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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

jeudi 12 avril 2012

Blog Slate Afrique (Afro-Maghreb) : Algérie : Ahmed Ben Bella est mort

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Mercredi 11 avril 2012

Le premier président de l’Algérie indépendante (1962-1965), Ahmed Ben Bella, est décédé mercredi 11 avril à Alger à l’âge de 96 ans. La nouvelle a été rapportée par l’Agence Presse Service (APS) qui cite l’entourage du défunt. Cela fait plusieurs semaines que des informations contradictoires et non confirmées courraient sur l’état de santé de celui qui fut l’une des figures majeures de la Guerre d’indépendance. Début mars,  Ahmed Ben Bella avait été admis à deux reprises à l’hôpital militaire d’Ain Naadja, dans la banlieue d’Alger, après un malaise. De nombreux médias avaient annoncé alors son décès avant de revenir sur ces informations.

«Allah Yarahmou», Que Dieu lui accorde Son Pardon (ou Sa Miséricorde). Telle a été la réaction de la majorité des internautes à l’annonce de cette nouvelle par les principaux sites d’information algériens. Les réseaux sociaux ont vite relayé la nouvelle et, fidèle à une tradition musulmane, rares ont été les commentaires de nature politique ou de mise en cause du rôle politique du défunt. Nombreux toutefois ont été ceux qui ont relevé le fait qu’Ahmed Ben Bella disparaît l’année du Cinquantième anniversaire de l’indépendance. L’homme avait d’ailleurs été désigné pour présider le Comité chargé d’organiser les festivités liées à cet anniversaire. Une mission qu’il ne pourra donc pas mener jusqu’au bout ce que ne manquerons pas de relever les médias algériens qui s’inquiètent du manque de ferveur autour de ce rendez-vous.

En Algérie, pour les uns, Ahmed Ben Bella restera le premier président de la République, celui dont le nom a permis de fédérer toutes les forces populaires qui souhaitaient l’indépendance. Il fut ainsi désigné comme étant l’ennemi à abattre par le pouvoir colonial français et c’est pour pouvoir l’arrêter et porter un coup fatal à l’action du Front de Libération Nationale, que la France commet, le 22 octobre 1956, le premier détournement d’avion de l’histoire de l’aviation civile en détournant de sa route un appareil qui devait conduire les chefs du FLN (parmi lesquels Ben Bella mais aussi Aït Ahmed et Boudiaf) du Maroc à Tunis.

Pour d’autres Algériens, il est celui qui est à l’origine de la grave scission au sein de la famille indépendantiste puisque c’est grâce à son appui politique qu’une faction réunie autour de l’Etat-major de l’armée des frontières (dirigée par Houari Boumediene) a pu prendre l’ascendant et écarter le Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA). De fait, Ben Bella n’a dirigé l’Algérie que de juillet 1962 jusqu’au 19 juin 1965 date à laquelle un coup d’Etat militaire mené par Houari Boumediene, son ministre de la défense, va l’écarter du pouvoir. Longtemps détenu au secret puis placé en résidence surveillé, il ne sera libéré qu’en 1980 par le président Chadli Bendjedid, successeur de Boumediene. Suivront alors neuf années d’exil, où Ahmed Ben Bella tentera de réunifier l’opposition algérienne à l’étranger en se rapprochant notamment de Hocine Aït Ahmed, un «historique» qu’il n’avait pas hésité à écarter en 1963.

Ahmed Ben Bella ne rentre en Algérie qu’en septembre 1989, son parti, le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA) ayant été autorisé depuis l’instauration du multipartisme. Sa formation n’a pourtant qu’une influence marginale même si la voix de l’ancien président reste très écoutée. Opposé à l’annulation des élections législatives de décembre 1991, il deviendra un interlocuteur régulièrement consulté par le président Abdelaziz Bouteflika élu en 1999.
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