.
_
Il y a deux jours, une courte séquence du JT du soir de France 2 m’a donné l’impression que le temps s'était soudainement suspendu. Il s’agissait d’une mère de famille condamnée par un cancer généralisé. S’attendant à une mort prochaine, imminente, elle a entamé des démarches pour que ses quatre enfants – qu’elle élève seule – ne soient pas séparés après son départ.
Dans ce reportage, plusieurs images et paroles étaient difficilement soutenables. Il y avait d’abord ce ton monocorde de la mère, mélange de résignation et de force tranquille : une tristesse grave à peine masquée par l’absence apparente d’émotion, de ce pathos si chèr à la télévision. Il y a eu ensuite sa fille de onze ans qui raisonnait sur la mort prochaine de sa mère, un gros bol, de lait ou de chocolat, dans les mains, comme si elle évoquait un simple départ en vacances.
Mais qui donc a eu l'idée d'interroger cette gamine ? La télévision, on le sait, est parfois voyeuse, brutale, son immixtion dans la vie privée des gens est insupportable mais je veux bien admettre que cette mère avait besoin d’une telle médiatisation pour que sa volonté soit respectée.
Je suis resté saisi par ce sujet et quand, après une courte mine de circonstance, David Pujadas a lancé le suivant (un gilet gonflable pour survivre aux avalanches), me yeux ne voyaient que cette pauvre maman. Immobile, muet, je me suis alors demandé si les promesses faites seraient tenues.
Blog au fil des jours, quand la chose et l'écriture sont possibles.
Lignes quotidiennes
jeudi 27 novembre 2008
Cinq petits doigts
.
_
Dans le métro. Ligne 13, dans sa partie nord, bien au-delà de la station La Fourche, là où se modifie de manière définitive la physionomie des chargements de voyageurs. Un changement qui a débuté à Saint-Lazare, presque sans crier gare… Dans la rame, nous sommes tous ou presque enfants, ou enfants d’enfants, du sud. Petits cadres, prolos, clandos et quelques inévitables clodos.
Il y a foule. Il n’est pourtant que quatorze heures. Cohue, promiscuité, soupirs silencieux et mines résignées. J’ai la chance d’être assis : banquette, côté allée, sens de la marche et nez obstinément plongé dans un livre, marqueur vert à la main. Attention, je suis en train de lire, prière de ne pas déranger. Je suis le liseur qui refuse de croiser les regards, de détailler les attitudes ou de happer quelques expressions. Je jette bien quelques coups d’oeils de routine, mais je veux ignorer ce qui se passe autour de moi. Ce confinement m’exaspère. J’ai perdu l’habitude, cela fait des mois que je vélibe.
J’en suis à la page 12 quand j’entends le début de la complainte : « s’iiil vous playe, donner argent pour li manger di bébé. » La femme, foulard noué sur la tête, nourrisson collé au dos, s’arrête tous les deux pas. Des pièces tintent dans sa main tendue, une manière de nous dire, de nous convaincre, que l’argent ne peut qu’appeler l’argent. Derrière elle, suit une gamine qui répète « siouplé », baskets usées aux pieds. Et puis, soudain, une petite menotte s’interpose entre mes yeux et la page 13.
Ah, ces petits doigts, cette paume creusée qui tremble un peu… C’est mon fils qui me quémande un ou deux carrés de chocolat ; c’est ma fille qui veut m’arracher un quart de mandarine. Cinq petits doigts qui n’ont pas insisté mais qui m’ont fait refermer mon livre pour revenir à la réalité.
_
Dans le métro. Ligne 13, dans sa partie nord, bien au-delà de la station La Fourche, là où se modifie de manière définitive la physionomie des chargements de voyageurs. Un changement qui a débuté à Saint-Lazare, presque sans crier gare… Dans la rame, nous sommes tous ou presque enfants, ou enfants d’enfants, du sud. Petits cadres, prolos, clandos et quelques inévitables clodos.
Il y a foule. Il n’est pourtant que quatorze heures. Cohue, promiscuité, soupirs silencieux et mines résignées. J’ai la chance d’être assis : banquette, côté allée, sens de la marche et nez obstinément plongé dans un livre, marqueur vert à la main. Attention, je suis en train de lire, prière de ne pas déranger. Je suis le liseur qui refuse de croiser les regards, de détailler les attitudes ou de happer quelques expressions. Je jette bien quelques coups d’oeils de routine, mais je veux ignorer ce qui se passe autour de moi. Ce confinement m’exaspère. J’ai perdu l’habitude, cela fait des mois que je vélibe.
J’en suis à la page 12 quand j’entends le début de la complainte : « s’iiil vous playe, donner argent pour li manger di bébé. » La femme, foulard noué sur la tête, nourrisson collé au dos, s’arrête tous les deux pas. Des pièces tintent dans sa main tendue, une manière de nous dire, de nous convaincre, que l’argent ne peut qu’appeler l’argent. Derrière elle, suit une gamine qui répète « siouplé », baskets usées aux pieds. Et puis, soudain, une petite menotte s’interpose entre mes yeux et la page 13.
Ah, ces petits doigts, cette paume creusée qui tremble un peu… C’est mon fils qui me quémande un ou deux carrés de chocolat ; c’est ma fille qui veut m’arracher un quart de mandarine. Cinq petits doigts qui n’ont pas insisté mais qui m’ont fait refermer mon livre pour revenir à la réalité.
mercredi 5 novembre 2008
Bienheureux le peuple d'Amérique
Bienheureux le peuple d’Amérique qui vient d’élire un jeune président, afro-américain de surcroît, n’appartenant à aucune coterie, texane, militaire, new-yorkaise ou de la côte Est. Bienheureux ces électeurs qui ont décidé, pacifiquement, que l’heure de l’alternance avait sonné. Ah, quel beau mot que l’alternance. Il est le corollaire de la démocratie, il signifie l’impossibilité des présidences à vie ou de l’installation de dynasties (la première victoire d’Obama a été d’empêcher la naissance d’une dynastie Clinton). Avec l’alternance, pas de « Djoumloukya », ce mélange impur de république et de pouvoir héréditaire qui empoisonne le monde arabe.
Bienheureux le peuple d’Amérique qui vient d’inspirer un grand bol d’oxygène en renouant avec la politique. De longues files, des gens qui continuent à voter alors que le résultat national est connu, des jeunes qui ont voté en masse, des volontaires qui ont arpenté villes et campagnes pour appeler à voter. Alors oui, il y a bien eu ces centaines de milliards de dollars de dépensés pour ce scrutin mais quelle énergie, quel engagement, quel pays !
Tout cela va profiter à l’Amérique. Des énergies nouvelles vont accourir vers elle. Des rêves en feront leurs sujets principaux. Son nouveau président n’aura aucun mal à améliorer son image, et à redorer son prestige. Bienheureux le peuple d’Amérique qui vient de nous montrer qu’il ne fallait pas désespérer de lui et que, peut-être, regrette-t-il ces huit dernières années.
Quant à nous, pauvre de nous, Maghrébins, Arabes du Proche-Orient et du Golfe, Africains sub-sahariens, nous allons continuer à vivre au rythme des présidents à vie, des roitelets inconsistants, des constitutions rapiécées et des discours creux et ronflants sur le temps qu’il faut donner à la démocratie.
Il ne nous reste plus qu’à vivre cette alternance par procuration et à souhaiter le meilleur pour Obama et son peuple. Ils le méritent.
Bienheureux le peuple d’Amérique qui vient d’inspirer un grand bol d’oxygène en renouant avec la politique. De longues files, des gens qui continuent à voter alors que le résultat national est connu, des jeunes qui ont voté en masse, des volontaires qui ont arpenté villes et campagnes pour appeler à voter. Alors oui, il y a bien eu ces centaines de milliards de dollars de dépensés pour ce scrutin mais quelle énergie, quel engagement, quel pays !
Tout cela va profiter à l’Amérique. Des énergies nouvelles vont accourir vers elle. Des rêves en feront leurs sujets principaux. Son nouveau président n’aura aucun mal à améliorer son image, et à redorer son prestige. Bienheureux le peuple d’Amérique qui vient de nous montrer qu’il ne fallait pas désespérer de lui et que, peut-être, regrette-t-il ces huit dernières années.
Quant à nous, pauvre de nous, Maghrébins, Arabes du Proche-Orient et du Golfe, Africains sub-sahariens, nous allons continuer à vivre au rythme des présidents à vie, des roitelets inconsistants, des constitutions rapiécées et des discours creux et ronflants sur le temps qu’il faut donner à la démocratie.
Il ne nous reste plus qu’à vivre cette alternance par procuration et à souhaiter le meilleur pour Obama et son peuple. Ils le méritent.
samedi 5 juillet 2008
La chronique économique : Pétrole et spéculation
._
Le Quotidien d'Oran, mercredi 2 juillet 2008
Alors que le baril de pétrole fait tranquillement route vers les 150 dollars, le débat à propos du rôle supposé des spéculateurs dans cette flambée des cours du brut est plus que jamais d’actualité.
On sait, par exemple, que les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) estiment que c’est la spéculation qui est responsable de cette hausse même si d’autres facteurs sont cités comme, par exemple, la dépréciation continue du dollar américain, le manque de capacités de raffinage, sans oublier la progression constante de la demande pétrolière en provenance des pays émergents.
Le spéculateur : une définition variable
Du côté des pays consommateurs on ne rejette pas l’hypothèse d’une responsabilité des spéculateurs. Mais, à la différence de l’Opep, on explique souvent qu’elle ne fait que suivre un mouvement de fond qui serait provoqué par le refus des pays producteurs de pomper plus de pétrole afin de faire baisser les prix. En tout état de cause, le débat est loin d’être tranché et l’une des raisons de cette différence d’appréciation réside dans la manière dont les uns et les autres définissent les spéculateurs. Pour le grand public, au Nord comme au Sud, le spéculateur est le «méchant» dont les opérations vont à l’encontre de l’éthique et de la morale.
Qualifier un investisseur de spéculateur est loin d’être un compliment et, par les temps qui courent, c’est même une mise en cause sérieuse.
Le problème, c’est que les acteurs des marchés et de tout ce qui gravite autour, n’ont pas du tout la même perception. La littérature consacrée aux Bourses explique, par exemple, que le spéculateur est indispensable au marché puisqu’il en garantit la liquidité. Explication: pour qu’un marché financier fonctionne bien -contrairement, par exemple, à la Bourse d’Alger-, il faut pouvoir acheter ou vendre des titres à tout moment. Cela s’appelle le besoin de liquidités et, en prenant des risques, le spéculateur apporte cette huile indispensable aux rouages boursiers.
D’autres analyses vont plus loin. Dans une étude récente, les experts de Goldman Sachs expliquent que le spéculateur est un intervenant qui agit au gré des informations qu’il détient ou des hypothèses qu’il formule à la suite de la prise en compte de plusieurs éléments d’informations même incomplètes (*).
Ce n’est donc pas un parieur, ni un manipulateur, termes qui sont souvent associés à la spéculation. Mieux, pour Goldman Sachs, la spéculation doit être prise en compte par les autres opérateurs car elle leur apporte des informations sur les fondamentaux du marché. En clair, si des acteurs sont acheteurs sur le marché pétrolier -ce qui signifie qu’ils anticipent une poursuite de la hausse- c’est parce qu’ils estiment que la demande pétrolière mondiale va continuer de progresser tandis que l’offre va stagner. On doit donc écouter ce que les spéculateurs ont à dire plutôt que de les critiquer…
Une influence exagérée
Bien entendu, il faut relativiser ce discours. Le spéculateur n’est ni un ange, ni un philanthrope et, quoiqu’en disent les défenseurs acharnés de l’efficience du marché, son action relève souvent de la manipulation et du pari pur et simple, l’objectif étant de maximiser ses gains même si cela n’a aucun rapport avec la cohérence économique. Quand les prix d’un actif financier s’emballent, sans raison apparente, c’est que quelqu’un, quelque part, l’a décidé et qu’il a mis en oeuvre tous les moyens pour y arriver: l’histoire récente des marchés en témoigne qu’il s’agisse de la bulle internet ou des variations sur les prix des denrées alimentaires.
