Lignes quotidiennes

Lignes quotidiennes
Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

dimanche 20 janvier 2019

La chronique économique : Le Bitcoin, mirage ou promesse ?

_
Le Quotidien d’Oran, mercredi 16 janvier 2019
Akram Belkaïd, Paris

Dix ans déjà mais le bilan est plus que mitigé. Né en 2009, le Bitcoin, cette crypto-monnaie qui tient la vedette depuis quelques temps, semble engagé dans une spirale baissière qui tranche avec l’euphorie qui caractérisait sa progression il y a encore douze mois. En un an, le Bitcoin est ainsi passé de 20 000 euros à 3 500 euros soit une chute de 70%. Toutes les autres crypto-monnaies sont engagées dans le même mouvement de repli. Mais est-ce une raison pour proclamer l’échec définitif des monnaies alternatives ? Pas si sûr.

Un projet en cours

Avant d’expliquer pourquoi il ne faut pas enterrer le Bitcoin trop vite, relevons d’abord que les experts ont un peu de mal à expliquer son repli et sa volatilité si ce n’est le fait d’affirmer que les « baleines bougent ». Autrement dit, les gros détenteurs de Bitcoins - un millier possédant 80% des actifs selon les estimations -, seraient désormais plus actifs sur le marché des échanges. Une affirmation à prendre au conditionnel et qui n’explique pas pourquoi le Bitcoin peut perdre 100 euros de sa valeur en une journée.  Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’une telle absence d’explication est constatée. Affirmer, comme le font certains observateurs, que c’est la « bulle Bitcoin » qui se dégonfle (enfin, ajouterons d’autres) n’est pas suffisant quand on a pris l’habitude de collecter les facteurs rationnels qui disent pourquoi le dollar américain est en hausse ou pourquoi l’euro subit un accès de faiblesse sans parler des devises émergentes qui souffrent à chaque fois que la Banque centrale américaine augmente ses taux.

C’est d’ailleurs là que réside l’explication. Le Bitcoin est une monnaie, ou plutôt est une tentative de monnaie décentralisée, sans autorité suprême qui conduirait une politique clairement identifiée. Autrement dit, c’est un outil monétaire en phase de construction et c’est pourquoi les ajustements ne sont pas étonnants. La lecture des blogs spécialisés qui suivent de près les crypto-monnaies – et qui publient des informations que la presse économique traditionnelle ne relaie pratiquement jamais – démontre une vitalité insoupçonnée. Les progrès technologiques sont incessants, comme, par exemple, le fait que les échanges de Bitcoin peuvent désormais bénéficier de canaux satellitaires (et donc se passer d’Internet), de même que les efforts continus d’organisation et de normalisation de tout l’environnement Bitcoin. Une légion de startups et de jeunes pousses technologiques accompagne aussi le développement de ce secteur. Aux dires de certains vétérans de la Toile, on se croirait dans les années 1980 quand la jeune industrie de la micro-informatique se préparait, dans la plus grande discrétion, à l’avènement de l’Internet grand public.

100 000 dollars en 2022 ?


À la tête d’une start-up et véritable star du milieu des crypto-monnaies, la Suissesse Olga Feldmeier que l’on surnomme « la reine du Bitcoin », est catégorique : pour elle, cette crypto-monnaie vaudra 100 000 dollars en 2022. Elle explique que les éléments technologiques, législatifs et économiques se mettent peu à peu en place pour donner au Bitcoin un statut de véritable monnaie. On peut croire ou non à ce discours volontariste. Pour l’heure, le Bitcoin n’est encore qu’une promesse. Contrairement aux devises habituelles, il n’offre aucune garantie de conservation de pouvoir d’achat et son usage reste encore limité. Mais avant de réaliser (ou non) ses promesses, le Bitcoin demeure à la fois une prise de risque et une opportunité. Imaginez que sa valeur atteigne vraiment les 100 000 dollars en 2022 : ce serait l’équivalent de 28 fois sa valeur actuelle. Une belle culbute…
_

Aucun commentaire: