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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

mardi 21 mars 2017

La chronique de l’économie : Quel avenir pour l’accord de l’Opep ?

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Le Quotidien d’Oran, mercredi 15 mars 2017
Akram Belkaïd, Paris


Va-t-on vers une nouvelle bataille des prix sur le marché pétrolier ? Près de quatre mois après la conclusion d’un accord de réduction de la production au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), les tensions entre producteurs refont leur apparition. Pour mémoire, les membres du Cartel avaient réussi à s’entendre pour limiter leurs pompages afin de soutenir les cours du brut et cette démarche avait reçu le soutien de la Russie. Or, l’accord conclu en novembre – et largement respecté par ses signataires - arrive à échéance en juin prochain et des questions se posent déjà quant à son prolongement. En début de semaine, le Koweït a fait savoir qu’il soutiendrait une telle prorogation mais l’on attend encore la position officielle de l’Arabie saoudite.

Guerre des prix

Si les interrogations se multiplient sur la future position de l’Opep, c’est parce que les prix continuent à être orientés à la baisse. Certes, il n’y a pas eu d’effondrement des cours et, en cela, on peut dire que l’accord de novembre dernier a atteint ses objectifs. Mais, dans le même temps, le baril plonge de manière régulière comme ces derniers jours où le WIT coté à New York a touché le plancher de 48 dollars. Les raisons d’une telle évolution sont connues depuis longtemps. Aux Etats Unis, le niveau actuel des prix permet aux producteurs de pétrole non-conventionnel, le fameux pétrole de schiste, de continuer leur activité. Le fait que les stocks américains de brut soient au plus haut confirme bien que ces producteurs ont su s’adapter et que, contrairement à ce qui était annoncé au cours des dernières années, ils n’ont pas perdu la « guerre des prix » que leur a imposé l’Arabie saoudite.

On le sait, le poids lourd de l’Opep s’était engagé dans un double bras de fer. Le premier contre son voisin iranien et le second contre les producteurs nord-américains de brut de schiste. Garder le même volume d’exportations, et cela quel que soit le niveau des prix, a longtemps été la stratégie de Ryad et cela afin de garder ses parts de marché et de pénaliser la rentabilité de ses concurrents. L’accord de novembre dernier constituait donc une mise entre parenthèse de cette approche. La question qui se pose désormais est de savoir si le Royaume va siffler la fin de la récréation et refuser que l’accord de novembre soit prolongé. Cela ouvrirait, bien sûr, une nouvelle course aux parts de marché et il est vraisemblable que le prix du baril baissera.

Quelle position vis-à-vis de Trump ?

Il resterait alors à Riyad de convaincre les Etats Unis que qu’il ne s’agit pas d’une manœuvre hostile à l’encontre des producteurs américains, ces derniers comptant sur la nouvelle administration Trump pour protéger leurs intérêts. Le sujet devait certainement être évoqué durant la rencontre entre le locataire de la Maison Blanche et le vice-prince héritier saoudien Mohamed Ben Salman (MBS). Il sera d’ailleurs intéressant de voir comment va évoluer la politique pétrolière saoudienne à l’aune des injonctions, souvent contradictoires, de Donald Trump. Ce dernier veut des prix de l’énergie abordables mais il souhaite aussi affaiblir l’Iran avant de décider de renégocier (ou de remettre en cause) l’accord de Vienne sur le nucléaire. Les Saoudiens sauront rappeler au milliardaire-président que le pétrole est un levier qui peut s’avérer efficace pour obtenir des concessions de la part de Téhéran. Quoi qu’il en soit, l’accord de l’Opep arrive bientôt à échéance et Riyad devra très vite clarifier sa position.


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