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Le Quotidien d'Oran, mercredi 23 janvier 2008
S'il est encore trop tôt pour tirer les leçons de la récente tempête qui vient d'ébranler les Bourses mondiales, on peut d'ores et déjà se pencher sur l'un de ses aspects et en tirer une conclusion qui devrait faire réfléchir tous ceux qui ne jurent que par le marché et sa prétendue science infaillible. Que s'est-il passé pour que la panique s'empare des opérateurs et les pousse à vendre à tout va ?
On le sait, à l'origine de cette pagaille, il y a la fameuse crise des « subprime » aux Etats-Unis, ces prêts immobiliers risqués, qui plombent désormais le bilan de nombreuses banques et qui n'ont pas fini de faire parler d'eux. On remarquera pourtant, que cette crise dure depuis juin dernier et que personne n'ignorait que les établissements financiers sont les plus exposés. En fait, comme pour toute explosion, il a fallu une étincelle, et c'est George W. Bush qui l'a provoquée.
Il ne s'agit pas d'accabler une nouvelle fois le président américain mais, de noter que c'est après qu'il eut annoncé un plan de relance fiscal de 150 milliards de dollars que les Bourses américaines ont commencé à dévisser, entraînant dans leur chute les autres places de la planète. Pourtant, l'intention de Bush était louable puisqu'il s'agissait de redonner confiance aux Américains en leur proposant des rabais fiscaux destinés à les encourager à consommer et donc à empêcher que l'économie de leur pays, qui dépend aux deux tiers de la consommation, n'entre en récession.
La question est donc de savoir pourquoi Wall Street n'a pas apprécié le plan Bush au point de déclencher un mini-krach mondial. La réponse est simple : les opérateurs n'attendaient pas un plan de relance fiscal destiné à sauver l'économie réelle. Ils espéraient plutôt, pour ne pas dire qu'ils exigeaient, des mesures de sauvetage pour la sphère financière. En un mot, le marché attendait de la présidence américaine qu'elle épongeât ses errements. Si Bush avait annoncé le déblocage de 150 milliards de dollars pour renflouer les établissements mis à mal par la crise des « subprime », il y a fort à parier que tous les indices boursiers auraient battu des records à la hausse.
Dès lors, deux conclusions s'imposent. La première est d'ordre général et c'est plutôt un rappel. Qu'on le veuille ou non, c'est bel et bien l'appât du gain qui guide le marché et cela quel qu'en soit le prix final. Comme pour les scandales précédents (Enron, Worldcom, LTCM, Barrings,...), les langues vont bien finir par se délier et on réalisera alors, à quel point l'âpreté l'a disputé à l'imprudence dans cette affaire où des centaines de banques et des milliers de fonds ont bâti des châteaux de carte à partir de produits financiers risqués, puisque adossés à des créances quasiment insolvables. « Greed », est d'ailleurs le mot qui revient le plus souvent dans les commentaires d'experts. Il signifie avidité et il résume bien ce qui a caractérisé les marchés dans cette affaire des « subprime ».
La deuxième conclusion découle de ce qui précède. Disons-le et répétons-le, la fameuse « main invisible » qui agirait pour donner au marché toute sa rationalité n'est qu'une fumisterie à laquelle, de toutes les façons, seuls quelques ultra-libéraux continuent de croire cela sans oublier une kyrielle d'experts du Sud qui pensent être crédibles en ânonnant que le marché peut tout et qu'il a toujours raison. D'abord, le marché s'est trompé en se fourvoyant à propos de crédits vérolés et, de plus, il a été incapable de détecter à temps leur dangerosité. Mieux, ou pire, il a espéré jusqu'au bout l'intervention directe de l'Etat américain pour qu'il efface son ardoise.
En un mot, quand les choses vont mal, il n'y a pas de « main invisible » qui tienne et les opérateurs des marchés s'en remettent toujours à l'intervention publique. C'est une leçon à méditer alors que l'on continue ici et là à promouvoir le dogme du moins d'Etat.
