désormais plus actifs sur le marché des échanges. Une affirmation à prendre au
conditionnel et qui n’explique pas pourquoi le Bitcoin peut perdre 100 euros de
sa valeur en une journée. Ce n’est
d’ailleurs pas la première fois qu’une telle absence d’explication est
constatée. Affirmer, comme le font certains observateurs, que c’est la
« bulle Bitcoin » qui se dégonfle (enfin, ajouterons d’autres) n’est
pas suffisant quand on a pris l’habitude de collecter les facteurs rationnels
qui disent pourquoi le dollar américain est en hausse ou pourquoi l’euro subit
un accès de faiblesse sans parler des devises émergentes qui souffrent à chaque
fois que la Banque centrale américaine augmente ses taux.
C’est d’ailleurs là que réside l’explication. Le Bitcoin est
une monnaie, ou plutôt est une tentative de monnaie décentralisée, sans
autorité suprême qui conduirait une politique clairement identifiée. Autrement
dit, c’est un outil monétaire en phase de construction et c’est pourquoi les
ajustements ne sont pas étonnants. La lecture des blogs spécialisés qui suivent
de près les crypto-monnaies – et qui publient des informations que la presse
économique traditionnelle ne relaie pratiquement jamais – démontre une vitalité
insoupçonnée. Les progrès technologiques sont incessants, comme, par exemple,
le fait que les échanges de Bitcoin peuvent désormais bénéficier de canaux
satellitaires (et donc se passer d’Internet), de même que les efforts continus
d’organisation et de normalisation de tout l’environnement Bitcoin. Une légion
de startups et de jeunes pousses technologiques accompagne aussi le
développement de ce secteur. Aux dires de certains vétérans de la Toile, on se
croirait dans les années 1980 quand la jeune industrie de la micro-informatique
se préparait, dans la plus grande discrétion, à l’avènement de l’Internet grand
public.
100 000 dollars en
2022 ?
À la tête d’une start-up et véritable star du milieu des
crypto-monnaies, la Suissesse Olga Feldmeier que l’on surnomme « la reine
du Bitcoin », est catégorique : pour elle, cette crypto-monnaie
vaudra 100 000 dollars en 2022. Elle explique que les éléments technologiques,
législatifs et économiques se mettent peu à peu en place pour donner au Bitcoin
un statut de véritable monnaie. On peut croire ou non à ce discours
volontariste. Pour l’heure, le Bitcoin n’est encore qu’une promesse.
Contrairement aux devises habituelles, il n’offre aucune garantie de
conservation de pouvoir d’achat et son usage reste encore limité. Mais avant de
réaliser (ou non) ses promesses, le Bitcoin demeure à la fois une prise de
risque et une opportunité. Imaginez que sa valeur atteigne vraiment les 100 000
dollars en 2022 : ce serait l’équivalent de 28 fois sa valeur actuelle.
Une belle culbute…
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