Le Quotidien d’Oran, mercredi 9 janvier 2019
Akram Belkaïd, Paris
À bien des égards, les négociations qui viennent de débuter
entre la Chine et les États-Unis constituent l’un des grands moments de ce
début de siècle même si l’actualité foisonnante donne l’impression que d’autres
sujets méritent bien plus d’attention. On est tout de même en présence des deux
grandes puissances mondiales qui tentent de trouver, par le dialogue et la
concertation, une solution à leurs multiples différents commerciaux. Bien
entendu, il sera difficile de connaître le détail des discussions mais le
processus mérite d’être suivi de près car il risque fort de faire date.
Pessimisme des
observateurs
On ne rappellera jamais assez que, dans le passé, les rivalités
commerciales furent souvent des motifs de guerre. Il suffit de se pencher sur
l’histoire du dix-neuvième et du début du vingtième siècles en Europe pour en
prendre conscience. Les conflits qui ont ébranlé la planète avaient certes pour
fondements des volontés incessantes d’expansions territoriales et de recherches
de puissance mais il suffit de gratter un peu pour découvrir que les enjeux
commerciaux étaient alors fondamentaux.
Dans ce qui nous occupe aujourd’hui, les États-Unis ont
d’abord choisi la manière forte avec des taxes décidées de manière unilatérale
et des déclarations très martiales de la part du président Donald Trump. De
leur côté, les autorités chinoises ont décidé dans un premier temps de relever
le gant en imposant à leur tour de nouvelles taxes et des sanctions. Les
négociations ouvertes à Pékin en ce début de semaine sont censées mettre fin à
l’escalade. Les deux parties ont donc jusqu’à début mars pour trouver un
accord. Pour l’heure, le discours des concernés est optimiste. Cela tranche
avec l’avis des observateurs qui se demandent comment les États-Unis vont
obtenir de la Chine l’ouverture de son marché intérieur et la suppression, ou
tout le moins, la diminution, des aides accordées aux exportateurs chinois.
Autrement dit, ces négociations risquent de ne pas déboucher
sur grand-chose même si Donald Trump tient absolument à « son »
accord. Cela lui permettrait de disposer d’un solide argument électoral à l’heure
où il pense déjà à novembre 2020 et à sa réélection. Tout l’enjeu pour lui est
donc d’obtenir des concessions chinoises qu’il s’agisse de l’engagement de
Pékin en matière de respect de la propriété intellectuelle ou de l’augmentation
des achats de produits en provenance des États-Unis, notamment des denrées
agricoles. Le résultat dépendra pleinement des autorités chinoises lesquelles
n’ont toutefois pas l’intention de plier le genou. Ces dernières n’ont guère
apprécié l’arrestation au Canada, à la demande de Washington, de Meng Wanzhou,
la responsable financière du géant chinois des télécommunications Huawei. Elles
voient dans cette affaire – liée officiellement à la question du non-respect
des sanctions américaine imposées à l’Iran – une volonté de brider l’essor
technologique chinois.
Reprises du
bras-de-fer
Que se passera-t-il si ces négociations échouent ?
D’abord, il y a de fortes chances pour que la guéguerre commerciale reprenne.
Pour des raisons électorales, Donald Trump a besoin de maintenir la pression
sur cette question même si les marchés financiers américains n’aiment guère
cela. Ensuite, il est vraisemblable que de nouveaux cycles de négociations
soient enclenchés ne serait-ce que c’est parce qu’un grand nombre de pays le
demandent. Loin de tirer profit de ce bras-de-fer, plusieurs économies,
qu’elles soient développées ou émergentes, sont pénalisées par le fait que
Chine et USA s’imposent mutuellement des sanctions et des taxes. Dans un monde
où aucun pays ne fabrique à 100% tel ou tel produit, une bataille commerciale,
même à des milliers de kilomètres de chez soi, peut avoir un impact direct sur
sa propre production.
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