Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

samedi 19 janvier 2013

Le pouvoir algérien peut dire merci aux médias occidentaux

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Bien que prévisible, le retournement d’une bonne partie de l’opinion publique algérienne est spectaculaire. Hier, c'est-à-dire bien avant le déclenchement de la prise d’otage sur le site gazier de Teguentourine (In Amenas), la vox populi grondait contre un régime jugé coupable de mille et un maux, le dernier étant celui d’avoir autorisé - en catimini - les avions français à emprunter l’espace aérien algérien pour intervenir au nord du Mali. Ensuite, l’attaque par un commando djihadiste de ces installations exploitées par la Sonatrach, BP et Statoil, a d’abord provoqué un effet de sidération et d’accablement. Que des islamistes armés arrivent à toucher le cœur de ce qui constitue la rente algérienne avait de quoi surprendre. De même, cela prouvait une nouvelle fois que rien, ou presque, ne fonctionne normalement dans un pays en proie à une incertitude politique majeure.

 

Et puis, est venu l’assaut de l’armée algérienne et son dénouement sanglant pour une partie des otages. Il ne m’appartient pas ici de juger de la pertinence ou non de cet assaut notamment en ce qui concerne le moment de son déclenchement. Au-delà du drame humain, que nul ne doit contester ou minimiser, ce type de situation n’est jamais simple à gérer. Il est d’ailleurs étonnant de voir des confrères émettre des avis (le plus souvent négatifs) alors qu’ils sont à des milliers de kilomètres du théâtre des opérations et que certains, n’ont peut-être jamais mis les pieds en Algérie. De même, et tout en refusant de se faire le porte-voix du pouvoir algérien, on ne peut s’empêcher de relever l’attitude quelque peu paternaliste voire donneuse d’ordre de certaines capitales occidentales. En effet, pourquoi les autorités algériennes devraient-elles attendre le feu vert de Londres ou Tokyo pour régler un (grave) problème qui se déroule sur leur sol ? Considère-t-on dans ces mêmes capitales que les Algériens n’ont pas à prendre d’initiatives autonomes et qu’ils se doivent d’attendre les bons conseils de Paris, Londres ou Washington ? Passons…

 

En tout état de cause, ces critiques formulées à l’étranger ont eu pour effet de réveiller le nationalisme déjà très ombrageux des Algériens. Aux réserves de Londres, Tokyo ou même Washington, répondent aujourd’hui les imprécations en provenance d’Algérie mais aussi de la diaspora. « On est chez nous, on fait ce que l’on veut et personne n’a de conseils à nous donner ». Tel pourrait être le message de rappel de souveraineté à destination de l’étranger. Et, il faut dire, que les approximations des médias occidentaux, notamment français, cela sans compter la manière presque méprisante (à l’égard de l’armée algérienne) avec laquelle ils ont commenté les événements, ont provoqué la colère. Ce qui, plus important encore, a offert l’occasion au régime algérien – qui n’en demandait pas tant – de ressouder les rangs.

 

Cette colère indignée, qui se traduit notamment par des billets virulents sur les réseaux sociaux (y compris de la part d’opposant au régime d’Abdelaziz Bouteflika), s’explique aussi par le fait que les Algériens ne cessent de rappeler qu’ils ont été seuls et abandonnés à leur sort durant les années 1990, une période de sang et de terreur qui est encore dans les esprits et qui alimente nombre d’amertumes. Les Algériens rappellent aussi qu’ils n’ont jamais accepté le fait que des rançons soient versées pour régler les kidnappings de touristes occidentaux au Sahara. De l’argent dont une partie, disent-ils aujourd’hui, a financé l’armement des preneurs d’otages. Voilà pourquoi les critiques à propos de l’assaut de leur armée horripilent tant les Algériens. Et, pour le pouvoir, c’est une bénédiction d’autant que circulent désormais des thèses selon lesquelles cette prise d’otage aurait été fomentée par la fameuse « main de l’étranger » pour déstabiliser le pays. En clair, le tollé général en Europe, au Japon et aux Etats-Unis à propos de l’assaut, est une belle occasion pour le gouvernement algérien de faire oublier le reste et pour occulter les questions essentielles. Comment une telle prise d’otage a-t-elle pu avoir lieu dans une zone censée être ultra-sécurisée ? Quelles sont les conditions de participation de l’Algérie à l’intervention militaire française au nord du Mali ?  Mais aussi comment sont gérés ces sites gaziers et pétroliers dont on sait qu’ils bénéficient d’une certaine extra-territorialité comme en témoignent des syndicalistes algériens qui n’hésitent pas à parler de zones de non-droit ? Ces questions attendent des réponses et l’effervescence nationaliste – fut-elle justifiée en partie – ne devrait absolument pas les faire passer au second plan. C’est hélas, ce qui est en train de se passer au plus grand bénéfice d’un régime qui reste comptable de tout ce qui s’est passé depuis le début de ce drame jusqu’à sa fin.
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Lire cet article. Des éléments de réponse y sont présentés.
http://www.liberte-algerie.com/actualite/revelations-sur-une-attaque-terroriste-in-amenas-192758

Anonyme a dit…

boutflika est absent malade donc il doit partir laisser la place c'est sa génération qui a laisser croire aux algériens que l'etat peut tou faire à leur place et ils ne savent que critiquer et revendiquer ,ils sont là l'etat doit faire ceci et cela ,ici en france vous devez payer vos impots quoi que vous ayez comme charge et comme revenus en algérie pas d'impots ni foncier ni d'habitation ni csg ni rds aolrs ils doivent se retrousser les manches pour une fois je suis d'accord avec vous sur certains passages memona