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vendredi 25 janvier 2013

La chronique économique : L’économie chinoise en phase de normalisation

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 23 janvier 2013
par Akram Belkaid, Paris
 
L’information n’a étonné personne mais elle mérite d’être analysée. En 2012, la croissance de la Chine a atteint 7,8%, soit son plus bas niveau depuis 1999. Bien sûr, un tel niveau de progression du Produit intérieur brut (PIB) chinois ferait la joie de n’importe quel autre pays. Mais, dans le cas présent, il s’agit de l’économie chinoise, laquelle a habitué la planète à des taux de croissance plus impressionnants (9,3% en 2011 et 10,4% en 2010). Plus important encore, tous les experts s’accordent à dire qu’il ne s’agit pas d’un accident mais bien de l’entrée de la Chine dans un cycle d’expansion plus modeste. Pour 2013, le rythme de création de richesses devrait ainsi repasser la barre des 8% mais le temps des taux de croissance à deux chiffres semble révolu.


LA CONSOMMATION, FUTUR MOTEUR ECONOMIQUE


On le sait, le soutien à la croissance du PIB est l’une des priorités des autorités chinoises. En effet, le maintien d’un haut niveau d’activité est la garantie d’un renforcement des classes moyennes chinoises et d’une diminution du niveau de pauvreté. Durant plusieurs décennies, la potion reposant sur les exportations et l’investissement public a très bien fonctionné. Aujourd’hui, le moteur chinois du commerce extérieur a des ratés ne serait-ce que parce que l’économie mondiale a ralenti. En 2012, les échanges avec l’extérieur n’ont progressé en volume que de 6,2% contre 22% en 2011. En clair, le «made in China» ne suffit plus à doper la croissance du PIB et l’urgence d’un nouveau modèle économique est évoquée depuis plusieurs années.

Pour de nombreux économistes, il est donc temps que Pékin bascule son économie sur la consommation intérieure. Dans un pays où la population dépasse depuis longtemps le milliard d’individus, une telle orientation a du sens. Reste que la consommation ne se décrète pas. Elle doit reposer sur plusieurs piliers qui nécessitent de profondes réformes économiques et politiques. Cela dans un contexte marqué par une transition politique compliquée où personne ne sait vraiment quelles sont les intentions réelles du président Xi Jinping et de son Premier ministre Li Keqiang (les deux hommes ne prendront officiellement les rênes du pays qu’au mois de mars prochain).

Parmi les réformes évoquées pour soutenir l’économie, figure l’amélioration des conditions sociales des travailleurs chinois. En effet, un développement du marché intérieur passe nécessairement par une révision de la protection sociale et par un relèvement du salaire minimum. Cela signifie aussi que les salariés doivent pouvoir disposer d’un pouvoir de négociation avec leurs employeurs, ce qui implique une plus grande autonomie pour des syndicats, jusqu’à présent, tenus en laisse par le Parti communiste. A cela s’ajoute aussi une réforme profonde du système financier afin que le développement du crédit à la consommation soit mieux encadré. Enfin, la consommation va de pair avec la stabilisation des mouvements de travailleurs migrants. Or, ces derniers continuent de passer d’une province à l’autre, avec des droits limités et l’interdiction de s’établir définitivement dans la région où ils travaillent.

BAISSE DES TAUX ET RELANCE ECONOMIQUE

La Chine n’a donc pas encore pris toute la mesure des nouveaux défis qui l’attendent. En attendant le développement du marché intérieur, les autorités continuent donc d’appliquer des recettes classiques pour soutenir l’activité. A l’été 2012, la Banque centrale chinoise (Banque populaire de Chine) a décidé à deux reprises de baisser ses taux directeurs. Dans le même temps, les autorités ont mis en place un programme de relance par l’investissement public de plusieurs dizaines de milliards de dollars avec notamment de nouveaux chantiers d’infrastructures. La potion a été efficace au vu de la bonne tenue de l’économie au quatrième trimestre ( 7,9% de croissance). Mais, cela ne saurait suffire à moyen et long terme pour assurer à la Chine le minimum de 8% de croissance dont elle a besoin pour juguler la pauvreté et prétendre au rang de première économie mondiale, d’ici quelques années.
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