Reste à connaître l’impact de la spéculation dans la hausse du brut. A ce sujet, et compte tenu des différences d’appréciation quant à la nature du spéculateur, les estimations divergent. Pour les uns, dans le prix actuel du baril, 20 dollars au maximum sont à mettre sur le dos de la spéculation. Pour les autres, c’est entre 40 et 60 dollars. Admettons que ces derniers aient raison. Cela signifierait que le «vrai» prix du baril serait au minimum de 80 dollars, soit un niveau élevé qui montre bien que la spéculation n’est finalement que l’écume qui accompagne la vague.
(*) Speculators, Index investors and commodity prices, 29 juin 2008.
Le Quotidien d'Oran, mercredi 2 juillet 2008
Alors que le baril de pétrole fait tranquillement route vers les 150 dollars, le débat à propos du rôle supposé des spéculateurs dans cette flambée des cours du brut est plus que jamais d’actualité.
On sait, par exemple, que les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) estiment que c’est la spéculation qui est responsable de cette hausse même si d’autres facteurs sont cités comme, par exemple, la dépréciation continue du dollar américain, le manque de capacités de raffinage, sans oublier la progression constante de la demande pétrolière en provenance des pays émergents.
Le spéculateur : une définition variable
Du côté des pays consommateurs on ne rejette pas l’hypothèse d’une responsabilité des spéculateurs. Mais, à la différence de l’Opep, on explique souvent qu’elle ne fait que suivre un mouvement de fond qui serait provoqué par le refus des pays producteurs de pomper plus de pétrole afin de faire baisser les prix. En tout état de cause, le débat est loin d’être tranché et l’une des raisons de cette différence d’appréciation réside dans la manière dont les uns et les autres définissent les spéculateurs. Pour le grand public, au Nord comme au Sud, le spéculateur est le «méchant» dont les opérations vont à l’encontre de l’éthique et de la morale.
Qualifier un investisseur de spéculateur est loin d’être un compliment et, par les temps qui courent, c’est même une mise en cause sérieuse.
Le problème, c’est que les acteurs des marchés et de tout ce qui gravite autour, n’ont pas du tout la même perception. La littérature consacrée aux Bourses explique, par exemple, que le spéculateur est indispensable au marché puisqu’il en garantit la liquidité. Explication: pour qu’un marché financier fonctionne bien -contrairement, par exemple, à la Bourse d’Alger-, il faut pouvoir acheter ou vendre des titres à tout moment. Cela s’appelle le besoin de liquidités et, en prenant des risques, le spéculateur apporte cette huile indispensable aux rouages boursiers.
D’autres analyses vont plus loin. Dans une étude récente, les experts de Goldman Sachs expliquent que le spéculateur est un intervenant qui agit au gré des informations qu’il détient ou des hypothèses qu’il formule à la suite de la prise en compte de plusieurs éléments d’informations même incomplètes (*).
Ce n’est donc pas un parieur, ni un manipulateur, termes qui sont souvent associés à la spéculation. Mieux, pour Goldman Sachs, la spéculation doit être prise en compte par les autres opérateurs car elle leur apporte des informations sur les fondamentaux du marché. En clair, si des acteurs sont acheteurs sur le marché pétrolier -ce qui signifie qu’ils anticipent une poursuite de la hausse- c’est parce qu’ils estiment que la demande pétrolière mondiale va continuer de progresser tandis que l’offre va stagner. On doit donc écouter ce que les spéculateurs ont à dire plutôt que de les critiquer…
Une influence exagérée
Bien entendu, il faut relativiser ce discours. Le spéculateur n’est ni un ange, ni un philanthrope et, quoiqu’en disent les défenseurs acharnés de l’efficience du marché, son action relève souvent de la manipulation et du pari pur et simple, l’objectif étant de maximiser ses gains même si cela n’a aucun rapport avec la cohérence économique. Quand les prix d’un actif financier s’emballent, sans raison apparente, c’est que quelqu’un, quelque part, l’a décidé et qu’il a mis en oeuvre tous les moyens pour y arriver: l’histoire récente des marchés en témoigne qu’il s’agisse de la bulle internet ou des variations sur les prix des denrées alimentaires.
Reste à connaître l’impact de la spéculation dans la hausse du brut. A ce sujet, et compte tenu des différences d’appréciation quant à la nature du spéculateur, les estimations divergent. Pour les uns, dans le prix actuel du baril, 20 dollars au maximum sont à mettre sur le dos de la spéculation. Pour les autres, c’est entre 40 et 60 dollars. Admettons que ces derniers aient raison. Cela signifierait que le «vrai» prix du baril serait au minimum de 80 dollars, soit un niveau élevé qui montre bien que la spéculation n’est finalement que l’écume qui accompagne la vague.
(*) Speculators, Index investors and commodity prices, 29 juin 2008.
(Canular) Hortefeux : des visas au cas par cas pour les compagnons de détention de Betancourt
.
Le ministre de l’intérieur et de l’identité nationale, Brice Hortefeux, vient de faire savoir que les visas que souhaite voir accorder Ingrid Bétancourt pour ses anciens camarades de détention ne seront délivrés qu’au cas par cas conformément aux différentes lois sur l’immigration.
De source proche de la place de Beauvau, on craint que l’octroi de nombreux visas ne constitue un appel d’air pour tous les otages colombiens voire pour toutes les personnes enlevées dans le monde.
(ceci n'est qu'une petite moquerie...)
Le ministre de l’intérieur et de l’identité nationale, Brice Hortefeux, vient de faire savoir que les visas que souhaite voir accorder Ingrid Bétancourt pour ses anciens camarades de détention ne seront délivrés qu’au cas par cas conformément aux différentes lois sur l’immigration.
De source proche de la place de Beauvau, on craint que l’octroi de nombreux visas ne constitue un appel d’air pour tous les otages colombiens voire pour toutes les personnes enlevées dans le monde.
(ceci n'est qu'une petite moquerie...)
vendredi 4 juillet 2008
Bétancourt remercie le gouvernement algérien
_
.
Ingrid Bétancourt a, dans une courte déclaration effectuée avant son départ pour Paris, remercié le gouvernement algérien de n’avoir rien tenté pour la faire libérer.
(c'est, bien entendu, une petite plaisanterie de la part de l'auteur de ce blog...)
.
Ingrid Bétancourt a, dans une courte déclaration effectuée avant son départ pour Paris, remercié le gouvernement algérien de n’avoir rien tenté pour la faire libérer.
(c'est, bien entendu, une petite plaisanterie de la part de l'auteur de ce blog...)
lundi 2 juin 2008
La chronique de l'économie : géopolitique des sables bitumineux
.
_
Le Quotidien d'Oran, mercredi 28 mai 2008
- Focus sur le pétrole non-conventionnel dont l'une des caractéristiques est que ses principales réserves ne se trouvent pas au Proche-Orient.
Alors que les cours du pétrole se dirigent tranquillement vers les 150 dollars, une information à propos d’une nouvelle découverte de la compagnie pétrolière Eni est presque passée inaperçue. En début de semaine dernière, la « major » italienne a annoncé avoir découvert un gisement de sables bitumineux en République du Congo. Montant estimé des réserves : 7 milliards de barils dont l’exploitation pourrait débuter en 2011. Il fut un temps où ce type d’annonce n’aurait présenté aucun intérêt mais, aujourd’hui, les sables bitumineux font l’objet d’une véritable course de vitesse à l’échelle mondiale. Commençons par expliquer de quoi il s’agit. En matière de pétrole, on peut distinguer le brut conventionnel et le non-conventionnel. Dans le premier cas, il s’agit du pétrole habituel que l’on peut exploiter normalement d’un bout à l’autre de la planète. Inutile de rappeler que dans cette catégorie, les pays du Golfe, et de façon plus générale ceux de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), tiennent le haut du pavé en matière de réserves prouvées.
Le Canada et le Venezuela, géants du brut non-conventionnel
A l’inverse, le pétrole non-conventionnel nécessite des technologies d’extraction et de raffinage plus coûteuses. Et ce n’est que parce que le baril de pétrole est actuellement à 130 dollars qu’il est rentable d’exploiter ce type d’hydrocarbures. Dans le cas des sables bitumineux, il s’agit d’un pétrole quasiment solide qu’il est nécessaire de liquéfier pour pouvoir le transporter et le raffiner. La problématique est identique pour le pétrole ultra-lourd qu’il faut aussi fluidifier avant de l’exploiter.Ce qu’il y a d’intéressant avec ces pétroles non-conventionnels, c’est que leur géopolitique diffère totalement de celle des hydrocarbures classiques. En matière de sables bitumineux et de pétrole ultra-lourd, les pays de l’Opep sont loin derrière, puisque le Canada et le Venezuela détiennent à eux seuls la moitié des réserves avec respectivement 269 et 179 milliards de barils. Alors que les Etats-Unis possèdent 37 milliards de barils de réserves de brut non-conventionnel, l’Arabie saoudite (qui possède un cinquième des réserves mondiales d’or noir classique) n’en compte que 5 milliards de barils contre 3 milliards au Koweït et 4 milliards pour l’Iran.Cette répartition géographique d’une toute autre nature, explique pourquoi les Etats-Unis sont très attentifs à l’évolution technologique en matière d’exploitation des sables bitumineux. Pour l’administration américaine, les gisements de l’Alberta au Canada sont la garantie que, demain, leur économie aura les moyens d’échapper à l’influence des pays membres de l’Opep, Arabie saoudite en tête. En résumé, les sables bitumineux canadiens sont, pour Washington, un atout dans la perspective de l’épuisement annoncé des ressources pétrolières conventionnelles.
Un coût terrible pour l’environnement
Le problème, pour le Canada (et les Etats-Unis), c’est que l’exploitation des sables bitumineux est une catastrophe environnementale. Pour traiter une tonne de sable et liquéfier le pétrole, il faut user huit tonnes d’eau, le tout pour obtenir, dans le meilleur des cas, quelques dizaines de baril de brut qu’il faut ensuite traiter à l’hydrogène pour le transformer en carburant. Les résidus de telles opérations sont hautement toxiques et l’on comprend pourquoi l’exploitation des sables bitumineux fait l’objet de nombreuses controverses, cela d’autant plus qu’elle augmente les émissions de gaz à effet de serre (ges) au Canada, l’un des pays qui a signé et ratifié le Protocole de Kyoto. Dès lors, on réalise que la bataille autour de ce texte n’est pas seulement liée à des enjeux industriels (les entreprises ne veulent pas être contraintes en matière d’émission de ges). C’est aussi parce qu’il est un obstacle à l’exploitation intensive des sables bitumineux que le Protocole de Kyoto est combattu par les Etats-Unis.
Akram Belkaïd
_
Le Quotidien d'Oran, mercredi 28 mai 2008
- Focus sur le pétrole non-conventionnel dont l'une des caractéristiques est que ses principales réserves ne se trouvent pas au Proche-Orient.
