C’est une tournure intéressante que vient de prendre le « dialogue économique stratégique » entre la Chine et les Etats-Unis. De quoi s’agit-il ? Prenons cette affaire dans l’ordre chronologique. Mercredi 8 août, le Daily Telegraph a affirmé que la Chine n’excluait pas de recourir à la vente d’une partie de ses avoirs en dollars – notamment des bons du Trésor US– si des sanctions commerciales lui étaient infligées par le Congrès américain.
Le journal citait les commentaires de Xia Bin, directeur du centre de recherche sur le développement (State Council Development Research Center, un organisme étatique) pour qui les actifs en dollars détenus par la Chine (en mai dernier, la Banque centrale chinoise détenait 407,4 milliards de dollars en Bons du Trésor américains soit le tiers des réserves de change du pays du Milieu), devraient pouvoir servir de « pion de marchandage » dans les discussions plus ou moins tendues entre son pays et les Etats-Unis.
Des propos réitérés ce jeudi 9 août sur le fil de l’agence Bloomberg, le responsable affirmant toutefois parler en son nom propre. A cela, il faut ajouter les déclarations de He Fan, responsable de l’Académie chinoise des sciences sociales, pour qui la Chine est aujourd’hui « capable de faire chuter le dollar. »
L’affaire aurait pu en rester-là même si ces déclarations ont provoqué quelques turbulences sur des marchés financiers déjà très éprouvés par la crise du crédit immobilier aux Etats-Unis. Mais c’est la réaction du président Bush qui mérite d’être relevée. Interrogé par Fox News, le locataire de la Maison-Blanche a estimé que la Chine aurait plus à perdre que les Etats-Unis si elle venait à céder une partie de ses actifs en dollars. Pour lui, une telle vente serait « téméraire » et « absurde ».
La mise en garde est évidente et, du coup, cela relance les conjectures autour du scénario « du grand affrontement ». Depuis plusieurs années, commentateurs et experts prédisent en effet, qu’un jour ou l’autre, la question des bons du Trésor américains détenus par la Chine débouchera sur une crise majeure entre Pékin et Washington. On connaît le marché qui lie les deux pays. Pour financer son train de vie – et vivre au dessus de ses moyens -, l’Amérique s’endette notamment auprès de la Chine laquelle, de son côté, a besoin du marché américain pour écouler une partie de ses exportations. En apparence donc, chaque partie se tient. Question : qu’adviendra-t-il si la Chine décide un jour, pour des raisons politiques ou de leadership planétaire, de casser ce contrat implicite ?
Il y a quelques années, lors du forum de Davos, un officiel américain avait expliqué que les Chinois ne se détourneraient jamais du dollar, vivant avec lui « une véritable histoire d’amour. » Ce à quoi avait répliqué sans rire un représentant du gouvernement chinois : « les histoires d’amour finissent mal en général. »
En lançant son avertissement, George W. Bush veut donc donner l’impression que les Etats-Unis se sentent en position de force mais l’affolement des marchés et la nature de son commentaire – pourquoi user du terme « téméraire » ? - démontrent que son administration n’est pas aussi sereine que cela.
Bien entendu, l’affaire est loin d’être annonciatrice de la crise tant de fois annoncée d’autant qu’officiellement, Pékin répète régulièrement qu’il n’est pas de son intérêt de vendre massivement ses actifs en dollars pour ne pas provoquer un effondrement du dollar et une dépréciation de ses avoirs. Il n’empêche, cette passe d’arme ne doit pas être négligée d’autant que l’on imagine mal que les deux officiels chinois aient pu avancer pareils arguments sans le feu vert, même implicite, de hauts responsables.
Et il est vraisemblable qu’en Chine, on commence à s’agacer sérieusement du « China-Bashing » qui ne cesse de s’aggraver aux Etats-Unis avec des Démocrates qui réclament des sanctions à cor et à cri pour punir, selon eux, le fait que la devise chinoise seraient sciemment sous-évaluée pour favoriser les exportations, au détriment des produits et emplois américains, bien sûr.
A suivre...
Le journal citait les commentaires de Xia Bin, directeur du centre de recherche sur le développement (State Council Development Research Center, un organisme étatique) pour qui les actifs en dollars détenus par la Chine (en mai dernier, la Banque centrale chinoise détenait 407,4 milliards de dollars en Bons du Trésor américains soit le tiers des réserves de change du pays du Milieu), devraient pouvoir servir de « pion de marchandage » dans les discussions plus ou moins tendues entre son pays et les Etats-Unis.
Des propos réitérés ce jeudi 9 août sur le fil de l’agence Bloomberg, le responsable affirmant toutefois parler en son nom propre. A cela, il faut ajouter les déclarations de He Fan, responsable de l’Académie chinoise des sciences sociales, pour qui la Chine est aujourd’hui « capable de faire chuter le dollar. »
L’affaire aurait pu en rester-là même si ces déclarations ont provoqué quelques turbulences sur des marchés financiers déjà très éprouvés par la crise du crédit immobilier aux Etats-Unis. Mais c’est la réaction du président Bush qui mérite d’être relevée. Interrogé par Fox News, le locataire de la Maison-Blanche a estimé que la Chine aurait plus à perdre que les Etats-Unis si elle venait à céder une partie de ses actifs en dollars. Pour lui, une telle vente serait « téméraire » et « absurde ».
La mise en garde est évidente et, du coup, cela relance les conjectures autour du scénario « du grand affrontement ». Depuis plusieurs années, commentateurs et experts prédisent en effet, qu’un jour ou l’autre, la question des bons du Trésor américains détenus par la Chine débouchera sur une crise majeure entre Pékin et Washington. On connaît le marché qui lie les deux pays. Pour financer son train de vie – et vivre au dessus de ses moyens -, l’Amérique s’endette notamment auprès de la Chine laquelle, de son côté, a besoin du marché américain pour écouler une partie de ses exportations. En apparence donc, chaque partie se tient. Question : qu’adviendra-t-il si la Chine décide un jour, pour des raisons politiques ou de leadership planétaire, de casser ce contrat implicite ?
Il y a quelques années, lors du forum de Davos, un officiel américain avait expliqué que les Chinois ne se détourneraient jamais du dollar, vivant avec lui « une véritable histoire d’amour. » Ce à quoi avait répliqué sans rire un représentant du gouvernement chinois : « les histoires d’amour finissent mal en général. »
En lançant son avertissement, George W. Bush veut donc donner l’impression que les Etats-Unis se sentent en position de force mais l’affolement des marchés et la nature de son commentaire – pourquoi user du terme « téméraire » ? - démontrent que son administration n’est pas aussi sereine que cela.
Bien entendu, l’affaire est loin d’être annonciatrice de la crise tant de fois annoncée d’autant qu’officiellement, Pékin répète régulièrement qu’il n’est pas de son intérêt de vendre massivement ses actifs en dollars pour ne pas provoquer un effondrement du dollar et une dépréciation de ses avoirs. Il n’empêche, cette passe d’arme ne doit pas être négligée d’autant que l’on imagine mal que les deux officiels chinois aient pu avancer pareils arguments sans le feu vert, même implicite, de hauts responsables.
Et il est vraisemblable qu’en Chine, on commence à s’agacer sérieusement du « China-Bashing » qui ne cesse de s’aggraver aux Etats-Unis avec des Démocrates qui réclament des sanctions à cor et à cri pour punir, selon eux, le fait que la devise chinoise seraient sciemment sous-évaluée pour favoriser les exportations, au détriment des produits et emplois américains, bien sûr.
A suivre...
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