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Blog au fil des jours, quand la chose et l'écriture sont possibles.
Lignes quotidiennes
vendredi 26 février 2016
jeudi 25 février 2016
La chronique du blédard : Ecrire, c’est s’exposer (du moins, à ses pairs)
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Le Quotidien d’Oran, jeudi 25 février 2016
Akram Belkaïd, Paris
S’exprimer dans la presse, qu’elle soit
imprimée ou électronique, mène aujourd’hui à d’inévitables déboires surtout
quand le sujet est tout sauf consensuel. Ainsi, ma chronique de la semaine
dernière à propos de la Syrie m’a valu nombre de messages insultants de la part
des inévitables « trollnards » qui hantent les limbes des réseaux sociaux et
qui semblent vouer une admiration bien virile pour Assad et Poutine. Qu’ils
soient basés à Alger, Seattle, Genève ou Paris, ces « idiots » tels que les a
défini Norbert Bolz, philosophe allemand et spécialiste des médias, infestent
les réseaux sociaux et rendent les débats impossibles (1). Ouvrons juste une
parenthèse pour préciser que le terme « idiots », comme l’expliquait Bolz, est
à prendre dans son sens originel, « idiotae », autrement dit des gens qui, dans
le meilleur des cas, ne jurent que par la « doxa », leur opinion ou par leur capacité
à élaborer de longs posts truffés de références et de renvois à d’innombrables
sites plus ou moins sérieux. Quel que soit le sujet, ils se contentent de cette
opinion, surtout si elle converge avec d’autres avis semblables, et estiment
donc qu’ils n’ont nul besoin du savoir étant persuadés que ce dernier est
relatif et que les experts ne le sont que de nom. Ainsi cet internaute qui n’a
eu de cesse de me reprocher avec virulence d’avoir critiqué le livre de Boualem
Sansal avant de concéder qu’il n’avait pas lu ce roman…
De nombreux confrères sont excédés par les
attaques incessantes dont ils font l’objet de la part d’inconnus qui agissent
souvent en se cachant avec courage derrière un pseudonyme. Des sites ont
d’ailleurs décidé de ne plus permettre que les articles soient commentés, leurs
modérateurs n’étant plus capables de juguler le flux d’insanités ou d’empêcher
que des échanges ne se terminent par des insultes et des menaces réciproques. C’est
tout le drame des pugilats électroniques… Il y a dix ans, on pensait que le web
2.0 allait permettre l’émergence d’une intelligence collective et presque
immédiate. Certes, cela s’est en partie réalisé avec l’émergence d’un site
comme wikipedia mais, trop souvent, cela se traduit par l’aggravation des
clivages et par le renforcement des dissensions. Dans le cas algérien, le credo
est le suivant : « qui n’écrit pas ce que je pense est forcément un vendu ». Un
vendu à BHL (toujours lui…), à la France, au Qatar, à Israël (ah, le Mossad…),
au Maroc ou à la Turquie (signe des temps, on ne parle plus des Etats Unis mais
cela reviendra très vite à la prochaine guerre déclenchée par l’Oncle Sam…). Face
à cette bêtise, il faut continuer d’écrire sans tenir compte de ces fâcheux.
Parfois, parce que l’on continue tout de même de croire que l’homme est
fondamentalement bon et honnête, on accepte l’échange mais l’on se rend compte
très vite que cela ne mène pas à grand-chose.
Ceci m’amène maintenant à aborder
une question qui a fait couler beaucoup d’encre en Algérie comme en France.