Alors que les cours du pétrole se dirigent tranquillement vers les 150 dollars, une information à propos d’une nouvelle découverte de la compagnie pétrolière Eni est presque passée inaperçue. En début de semaine dernière, la « major » italienne a annoncé avoir découvert un gisement de sables bitumineux en République du Congo. Montant estimé des réserves : 7 milliards de barils dont l’exploitation pourrait débuter en 2011. Il fut un temps où ce type d’annonce n’aurait présenté aucun intérêt mais, aujourd’hui, les sables bitumineux font l’objet d’une véritable course de vitesse à l’échelle mondiale. Commençons par expliquer de quoi il s’agit. En matière de pétrole, on peut distinguer le brut conventionnel et le non-conventionnel. Dans le premier cas, il s’agit du pétrole habituel que l’on peut exploiter normalement d’un bout à l’autre de la planète. Inutile de rappeler que dans cette catégorie, les pays du Golfe, et de façon plus générale ceux de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), tiennent le haut du pavé en matière de réserves prouvées.
Le Canada et le Venezuela, géants du brut non-conventionnel
A l’inverse, le pétrole non-conventionnel nécessite des technologies d’extraction et de raffinage plus coûteuses. Et ce n’est que parce que le baril de pétrole est actuellement à 130 dollars qu’il est rentable d’exploiter ce type d’hydrocarbures. Dans le cas des sables bitumineux, il s’agit d’un pétrole quasiment solide qu’il est nécessaire de liquéfier pour pouvoir le transporter et le raffiner. La problématique est identique pour le pétrole ultra-lourd qu’il faut aussi fluidifier avant de l’exploiter.Ce qu’il y a d’intéressant avec ces pétroles non-conventionnels, c’est que leur géopolitique diffère totalement de celle des hydrocarbures classiques. En matière de sables bitumineux et de pétrole ultra-lourd, les pays de l’Opep sont loin derrière, puisque le Canada et le Venezuela détiennent à eux seuls la moitié des réserves avec respectivement 269 et 179 milliards de barils. Alors que les Etats-Unis possèdent 37 milliards de barils de réserves de brut non-conventionnel, l’Arabie saoudite (qui possède un cinquième des réserves mondiales d’or noir classique) n’en compte que 5 milliards de barils contre 3 milliards au Koweït et 4 milliards pour l’Iran.Cette répartition géographique d’une toute autre nature, explique pourquoi les Etats-Unis sont très attentifs à l’évolution technologique en matière d’exploitation des sables bitumineux. Pour l’administration américaine, les gisements de l’Alberta au Canada sont la garantie que, demain, leur économie aura les moyens d’échapper à l’influence des pays membres de l’Opep, Arabie saoudite en tête. En résumé, les sables bitumineux canadiens sont, pour Washington, un atout dans la perspective de l’épuisement annoncé des ressources pétrolières conventionnelles.
Un coût terrible pour l’environnement
Le problème, pour le Canada (et les Etats-Unis), c’est que l’exploitation des sables bitumineux est une catastrophe environnementale. Pour traiter une tonne de sable et liquéfier le pétrole, il faut user huit tonnes d’eau, le tout pour obtenir, dans le meilleur des cas, quelques dizaines de baril de brut qu’il faut ensuite traiter à l’hydrogène pour le transformer en carburant. Les résidus de telles opérations sont hautement toxiques et l’on comprend pourquoi l’exploitation des sables bitumineux fait l’objet de nombreuses controverses, cela d’autant plus qu’elle augmente les émissions de gaz à effet de serre (ges) au Canada, l’un des pays qui a signé et ratifié le Protocole de Kyoto. Dès lors, on réalise que la bataille autour de ce texte n’est pas seulement liée à des enjeux industriels (les entreprises ne veulent pas être contraintes en matière d’émission de ges). C’est aussi parce qu’il est un obstacle à l’exploitation intensive des sables bitumineux que le Protocole de Kyoto est combattu par les Etats-Unis.
Akram Belkaïd
vendredi 16 mai 2008
Sarkozy "écoute les Français"...
.
_
Le jour de la grève des enseignants, le président Sarkozy annonce qu'une loi imposera l'accueil obligatoire des élèves en cas de grève. Joli coup politique qui a l'avantage de faire passer les problèmes de l'Education nationale au second plan et qui met la gauche en porte-à-faux vis-à-vis de l'opinion publique. C'est d'ailleurs cette dernière que l'époux de Carla met en avant pour justifier sa décision et contester qu'il s'agisse d'une limitation du droit de grève. "C'est ce que veulent les Français", affirme-t-il. A raison, puisqu'ils seraient 80% à réclamer que l'on accueille leurs enfants en cas d'arrêt de travail des enseignants. Mais à suivre ce raisonnement, il faudrait que Sarkozy s'en aille puisqu'une majorité de Français se déclarent insatisfaits de son action...
Le mépris de Sarkozy pour les enseignants est-il lié à ce que furent ses résultats scolaires, c'est-à-dire bien peu reluisants ? Possible. Très possible...
_
Le jour de la grève des enseignants, le président Sarkozy annonce qu'une loi imposera l'accueil obligatoire des élèves en cas de grève. Joli coup politique qui a l'avantage de faire passer les problèmes de l'Education nationale au second plan et qui met la gauche en porte-à-faux vis-à-vis de l'opinion publique. C'est d'ailleurs cette dernière que l'époux de Carla met en avant pour justifier sa décision et contester qu'il s'agisse d'une limitation du droit de grève. "C'est ce que veulent les Français", affirme-t-il. A raison, puisqu'ils seraient 80% à réclamer que l'on accueille leurs enfants en cas d'arrêt de travail des enseignants. Mais à suivre ce raisonnement, il faudrait que Sarkozy s'en aille puisqu'une majorité de Français se déclarent insatisfaits de son action...
Le mépris de Sarkozy pour les enseignants est-il lié à ce que furent ses résultats scolaires, c'est-à-dire bien peu reluisants ? Possible. Très possible...
jeudi 15 mai 2008
Gaz: après les Emirats, Dolphin approvisionnera Oman dès cet été
DOHA - La société Dolphin Energy Ltd a annoncé lundi qu'elle acheminerait du gaz naturel dès cet été vers Oman, un an après avoir commencé à servir les Emirats arabes unis par gazoduc depuis Ras-Laffan, au large du Qatar, dans le cadre d'un projet régional d'approvisionnement.
Oman sera servi "à partir du 3e trimestre 2008", indique Dolphin dans un communiqué, à l'occasion de l'inauguration lundi au Qatar de ce projet, qui est opérationnel depuis près d'un an et a coûté 4,8 milliards dollars selon ses promoteurs.
Les princes héritiers du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, et d'Abou Dhabi, cheikh Mohammad Ben Zayed Al-Nahyane, également commandant en chef adjoint des forces armées des Emirats, ainsi que des responsables omanais étaient présents à la cérémonie d'inauguration.
Le gaz naturel, produit au gisement géant de North Field, est transporté par gazoduc vers une usine de traitement située dans la cité industrielle de Ras Laffan, dans le nord du Qatar, d'où il est exporté vers les Emirats et prochainement vers Oman.
Le gazoduc, long de 364 km, achemine quelque 57 millions de m3 de gaz naturel raffiné par jour vers Taweelah, une station de Dolphin, à Abou Dhabi, capitale des Emirats.
Le Qatar détient des réserves de gaz naturel, évaluées à plus de 25.000 milliards de m3 et qui le classent au 3e rang mondial après la Russie et l'Iran.
Les Emirats occupent le 4e rang mondial avec des réserves gaz de plus de 6.000 milliards de m3.
Dolphin Energy Ltd est une société commune détenue à 51% par le conglomérat émirati d'Abou Dhabi Mubadala Development Company. Le groupe pétrolier français Total et son concurrent américain Occidental Petroleum se partagent à égalité les 49% du capital restant.
source : AFP.
Oman sera servi "à partir du 3e trimestre 2008", indique Dolphin dans un communiqué, à l'occasion de l'inauguration lundi au Qatar de ce projet, qui est opérationnel depuis près d'un an et a coûté 4,8 milliards dollars selon ses promoteurs.
Les princes héritiers du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, et d'Abou Dhabi, cheikh Mohammad Ben Zayed Al-Nahyane, également commandant en chef adjoint des forces armées des Emirats, ainsi que des responsables omanais étaient présents à la cérémonie d'inauguration.
Le gaz naturel, produit au gisement géant de North Field, est transporté par gazoduc vers une usine de traitement située dans la cité industrielle de Ras Laffan, dans le nord du Qatar, d'où il est exporté vers les Emirats et prochainement vers Oman.
Le gazoduc, long de 364 km, achemine quelque 57 millions de m3 de gaz naturel raffiné par jour vers Taweelah, une station de Dolphin, à Abou Dhabi, capitale des Emirats.
Le Qatar détient des réserves de gaz naturel, évaluées à plus de 25.000 milliards de m3 et qui le classent au 3e rang mondial après la Russie et l'Iran.
Les Emirats occupent le 4e rang mondial avec des réserves gaz de plus de 6.000 milliards de m3.
Dolphin Energy Ltd est une société commune détenue à 51% par le conglomérat émirati d'Abou Dhabi Mubadala Development Company. Le groupe pétrolier français Total et son concurrent américain Occidental Petroleum se partagent à égalité les 49% du capital restant.
source : AFP.
ça tape dur contre les fonctionnaires - OGM : la belle démocratie que voilà
.
_
Le Figaro tape sur les enseignants…
Aujourd’hui, jour de grève des fonctionnaires, notamment des enseignants. Soutien total de ma modeste personne. La haine de l’enseignant qui taraude nombre de personnalités politiques de droite est inadmissible. Que penser lorsqu’on lit une manchette telle que « Darcos veut remettre au travail les 23.000 profs sans élèves ». Les pauvres gars qui passent d’un remplacement à un autre vont être ravis. Les voilà qualifiés de glandeurs de première. Quel est l’auteur de cette une insultante ? Le Figaro. Quelle surprise…
… Sylvestre joue toujours sa petite musique…
Ce matin, sur France Inter, quelques phrases happées au passage, celles d’un journaliste économique qui ne cesse de cracher son fiel sur les fonctionnaires, les 35 heures et tout ce qui ressemble de près ou de loin à un service public. Ce matin, donc, la logorrhée de ce triste individu reprenait l’antienne de « l’économie française qui n’en peut plus du coût de sa fonction publique ». En clair, Jean-Marc Sylvestre, puisque c’est de lui qu’il s’agit, souhaite que les têtes tombent et en appelle à ces dégraissages qui constituent la première des nombreuses lois néolibérales.
Soyons clairs, Sylvestre peut raconter toutes les bêtises qu’il souhaite à l’antenne mais ce qui est étonnant, surtout lorsque l’on sait que France Inter est une radio du service public, c’est le mandat dont il dispose. Certes, une fois par semaine, l’économiste Bernard Marris lui porte la contradiction mais le débat entre eux emprunte souvent le chemin de la caricature et, j’en conviens, Marris n’est pas toujours convaincant au grand dam des partisans d’une économie plus sociale et moins cupide. Question : pourquoi n’existe-t-il pas de chronique économique dévolue à un journaliste de la rédaction de France Inter ? Il ne s’agit pas de chasser l’affreux Sylvestre mais simplement de contrebalancer son parti-pris.
… et la démocratie française se porte bien !
L’Assemblée a eu beau voter une motion de procédure contre le projet de loi sur les OGM, et cela avec le soutien volontaire de nombre de députés de l’UMP, le gouvernement a passé outre en demandant la réunion de toute urgence de la commission mixte paritaire. C’est ainsi que la loi sera tout de même présentée en séance plénière à la fin du mois et, cerise sur le gâteau, sans possibilité de nouveaux amendements à l’exception de ceux que le gouvernement pourrait présenter. Mais quelles sont ces émanations putrides qui nous font boucher nos nez ? Cela sent le bon lobbying…
_
Le Figaro tape sur les enseignants…
Aujourd’hui, jour de grève des fonctionnaires, notamment des enseignants. Soutien total de ma modeste personne. La haine de l’enseignant qui taraude nombre de personnalités politiques de droite est inadmissible. Que penser lorsqu’on lit une manchette telle que « Darcos veut remettre au travail les 23.000 profs sans élèves ». Les pauvres gars qui passent d’un remplacement à un autre vont être ravis. Les voilà qualifiés de glandeurs de première. Quel est l’auteur de cette une insultante ? Le Figaro. Quelle surprise…
… Sylvestre joue toujours sa petite musique…
Ce matin, sur France Inter, quelques phrases happées au passage, celles d’un journaliste économique qui ne cesse de cracher son fiel sur les fonctionnaires, les 35 heures et tout ce qui ressemble de près ou de loin à un service public. Ce matin, donc, la logorrhée de ce triste individu reprenait l’antienne de « l’économie française qui n’en peut plus du coût de sa fonction publique ». En clair, Jean-Marc Sylvestre, puisque c’est de lui qu’il s’agit, souhaite que les têtes tombent et en appelle à ces dégraissages qui constituent la première des nombreuses lois néolibérales.
Soyons clairs, Sylvestre peut raconter toutes les bêtises qu’il souhaite à l’antenne mais ce qui est étonnant, surtout lorsque l’on sait que France Inter est une radio du service public, c’est le mandat dont il dispose. Certes, une fois par semaine, l’économiste Bernard Marris lui porte la contradiction mais le débat entre eux emprunte souvent le chemin de la caricature et, j’en conviens, Marris n’est pas toujours convaincant au grand dam des partisans d’une économie plus sociale et moins cupide. Question : pourquoi n’existe-t-il pas de chronique économique dévolue à un journaliste de la rédaction de France Inter ? Il ne s’agit pas de chasser l’affreux Sylvestre mais simplement de contrebalancer son parti-pris.
… et la démocratie française se porte bien !
L’Assemblée a eu beau voter une motion de procédure contre le projet de loi sur les OGM, et cela avec le soutien volontaire de nombre de députés de l’UMP, le gouvernement a passé outre en demandant la réunion de toute urgence de la commission mixte paritaire. C’est ainsi que la loi sera tout de même présentée en séance plénière à la fin du mois et, cerise sur le gâteau, sans possibilité de nouveaux amendements à l’exception de ceux que le gouvernement pourrait présenter. Mais quelles sont ces émanations putrides qui nous font boucher nos nez ? Cela sent le bon lobbying…
vendredi 14 mars 2008
Municipales
_
Lu dans la brochure de Philippe Herlin candidat du Front national pour le 15ème arrondissement de Paris :
- "Non à l'immigration et à la tiers-mondisation de quartiers entiers : Je supprimerai toutes les aides aux associations immigrationnistes. Les sans-papiers n'auront pas leur place dans le 15°".
- "Non aux tours : les tours vont défigurer Paris et attirer l'immigration. Stop."
et dans la rubrique "qui suis-je ?" :
"Auteurs favoris : Maurice G. Dantec, Alain Finkelkraut, George Steiner"
Je ne ferai aucun commentaire.
_
Lu dans la brochure de Philippe Herlin candidat du Front national pour le 15ème arrondissement de Paris :
- "Non à l'immigration et à la tiers-mondisation de quartiers entiers : Je supprimerai toutes les aides aux associations immigrationnistes. Les sans-papiers n'auront pas leur place dans le 15°".
- "Non aux tours : les tours vont défigurer Paris et attirer l'immigration. Stop."
et dans la rubrique "qui suis-je ?" :
"Auteurs favoris : Maurice G. Dantec, Alain Finkelkraut, George Steiner"
Je ne ferai aucun commentaire.
_
La chronique économique : le blues de l'industrie du disque
_
Le Quotidien d'Oran, mercredi 12 mars 2008
C’est un chiffre qui en dit long sur l’état calamiteux du marché de la musique. Aux Etats-Unis, 48 % des adolescents n’ont pas acheté le moindre CD musical en 2007 contre 38 % l’année précédente. Cela signifie qu’une grande majorité d’entre eux ont encore eu recours au téléchargement illégal sur internet. Ce phénomène n’est pas près de s’estomper et de nombreux experts estiment que nous en sommes à l’aube de bouleversements majeurs qui pourraient bien faire disparaître l’industrie du disque.
En effet, avec la montée en puissance de l’internet à haut débit et la progression incessante des capacités de stockage, il n’y a aucune raison pour qu’un CD légalement acheté ne se démultiplie pas en millions de copies pirates aux quatre coins de la planète.
Les dégâts du piratage sur internet
Un autre chiffre est encore plus parlant : il y aurait plus d’un milliard de titres téléchargés illégalement chaque mois dans le monde, soit l’équivalent de plusieurs dizaines de milliards de dollars de pertes financières pour les éditeurs de musique. Ces derniers accusent donc le coup et paient ainsi le prix de leurs erreurs.
La première, la plus ancienne, a été sans conteste l’arrogance de cette industrie qui continue encore d’imposer des produits à prix élevés, alors qu’une grande partie du public s’en détourne et cherche la gratuité même si elle passe par des moyens illégaux.
La seconde erreur réside dans le fait que les producteurs de musique ont longtemps négligé le piratage, estimant à tort qu’il n’était qu’une maladie infantile de l’internet. Lorsque les courbes de vente ont définitivement plongé et qu’il s’est avéré qu’un public de plus en plus jeune n’achetait plus de CD, il était déjà trop tard.
Enfin, la réaction brutale (plaintes pénales, harcèlement juridique,...) de l’industrie du disque contre les pirates, parfois de jeunes adolescents, a été contreproductive et a abouti à l’effet inverse avec des internautes qui, du jour au lendemain, sont devenus solidaires avec leurs pairs poursuivis pour avoir téléchargé de la musique de manière illégale.
Pour autant, et malgré le peu de sympathie que l’on peut éprouver vis-à-vis de la traditionnelle âpreté au gain des majors de la musique, il faut tout de même rappeler que le piratage est à l’origine de la destruction de plusieurs milliers d’emplois. Par sa faute, des auteurs ont tout simplement été lâchés par leurs maisons de disque qui ne les considéraient plus comme rentables.
Plus grave encore, il existe certains secteurs totalement sinistrés comme c’est le cas pour la musique classique. Le piratage mais aussi les compilations à bas prix, freinent le développement de cette branche particulière qui vit actuellement sur ses acquis et la masse conséquente de ses enregistrements passés. Mais cette profusion est trompeuse puisqu’elle cache une réalité inquiétante : il y a très peu de disques de musique classique de bonne qualité qui sont actuellement enregistrés et le déclin semble bel et bien entamé.
Une nouvelle stratégie
Les « majors » sont-elles condamnées ? Pas si sûr. Comme l’ont fait d’autres entreprises dans d’autres secteurs d’activité, elles s’adaptent en essayant de mettre au point de nouvelles stratégies. D’abord, elles ont décidé d’être plus ou moins tolérantes avec les jeunes pirates, en axant leur discours sur l’éthique et le respect du travail des artistes. Aux Etats-Unis, cela donne quelques résultats puisque les téléchargements légaux de musique sur internet ont progressé de 21 % en 2007 par rapport à l’année précédente.
Ensuite, l’industrie du disque est en train de se transformer en industrie du concert. Les artistes qui signent avec un label doivent le plus souvent s’engager à faire des tournées qui s’avèrent souvent très rentables au plan financier. Si un CD peut-être piraté, il faut débourser en moyenne 80 euros pour voir jouer un artiste en live. A terme, l’album de musique pourrait même devenir gratuit et ne constituer qu’un simple produit d’appel pour les concerts.
Akram Belkaïd
_
Le Quotidien d'Oran, mercredi 12 mars 2008
C’est un chiffre qui en dit long sur l’état calamiteux du marché de la musique. Aux Etats-Unis, 48 % des adolescents n’ont pas acheté le moindre CD musical en 2007 contre 38 % l’année précédente. Cela signifie qu’une grande majorité d’entre eux ont encore eu recours au téléchargement illégal sur internet. Ce phénomène n’est pas près de s’estomper et de nombreux experts estiment que nous en sommes à l’aube de bouleversements majeurs qui pourraient bien faire disparaître l’industrie du disque.
En effet, avec la montée en puissance de l’internet à haut débit et la progression incessante des capacités de stockage, il n’y a aucune raison pour qu’un CD légalement acheté ne se démultiplie pas en millions de copies pirates aux quatre coins de la planète.
Les dégâts du piratage sur internet
Un autre chiffre est encore plus parlant : il y aurait plus d’un milliard de titres téléchargés illégalement chaque mois dans le monde, soit l’équivalent de plusieurs dizaines de milliards de dollars de pertes financières pour les éditeurs de musique. Ces derniers accusent donc le coup et paient ainsi le prix de leurs erreurs.
La première, la plus ancienne, a été sans conteste l’arrogance de cette industrie qui continue encore d’imposer des produits à prix élevés, alors qu’une grande partie du public s’en détourne et cherche la gratuité même si elle passe par des moyens illégaux.
La seconde erreur réside dans le fait que les producteurs de musique ont longtemps négligé le piratage, estimant à tort qu’il n’était qu’une maladie infantile de l’internet. Lorsque les courbes de vente ont définitivement plongé et qu’il s’est avéré qu’un public de plus en plus jeune n’achetait plus de CD, il était déjà trop tard.
Enfin, la réaction brutale (plaintes pénales, harcèlement juridique,...) de l’industrie du disque contre les pirates, parfois de jeunes adolescents, a été contreproductive et a abouti à l’effet inverse avec des internautes qui, du jour au lendemain, sont devenus solidaires avec leurs pairs poursuivis pour avoir téléchargé de la musique de manière illégale.
Pour autant, et malgré le peu de sympathie que l’on peut éprouver vis-à-vis de la traditionnelle âpreté au gain des majors de la musique, il faut tout de même rappeler que le piratage est à l’origine de la destruction de plusieurs milliers d’emplois. Par sa faute, des auteurs ont tout simplement été lâchés par leurs maisons de disque qui ne les considéraient plus comme rentables.
Plus grave encore, il existe certains secteurs totalement sinistrés comme c’est le cas pour la musique classique. Le piratage mais aussi les compilations à bas prix, freinent le développement de cette branche particulière qui vit actuellement sur ses acquis et la masse conséquente de ses enregistrements passés. Mais cette profusion est trompeuse puisqu’elle cache une réalité inquiétante : il y a très peu de disques de musique classique de bonne qualité qui sont actuellement enregistrés et le déclin semble bel et bien entamé.
Une nouvelle stratégie
Les « majors » sont-elles condamnées ? Pas si sûr. Comme l’ont fait d’autres entreprises dans d’autres secteurs d’activité, elles s’adaptent en essayant de mettre au point de nouvelles stratégies. D’abord, elles ont décidé d’être plus ou moins tolérantes avec les jeunes pirates, en axant leur discours sur l’éthique et le respect du travail des artistes. Aux Etats-Unis, cela donne quelques résultats puisque les téléchargements légaux de musique sur internet ont progressé de 21 % en 2007 par rapport à l’année précédente.
Ensuite, l’industrie du disque est en train de se transformer en industrie du concert. Les artistes qui signent avec un label doivent le plus souvent s’engager à faire des tournées qui s’avèrent souvent très rentables au plan financier. Si un CD peut-être piraté, il faut débourser en moyenne 80 euros pour voir jouer un artiste en live. A terme, l’album de musique pourrait même devenir gratuit et ne constituer qu’un simple produit d’appel pour les concerts.
Akram Belkaïd
_
dimanche 9 mars 2008
La chronique économique : Unilever, acteur et révélateur de la mondialisation
_
Le Quotidien d'Oran, mercredi 5 mars 2008
La vie interne et la transformation continue des multinationales sont, sans conteste, une large source d’enseignements et peuvent même s’avérer bien plus instructives que nombre d’analyses géopolitiques. C’est le cas par exemple d’Unilever, ce géant de l’agroalimentaire et des produits de grande consommation, dont chaque mouvement sur l’échiquier global ne passe jamais inaperçu.
