Lignes quotidiennes

Lignes quotidiennes
Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

mardi 17 mars 2020

Couvre-feu (attention, humour noir)

_
Pour les confiné.e.s, ce souvenir algérois, attention humour noir (histoire qui, selon mes souvenirs, avait été rapportée la première fois par Chawki Amari)

Alger. Hiver 1993. Il est vingt-heures, la nuit est tombée depuis longtemps. L'armée dresse des barrages aux entrées de la ville. Les routes sont désertes.
Une voiture s'approche d'un barrage. Le conducteur applique les consignes.
Il faut ralentir et rouler au pas, éteindre ses phares et allumer la loupiotte à l'intérieur du véhicule.
Ainsi, les soldats en faction peuvent distinguer le conducteur et ses passagers.
L'un des uniformes plisse les yeux, il regarde fixement la voiture qui approche, prend son fusil, épaule et tire une rafale.
Le conducteur est tué sur le coup.
Un officier arrive en courant :
- Il était armé ? Il t'a menacé ?
- Non...
- Putain, mais comment ça non ? Pourquoi t'as tiré ? Abruti !
Le soldat hausse les épaules
- A cause du couvre-feu. Les consignes sont claires. Quiconque est dehors après le début du couvre-feu, c'est tir sans sommation.
L'officier n'en croit pas ses oreilles :
- Le couvre-feu ? Mais c'est à vingt-et-une heures qu'il commence pas à vingt-heures. Le gars avait encore une heure pour circuler !
Le soldat ne se démonte pas.
- Mais non, mon lieutenant. Je le connais ce mec. Il habite loin. Il ne pouvait pas arriver chez lui avant le début du couvre-feu...
_

Aucun commentaire: