La Tribune, 2 novembre 2007
Loin de rompre ou de plier, l'économie des États-Unis continue d'afficher une santé d'airain pour le moins surprenante quand on connaît la gravité de la crise immobilière qui sévit dans ce pays depuis plusieurs mois. En effet, aux 3,9 % de croissance du PIB enregistrés au troisième trimestre, on peut opposer la plongée, pour le septième trimestre consécutif, des mises en construction de logements résidentiels (- 20,1 %). Une chute qui a amputé la croissance du PIB américain d'un point et qui demeure au centre d'analyses divergentes.
Pour de nombreux experts, le marasme immobilier doit nécessairement déboucher, comme ce fut systématiquement le cas au XXe siècle, sur une récession. Le raisonnement qui fonde cette prévision est connu : inquiets face à la dépréciation de leur bien immobilier (le prix d'une maison a baissé de 5 % en moyenne depuis septembre 2006), les ménages américains (67 % d'entre eux sont propriétaires) sont moins enclins à consommer et limitent leurs dépenses. Sachant que la consommation contribue aux deux tiers à l'économie, cette attitude, assurent les spécialistes, ne peut qu'entraîner une récession.
« La crise immobilière est partie pour durer mais, pour l'instant, le consommateur américain n'est pas effrayé », relève Peter Kretzmer, chef économiste chez Bank of America, qui avoue sa surprise face à la très bonne tenue de la consommation au troisième trimestre (+ 3 %, soit une contribution de 2,1 % à la croissance du PIB). « On a beau dire que les dépenses vont baisser au fur et à mesure que les prix de l'immobilier chutent, cela ne se vérifie pas encore, du moins pour l'instant. »
D'autres économistes sont moins inquiets. Pour eux, il n'y a pas de contradiction entre le fait que l'immobilier s'effondre et que le consommateur américain continue de dépenser. Qu'il soit optimiste ou non, ce dernier est largement encouragé à sortir sa carte de crédit par des commerçants qui ont en tête la nécessité de contrer les effets négatifs de la crise immobilière. Budgets publicitaires en hausse, campagnes de promotion - l'Amérique est entrée dans la période des achats de fin d'année -, tous les moyens sont bons pour que les tiroirs-caisses fonctionnent…
Mais le caractère dispendieux du consommateur n'explique pas à lui seul la hausse du PIB américain. Il y a aussi des causes rarement citées, mais qui ont leur importance, à l'image de la hausse des dépenses fédérales de défense (+ 9,7 % contre 8,5 % au trimestre précédent) qui ont contribué à hauteur de 0,7 % aux 3,9 % de croissance trimestrielle. Et il y a surtout les effets désormais tangibles de la baisse du dollar. Comme le montre la contraction du déficit commercial (546,2 milliards de dollars, soit son niveau le plus bas depuis fin 2003), les exportations nettes sont en hausse (+ 16,2 %) et ont contribué à hauteur de 0,9 % au taux de croissance.
Cette compétitivité retrouvée du « made in America » est d'ailleurs en partie à l'origine de la hausse de l'investissement consenti par les entreprises (+ 7,9 %). Longtemps réfutée des deux côtés de l'Atlantique, l'idée que la baisse du billet vert puisse insuffler de l'oxygène à l'économie américaine se concrétise donc.
Akram Belkaïd
1 commentaire:
People should read this.
Enregistrer un commentaire