Il y a quelques jours, cette firme, présente sur les cinq continents, a annoncé que son conseil de direction ne comporterait plus de membres de nationalité britannique ou néerlandaise. L’annonce n’a rien d’anodin car c’est bien une page qui se tourne dans l’histoire de ce groupe, dont les origines et la matrice sont anglo-hollandaise. En effet, c’est en 1930 que la société anglaise Lever - qui fabriquait alors des savons et des produits d’entretien - a fusionné avec Unie, qui, de son côté, fabriquait de la margarine aux Pays-Bas.
INTERNATIONALISATION DES DIRIGEANTS
Le fait qu’Unilever ne comptera plus parmi ses hauts dirigeants de membres ayant l’une de ses deux nationalités « originelles » confirme que les grandes multinationales deviennent peu à peu des transnationales, passant au-dessus des Etats et des drapeaux, et étant même capables - cela arrivera bien un jour - de s’acheter une terre pour en faire leur propre « pays ».
Mais il n’y a pas que cette question de l’aspect hors-nationalité des grandes sociétés. Ce qu’il y a d’intéressant dans le cas Unilever, c’est que le nouveau conseil de direction comportera 7 membres, dont un Français, trois Américains et, surtout, deux Indiens et un Zimbabwéen. Voilà, représentée de manière concrète, une autre réalité de la mondialisation. Jusqu’à présent, on parlait beaucoup des cadres supérieurs qui passaient d’un continent à l’autre. Aujourd’hui, ce sont les directions des grands groupes qui deviennent internationales. Il y a vingt ans, qui aurait pu prédire que l’un des patrons d’Unilever serait de nationalité indienne ? Et ce n’est qu’un début en attendant que Chinois, Vietnamiens ou Egyptiens ne rejoignent le cercle fermé des grands dirigeants d’entreprises globalisées.
Ces dernières sont-elles pour autant multiculturelles ? Le débat n’est pas tranché. Ce qui lie des Français, des Américains, des Indiens et un Zimbabwéen à la tête d’une grande entreprise comme Unilever, c’est avant tout le partage des mêmes conceptions de l’économie de marché et de la nécessité de rémunérer comme il se doit les actionnaires. Bref, la vision libérale de l’économie est le premier ciment qui peut unir ces hommes.
Pour autant, même s’il a été éduqué dans les plus grandes écoles occidentales, un haut cadre indien n’aura jamais une vision exactement identique à celle de son homologue américain ou français. Du coup, la manière dont ces multinationales font cohabiter ces nationalités est donc, à elle seule, un vaste sujet d’étude dont la partie visible est le développement fulgurant des activités de conseil en environnement multiculturel.
CAP SUR LES PAYS EMERGENTS
L’autre annonce d’Unilever, qui mérite d’être signalée, concerne sa décision de créer une grande division incluant non seulement l’Asie et l’Afrique mais aussi l’Europe de l’Est qui, jusque-là, était rattachée à la division d’Europe de l’Ouest. Cette réorganisation témoigne de la volonté d’Unilever d’axer ses efforts sur les pays émergents, là où les niveaux de consommation restent bien en deçà de ce qui existe dans les pays développés. Unilever n’est pas la seule transnationale à opérer ce basculement, et cela promet de grandes batailles à coup de millions de dollars pour le contrôle des marchés émergents.
Pour des pays qui tentent, vaille que vaille, de s’insérer dans le commerce international, c’est le cas par exemple du Maroc ou de la Tunisie, le mouvement d’Unilever démontre qu’il est temps pour eux de commencer à regarder vers l’Est et le Sud plutôt que de tout miser sur les marchés européens et nord-américains, qui sont certes les plus solvables mais aussi les plus saturés et les plus limités en matière de potentiel de développement. C’est ce qui explique, entre autres, pourquoi de nombreux pays du Sud tentent aujourd’hui de signer des accords de libre-échange entre eux.
Le Quotidien d'Oran, mercredi 5 mars 2008
La vie interne et la transformation continue des multinationales sont, sans conteste, une large source d’enseignements et peuvent même s’avérer bien plus instructives que nombre d’analyses géopolitiques. C’est le cas par exemple d’Unilever, ce géant de l’agroalimentaire et des produits de grande consommation, dont chaque mouvement sur l’échiquier global ne passe jamais inaperçu.
Il y a quelques jours, cette firme, présente sur les cinq continents, a annoncé que son conseil de direction ne comporterait plus de membres de nationalité britannique ou néerlandaise. L’annonce n’a rien d’anodin car c’est bien une page qui se tourne dans l’histoire de ce groupe, dont les origines et la matrice sont anglo-hollandaise. En effet, c’est en 1930 que la société anglaise Lever - qui fabriquait alors des savons et des produits d’entretien - a fusionné avec Unie, qui, de son côté, fabriquait de la margarine aux Pays-Bas.
INTERNATIONALISATION DES DIRIGEANTS
Le fait qu’Unilever ne comptera plus parmi ses hauts dirigeants de membres ayant l’une de ses deux nationalités « originelles » confirme que les grandes multinationales deviennent peu à peu des transnationales, passant au-dessus des Etats et des drapeaux, et étant même capables - cela arrivera bien un jour - de s’acheter une terre pour en faire leur propre « pays ».
Mais il n’y a pas que cette question de l’aspect hors-nationalité des grandes sociétés. Ce qu’il y a d’intéressant dans le cas Unilever, c’est que le nouveau conseil de direction comportera 7 membres, dont un Français, trois Américains et, surtout, deux Indiens et un Zimbabwéen. Voilà, représentée de manière concrète, une autre réalité de la mondialisation. Jusqu’à présent, on parlait beaucoup des cadres supérieurs qui passaient d’un continent à l’autre. Aujourd’hui, ce sont les directions des grands groupes qui deviennent internationales. Il y a vingt ans, qui aurait pu prédire que l’un des patrons d’Unilever serait de nationalité indienne ? Et ce n’est qu’un début en attendant que Chinois, Vietnamiens ou Egyptiens ne rejoignent le cercle fermé des grands dirigeants d’entreprises globalisées.
Ces dernières sont-elles pour autant multiculturelles ? Le débat n’est pas tranché. Ce qui lie des Français, des Américains, des Indiens et un Zimbabwéen à la tête d’une grande entreprise comme Unilever, c’est avant tout le partage des mêmes conceptions de l’économie de marché et de la nécessité de rémunérer comme il se doit les actionnaires. Bref, la vision libérale de l’économie est le premier ciment qui peut unir ces hommes.
Pour autant, même s’il a été éduqué dans les plus grandes écoles occidentales, un haut cadre indien n’aura jamais une vision exactement identique à celle de son homologue américain ou français. Du coup, la manière dont ces multinationales font cohabiter ces nationalités est donc, à elle seule, un vaste sujet d’étude dont la partie visible est le développement fulgurant des activités de conseil en environnement multiculturel.
CAP SUR LES PAYS EMERGENTS
L’autre annonce d’Unilever, qui mérite d’être signalée, concerne sa décision de créer une grande division incluant non seulement l’Asie et l’Afrique mais aussi l’Europe de l’Est qui, jusque-là, était rattachée à la division d’Europe de l’Ouest. Cette réorganisation témoigne de la volonté d’Unilever d’axer ses efforts sur les pays émergents, là où les niveaux de consommation restent bien en deçà de ce qui existe dans les pays développés. Unilever n’est pas la seule transnationale à opérer ce basculement, et cela promet de grandes batailles à coup de millions de dollars pour le contrôle des marchés émergents.
Pour des pays qui tentent, vaille que vaille, de s’insérer dans le commerce international, c’est le cas par exemple du Maroc ou de la Tunisie, le mouvement d’Unilever démontre qu’il est temps pour eux de commencer à regarder vers l’Est et le Sud plutôt que de tout miser sur les marchés européens et nord-américains, qui sont certes les plus solvables mais aussi les plus saturés et les plus limités en matière de potentiel de développement. C’est ce qui explique, entre autres, pourquoi de nombreux pays du Sud tentent aujourd’hui de signer des accords de libre-échange entre eux.
lundi 3 mars 2008
La chronique de l'économie : Agflation
_
Le Quotidien d'Oran, mercredi 27 février 2008
Le terme n’est pas nouveau -il a été utilisé au début des années 1970 - mais il commence à peine à entrer dans le langage commun. En contractant agriculture et inflation, il désigne la hausse brutale des prix des produits agricoles et alimentaires, un phénomène dont on parle désormais aux quatre coins de la planète, avec tout ce que cela englobe comme tensions sociales et défis imposés aux gouvernements.
A la fin de l’été dernier, la « grève des pâtes », lancée en Italie pour dénoncer la hausse des prix de cet aliment incontournable pour les Italiens n’a ainsi été qu’un maillon parmi tant d’autres dans la longue chaîne des protestas qui, de la Chine au Mexique, ont poussé des milliers de personnes à investir la rue pour manifester contre cette inflation d’un genre nouveau.
C’est le cas aussi en France où une récente enquête vient de mettre en exergue des hausses de prix stupéfiantes pour certains produits alimentaires comme les laitages ou les céréales (plus de 30 % en quelques mois). Certes, pour cet exemple précis, il est difficile de savoir si le problème réside en amont, c’est-à-dire au niveau des producteurs ou alors en aval, c’est-à-dire au niveau des distributeurs ou des intermédiaires.
Mais le plus important, c’est que ces hausses n’ont pu intervenir que parce qu’il existe bel et bien une tendance haussière des matières premières agricoles, phénomène qui encourage certains opérateurs économiques à profiter de l’aubaine.
Les explications à propos de l’agflation sont nombreuses et complémentaires. La première est la plus logique mais aussi la plus inquiétante. Dans un monde globalisé, où la population de la planète ne cesse d’augmenter alors que les surfaces cultivées diminuent, il est normal, par effet mécanique, d’assister à la hausse des prix agricoles, la demande étant plus importante que l’offre. De plus, la mondialisation fait se diffuser et s’uniformiser les modes de consommation de manière plus rapide. Hier, la Chine et l’Inde réussissaient à préserver leurs modèles d’alimentation traditionnelle.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : laitages, céréales voire même café et chocolat sont presque autant recherchés par leurs consommateurs qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Résultat, il existe aujourd’hui une compétition pour l’acquisition de produits alimentaires qui, sans être aussi féroce que celle existant pour le pétrole, est certainement appelée à s’exacerber.
La seconde explication réside dans les conséquences pour le moins néfastes des accords de libre-échange signés par des pays à vocation agricole. C’est le cas par exemple du Mexique, l’un des principaux producteurs mondiaux de maïs et dont les récoltes sont en chute libre parce que ses paysans ne peuvent pas lutter contre les importations de produits américains lesquels, signalons-le au passage, bénéficient de subventions huit fois plus élevées que celle que Mexico accorde à ses agriculteurs.
Résultat, ces derniers remplacent leurs cultures de maïs ou de céréales par du pavot ou de la marijuana et c’est ainsi que le Mexique est en passe actuellement de devenir le premier producteur mondial de cette plante. Voilà comment la combinaison du libre-échange et le trafic de drogue contribuent à l’agflation en encourageant la disparition de cultures de produits alimentaires.
Enfin, la lutte contre le réchauffement climatique a parfois des mauvais côtés. La montée en puissance des biocarburants ou, pour être plus précis, des agrocarburants est aussi responsable de l’agflation. En favorisant le marché du carburant « propre », certains agriculteurs ont fait le choix de l’automobile contre celui de l’alimentation de l’être humain.