Après la polémique engendrée par son article à propos des agressions de femmes
à Cologne, Kamel Daoud vient d’annoncer qu’il se retire du débat public et
qu’il envisage d’abandonner le journalisme. Je n’entrerai pas dans la discussion
à propos du papier incriminé même si je tiens à préciser qu’il ne m’a guère
convaincu et qu’il a même généré un malaise certain. Il se trouve que des
universitaires et des chercheurs ont pris la plume (ou le clavier) et mis en
cause l’article de Daoud. C’est leur droit le plus absolu. Leurs arguments
peuvent être acceptés ou rejetés mais il ne s’agit en aucun cas d’une
« opinion » ou d’un « trollage ». Autrement dit, leur texte
est le bienvenu parce qu’il alimente le débat. Parce qu’il ne se nourrit pas des
anathèmes habituels que véhiculent les trolls et les expertes autoproclamés.
Les signataires de l’article incriminé
ont le droit de réagir au texte de Kamel Daoud et de le
« challenger ». A lui de répondre (ce qu’il a fait) ou pas. Mais
décider de se retirer du débat public, en partie à cause de cette réaction
écrite, ne me semble pas être la bonne chose. Il faudrait pouvoir continuer à
débattre quitte à voir son aura être écornée. On ne peut pas plaire à tout le
monde. On ne peut pas être applaudi par tous. Mieux, si l’on est célébré
« ici », il faut s’attendre à être déboulonné « là-bas ». C’est
la règle du jeu : qui écrit, s’expose. Ou, plus exactement : qui
écrit, doit accepter de s’exposer à ses pairs. Mais je peux comprendre la
réaction de mon confrère. Il dit qu’il abandonne le journalisme. Je l’inciterai
plutôt à faire le contraire. A pencher vers le « vrai » ou « un
autre » journalisme. Autrement dit à prendre le temps d’aller à la
rencontre des gens, d’enquêter et de restituer un rendu qui ira au-delà de ses
propres convictions.
A l’inverse, je trouve
stupéfiantes ces réactions diverses qui s’indignent de l’article des chercheurs
et qui dénoncent des tentatives de censure ou de passer une muselière à
l’écrivain. Cela en dit long sur l’incapacité de nombre d'Algériens (*) à
comprendre que critiquer un texte, ce n’est pas s’en prendre personnellement à
l’auteur. Ce n’est pas chercher à faire du mal à l’Algérie en critiquant l’un
de ses champions. J’ai même vu passer une pétition pour protester contre cette
mise au point. On frise le ridicule. Le monde des idées, ce n’est pas un stade
de football où règnerait le plus primaire des chauvinismes. Ridicule est aussi
une partie de la presse française qui s’empare de l’affaire pour faire croire
qu’il y a une tentative organisée de censure contre Kamel Daoud. Il est vrai
que l’occasion est belle pour elle de s’indigner en prenant l’habituelle
posture du phare mondial de la presse libre qui pointe un faisceau accusateur
vers ce pays, l’Algérie, où la censure ne cesserait de sévir…
(1) "Web 2.0, expertise et
opinion : Le nouveau royaume des idiots ?", Courrier international, 31
août 2006.
(*) Dans une version précédente de cette chronique, j'avais écrit "de nombreux". L'usage de "nombre d'Algériens" atténue ce qui pourrait passer pour une forme d'essentialisme.
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(*) Dans une version précédente de cette chronique, j'avais écrit "de nombreux". L'usage de "nombre d'Algériens" atténue ce qui pourrait passer pour une forme d'essentialisme.
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vendredi 19 février 2016
La chronique du blédard : Gambit syrien
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Le Quotidien d’Oran, jeudi 18
février 2016
Akram Belkaïd, Paris
A bien des égards, la situation en
Syrie peut paraître des plus compliquées en raison de l’intervention de
plusieurs forces extérieures à commencer par la Russie. Mais, une chose est
certaine. Bachar al-Assad, quoiqu’en disent ses défenseurs et ses thuriféraires,
est d’abord un criminel qui massacre son peuple. C’est le point de départ de
toute réflexion, de toute approche de la question syrienne. Si l’on n’est pas
d’accord sur ce point, il ne sert à rien de débattre ou de poursuivre la
discussion. Je lis et j’entends régulièrement que l’homme, son régime et même
son pays sont les victimes et qu’ils ont été agressés en premier. C’est faux.
Il faut rappeler, encore et encore, que les premières manifestations en mars
2011 étaient pacifiques (salmiya) et
que c’est le pouvoir d’Assad qui a œuvré à ce que la contestation soit
confisquée par des groupes violents composés d’individus dangereux qu’il a
lui-même relâché de ses propres prisons.
Assad, comme ce fut le cas pour son
père, ou comme d’autres dictateurs, du monde arabe ou d’ailleurs, n’a guère de
respect pour la vie humaine. Il applique même cette bonne vieille règle de la fin qui justifie les moyens ou celle,
bien connue par les militaires, qui stipule qu’il n’existe pas d’opération
neutre et qu’un pourcentage de victimes, y compris collatérales est inévitable.
Il y a quelques années, le diplomate algérien Lakhdar Brahimi avait mis en
garde Assad contre son jusqu’auboutisme et avait insisté sur le fait qu’il
risquait, in fine, d’être forcé de
quitter le pouvoir. « Alors, Damas brûlera » aurait répondu le
président syrien. Autrement dit, peu importe que des centaines de milliers de
Syriens soient morts et que près de 4 millions d’entre eux aient été jetés sur
les routes de l’exil. Ce que veut Bachar, c’est durer et l’intervention russe
lui permet cela. Pire, elle le pousse désormais à envisager l’impensable, c’est
à dire la reconquête de tout le pays.
Parlons maintenant de la Russie.
Evoquant l’intervention de l’aviation russe notamment dans le nord-ouest syrien,
un diplomate occidental m’a fait la réflexion suivante : « il est
étrange que les articles de presse sur l’action de la Russie en Syrie ne
fassent presque jamais le lien avec ce qui se passe en Ukraine et avec
l’augmentation massive de moyens humains et techniques que l’Otan vient de
décider pour ses installations en Europe ». Et d’ajouter, en parlant du
Secrétaire d’Etat américain John Kerry et du ministre des affaires étrangères
russe Sergueï Lavrov : « croyez-vous vraiment qu’ils ne parlent que
de la Syrie lorsqu’ils se rencontrent à Genève ? ». De fait, il est
impossible de comprendre l’implication russe dans le théâtre syrien si l’on
n’étend pas sa réflexion à l’Ukraine où le statu quo est de mise entre le
gouvernement et les factions de l’est proches de Moscou. Impossible aussi de ne
pas prendre en compte les sanctions européennes à l’encontre de la Russie. Des
sanctions qui ont été non seulement maintenues mais alourdies.
Alors, la Russie fait-elle la guerre
en Syrie parce qu’elle souhaite garder un allié au Proche-Orient et qu’elle
refuse d’envisager de perdre l’accès à la base maritime de Tartous ? C’est
certain. Mais on peut aussi se dire qu’elle intervient contre les opposants à
Assad parce qu’elle ne peut mener de guerre aussi ouverte en Ukraine. En clair,
parmi les éléments qui pourraient modifier la donne concernant la question
syrienne, c’est qu’un « effort » occidental, donc des concessions,
sur le dossier ukrainien pourrait modifier la donne et le rapport de forces en
Syrie. Bien sûr, il ne s’agit pas de tomber dans le piège du raccourci mais on
peut aussi estimer que c’est la confrontation Occident-Russie en Ukraine qui
est, d’une certaine manière, responsable de la prolongation des malheurs du
peuple syrien (sans l’intervention de Moscou, le régime d’Assad serait tombé
depuis bien longtemps). Pour reprendre un terme d’échec, la stratégie de
Poutine est donc de proposer un « gambit », soit le sacrifice d’une
pièce à ses rivaux de l’ouest. Offensive à tout va en Syrie, usage d’une force
disproportionnée, escalade possible avec la Turquie : tout cela force les
membres de l’Otan, Etats Unis en tête à réfléchir à ce qu’il pourraient
abandonner. Selon le diplomate évoqué précédemment, Vladimir Poutine entend
d’abord réinstaurer l’équilibre antérieur à ses frontières avec une Ukraine qui
reviendrait dans son giron et une Crimée dont l’annexion serait reconnue par la
communauté internationale. Et tant qu’il n’obtiendra pas cela, il continuera à
durcir l’épreuve de force en Syrie.
La notion de gambit s’applique aussi
aux Etats Unis qui, obnubilés par la volonté d’arriver à une normalisation avec
l’Iran, y regardent à deux fois quant à toute initiative contre Assad, l’allié
de Téhéran. Cela explique en partie les atermoiements de l’administration Obama
à chaque fois qu’une opération d’envergure est envisagée contre le régime du
président syrien. S’il y a une unanimité, même de façade, pour réduire
l’Organisation de l’Etat islamique (OEI), la donne change dès qu’il s’agit de
Damas. Cela ne signifie pas qu’Assad peut espérer durer encore des années.
Mais, pour quelqu’un dont on disait qu’il tomberait très vite, le fait d’avoir
gagné cinq années de survie est déjà un grand miracle. Et il sait que le peuple
qu’il est en train de détruire, ce peuple qui est finalement l’objet du grand
gambit car sacrifié pour la survie du régime, continuera de faire les frais de
calculs diplomatiques qui n’ont rien à voir avec la Syrie.
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La chronique du blédard : Du pouvoir et de la diaspora algérienne
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Le
Quotidien d’Oran, jeudi 11 février 2016
Akram
Belkaïd, Paris
Les
Algériens binationaux ne pourront donc plus occuper de postes clés puisque
c’est ce que stipule désormais la Constitution dont la réforme vient d’être
votée par nos illustres représentants du peuple… Certes, de nombreux pays dans
le monde ont une législation restrictive quand il s’agit de certaines hautes responsabilités
précises (c’est le cas des Etats Unis où il faut être né sur le sol américain
pour prétendre à la présidence). Mais dans le cas algérien, l’intention est
plus large et la mesure est un message de défiance sur lequel il convient de
s’attarder.
De
fait, qu’est-ce qui unit un Algérien résidant à Paris à une Algérienne vivant à
Los Angeles, Montréal, ou Brunswick (ME) ?
Qu’est-ce qui unit une Algérienne installé à Marseille à une Algérienne de Tunis, Taipeh ou Tokyo ? Qu’est-ce qui
unit un Algérien vivant à Tokyo à un Algérien installé à New York, Dubaï ou
Istanbul ? Dans la majorité des cas, et à de rares exceptions, il y a un
sentiment diffus d’inaccompli, la sensation d’un échec plus ou moins assumé,
celui de n’avoir pu se réaliser dans son propre pays. Il y a la volonté,
récurrente, de « faire quelque chose ‘là-bas’ »,
« d’aider el-bled », de rembourser une dette que chacun apprécie et
assume à sa façon. Il y a donc une virtualité. Une potentialité.
Quand
on évoque la triste situation de l’Algérie, les facteurs d’optimisme sont
rares. Dans un contexte de fuite en avant où la pire des possibilités est toujours
celle qui se réalise au grand dam de celles et ceux qui espéraient, espèrent
toujours, que ce pays prenne enfin son envol, c’est la jeunesse, sa créativité,
sa capacité à réaliser des choses malgré un environnement hostile qui empêchent
l’accablement de triompher. D’un point de vue socio-économique, n’importe quel
observateur relèvera aussi que l’un des atouts principaux de l’Algérie est aussi
sa diaspora. Bien sûr, il est aisé de s’engager dans des polémiques inutiles en
divisant les Algériens. On est en droit, à Alger, Oran ou Constantine, de
reprocher leur départ à ceux qui sont partis ou de leur signifier que leur avis
ne compte pas dans la mesure où ils ne partagent pas le quotidien éprouvant, du
moins pour certains, de ceux qui sont restés. Mais tout cela est secondaire. En
tous les cas, cela devrait le rester.
