Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

lundi 16 juillet 2018

Au fil du mondial (32/32) : In Fine

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Les lampions vont s’éteindre les uns après les autres, la fête se termine lentement. Et même si l’on parlera encore pendant quelques semaines du deuxième titre mondial de l’équipe de France de football, les passionnés du ballon rond vont devoir se résigner. La prochaine compétition d’envergure n’aura lieu que dans deux ans (Euro) et il faudra attendre 2022 et le Qatar pour voir les Bleus remettre leur coupe dorée en jeu (attention à la malédiction du premier tour et au souvenir du fiasco de 2002). En attendant, il restera des souvenirs, des images et des émotions.

Voici donc une composition, forcément incomplète et subjective, que chacun amendera selon ses propres préférences. Pour commencer, une émotion à part qui étonnera peut-être le lecteur. Il s’agit de celle provoquée par la joie des supporters panaméens lorsque leur équipe, menée six à zéro face à l’Angleterre, finit par inscrire son premier but en Coupe du monde grâce à Felipe Baloy. Une joie sincère, bon enfant. Le football…

Passons maintenant aux buts. Une préférence pour celui de Benjamin Pavard contre l’Argentine. Reprise de volée, parfaite, puissante, comme un signal pour la suite, comme un ordre enjoint à ses équipiers de se réveiller et de prendre en main (en pied) leur destin en livrant ce qui restera leur meilleur match de la compétition. Ensuite ? Celui de Pogba contre la Croatie. Au départ, c’est lui qui délivre une passe sèche vers l’avant (ah, la verticalité) et, au final, c’est lui qui score d’un tir intelligent (prenant le gardien à contrepied). Autres buts : le troisième de la Belgique contre le Japon (Chadli), un chef d’œuvre de contre-attaque et d’intelligence collective (ah, la feinte de Lukaku…). Celui de l’Espagnol Nacho contre le Portugal (là aussi, magnifique reprise de volée), l’extérieur du pied du Portugais Ricardo Quaresma contre l'Iran et celui, un peu semblable, du Russe Denis Cheryshev contre l’Arabie saoudite. Et impossible d’oublier le but du Croate Modric contre l’Argentine, un modèle de contrôle et de frappe sèche.

Il y a aussi les surprises, ces matchs qui nous ont ravis ou transportés. La rencontre entre l’Espagne et le Portugal (3-3), une sorte de finale, croyait-on, avant l’heure. La victoire du Mexique contre l’Allemagne et, toujours contre cette équipe, celle de la Corée du sud avec ce deuxième but de Son Heung-min dans des cages désertées par le portier Neuer. On gardera aussi en souvenir les batailles répétées des Croates en prolongation, revenant à chaque fois de nulle part (deux victoires aux tirs aux buts) ainsi que la détermination des Russes, tombeurs de l’Espagne, improbables quart-finalistes et preuve évidente que jouer à domicile donne des ailes.

Que retenir d’autre ? Le tir du Colombien Uribe sorti de manière incroyable par Jordan Pickford, grand gardien anglais (ça peut exister…). Les exploits de Lloris contre l’Uruguay et la Belgique, le talent du keeper belge Courtois et celui de son homologue du Costa Rica Keylor Navas. On retiendra aussi l’usage intensif de l’arbitrage vidéo (VAR) lors des matchs du premier tour puis son unique emploi lors de la finale (au grand dam des wanetoutristes qui souhaitaient la défaite de la France…). Et comment ne pas mentionner les exagérations (terme que nous préférerons à celui de simulations) du Brésilien Neymar ? Cette Coupe du monde devait être la sienne. Au final, il s’est beaucoup ridiculisé et confirmé que son entourage n’avait peut-être pas la meilleure des influences sur lui. On inscrira aussi l’Egypte de Mo Salah au rang des déceptions. Sportive mais aussi politique avec cette honte d’avoir frayé avec le si peu respectable « président » Ramzan Kadirov. Le Maroc et l’Iran auraient pu mieux faire, avec un peu plus de chance et moins d’erreurs de la part de leurs joueurs ou de l’arbitrage. Autre déception, l’Arabie saoudite qu’on voyait pourtant en demi-finale (non, je plaisante…).

Le football étant plus qu’un sport, on terminera cette (trop) rapide revue par deux points importants. Il y a d’abord la déclaration attribuée au sélectionneur uruguayen Óscar Tabárez qui aurait réclamé plus de moyens en faveur de l'éducation. Rappelons-la : « Ça ne sert à rien d'être champion du monde si nos jeunes ne savent pas où est la Russie ou pourquoi dans le groupe français il y a autant de joueurs originaires d'Afrique. C'est le moment de tenir la promesse d'atteindre 6% du PIB en faveur de l'éducation. » Signe des temps et de l’influence des réseaux sociaux, ce propos n’a jamais été tenu par le « Profe ». C’est une invention reprise à l’envi sur Internet. Un « fake » donc. Il n’empêche, le message a fait son effet et mérite d’être répété et renvoyé aux autorités politiques.

L’autre point concerne les quatre personnes ayant envahi la pelouse du stade Loujniki à Moscou durant la finale. Il s’agissait de quatre militants des Pussy Riot, un groupe féministe opposé au président Vladimir Poutine. Cette irruption nous a rappelé que la trêve implicite imposée par la Coupe du monde se terminait. La Russie a organisé un mondial parfait et sa population a été à la hauteur de l’événement. C’est un fait. Mais cela ne saurait faire oublier la réalité du régime russe et ses errements sur le plan international. Autrement dit, la fête est finie. Retour à la réalité.


P.S : Merci à celles et ceux qui ont suivi cette chronique au fil des jours et des matchs, la commentant et contribuant à l’enrichir. A la prochaine !
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1 commentaire:

Herve a dit…

Merci pour tous ces articles passionnants et très justes pendant la Coupe du monde. En plus, j'ai appris un truc dingue avec ce match entre la Barbade et la Grenade. bref, toujours ravi de lire vos articles.