Il y a d’ailleurs là un véritable problème éthique qui n’est pas suffisamment abordé : comment peut-on privilégier la voiture au détriment de l’alimentation dans le monde ? Conséquence : dans les pays les plus pauvres, le Programme alimentaire mondial de l’ONU, le PAM, n’arrive plus à répondre à la demande. En vendant leur production à des fabricants d’éthanol, les agriculteurs n’avivent pas simplement l’agflation, ils contribuent à aggraver le drame de la faim dans le monde. C’est l’un des scandales majeurs de notre monde globalisé.
Le Quotidien d'Oran, mercredi 27 février 2008
Le terme n’est pas nouveau -il a été utilisé au début des années 1970 - mais il commence à peine à entrer dans le langage commun. En contractant agriculture et inflation, il désigne la hausse brutale des prix des produits agricoles et alimentaires, un phénomène dont on parle désormais aux quatre coins de la planète, avec tout ce que cela englobe comme tensions sociales et défis imposés aux gouvernements.
A la fin de l’été dernier, la « grève des pâtes », lancée en Italie pour dénoncer la hausse des prix de cet aliment incontournable pour les Italiens n’a ainsi été qu’un maillon parmi tant d’autres dans la longue chaîne des protestas qui, de la Chine au Mexique, ont poussé des milliers de personnes à investir la rue pour manifester contre cette inflation d’un genre nouveau.
C’est le cas aussi en France où une récente enquête vient de mettre en exergue des hausses de prix stupéfiantes pour certains produits alimentaires comme les laitages ou les céréales (plus de 30 % en quelques mois). Certes, pour cet exemple précis, il est difficile de savoir si le problème réside en amont, c’est-à-dire au niveau des producteurs ou alors en aval, c’est-à-dire au niveau des distributeurs ou des intermédiaires.
Mais le plus important, c’est que ces hausses n’ont pu intervenir que parce qu’il existe bel et bien une tendance haussière des matières premières agricoles, phénomène qui encourage certains opérateurs économiques à profiter de l’aubaine.
Les explications à propos de l’agflation sont nombreuses et complémentaires. La première est la plus logique mais aussi la plus inquiétante. Dans un monde globalisé, où la population de la planète ne cesse d’augmenter alors que les surfaces cultivées diminuent, il est normal, par effet mécanique, d’assister à la hausse des prix agricoles, la demande étant plus importante que l’offre. De plus, la mondialisation fait se diffuser et s’uniformiser les modes de consommation de manière plus rapide. Hier, la Chine et l’Inde réussissaient à préserver leurs modèles d’alimentation traditionnelle.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : laitages, céréales voire même café et chocolat sont presque autant recherchés par leurs consommateurs qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Résultat, il existe aujourd’hui une compétition pour l’acquisition de produits alimentaires qui, sans être aussi féroce que celle existant pour le pétrole, est certainement appelée à s’exacerber.
La seconde explication réside dans les conséquences pour le moins néfastes des accords de libre-échange signés par des pays à vocation agricole. C’est le cas par exemple du Mexique, l’un des principaux producteurs mondiaux de maïs et dont les récoltes sont en chute libre parce que ses paysans ne peuvent pas lutter contre les importations de produits américains lesquels, signalons-le au passage, bénéficient de subventions huit fois plus élevées que celle que Mexico accorde à ses agriculteurs.
Résultat, ces derniers remplacent leurs cultures de maïs ou de céréales par du pavot ou de la marijuana et c’est ainsi que le Mexique est en passe actuellement de devenir le premier producteur mondial de cette plante. Voilà comment la combinaison du libre-échange et le trafic de drogue contribuent à l’agflation en encourageant la disparition de cultures de produits alimentaires.
Enfin, la lutte contre le réchauffement climatique a parfois des mauvais côtés. La montée en puissance des biocarburants ou, pour être plus précis, des agrocarburants est aussi responsable de l’agflation. En favorisant le marché du carburant « propre », certains agriculteurs ont fait le choix de l’automobile contre celui de l’alimentation de l’être humain.
Il y a d’ailleurs là un véritable problème éthique qui n’est pas suffisamment abordé : comment peut-on privilégier la voiture au détriment de l’alimentation dans le monde ? Conséquence : dans les pays les plus pauvres, le Programme alimentaire mondial de l’ONU, le PAM, n’arrive plus à répondre à la demande. En vendant leur production à des fabricants d’éthanol, les agriculteurs n’avivent pas simplement l’agflation, ils contribuent à aggraver le drame de la faim dans le monde. C’est l’un des scandales majeurs de notre monde globalisé.
mercredi 20 février 2008
Chronique économique : Pressions sur les fonds souverains arabes
.
Le Quotidien d'Oran, mercredi 20 février 2008
C’est donc l’Australie qui, la première, vient d’ouvrir le feu sur les fonds souverains qui persisteraient à rester sourds aux critiques et mises en garde les concernant à propos de leur opacité. En effet, Canberra vient d’édicter six règles destinées à «améliorer la transparence» des investissements étrangers réalisés sur son sol.
L’un des points les plus importants concerne le fait que les autorités australiennes examineront de près le niveau d’autonomie du fonds souverain vis-à-vis du gouvernement de son pays. On comprend le souci des dirigeants australiens. S’ils ne refusent aucun investissement étranger, ils souhaitent tout de même avoir un droit de regard sur les entrées de capitaux qui seraient motivées par une décision politique extérieure.
Cette exigence résume à elle seule le grand bras de fer qui se profile entre, d’une part, les nations industrialisées et, de l’autre, les fonds souverains arabes, russe et asiatiques. Les premières aimeraient que les seconds soient plus transparents, rendent publics leurs avoirs, détaillent leurs stratégies d’investissement et ne taisent pas leurs opérations.
Autant de «demandes» que les fonds souverains considèrent comme une atteinte à leur liberté d’autant que d’autres investisseurs, à commencer par les fonds spéculatifs ou «hedge funds», ne se voient imposer aucune contrainte. De même, ne comprennent-ils pas cette soudaine levée de boucliers alors qu’ils existent, pour certains d’entre eux, depuis plusieurs décennies.
En fait, c’est bien parce que les fonds souverains ont changé qu’ils inquiètent. Jusqu’à ces dernières années, ils investissaient leurs avoirs dans des placements sûrs et peu risqués à l’image des bons du Trésor américains voire européens (notamment le «bund» allemand). Mais leur stratégie a quelque peu changé depuis le début du siècle. Ces fonds n’hésitent plus à faire leurs emplettes sur des segments un peu plus risqués mais a priori plus rémunérateurs comme le marché boursier ou celui des changes. Deux environnements jugés stratégiques par les nations industrialisées.
Pour ce qui est des Bourses, la crainte est que des fonds souverains opèrent un contrôle rampant des fleurons des économies industrialisées. Une telle peur s’est par exemple matérialisée lorsque le fonds souverain d’Abu Dhabi (Abu Dhabi Investment Authority ou Adia) a déboursé plus de 7 milliards de dollars pour acquérir 4,9% du capital de Citigroup, la première banque américaine.
A l’époque, de nombreuses informations ont fait état du fait que Adia aurait souhaité prendre une part plus grande dans «Citi» mais qu’il a renoncé parce que toute acquisition de plus 5% du capital de la banque aurait permis à la Securities and Exchange Commission (SEC, le gendarme boursier américain) de mettre son nez dans la transaction.
Face aux critiques, les fonds souverains arabes ont des réponses quelque peu différentes. Celui du Koweït, l’un des plus anciens au monde puisqu’il a été créé en 1953, met en avant sa relative transparence et son fonctionnement autonome vis-à-vis des autorités politiques. Il faut dire que ce fonds a connu une cuisante expérience lorsqu’il avait tenté de prendre le contrôle du pétrolier britannique BP dans les années 1990 avant de faire machine arrière face au refus de Margaret Tatcher d’accepter une telle opération.
Quant aux autres fonds, qu’il s’agisse de celui d’Abu Dhabi, de Dubaï ou du Qatar, ils ne peuvent guère se targuer de leur transparence et encore moins d’une autonomie par rapport aux familles régnantes. En effet, il est toujours difficile de faire la part des choses entre les avoirs du fonds et ceux des dirigeants.
Du coup, ces fonds avancent un autre argument assez convaincant. Ils répètent à l’envi que leurs investissements sont destinés à préparer l’après-pétrole et qu’il ne s’agit pour eux en aucune façon de prendre le contrôle des économies occidentales. Une manière intelligente de se différencier d’autres fonds, notamment russe et chinois, qui eux ne cachent guère leur volonté de s’imposer en tant que bras armés de leurs gouvernements.
Akram Belkaïd
_
Le Quotidien d'Oran, mercredi 20 février 2008
C’est donc l’Australie qui, la première, vient d’ouvrir le feu sur les fonds souverains qui persisteraient à rester sourds aux critiques et mises en garde les concernant à propos de leur opacité. En effet, Canberra vient d’édicter six règles destinées à «améliorer la transparence» des investissements étrangers réalisés sur son sol.
L’un des points les plus importants concerne le fait que les autorités australiennes examineront de près le niveau d’autonomie du fonds souverain vis-à-vis du gouvernement de son pays. On comprend le souci des dirigeants australiens. S’ils ne refusent aucun investissement étranger, ils souhaitent tout de même avoir un droit de regard sur les entrées de capitaux qui seraient motivées par une décision politique extérieure.
Cette exigence résume à elle seule le grand bras de fer qui se profile entre, d’une part, les nations industrialisées et, de l’autre, les fonds souverains arabes, russe et asiatiques. Les premières aimeraient que les seconds soient plus transparents, rendent publics leurs avoirs, détaillent leurs stratégies d’investissement et ne taisent pas leurs opérations.
Autant de «demandes» que les fonds souverains considèrent comme une atteinte à leur liberté d’autant que d’autres investisseurs, à commencer par les fonds spéculatifs ou «hedge funds», ne se voient imposer aucune contrainte. De même, ne comprennent-ils pas cette soudaine levée de boucliers alors qu’ils existent, pour certains d’entre eux, depuis plusieurs décennies.
En fait, c’est bien parce que les fonds souverains ont changé qu’ils inquiètent. Jusqu’à ces dernières années, ils investissaient leurs avoirs dans des placements sûrs et peu risqués à l’image des bons du Trésor américains voire européens (notamment le «bund» allemand). Mais leur stratégie a quelque peu changé depuis le début du siècle. Ces fonds n’hésitent plus à faire leurs emplettes sur des segments un peu plus risqués mais a priori plus rémunérateurs comme le marché boursier ou celui des changes. Deux environnements jugés stratégiques par les nations industrialisées.
Pour ce qui est des Bourses, la crainte est que des fonds souverains opèrent un contrôle rampant des fleurons des économies industrialisées. Une telle peur s’est par exemple matérialisée lorsque le fonds souverain d’Abu Dhabi (Abu Dhabi Investment Authority ou Adia) a déboursé plus de 7 milliards de dollars pour acquérir 4,9% du capital de Citigroup, la première banque américaine.
A l’époque, de nombreuses informations ont fait état du fait que Adia aurait souhaité prendre une part plus grande dans «Citi» mais qu’il a renoncé parce que toute acquisition de plus 5% du capital de la banque aurait permis à la Securities and Exchange Commission (SEC, le gendarme boursier américain) de mettre son nez dans la transaction.
Face aux critiques, les fonds souverains arabes ont des réponses quelque peu différentes. Celui du Koweït, l’un des plus anciens au monde puisqu’il a été créé en 1953, met en avant sa relative transparence et son fonctionnement autonome vis-à-vis des autorités politiques. Il faut dire que ce fonds a connu une cuisante expérience lorsqu’il avait tenté de prendre le contrôle du pétrolier britannique BP dans les années 1990 avant de faire machine arrière face au refus de Margaret Tatcher d’accepter une telle opération.