Car,
la réalité, c’est que la majorité des pays qui ont réalisé un développement économique
spectaculaire durant la deuxième moitié du vingtième siècle l’ont fait avec
l’aide de leur diaspora. C’est le cas, par exemple, de la Chine. On connaît la
fameuse phrase de Deng Xiaoping pour justifier le grand écart entre orthodoxie
communiste et réformes libérales : « qu’importe
la couleur du chat pourvu qu’il attrape la souris ». Ce que l’on
connait moins c’est que le pragmatisme du PC chinois l’a aussi obligé à être
accommodant à l’égard des compétences issues de la diaspora et cela reste
encore le cas aujourd’hui. Sinon, comment expliquer que des sino-américains ou
même des sino-vietnamiens ou encore des sino-singapouriens se retrouvent parmi
les dirigeants économiques les plus en vues en Chine ?
Prenons
un autre exemple, moins connu que celui de la Chine. A la fin des années 1950,
la Corée du sud était un pays qui désespérait ses soutiens occidentaux.
Economie en panne, corruption, fuite de capitaux, chômage, autrement dit une
situation qui n’a rien à voir avec ce qui existe aujourd’hui. Or, l’un des
facteurs de redressement de ce pays a été qu’il a réussi à convaincre sa
diaspora de rentrer au pays. Comment ? En lui garantissant un minimum de
conditions décentes de vie avec, entre autre, la réforme du système éducatif,
une politique ambitieuse de logement et la modernisation du système de santé.
Dans ce « deal », le pouvoir sud-coréen reconnaissait deux choses
majeures : d’abord, la gravité de la situation du pays et l’exigence d’un
changement. Ensuite, le fait que le pays avait besoin de « sa »
diaspora.
Si
l’on en revient à l’Algérie, le pouvoir ne reconnaît ni la gravité de la
situation et donc l’exigence de réformes urgentes ni le fait que la diaspora
est un élément de la solution. Je ne vais pas m’attarder sur la première partie
de ce qui précède. On sait ce qu’est le pouvoir algérien, inutile d’insister
là-dessus. Par contre, concernant la diaspora, il est important de dire
certaines choses. Tout comme il refuse de faire confiance aux Algériens qui
vivent en Algérie, le pouvoir n’a que peu de considérations pour la diaspora.
Certes, elle a droit de temps en temps à quelques discours laudateurs mais ils
sonnent aussi creux que les promesses d’une plus grande démocratisation ou de
la mise en place d’une politique pour sortir du tout pétrole.
Jadis,
entre les années vingt et la fin de la guerre d’Indépendance, c’est au sein de
l’émigration algérienne que le mouvement nationaliste s’est renforcé. Peut-être
est-ce cela qui alimente la méfiance à l’égard des exilés d’aujourd’hui. Il est
vrai qu’un Algérien qui travaille à la Nasa ou dans la Silicon Valley ou qui
est encore l’un des pontes de la recherche médicale en France n’apportera pas
que sa seule expertise. Il aura aussi sa
manière de voir les choses et des exigences pour que le minimum de vie décente
– et il ne s’agit pas que de considérations matérielles – lui soit garanti.
Finalement,
les seuls binationaux qui intéressent le pouvoir algérien sont les
footballeurs. Appelés en masse d’Europe pour les besoins d’un « wanetoutrisme »
mortifère, ces joueurs sont célébrés en tant qu’exemples de dévouement pour le
pays alors, qu’en réalité, ils ne servent qu’à donner des jeux et flatter le
nationalisme du peuple (cela sans compter quelques magouilles avec les agents
et autres intermédiaires). Quant aux autres « binat », quels que soient
leur niveau de compétence, leur capacité d’entreprendre et d’investir, il vient
de leur être signifié qu’ils ne sont plus que des Algériens de seconde
catégorie.
