Les lampions vont s’éteindre les uns après les autres, la fête
se termine lentement. Et même si l’on parlera encore pendant quelques semaines
du deuxième titre mondial de l’équipe de France de football, les passionnés du
ballon rond vont devoir se résigner. La prochaine compétition d’envergure n’aura
lieu que dans deux ans (Euro) et il faudra attendre 2022 et le Qatar pour voir
les Bleus remettre leur coupe dorée en jeu (attention à la malédiction du
premier tour et au souvenir du fiasco de 2002). En attendant, il restera des
souvenirs, des images et des émotions.
Voici donc une composition, forcément incomplète et
subjective, que chacun amendera selon ses propres préférences. Pour commencer,
une émotion à part qui étonnera peut-être le lecteur. Il s’agit de celle
provoquée par la joie des supporters panaméens lorsque leur équipe, menée six à
zéro face à l’Angleterre, finit par inscrire son premier but en Coupe du monde
grâce à Felipe Baloy. Une joie sincère, bon enfant. Le football…
Passons maintenant aux buts. Une préférence pour celui de
Benjamin Pavard contre l’Argentine. Reprise de volée, parfaite, puissante,
comme un signal pour la suite, comme un ordre enjoint à ses équipiers de se
réveiller et de prendre en main (en pied) leur destin en livrant ce qui restera
leur meilleur match de la compétition. Ensuite ? Celui de Pogba contre la
Croatie. Au départ, c’est lui qui délivre une passe sèche vers l’avant (ah, la
verticalité) et, au final, c’est lui qui score d’un tir intelligent (prenant le
gardien à contrepied). Autres buts : le troisième de la Belgique contre le
Japon (Chadli), un chef d’œuvre de contre-attaque et d’intelligence collective
(ah, la feinte de Lukaku…). Celui de l’Espagnol Nacho contre le Portugal (là
aussi, magnifique reprise de volée), l’extérieur du pied du Portugais Ricardo
Quaresma contre l'Iran et celui, un peu semblable, du Russe Denis Cheryshev
contre l’Arabie saoudite. Et impossible d’oublier le but du Croate Modric
contre l’Argentine, un modèle de contrôle et de frappe sèche.
Il y a aussi les surprises, ces matchs qui nous ont ravis ou
transportés. La rencontre entre l’Espagne et le Portugal (3-3), une sorte de
finale, croyait-on, avant l’heure. La victoire du Mexique contre l’Allemagne
et, toujours contre cette équipe, celle de la Corée du sud avec ce deuxième but
de Son Heung-min dans des cages désertées par le portier Neuer. On gardera
aussi en souvenir les batailles répétées des Croates en prolongation, revenant
à chaque fois de nulle part (deux victoires aux tirs aux buts) ainsi que la
détermination des Russes, tombeurs de l’Espagne, improbables quart-finalistes
et preuve évidente que jouer à domicile donne des ailes.
Que retenir d’autre ? Le tir du Colombien Uribe sorti de
manière incroyable par Jordan Pickford, grand gardien anglais (ça peut exister…).
Les exploits de Lloris contre l’Uruguay et la Belgique, le talent du keeper
belge Courtois et celui de son homologue du Costa Rica Keylor Navas. On
retiendra aussi l’usage intensif de l’arbitrage vidéo (VAR) lors des matchs du
premier tour puis son unique emploi lors de la finale (au grand dam des
wanetoutristes qui souhaitaient la défaite de la France…). Et comment ne pas
mentionner les exagérations (terme que nous préférerons à celui de simulations)
du Brésilien Neymar ? Cette Coupe du monde devait être la sienne. Au
final, il s’est beaucoup ridiculisé et confirmé que son entourage n’avait
peut-être pas la meilleure des influences sur lui. On inscrira aussi l’Egypte
de Mo Salah au rang des déceptions. Sportive mais aussi politique avec cette
honte d’avoir frayé avec le si peu respectable « président » Ramzan
Kadirov. Le Maroc et l’Iran auraient pu mieux faire, avec un peu plus de chance
et moins d’erreurs de la part de leurs joueurs ou de l’arbitrage. Autre
déception, l’Arabie saoudite qu’on voyait pourtant en demi-finale (non, je
plaisante…).
Le football étant plus qu’un sport, on terminera cette
(trop) rapide revue par deux points importants. Il y a d’abord la déclaration
attribuée au sélectionneur uruguayen Óscar Tabárez qui aurait réclamé plus de
moyens en faveur de l'éducation. Rappelons-la : « Ça ne sert à rien d'être champion du monde si nos jeunes ne
savent pas où est la Russie ou pourquoi dans le groupe français il y a autant
de joueurs originaires d'Afrique. C'est le moment de tenir la promesse
d'atteindre 6% du PIB en faveur de l'éducation. » Signe des temps et
de l’influence des réseaux sociaux, ce propos n’a jamais été tenu par le « Profe ».
C’est une invention reprise à l’envi sur Internet. Un « fake » donc. Il
n’empêche, le message a fait son effet et mérite d’être répété et renvoyé aux
autorités politiques.
L’autre point concerne les quatre personnes ayant envahi la
pelouse du stade Loujniki à Moscou durant la finale. Il s’agissait de quatre
militants des Pussy Riot, un groupe féministe opposé au président Vladimir
Poutine. Cette irruption nous a rappelé que la trêve implicite imposée par la
Coupe du monde se terminait. La Russie a organisé un mondial parfait et sa
population a été à la hauteur de l’événement. C’est un fait. Mais cela ne
saurait faire oublier la réalité du régime russe et ses errements sur le plan
international. Autrement dit, la fête est finie. Retour à la réalité.
P.S : Merci à celles et ceux qui ont suivi cette
chronique au fil des jours et des matchs, la commentant et contribuant à l’enrichir.
A la prochaine !
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1 commentaire:
Merci pour tous ces articles passionnants et très justes pendant la Coupe du monde. En plus, j'ai appris un truc dingue avec ce match entre la Barbade et la Grenade. bref, toujours ravi de lire vos articles.
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