Quant aux autres fonds, qu’il s’agisse de celui d’Abu Dhabi, de Dubaï ou du Qatar, ils ne peuvent guère se targuer de leur transparence et encore moins d’une autonomie par rapport aux familles régnantes. En effet, il est toujours difficile de faire la part des choses entre les avoirs du fonds et ceux des dirigeants.
Du coup, ces fonds avancent un autre argument assez convaincant. Ils répètent à l’envi que leurs investissements sont destinés à préparer l’après-pétrole et qu’il ne s’agit pour eux en aucune façon de prendre le contrôle des économies occidentales. Une manière intelligente de se différencier d’autres fonds, notamment russe et chinois, qui eux ne cachent guère leur volonté de s’imposer en tant que bras armés de leurs gouvernements.
Akram Belkaïd
_
vendredi 15 février 2008
Encore le n'importe quoi !
_
De retour du Golfe.
On part quelques jours et l'on retrouve une situation pire que la précédente.
Sarko, ça va ou bien ? C'est pas fini tous ces délires à deux balles ?
Faut grandir un peu ! On dirait un ado qui s'amuse à faire enrager son entourage.
De retour du Golfe.
On part quelques jours et l'on retrouve une situation pire que la précédente.
Sarko, ça va ou bien ? C'est pas fini tous ces délires à deux balles ?
Faut grandir un peu ! On dirait un ado qui s'amuse à faire enrager son entourage.
La chronique économique : Le marché devant, les institutions internationales loin derrière
_
Le Quotidien d'Oran, mercredi 13 février 2008
Akram Belkaïd
Les crises financières se suivent et, finalement, se ressemblent en cela qu'elles sont toujours suivies par les mêmes promesses d'ivrognes. Prenez la récente réunion du G7. Comme il fallait s'y attendre, les grands de ce monde (cette notion étant de plus en plus discutable car des pays comme la Chine, l'Inde ou le Brésil auraient aussi leur place dans ce club fermé) nous ont encore gratifiés de déclarations lénifiantes sur la nécessité de mettre en place des mécanismes préventifs pour la détection des crises.
Reprenez les communiqués qui avaient suivi l'explosion de la bulle internet ou, plus loin encore, ceux qui avaient été émis après la bourrasque asiatique de 1997, et vous trouverez les mêmes mots, les mêmes formules volontaristes.
Et puisque l'on parle de la crise asiatique, qui se souvient de la création, à l'époque, du Forum de stabilité financière, un « machin » qui regroupe des banquiers centraux et dont on entend parler de temps à autre ? Et c'est ce Forum que le G7 vient de ressortir en l'engageant à travailler « de manière plus rapprochée » avec le Fonds monétaire international (FMI) afin d'identifier « les vulnérabilités » du système financier et « d'améliorer les mécanismes d'alerte précoce. » Et patati, et patata...
Personne ne contestera que ni le Forum de stabilité financière et encore moins le FMI n'ont vu venir la crise du crédit hypothécaire américain. Le premier peut se prévaloir de quelques excuses dont celle qui consiste à déplorer son manque de moyens financiers.
L'affaire est un peu plus compliquée pour le Fonds monétaire dont le directeur général, Dominique Strauss-Kahn, affirme que cette institution a bel et bien vu venir la crise des « subprime » mais qu'elle n'a peut-être pas été suffisamment audible.
C'est peut-être vrai car, concernant le FMI, il n'est pas idiot de se demander si quelqu'un l'écoute encore. En mal de pays débiteurs, discrédité par la crise asiatique et incapable de se réformer, le FMI a perdu de son aura et cela entame sa crédibilité vis-à-vis des marchés financiers.
En réalité, il faudrait appeler un chat un chat et convenir que les institutions internationales comme les gouvernements ont perdu l'ascendant sur ce qu'elles ont contribué à créer. En un mot, le politique comme les autorités de supervision sont à la traîne derrière un marché débridé qui, hier encore avait déjà une longueur d'avance mais qui aujourd'hui en a trois ou quatre.
Malgré leurs beaux discours, les fonctionnaires du FMI comme les membres du Forum de stabilité financière, voire comme les banquiers centraux, en sont réduits à attendre que cela se passe pour réagir. Et après la crise, il leur est toujours facile d'édicter quelques lois, lesquelles seront de toutes les façons inefficaces puisqu'elles ne remettront pas en cause la sacro-sainte dérégulation des marchés.
Ce qui se passe actuellement dans le secteur bancaire illustre bien le manque d'ascendant des institutions internationales sur le marché. Quand le G7 fait mine de s'énerver en exigeant des banques qu'elles publient toutes leurs pertes dues aux « subprime », on réalise soudain que quelque chose va mal car, naïvement, on pourrait penser que les règles comptables et prudentielles commandent à tout établissement bancaire de publier ses comptes sans attendre les supplications du G7. Le fait même que l'on ne sache pas si le total de ces pertes, pour l'industrie bancaire, est de 120 milliards de dollars ou de 400 milliards de dollars, montre bien à quel point le système est dévoyé.
En attendant, pour reprendre les propos de Mario Draghi, le gouverneur de la Banque d'Italie et le président du Forum de stabilité financière, les quinze prochains jours vont être cruciaux puisque c'est durant ce laps de temps que de nombreuses banques vont publier leurs comptes certifiés pour l'année 2007. Et dans cette affaire, qu'il s'agisse de la Société Générale, d'UBS ou d'autres, le pire est bien possible...
Le Quotidien d'Oran, mercredi 13 février 2008
Akram Belkaïd
Les crises financières se suivent et, finalement, se ressemblent en cela qu'elles sont toujours suivies par les mêmes promesses d'ivrognes. Prenez la récente réunion du G7. Comme il fallait s'y attendre, les grands de ce monde (cette notion étant de plus en plus discutable car des pays comme la Chine, l'Inde ou le Brésil auraient aussi leur place dans ce club fermé) nous ont encore gratifiés de déclarations lénifiantes sur la nécessité de mettre en place des mécanismes préventifs pour la détection des crises.
Reprenez les communiqués qui avaient suivi l'explosion de la bulle internet ou, plus loin encore, ceux qui avaient été émis après la bourrasque asiatique de 1997, et vous trouverez les mêmes mots, les mêmes formules volontaristes.
Et puisque l'on parle de la crise asiatique, qui se souvient de la création, à l'époque, du Forum de stabilité financière, un « machin » qui regroupe des banquiers centraux et dont on entend parler de temps à autre ? Et c'est ce Forum que le G7 vient de ressortir en l'engageant à travailler « de manière plus rapprochée » avec le Fonds monétaire international (FMI) afin d'identifier « les vulnérabilités » du système financier et « d'améliorer les mécanismes d'alerte précoce. » Et patati, et patata...
Personne ne contestera que ni le Forum de stabilité financière et encore moins le FMI n'ont vu venir la crise du crédit hypothécaire américain. Le premier peut se prévaloir de quelques excuses dont celle qui consiste à déplorer son manque de moyens financiers.
L'affaire est un peu plus compliquée pour le Fonds monétaire dont le directeur général, Dominique Strauss-Kahn, affirme que cette institution a bel et bien vu venir la crise des « subprime » mais qu'elle n'a peut-être pas été suffisamment audible.
C'est peut-être vrai car, concernant le FMI, il n'est pas idiot de se demander si quelqu'un l'écoute encore. En mal de pays débiteurs, discrédité par la crise asiatique et incapable de se réformer, le FMI a perdu de son aura et cela entame sa crédibilité vis-à-vis des marchés financiers.
En réalité, il faudrait appeler un chat un chat et convenir que les institutions internationales comme les gouvernements ont perdu l'ascendant sur ce qu'elles ont contribué à créer. En un mot, le politique comme les autorités de supervision sont à la traîne derrière un marché débridé qui, hier encore avait déjà une longueur d'avance mais qui aujourd'hui en a trois ou quatre.
Malgré leurs beaux discours, les fonctionnaires du FMI comme les membres du Forum de stabilité financière, voire comme les banquiers centraux, en sont réduits à attendre que cela se passe pour réagir. Et après la crise, il leur est toujours facile d'édicter quelques lois, lesquelles seront de toutes les façons inefficaces puisqu'elles ne remettront pas en cause la sacro-sainte dérégulation des marchés.
Ce qui se passe actuellement dans le secteur bancaire illustre bien le manque d'ascendant des institutions internationales sur le marché. Quand le G7 fait mine de s'énerver en exigeant des banques qu'elles publient toutes leurs pertes dues aux « subprime », on réalise soudain que quelque chose va mal car, naïvement, on pourrait penser que les règles comptables et prudentielles commandent à tout établissement bancaire de publier ses comptes sans attendre les supplications du G7. Le fait même que l'on ne sache pas si le total de ces pertes, pour l'industrie bancaire, est de 120 milliards de dollars ou de 400 milliards de dollars, montre bien à quel point le système est dévoyé.
En attendant, pour reprendre les propos de Mario Draghi, le gouverneur de la Banque d'Italie et le président du Forum de stabilité financière, les quinze prochains jours vont être cruciaux puisque c'est durant ce laps de temps que de nombreuses banques vont publier leurs comptes certifiés pour l'année 2007. Et dans cette affaire, qu'il s'agisse de la Société Générale, d'UBS ou d'autres, le pire est bien possible...
mardi 12 février 2008
Une blague
_
Devinette entendue il y a quelques jours dans la bouche d'une enfant de 8 ans :
- Sarko et Ségo sont dans une barque qui coule. Qui sera sauvé ?
réponse : La France
Ah..., ces mioches !
Devinette entendue il y a quelques jours dans la bouche d'une enfant de 8 ans :
- Sarko et Ségo sont dans une barque qui coule. Qui sera sauvé ?
réponse : La France
Ah..., ces mioches !
jeudi 7 février 2008
Analyse : Les monnaies du Golfe piégées par le billet vert
_
La Tribune, mardi 5 février 2008
- Face à une inflation galopante, les monarchies du Conseil de coopération du Golfe (GCC) hésitent à réévaluer leurs monnaies arrimées au dollar.
- Un tel mouvement entraînerait une nouvelle faiblesse du dollar, qui diminuerait d'autant les recettes générées par la vente de leur pétrole.
Réévaluera ou ne réévaluera pas ? Peg supprimé ou non ? Depuis plusieurs mois, les banquiers centraux de cinq des six pays du Conseil de coopération du Golfe (GCC) déroutent les observateurs en multipliant les déclarations contradictoires à propos de leurs monnaies, toutes arrimées par un lien fixe au dollar US (seul le dinar du Koweït est lié à un panier de devises depuis mai 2007). Face à la glissade du billet vert qui entraîne vers le fond rial omanais, qatari et saoudien, dinar de Bahreïn et dirham émirati, et une inflation qui bat tous les records, plusieurs responsables régionaux ont évoqué l'hypothèse d'une réévaluation de ces devises, voire d'une suppression pure et simple du peg. Mais ils ont fait machine arrière alors que le marché des changes était persuadé que le réajustement n'était plus qu'une question d'heures.
Le cas le plus caractéristique de ces tergiversations est celui des Émirats arabes unis (EAU). En novembre, Sultan Bin Nasser al-Suwaidi, gouverneur de la banque centrale, a appelé les pays du Golfe à abandonner le peg au profit d'un panier de devises pour contrer les tensions inflationnistes. Quelques semaines plus tard, cet appel était réitéré et assorti de la promesse que les Émirats ne procéderaient à aucune réévaluation seuls, souhaitant une action de concert avec les autres pays du GCC. Mais, début janvier, le gouverneur faisait lui aussi machine arrière, estimant que le lien fixe entre le dirham et le dollar n'est pas responsable de l'inflation. Promettant de ne pas remettre en cause ce peg, Nasser al-Suwaidi a désigné l'immobilier et l'alimentation comme principales causes de la flambée des prix.