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vendredi 12 février 2016
Le marché pétrolier sous la menace du retour de l’Iran
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Akram Belkaïd,
vendredi 12 février 2016
La levée des sanctions internationales permet à l’Iran de faire un retour en force sur le marché pétrolier. Mais cet afflux supplémentaire d’or noir risque de contribuer à la chute des prix, tandis que la volonté de Téhéran de remplacer le paiement en dollars par le paiement en euros pourrait créer des tensions avec les Etats-Unis.
La suite de l'article est à lire sur le site d'OrientXXI
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Akram Belkaïd,
vendredi 12 février 2016
La levée des sanctions internationales permet à l’Iran de faire un retour en force sur le marché pétrolier. Mais cet afflux supplémentaire d’or noir risque de contribuer à la chute des prix, tandis que la volonté de Téhéran de remplacer le paiement en dollars par le paiement en euros pourrait créer des tensions avec les Etats-Unis.
La suite de l'article est à lire sur le site d'OrientXXI
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vendredi 5 février 2016
La chronique du blédard : Cœurs de grenades
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Le Quotidien d’Oran,
jeudi 4 février 2016
Akram Belkaïd, Paris
Tiens, viens voir, toi
qui aimes les séries. Il y en a une qui passe en ce moment sur Nessma et qui
fait déjà un carton. Oui, Nessma, la télé tunisienne qui est aussi très
regardée en Algérie, la preuve, elle passe même des pubs en dialecte algérien.
Non, je corrige, en dialecte néo-algérois limite vulgos, si tu vois ce que je
veux dire. Attends ! Je suis sûr que ça va t’intéresser. C’est un
feuilleton turc. Tu vois, je savais que tu allais réagir. Bah oui, les séries
turques ont tué le feuilleton égyptien et je me demande souvent si c’est une
bonne chose ou non.
Bref, ça s’appelle
« qloub erromen » autrement dit les « cœurs de grenades ».
Joli, hein ? Bon, il y a des sites tunisiens qui traduisent ça par les
« cœurs de grenadine ». Je te dis ça, je dis rien… En turc, ça
s’appelle « Yaoum Kitabet Qadari » ou « Loabet al Kadar ».
Ne me demande pas ce que ça veut dire, je n’en sais rien. En turc, je ne sais
dire que « teşekkür ederim », merci beaucoup, et « Onlar Bizi
Dinlerler ». Ça veut dire « ils nous écoutent ». Qui ? Le
DRS, la NSA, va savoir... C’est une chanson du groupe Yüksek Sadakat autrement
dit « haute fidélité », de la pop turque qui déménage. Si, si, ça
existe et c’est cogne grave !
Donc, le feuilleton turc…
Le plus important, c’est qu’il est doublé en arabe tunisien. C’est une grande
première. Ils ont pris des acteurs et des actrices tunisiens pour ça. Je
t’avoue que c’est un peu bizarre. J’ai pris l’habitude du doublage syrien. Tu
me diras qu’il est tout aussi bizarre de doubler un feuilleton turc en syrien
qu’en tunisien. Mais bon… Peut-être qu’il n’y a plus d’acteurs syriens pour le
faire. J’ai pourtant lu que les maisons de production syriennes se sont
installées à Dubaï. J’aime bien regarder les feuilletons turcs doublés en
syrien. L’habitude. L’exotisme. L’accent lointain. Là, les gens parlent en
tunisien mais ce que tu vois et entends n’a rien à voir avec la Tunisie ou même
le Maghreb. Enfin, je nuance, les Turcs, ils ont plus des têtes à être doublés
en algérien. Le débit est le même tout comme les intonations et ils sont tout
autant renfrognés…
Enfin, le doublage c’est
jamais simple. Une fois, j’ai vu Rocky
en espagnol… Quelle rigolade. Ou alors, Le
Bon, la Brute et le Truand en version ourdoue… Bon, peut être que les
Ricains, ça les fait aussi rigoler d’entendre leurs films en français. Tu te
souviens de cette prof au collège qui ne savait pas ce qu’était un doublage.
