Un but et tout change… Prenez une équipe quasi-moribonde sur
le terrain. Par exemple, la Croatie durant les trente premières minutes en
début de son match contre l’Angleterre puis durant les vingt-cinq minutes de la
seconde mi-temps. Des joueurs peu inspirés, fatigués, sans prise de risque ni
imagination. Un Modrić visiblement épuisé, tout autant qu’un Rakitić très
décevant, un Subašić lourdaud, un Mandžukić trop esseulé ou un Perišić aux
abonnés absents. Les Anglais ayant marqué très tôt (sur coup de pied arrêté, cf.
la chronique d’hier), on se dit que l’affaire est pliée. Que le match appartient
à cette catégorie de rencontres où le score n’évolue pas et où la partie va jusqu’au
bout de l’ennui.
Et puis vient l’égalisation croate. Soudaine, inattendue car
rien, mais absolument rien ne l’annonçait, pas même ces petits frémissements
qui font dire à l’œil averti « qu’un but tourne », tel un esprit
invisible. Et là, c’est la métamorphose. La Croatie semble renaître. Ses
joueurs retrouvent leur football. Passes vers l’avant, déviations,
redoublement. Modrić est soudain en forme. Rakitić est toujours laborieux mais
ça va bien mieux. Comment expliquer ce regain de forme qui intervient en plein
match, sans recours à des effluves d’ammoniaque ou à d’autres produits
euphorisants ?
L’explication est simple et compliquée à la fois. C’est la
tête ou plutôt ce qui s’y passe. Un but est capable de transcender une équipe.
C’est le caractère irrationnel du football, ce qu’aucune loi ou théorie n’expliquent.
L’esprit se libère. Il commande au corps d’accomplir ce qu’il lui enjoignait
avant de ne même pas essayer. Les mystères de la volonté et du mental.
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