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Le Quotidien d’Oran, mercredi 16 juin 2021
Akram Belkaïd, Paris
Feuilleton bitcoin, suite. Après avoir chuté autour de 30 000 dollars, la monnaie virtuelle est revenue à son niveau récent de 40 000 dollars. Cela confirme une première chose : en comparaison d’autres actifs, actions, matières premières, devises, le marché du bitcoin est très volatil et très dépendant des déclarations des acteurs qui y investissent dont Elon Musk, le très fantasque patron de Tesla. Après avoir annoncé que son entreprise n’accepterait plus de paiement en bitcoin – ce qui a provoqué la chute de son cours – Musk a indiqué que ces paiements seraient de nouveau acceptés mais à certains conditions (en gros, que ses détenteurs en possèdent depuis longtemps et continuent de contribuer à la génération de nouveaux bitcoins).
Dépréciation
Dans une précédente chronique, nous relevions les ambiguïtés de la position de Musk qui, via de simples messages diffusés sur Twitter, peut faire la pluie et le beau temps sur ce marché. Il est évident que le caractère spéculatif du bitcoin attire des investisseurs à la recherche de gros rendements. Mais la stabilisation des cours et l’acceptation définitive de cette monnaie – acceptation qui reste loin d’être garantie – passe par une adhésion plus large des entreprises à la recherche de placements.
On sait que la tâche d’un directeur financier consiste aussi à investir une partie de la trésorerie et des bénéfices de l’entreprise. Sur le papier, un actif acheté à 5 000 dollars et qui vaut aujourd’hui 30 000 dollars est une bonne affaire mais cela ne concerne qu’un nombre réduit d’investisseurs. La plupart des sociétés qui acquièrent aujourd’hui du bitcoin sont entrées sur le marché à son plus haut. Résultat, cela les oblige à ajuster la valeur de leurs avoirs en tenant compte des variations du bitcoin. Autrement dit, avec un tel marché fait de hauts et de bas, il est difficile de valoriser la part en bitcoins, surtout si l’on est une entreprise cotée en Bourse et donc obligée de publier des comptes trimestriels. Le bitcoin est un cauchemar pour les comptables et les auditeurs.
Régulation
Quid aussi des particuliers ? Il y a quelques mois encore, une rumeur tenace circulait sur les réseaux attestant qu’il n’y avait pas mieux que le bitcoin pour échapper à l’impôt ou, tout du moins, pour diminuer son revenu imposable. Il est vrai que les mécanismes d’acquisition du bitcoin demeurent peu compréhensibles par la majorité. De nombreuses personnes se laissent donc tenter par l’idée de faire appel à des intermédiaires. Certains d’entre-eux se déclarent « agrémentés » mais on ne sait par qui tandis que d’autres opèrent à partir de places exotiques ou peu réglementées. Bref, il y a beaucoup à perdre pour le novice et ce dernier ne doit pas oublier que, d’une part, rien n’est gratuit et que, d’autre part, toute transaction pour acheter ou vendre du bitcoin laisse une trace.
Il est d’ailleurs étonnant de relever que les dirigeants du G7 continuent d’ignorer les questions de régulation des crypto-monnaies. Certes, les récentes décisions sur la fiscalité des multinationales – qui imposent une plus grande collaboration entre les États – va concerner les utilisateurs et créateurs de bitcoin. Mais rien de concret n’a encore été dit ou entrepris pour réguler un marché qui s’étend de jour en jour et qui demeure comparable à une jungle.
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