Mais si ! Elle nous avait juré que J.R de Dallas était un Américain qui parlait le français… Prof au collège,
mon pote… Et c’était avant l’arabisation ! T’imagines les dégâts que cette
ânesse a fait pendant des années ?
Oui, oui, d’accord. Donc,
le feuilleton… C’est l’histoire d’une grande famille. Des riches. Superbe
maison, belles voitures. Le père, façon chef de clan, qui ne sourit jamais. Le fils, un quadra bogosse,
taciturne, avec une belle épouse qui a tout pour être heureuse sauf qu’elle n’a
pas d’enfants. Et tout le monde lui met la pression à commencer par sa
belle-mère qui, tu t’en doutes, est la manœuvre. Pas d’enfant, c’est le qu’en
dira-t-on qui fonctionne à plein régime, c’est des histoires d’héritage, bref,
c’est la tchaqlala. La solution finit
par être trouvée. Le couple trouve une mère porteuse. Oui, monsieur ! Un
feuilleton turc qui parle de mère porteuse et qui est diffusé en Tunisie, ça
existe et ça ne pose pas de problème à la censure. Va vite le dire à ceux qui
ne parlent que des fatwas d’Al-Azhar, tu sais comme celle de cet imam qui veut
que les employés mâles tètent leurs collègues femmes pour avoir le droit de
rester avec elles dans le même bureau…
Comme tu t’en doutes, la
mère porteuse est pauvre. Belle mais pauvre… Ça ouvre des possibilités… On sent
bien que le père commence à se rapprocher d’elle sans même s’en rendre compte.
Au début, c’est juste parce qu’il est attentionné vis-à-vis de celle qui porte
son enfant mais ensuite tu devines qu’il va peut-être y avoir moyen pour lui de
moyenner… Et c’est là que l’affaire se corse… L’épouse apprend qu’elle est
totalement stérile. Donc, le bébé qui est dans le ventre de la mère porteuse
n’est pas le sien. Suspense total ! Drame ! Pleurs, sanglots, crise de
nerfs ! – la doubleuse en rajoute d’ailleurs pas mal ce qui crée un drôle
de décalage… Il y a d’autres trucs comiques qui n’ont rien à voir avec
l’intrigue mais toujours avec le doublage… L’épouse, le mari, la belle-mère,
parlent tous des « zoviles », parce que l’un des mystères est de
savoir à qui appartient l’ovule qui a été fécondé pour que la pauvrette puisse
porter « el-bibi »…
Il y a des moments où je
décroche. Je regarde juste les décors. C’est tourné du côté d’Antalya. C’est
vert, c’est propre, c’est magnifique. La mer, la forêt et la montagne. J’ai
passé deux étés là-bas. Crois-moi, c’est plus beau que la côte de
Ziama-Mansouriah et même celle de Ténès. Hein ? D’accord, je retire. C’est
plus beau que Ziama-Mansouriah tout court, ça te va ? Tiens, ça me
rappelle cette histoire. Un jour, je raconte mon séjour à Antalya à un couple
d’amis. Lui est d’Aokas, elle d’Ajaccio. Un Kabyle et une Corse, tu imagines le
duo. Moi, sans vraiment me douter de ce qui allait arriver, j’ai juste dit
qu’Antalya, c’est l’un des plus beaux coins de la Méditerranée. Là, l’ami dit
un truc du genre : plus beau que la Corse, peut-être mais ça n’a rien à
voir avec la côte algérienne. Et là, sans hésiter, elle lui met une claque
magistrale. Il a fallu que je les sépare. Tiens… Ça ferait un beau feuilleton
cette histoire. On le doublerait en corse et en kabyle !
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