Le Quotidien d'Oran, mercredi 23 janvier 2008
S'il est encore trop tôt pour tirer les leçons de la récente tempête qui vient d'ébranler les Bourses mondiales, on peut d'ores et déjà se pencher sur l'un de ses aspects et en tirer une conclusion qui devrait faire réfléchir tous ceux qui ne jurent que par le marché et sa prétendue science infaillible. Que s'est-il passé pour que la panique s'empare des opérateurs et les pousse à vendre à tout va ?
On le sait, à l'origine de cette pagaille, il y a la fameuse crise des « subprime » aux Etats-Unis, ces prêts immobiliers risqués, qui plombent désormais le bilan de nombreuses banques et qui n'ont pas fini de faire parler d'eux. On remarquera pourtant, que cette crise dure depuis juin dernier et que personne n'ignorait que les établissements financiers sont les plus exposés. En fait, comme pour toute explosion, il a fallu une étincelle, et c'est George W. Bush qui l'a provoquée.
Il ne s'agit pas d'accabler une nouvelle fois le président américain mais, de noter que c'est après qu'il eut annoncé un plan de relance fiscal de 150 milliards de dollars que les Bourses américaines ont commencé à dévisser, entraînant dans leur chute les autres places de la planète. Pourtant, l'intention de Bush était louable puisqu'il s'agissait de redonner confiance aux Américains en leur proposant des rabais fiscaux destinés à les encourager à consommer et donc à empêcher que l'économie de leur pays, qui dépend aux deux tiers de la consommation, n'entre en récession.
La question est donc de savoir pourquoi Wall Street n'a pas apprécié le plan Bush au point de déclencher un mini-krach mondial. La réponse est simple : les opérateurs n'attendaient pas un plan de relance fiscal destiné à sauver l'économie réelle. Ils espéraient plutôt, pour ne pas dire qu'ils exigeaient, des mesures de sauvetage pour la sphère financière. En un mot, le marché attendait de la présidence américaine qu'elle épongeât ses errements. Si Bush avait annoncé le déblocage de 150 milliards de dollars pour renflouer les établissements mis à mal par la crise des « subprime », il y a fort à parier que tous les indices boursiers auraient battu des records à la hausse.
Dès lors, deux conclusions s'imposent. La première est d'ordre général et c'est plutôt un rappel. Qu'on le veuille ou non, c'est bel et bien l'appât du gain qui guide le marché et cela quel qu'en soit le prix final. Comme pour les scandales précédents (Enron, Worldcom, LTCM, Barrings,...), les langues vont bien finir par se délier et on réalisera alors, à quel point l'âpreté l'a disputé à l'imprudence dans cette affaire où des centaines de banques et des milliers de fonds ont bâti des châteaux de carte à partir de produits financiers risqués, puisque adossés à des créances quasiment insolvables. « Greed », est d'ailleurs le mot qui revient le plus souvent dans les commentaires d'experts. Il signifie avidité et il résume bien ce qui a caractérisé les marchés dans cette affaire des « subprime ».
La deuxième conclusion découle de ce qui précède. Disons-le et répétons-le, la fameuse « main invisible » qui agirait pour donner au marché toute sa rationalité n'est qu'une fumisterie à laquelle, de toutes les façons, seuls quelques ultra-libéraux continuent de croire cela sans oublier une kyrielle d'experts du Sud qui pensent être crédibles en ânonnant que le marché peut tout et qu'il a toujours raison. D'abord, le marché s'est trompé en se fourvoyant à propos de crédits vérolés et, de plus, il a été incapable de détecter à temps leur dangerosité. Mieux, ou pire, il a espéré jusqu'au bout l'intervention directe de l'Etat américain pour qu'il efface son ardoise.
En un mot, quand les choses vont mal, il n'y a pas de « main invisible » qui tienne et les opérateurs des marchés s'en remettent toujours à l'intervention publique. C'est une leçon à méditer alors que l'on continue ici et là à promouvoir le dogme du moins d'Etat.
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