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Le Quotidien d’Oran, mercredi 2 janvier 2019
Akram Belkaïd, Paris
Vingt ans, le bel âge… Le 1er janvier 1999,
l’euro devenait officiellement la monnaie de 11 pays : Allemagne,
Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg,
Pays-Bas et Portugal. Durant trois années, la devise européenne ne fut utilisée
que pour les transactions immatérielles. Ce n’est que le 1er janvier
2002 qu’elle fut introduite sous forme de coupures et de pièces. Mais dès 1999,
l’euro fut la monnaie de référence pour les transactions financières et
boursières. Il fut aussi très vite comparé au dollar et à d’autres devises
comme le franc suisse, le yen japonais ou la livre sterling (la
Grande-Bretagne, comme la Suède et le Danemark ont refusé de faire partie de la
zone euro).
La monnaie européenne
a survécu
Vingt ans plus tard, où en est le symbole de l’intégration
européenne ? Le premier constat est que l’euro existe encore. Cela peut
paraître une évidence mais il faut rappeler que les doutes étaient nombreux à
sa naissance. On se demandait alors combien de temps les membres de la zone
euro allaient faire preuve de discipline budgétaire afin de donner de la
crédibilité à cette monnaie. De fait, en vingt ans, l’euro a survécu à
plusieurs crises et doutes. Après une très décriée période de faiblesse
vis-à-vis du dollar, il a vite passé le seuil symbolique de la parité et,
depuis, il a toujours été supérieur au taux de 1 euro pour 1 dollar.
A la fin des années 2000, la devise européenne a surmonté
une crise majeure dont elle fut, d’une certaine manière, la cause. En effet, au
début du siècle, la Grèce, membre de l’Union européenne (UE) a multiplié les
« manipulations » comptables et budgétaires pour pouvoir entrer dans
la zone euro. Cette entrée se réalisé en 2001 (la Grèce fut suivie par la
Slovénie en 2007, Chypre et Malte en 2008, la Slovaquie en 2009, l’Estonie en
2011, la Lettonie en 2014 et la Lituanie en 2015). Mais les comptes trafiqués
de la Grèce, avec l’appui de grandes banques d’affaires et l’aval implicite de
plusieurs capitales européennes qui ne pouvaient ignorer la situation (cas de
l’Allemagne et de la France), ont conduit à une grave crise de la dette publique
grecque en 2009.
Cette dernière a finalement été surmontée tout comme celle
liée aux créances pourries charriées par les marchés et les grands acteurs
financiers européens. Pour éviter une grave crise bancaire et pour sauver
l’euro, la Banque centrale européenne (BCE), très critiquée parce qu’elle ne se
préoccupe guère de la croissance, a lancé un programme de rachat de dettes d’un
montant de 2 600 milliards d’euros. Pour dire les choses de manière crue,
l’institution européenne s’est transformée en fonds spéculatif pour sauver la
devise européenne. Les conséquences de cette politique peu orthodoxe se feront
connaître tôt ou tard et c’est peu dire que cela inquiète les économistes.
Le dollar reste roi
Quoi qu’il en soit, l’euro a atteint aujourd’hui une
dimension internationale. C’est une monnaie de transactions mais aussi d’émissions
sur les marchés. Par contre, le dollar reste roi pour ce qui est des monnaies
de réserves (60% des réserves de change mondiale contre 20% pour l’euro). De
même, le billet vert est omniprésent dans tous les circuits d’échanges et de
transactions et le remplacer par l’euro est chose impossible. C’est ce qui
explique pourquoi les Etats-Unis peuvent menacer de sanctions n’importe quel
pays dans le monde. En effet, il suffit d’utiliser une seule fois le dollar
(même en dehors des Etats-Unis) pour tomber sous le coup de la loi américaine.
L’euro, encore jeune, n’est donc pas une alternative totale au billet vert et
dépend surtout de l’évolution de l’intégration européenne. Si, demain, apparaît
un marché unique de la dette européenne, alors il est possible que l’euro gagne
encore plus en influence mondiale.
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