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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

vendredi 13 novembre 2020

La chronique économique : Euphorie boursière

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Le Quotidien d’Oran, mercredi 11 novembre 2020

Akram Belkaïd, Paris

 

 

Champagne pour tout le monde ! La journée du lundi 9 novembre a été faste pour les grands marchés financiers européens et nord-américains. L’euphorie qui tranche avec la morosité de ces derniers mois s’est ensuite prolongée le mardi 11 novembre aux places asiatiques notamment à Tokyo. Partout, les indices ont été dans le vert, comprendre qu’ils ont progressé par rapport à la veille. Comprendre les raisons d’une telle progression permet d’évoquer quelques ressorts du fonctionnement des Bourses et des stratégies des investisseurs.

 

Biden et Pfizer

 

Dès leur ouverture, les marchés étaient orientés à la hausse ayant décidé que le suspense autour de l’élection présidentielle était clos. Même si le président sortant Donald Trump refuse de concéder sa défaite et d’ouvrir la voie à la passation de pouvoir entre ses équipes et celles du président-élu Joe Biden, la plupart des acteurs des marchés semblent convaincus que l’affaire est désormais jouée. Pour eux, le recomptage des voix – s’il se confirme - ne changera rien au résultat. De même, et cela concerne plus particulièrement Wall Street, le fait que la composition du Sénat ne devrait pas fondamentalement changer – équilibre entre démocrates et républicains avec petite avantage pour ces derniers – alors que l’on attendait une « vague bleue » (couleur des démocrates par opposition au rouge des républicains) ravit les opérateurs qui craignent que les démocrates n’augmentent la fiscalité sur les entreprises.

 

Le même jour, il y a eu l’effet Pfizer. En annonçant que ses résultats intermédiaires de la phase finale d’expérimentation de son vaccin contre le Covid-19 était prometteuse avec 90% d’efficacité, le groupe pharmaceutique a donné des ailes au marché, profitant lui-même de l’annonce pour prendre 7,69% par rapport à son cours de la veille. Dans la foulée, d’autres secteurs ont connu des hausses appréciables : le secteur aérien, la publicité, la location d’automobiles et la construction. Pourquoi ? Le raisonnement est simple : qui dit vaccin, dit fin de l’épidémie. Et qui dit fin de l’épidémie, dit reprise de l’activité économique et donc redémarrage des voyages, de la communication des entreprises et des déplacements de particuliers. 

 

Versatilité des marchés

 

Pour autant, il faut se garder de croire que ces raisonnements sont définitifs. Il n’y a rien de plus versatiles que les marchés financiers. Dans les prochains jours et semaines, il est probable qu’ils prennent un chemin inverse. Si la « guérilla » procédurière de Trump s’intensifie, si la transition présidentielle ne commence pas et si, d’aventure, les risques d’une longue période d’incertitude institutionnelle se concrétisent, alors la Bourse va paniquer. Certain que son homologue d’à-côté va vendre, l’investisseur en fera de même dans un réflexe moutonnier bien connu. Et si Pfizer annonce le moindre retard dans la mise sur le marché de son vaccin désormais attendu par tous, alors, les indices boursiers plongeront. En attendant que reviennent d’autres bonnes nouvelles…

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