Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

mardi 3 juillet 2018

Au fil du mondial (19) : L’ennui, l’éclair et la fin d’une malediction

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Le football, c’est (trop) souvent l’ennui. La leguia pour reprendre un terme algérien. On s’ennuie pendant quatre-vingt-cinq minutes. On baille. Le ballon va, vient, s’élève, revient, sort. Les passes sont ratées, aucun tir ou presque n’est cadré. Le jeu est haché, les coups, mauvais ou francs, se multiplient. Les gardiens de but s’ennuient. Les filets passent une soirée tranquille et « les défenses sont bien en place », pour reprendre l’expression des joueurs de Ligue 1 française qui tentent de trouver quelque raison à leur jeu pauvre. Tant pis pour le spectateur à qui il ne reste plus qu’à faire la ola pour passer le temps. Au passage, relevons que cette dernière devrait être au football ce que sont les merguez au couscous : une hérésie. Mais, grande faim ou jeu mièvre, c’est selon, il est tout de même des circonstances atténuantes que l’on saura prendre en compte.

Ce qui précède a été illustré aujourd’hui par la rencontre entre la Colombie et l’Angleterre. Quel ennui… Mais quel ennui… Et puis… Et puis, alors que la fin de partie approche, il y a l’action à part. Soudain, l’éclair, le coup de génie. Un tir de loin (génial Uribe). Cadré. Le second depuis le début du match. La Colombie obtient un corner. Pour elle, le premier de la partie. Tir direct. Pas de combinaison « à la rémoise » qui permet de limiter les risques en cas de perte de balle. Tir donc, et but de la tête. Contre des Anglais, il faut arriver à le faire... L’égalisation. L’exploit venu de nulle part. « Trente minutes de calvaire supplémentaire » me dit une mauvaise langue dont le jetlag a été aggravé par le spectacle insipide.

Pendant les prolongations, on a compris qu’on allait avoir l’occasion de compléter la chronique consacrée aux penalties, pardon aux tirs aux buts. Cette dernière était trop longue, le présent chroniqueur avait sommeil, et il n’a donc pas abordé un aspect irrationnel du football. En effet, concernant les tirs aux buts, il existait une malédiction anglaise puisque cette équipe avait perdu la presque totalité des séances auxquelles elle a été confrontée depuis la fin des années 1980. Signe indien ? Peut-être. Selon des chercheurs qui se sont penchés sur la question, l’explication relevait surtout de la psychologie. Ainsi, chaque échec alimentait le suivant et confortait les joueurs anglais qu’ils étaient les plus mauvais dans cet exercice.

Des psychologues ont donc été appelés à la rescousse. Des consultants en motivation ont été mobilisés, des entrainements spécifiques ont été imaginés avec des sonos restituant l’ambiance de stades hostiles. Objectif, gommer la certitude que l’équipe nationale perdra toujours aux penalties. Avec l’élimination d’une bien décevante Colombie, la mission a donc été réussie. L’Angleterre a vaincu le signe indien. Parions qu’on parlera certainement longtemps du programme psychologique qui leur a permis d’en finir avec la malédiction des tirs aux buts.
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