Un
bus qui passe trop vite devant des personnes venues l’attendre depuis des heures sous un soleil
de plomb. Des joueurs qui n’apparaissent pas au
balcon d’un grand hôtel alors que
des centaines de personnes les attendent à l’extérieur (« couac du Crillon »
nous dit la presse). Des joueurs qui en font un peu trop en terme « d’ambiancement », de gesticulations et
de déclarations enflammées. Une com' présidentielle omniprésente, des sponsors qui inondent les médias de spots et de pubs avec la bibine des héros de Moscou : attention danger…
Partez vite en vacances les champions et, de grâce, pas trop de couverture people. En
un mot, évitez les erreurs de 1998-2002…
A
ce sujet, voici, mis à jour, un billet de 2013 à propos des relations entre le
public et l’équipe de France au gré
des performances sportives.
« Contrairement à
une idée reçue, ce n’est pas de 2010 que date le divorce entre l’Equipe de
France de football et son public. Au contraire, la date charnière est celle du
mondial raté de 2002. A l’époque, nombreux étaient celles et ceux qui croyaient
à un deuxième titre mondial consécutif. Au lieu de cela, ce fut une élimination
peu glorieuse au 1er tour et une pluie de critiques et de
révélations à propos du comportement des joueurs ou des dépenses de
l’encadrement.
Cette cassure n’a pas
été réparée depuis. Il est d’ailleurs étonnant de voir que certains joueurs qui
étaient sur le terrain en 2002, et qui sont devenus depuis des consultants TV,
se permettent de donner des leçons de moralité et de bon comportement à leurs
successeurs. Si le football français est malade aujourd’hui, c’est qu’il n’a
jamais su digérer les succès de 1998-2000 et qu’il n’a pas tiré les leçons de
2002.
On peut rétorquer qu’il
y a eu la finale de 2006 mais il faut se souvenir que le début de la
compétition était marqué par une réserve prudente du public à l’égard des bleus
et que ce n’est qu’à partir du deuxième tour (et notamment le match contre
l’Espagne) que les choses ont changé. Jusqu'au fameux coup de boule de Zidane
et la défaite en finale contre l'Italie...
Finalement ce n’est
qu’en 2000 que l’Equipe de France de football a bénéficié d’un fort soutien et
d’une bonne image, avant, pendant et après la compétition »
L’Equipe
de France de football et son public.
Tableau
mis à jour, juillet 2018
Année
|
Compétition
|
Avant
|
Pendant
|
Après
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1998
|
Coupe du
monde
|
Critiques et
inquiétudes. Campagne féroce du quotidien
L’Équipe contre
l’entraîneur Jaquet
|
Enthousiasme
croissant, surtout après le 1er tour.
|
Victoire en
finale. Euphorie nationale allant bien au-delà du football. La France
« black-blanc-beur » est célébrée
|
2000
|
Euro
|
Adhésion et confiance totales. Jamais l’équipe de
France n’a disposé d’un tel soutien et d’une telle confiance
|
Soutien et enthousiasme.
|
Victoire en finale. Joie nationale. La France s’habitue au succès et
savoure le fait d’avoir battu
l’Italie.
|
2002
|
Coupe du monde
|
Adhésion,
confiance (en excès), suffisance et arrogance des commentateurs et des
joueurs.
L’équipementier de
l’équipe de France imprime la deuxième étoile sur le
maillot des bleus avant même le début de la compétition...
|
Désenchantement
croissant. Incompréhension et surprise
|
Elimination
au premier tour. Colère, critiques virulentes. Début d'un désamour durable.
|
2004
|
Euro
|
Sentiments
mitigés. Relative indifférence
|
Espoirs
malgré la piètre qualité du jeu.
|
Elimination
en quart de finale. Critiques ; Compétition vite oubliée.
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2006
|
Coupe du
monde
|
Doutes,
prudence surtout après une qualification laborieuse
|
Enthousiasme
croissant. La France retrouve « son » équipe à partir des huitièmes
de finale.
|
Défaite en
finale. Déception, critiques mesurées à l’encontre de Zidane et de ses
coéquipiers. Le « coup de boule » en finale alimente les débats
mais le prestige de
l’équipe est plus ou moins restauré. L’idée est que la France doit gagner la prochaine
compétition pour en finir avec le poids de 2002.
|
2008
|
Euro
|
Doutes,
prudence ; Le souvenir de 2006 incite à l’optimisme
|
Déception
forte après les fessées au premier tour contre les Pays-Bas (1-4) et l’Italie (0-2). Le sélectionneur demande la main de sa
compagne à l’antenne et reste en place.
|
Elimination
au premier tour. Critiques, colère. Année où les médias se déchaînent de
manière plus forte que lors de la préparation de 1998.
|
2010
|
Coupe du
monde
|
Doutes,
prudence
|
Déception et
colère. Elimination et affaire Knysna… Grève des joueurs, exclusion de
l’un d’eux. La France se couvre de ridicule.
|
Elimination
au premier tour. Critiques, colère. "Affaire nationale". Une
affaire d’Etat (ou presque). La France
« black, blanc, beur » ou ce qu’il en reste est mise en accusation.
On cherche
encore la « taupe » du vestiaire et on sait aujourd’hui que le joueur Anelka n’a jamais insulté son entraîneur. Reste le souvenir
de la grève…
|
2012
|
Euro
|
Doutes,
prudence, critiques
|
Déception
croissante. L’équipe est sous observation.
|
Elimination
en quart. Critiques, indifférence, désamour.
|
2014
|
Coupe du
monde
|
Critiques nombreuses
malgré le profil bas de l'équipe
|
Espoir
tempéré
|
Réaction plutôt
positive. Les Français se réconcilient peu à peu avec leur équipe.
|
2016
|
Euro
|
Prudence.
Engouement modeste
|
Défaite en
finale
|
Déception
mais l’équipe est saluée. La défaite en finale ne crée pas de drame dans un
pays, par ailleurs, profondément traumatisé par la violence terroriste.
|
2018
|
Coupe du
monde
|
Prudence et
critiques avant la compétition. Engouement progressif.
|
Prudence
avant le début de la compétition. Les anciens joueurs de 98 devenus
consultants s’en donnent à cœur joie pour
critiquer l’équipe de leur ancien coéquipier. La suite leur donne tort.
La
qualification pour la finale sonne le moment de l’euphorie générale.
|
Victoire en
finale. Euphorie
quasi-générale. Une jeune génération tient « sa » victoire. Le
poids encombrant de 1998 s’allège. On évoque déjà la troisième étoile…
|
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