Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

mardi 17 juillet 2018

Les Bleus : après l’euphorie, vite relire les leçons du passé.

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Un bus qui passe trop vite devant des personnes venues lattendre depuis des heures sous un soleil de plomb. Des joueurs qui napparaissent pas au balcon dun grand hôtel alors que des centaines de personnes les attendent à lextérieur (« couac du Crillon » nous dit la presse). Des joueurs qui en font un peu trop en terme « dambiancement », de gesticulations et de déclarations enflammées. Une com' présidentielle omniprésente, des sponsors qui inondent les médias de spots et de pubs avec la bibine des héros de Moscou : attention danger  Partez vite en vacances les champions et, de grâce, pas trop de couverture people. En un mot, évitez les erreurs de 1998-2002

A ce sujet, voici, mis à jour, un billet de 2013 à propos des relations entre le public et léquipe de France au gré des performances sportives.

« Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas de 2010 que date le divorce entre l’Equipe de France de football et son public. Au contraire, la date charnière est celle du mondial raté de 2002. A l’époque, nombreux étaient celles et ceux qui croyaient à un deuxième titre mondial consécutif. Au lieu de cela, ce fut une élimination peu glorieuse au 1er tour et une pluie de critiques et de révélations à propos du comportement des joueurs ou des dépenses de l’encadrement.

Cette cassure n’a pas été réparée depuis. Il est d’ailleurs étonnant de voir que certains joueurs qui étaient sur le terrain en 2002, et qui sont devenus depuis des consultants TV, se permettent de donner des leçons de moralité et de bon comportement à leurs successeurs. Si le football français est malade aujourd’hui, c’est qu’il n’a jamais su digérer les succès de 1998-2000 et qu’il n’a pas tiré les leçons de 2002.

On peut rétorquer qu’il y a eu la finale de 2006 mais il faut se souvenir que le début de la compétition était marqué par une réserve prudente du public à l’égard des bleus et que ce n’est qu’à partir du deuxième tour (et notamment le match contre l’Espagne) que les choses ont changé. Jusqu'au fameux coup de boule de Zidane et la défaite en finale contre l'Italie...

Finalement ce n’est qu’en 2000 que l’Equipe de France de football a bénéficié d’un fort soutien et d’une bonne image, avant, pendant et après la compétition »


L’Equipe de France de football et son public.
Tableau mis à jour, juillet 2018

Année
Compétition
Avant
Pendant
Après
1998
Coupe du monde
Critiques et inquiétudes. Campagne féroce du quotidien
LÉquipe contre
lentraîneur Jaquet
Enthousiasme croissant, surtout après le 1er tour.
Victoire en finale. Euphorie nationale allant bien au-delà du football. La France « black-blanc-beur » est célébrée
2000
Euro
Adhésion et confiance totales. Jamais l’équipe de France n’a disposé d’un tel soutien et d’une telle confiance
Soutien et enthousiasme.
Victoire en finale. Joie nationale. La France shabitue au succès et savoure le fait davoir battu
lItalie.
2002
Coupe du monde
Adhésion, confiance (en excès), suffisance et arrogance des commentateurs et des joueurs.
Léquipementier de
léquipe de France imprime la deuxième étoile sur le maillot des bleus avant même le début de la compétition...

Désenchantement croissant. Incompréhension et surprise
Elimination au premier tour. Colère, critiques virulentes. Début d'un désamour durable.
2004
Euro
Sentiments mitigés. Relative indifférence
Espoirs malgré la piètre qualité du jeu.
Elimination en quart de finale. Critiques ; Compétition vite oubliée.

2006
Coupe du monde
Doutes, prudence surtout après une qualification laborieuse
Enthousiasme croissant. La France retrouve « son » équipe à partir des huitièmes de finale.
Défaite en finale. Déception, critiques mesurées à l’encontre de Zidane et de ses coéquipiers. Le « coup de boule » en finale alimente les débats mais le prestige de
léquipe est plus ou moins restauré. Lidée est que la France doit gagner la prochaine compétition pour en finir avec le poids de 2002.

2008
Euro
Doutes, prudence ; Le souvenir de 2006 incite à l’optimisme
Déception forte après les fessées au premier tour contre les Pays-Bas (1-4) et lItalie (0-2). Le sélectionneur demande la main de sa compagne à lantenne et reste en place.
Elimination au premier tour. Critiques, colère. Année où les médias se déchaînent de manière plus forte que lors de la préparation de 1998.

2010
Coupe du monde
Doutes, prudence
Déception et colère. Elimination et affaire Knysna Grève des joueurs, exclusion de
lun deux. La France se couvre de ridicule.
Elimination au premier tour. Critiques, colère. "Affaire nationale". Une affaire dEtat (ou presque). La France « black, blanc, beur » ou ce quil en reste est mise en accusation.
On cherche encore la « taupe » du vestiaire et on sait aujourdhui que le joueur Anelka na jamais insulté son entraîneur. Reste le souvenir de la grève















2012
Euro
Doutes, prudence, critiques
Déception croissante. Léquipe est sous observation.
Elimination en quart. Critiques,  indifférence, désamour.

2014

Coupe du monde
Critiques nombreuses malgré le profil bas de l'équipe
Espoir tempéré
Réaction plutôt positive. Les Français se réconcilient peu à peu avec leur équipe.

2016
Euro
Prudence. Engouement modeste
Défaite en finale
Déception mais l’équipe est saluée. La défaite en finale ne crée pas de drame dans un pays, par ailleurs, profondément traumatisé par la violence terroriste.

2018
Coupe du monde
Prudence et critiques avant la compétition. Engouement progressif.
Prudence avant le début de la compétition. Les anciens joueurs de 98 devenus consultants sen donnent à cœur joie pour critiquer léquipe de leur ancien coéquipier. La suite leur donne tort.
La qualification pour la finale sonne le moment de leuphorie générale.

Victoire en finale. Euphorie quasi-générale. Une jeune génération tient « sa » victoire. Le poids encombrant de 1998 s’allège. On évoque déjà la troisième étoile…








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