Le football, c’est (trop) souvent l’ennui. La leguia pour reprendre un terme algérien.
On s’ennuie pendant quatre-vingt-cinq minutes. On baille. Le ballon va, vient,
s’élève, revient, sort. Les passes sont ratées, aucun tir ou presque n’est
cadré. Le jeu est haché, les coups, mauvais ou francs, se multiplient. Les
gardiens de but s’ennuient. Les filets passent une soirée tranquille et « les
défenses sont bien en place », pour reprendre l’expression des joueurs de Ligue
1 française qui tentent de trouver quelque raison à leur jeu pauvre. Tant pis
pour le spectateur à qui il ne reste plus qu’à faire la ola pour passer le
temps. Au passage, relevons que cette dernière devrait être au football ce que
sont les merguez au couscous : une hérésie. Mais, grande faim ou jeu mièvre,
c’est selon, il est tout de même des circonstances atténuantes que l’on saura
prendre en compte.
Ce qui précède a été illustré aujourd’hui par la rencontre
entre la Colombie et l’Angleterre. Quel ennui… Mais quel ennui… Et puis… Et
puis, alors que la fin de partie approche, il y a l’action à part. Soudain, l’éclair,
le coup de génie. Un tir de loin (génial Uribe). Cadré. Le second depuis le
début du match. La Colombie obtient un corner. Pour elle, le premier de la
partie. Tir direct. Pas de combinaison « à la rémoise » qui permet de
limiter les risques en cas de perte de balle. Tir donc, et but de la tête.
Contre des Anglais, il faut arriver à le faire... L’égalisation. L’exploit venu
de nulle part. « Trente minutes de
calvaire supplémentaire » me dit une mauvaise langue dont le jetlag a été aggravé par le spectacle
insipide.
Pendant les prolongations, on a compris qu’on allait avoir l’occasion
de compléter la chronique consacrée aux penalties, pardon aux tirs aux buts. Cette
dernière était trop longue, le présent chroniqueur avait sommeil, et il n’a donc
pas abordé un aspect irrationnel du football. En effet, concernant les tirs aux
buts, il existait une malédiction anglaise puisque cette équipe avait perdu la
presque totalité des séances auxquelles elle a été confrontée depuis la fin des
années 1980. Signe indien ? Peut-être. Selon des chercheurs qui se sont
penchés sur la question, l’explication relevait surtout de la psychologie.
Ainsi, chaque échec alimentait le suivant et confortait les joueurs anglais qu’ils
étaient les plus mauvais dans cet exercice.
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