Pour bien comprendre ces atermoiements, il faut rappeler que les deux premières sorties de Nasser al-Suwaidi sont intervenues dans un contexte particulier marqué par la multiplication de protestations contre l'augmentation du coût de la vie dans les Émirats. En 2007, l'inflation émiratie a atteint en effet un plus-haut historique de 9,8 % avec des conséquences sociales importantes. Face à la grogne des fonctionnaires, le gouvernement fédéral a dû concéder des augmentations salariales de 70 %, en vigueur depuis le 1er janvier.
De même a-t-il dû faire pression sur les entreprises privées pour qu'elles revalorisent les salaires des travailleurs immigrés en provenance d'Asie, qui avaient provoqué plusieurs émeutes, notamment à Dubaï. Ils s'estimaient doublement pénalisés par la chute du dirham et par la baisse de leur pouvoir d'achat, qui rognait d'autant le montant des mandats envoyés à leurs familles.
Ces mêmes hésitations se retrouvent au Qatar, où l'inflation flirte avec 15 %. La semaine dernière, Abdullah bin Hamad al-Attiyah, vice-Premier ministre, a déclaré que son gouvernement et la banque centrale qatarie étudiaient « le principe d'une réévaluation du riyal » tout en s'empressant d'ajouter que « rien en la matière n'était décidé ». Un chaud-froid qui n'a guère étonné les marchés tant cette question des monnaies n'est pas uniquement liée à des considérations économiques.
Attentive à ne pas froisser son allié américain mais aussi soucieuse de ne pas déprécier ses avoirs financiers libellés en large part en dollars, l'Arabie Saoudite fait pression sur ses partenaires du GCC pour maintenir un statu quo monétaire. « Nous n'avons aucun plan pour modifier ou supprimer le lien fixe entre le rial et le dollar » , affirme-t-on ainsi dans l'entourage d'Ibrahim al-Assaf, ministre des Finances saoudien.
D'autres officiels du Royaume wahhabite reconnaissent que leur gouvernement est attentif à ne pas provoquer une baisse brutale du dollar en réévaluant le rial. Une réévaluation qui, par effet mécanique, amoindrirait la valeur des revenus pétroliers, ces derniers étant libellés en dollar. « Les pays du Golfe sont partagés entre la nécessité de ne pas diminuer le montant de leurs avoirs financiers et de leurs recettes pétrolières et celle de combattre une inflation qui posent de sérieux problèmes sociaux », juge Mario Maratheftis, économiste chez Standard Chartered.
Pour cet expert, comme pour ceux de Merrill Lynch, « la réévaluation des monnaies du Golfe n'est qu'une question de temps ». D'abord, parce que l'inflation pourrait bien atteindre les 20 % si rien n'est fait pour la juguler. Ensuite, parce que la faiblesse du dollar semble partie pour durer. Le marché des changes ne s'y est d'ailleurs pas trompé qui teste régulièrement les monnaies du Golfe. Enfin, l'exemple du Koweït plaide pour une modification du peg. Depuis mai 2007, date à laquelle la valeur du dinar est fixée par rapport à un panier de devises (où le dollar pèse tout de même 70 %), l'inflation, même si elle demeure élevée, est la mieux contrôlée de la région.
Akram Belkaïd
La Tribune, mardi 5 février 2008
- Face à une inflation galopante, les monarchies du Conseil de coopération du Golfe (GCC) hésitent à réévaluer leurs monnaies arrimées au dollar.
- Un tel mouvement entraînerait une nouvelle faiblesse du dollar, qui diminuerait d'autant les recettes générées par la vente de leur pétrole.
Réévaluera ou ne réévaluera pas ? Peg supprimé ou non ? Depuis plusieurs mois, les banquiers centraux de cinq des six pays du Conseil de coopération du Golfe (GCC) déroutent les observateurs en multipliant les déclarations contradictoires à propos de leurs monnaies, toutes arrimées par un lien fixe au dollar US (seul le dinar du Koweït est lié à un panier de devises depuis mai 2007). Face à la glissade du billet vert qui entraîne vers le fond rial omanais, qatari et saoudien, dinar de Bahreïn et dirham émirati, et une inflation qui bat tous les records, plusieurs responsables régionaux ont évoqué l'hypothèse d'une réévaluation de ces devises, voire d'une suppression pure et simple du peg. Mais ils ont fait machine arrière alors que le marché des changes était persuadé que le réajustement n'était plus qu'une question d'heures.
Le cas le plus caractéristique de ces tergiversations est celui des Émirats arabes unis (EAU). En novembre, Sultan Bin Nasser al-Suwaidi, gouverneur de la banque centrale, a appelé les pays du Golfe à abandonner le peg au profit d'un panier de devises pour contrer les tensions inflationnistes. Quelques semaines plus tard, cet appel était réitéré et assorti de la promesse que les Émirats ne procéderaient à aucune réévaluation seuls, souhaitant une action de concert avec les autres pays du GCC. Mais, début janvier, le gouverneur faisait lui aussi machine arrière, estimant que le lien fixe entre le dirham et le dollar n'est pas responsable de l'inflation. Promettant de ne pas remettre en cause ce peg, Nasser al-Suwaidi a désigné l'immobilier et l'alimentation comme principales causes de la flambée des prix.
Pour bien comprendre ces atermoiements, il faut rappeler que les deux premières sorties de Nasser al-Suwaidi sont intervenues dans un contexte particulier marqué par la multiplication de protestations contre l'augmentation du coût de la vie dans les Émirats. En 2007, l'inflation émiratie a atteint en effet un plus-haut historique de 9,8 % avec des conséquences sociales importantes. Face à la grogne des fonctionnaires, le gouvernement fédéral a dû concéder des augmentations salariales de 70 %, en vigueur depuis le 1er janvier.
De même a-t-il dû faire pression sur les entreprises privées pour qu'elles revalorisent les salaires des travailleurs immigrés en provenance d'Asie, qui avaient provoqué plusieurs émeutes, notamment à Dubaï. Ils s'estimaient doublement pénalisés par la chute du dirham et par la baisse de leur pouvoir d'achat, qui rognait d'autant le montant des mandats envoyés à leurs familles.
Ces mêmes hésitations se retrouvent au Qatar, où l'inflation flirte avec 15 %. La semaine dernière, Abdullah bin Hamad al-Attiyah, vice-Premier ministre, a déclaré que son gouvernement et la banque centrale qatarie étudiaient « le principe d'une réévaluation du riyal » tout en s'empressant d'ajouter que « rien en la matière n'était décidé ». Un chaud-froid qui n'a guère étonné les marchés tant cette question des monnaies n'est pas uniquement liée à des considérations économiques.
Attentive à ne pas froisser son allié américain mais aussi soucieuse de ne pas déprécier ses avoirs financiers libellés en large part en dollars, l'Arabie Saoudite fait pression sur ses partenaires du GCC pour maintenir un statu quo monétaire. « Nous n'avons aucun plan pour modifier ou supprimer le lien fixe entre le rial et le dollar » , affirme-t-on ainsi dans l'entourage d'Ibrahim al-Assaf, ministre des Finances saoudien.
D'autres officiels du Royaume wahhabite reconnaissent que leur gouvernement est attentif à ne pas provoquer une baisse brutale du dollar en réévaluant le rial. Une réévaluation qui, par effet mécanique, amoindrirait la valeur des revenus pétroliers, ces derniers étant libellés en dollar. « Les pays du Golfe sont partagés entre la nécessité de ne pas diminuer le montant de leurs avoirs financiers et de leurs recettes pétrolières et celle de combattre une inflation qui posent de sérieux problèmes sociaux », juge Mario Maratheftis, économiste chez Standard Chartered.
Pour cet expert, comme pour ceux de Merrill Lynch, « la réévaluation des monnaies du Golfe n'est qu'une question de temps ». D'abord, parce que l'inflation pourrait bien atteindre les 20 % si rien n'est fait pour la juguler. Ensuite, parce que la faiblesse du dollar semble partie pour durer. Le marché des changes ne s'y est d'ailleurs pas trompé qui teste régulièrement les monnaies du Golfe. Enfin, l'exemple du Koweït plaide pour une modification du peg. Depuis mai 2007, date à laquelle la valeur du dinar est fixée par rapport à un panier de devises (où le dollar pèse tout de même 70 %), l'inflation, même si elle demeure élevée, est la mieux contrôlée de la région.
Akram Belkaïd
samedi 2 février 2008
Omani inflation increases
_
Omani inflation accelerated to a record 7.6 percent in November (from 6.8 percent in October) as the cost of rents and food increased, the Ministry of Economy said.
The price of food increased 12,6 percent, while rents jumped 11 percent.
On january 15th, the ruler of Oman, Sultan Qaboos bin Said called on the government to study the causes of accelerating inflation and how tackle it, urging limits to be imposed on price increases.
source : Bloomberg, Ministry of Economy in Oman
Omani inflation accelerated to a record 7.6 percent in November (from 6.8 percent in October) as the cost of rents and food increased, the Ministry of Economy said.
The price of food increased 12,6 percent, while rents jumped 11 percent.
On january 15th, the ruler of Oman, Sultan Qaboos bin Said called on the government to study the causes of accelerating inflation and how tackle it, urging limits to be imposed on price increases.
source : Bloomberg, Ministry of Economy in Oman
mercredi 30 janvier 2008
Chronique économique : Récession américaine et nouvel ordre économique mondial
_
Le Quotidien d'Oran, 30 janvier 2008
Les statistiques se suivent et se ressemblent presque toutes: l’économie américaine est en route pour la récession, certains économistes affirmant même qu’elle y est déjà entrée depuis quelques mois. Un secteur immobilier malade, des ménages qui commencent à réduire leurs dépenses de consommation, des marchés financiers qui s’affolent: un tel cocktail ne pouvait que déclencher ce retournement de conjoncture qui, concrètement, se caractérise par une production de richesses moins importante.
Du coup, la sempiternelle question revient sur toutes les lèvres: puisque l’Amérique éternue, le reste du monde va-t-il s’enrhumer ? Quoi que l’on pense des Etats-Unis, la question est légitime car l’économie de ce pays, avec près de 14.000 milliards de dollars de Produit intérieur brut (PIB), est la première de la planète, devant celles du Japon, de la Chine et de l’Allemagne.En étant les clients du monde entier, qu’il s’agisse de l’Europe, de l’Asie ou des pays d’Amérique latine, les Etats-Unis ont un effet d’entraînement considérable sur la machine économique globale. Que la demande américaine vienne à baisser et de nombreux pays subiront le choc en retour avec le risque d’entrer, eux aussi, en récession.
Mais, pour autant, la possibilité d’une contamination est âprement discutée. Sans nier l’importance de l’économie étasunienne, il existe des experts qui pensent que le monde peut s’adapter à sa faiblesse, voire à continuer à bien fonctionner sans dépendre d’elle. C’est la thèse du découplage. Elle n’est pas nouvelle et émerge à chaque fois que les Etats-Unis connaissent un trou d’air. Mais cette fois-ci, assurent ceux qui la défendent, l’environnement est totalement différent.
En 2001, date de la dernière récession américaine, les pays émergents tels que le Brésil, la Russie, l’Inde ou la Chine (les fameux BRIC, selon l’acronyme élaboré par Goldman Sachs pour suivre l’évolution de la mondialisation et des pays émergents) n’avaient pas atteint le niveau de développement qui les caractérise aujourd’hui. Et encore, il convient de rappeler que la récession américaine de 2001 n’a duré que deux trimestres, ce qui oblige à revenir à 1991 pour retrouver trace d’un repli durable de l’activité économique aux Etats-Unis. Un repli qui avait permis à Bill Clinton de remporter la présidentielle de 1992 face à Bush père grâce au fameux slogan «It’s the economy, stupid !».
En 1991, Internet en était à ses balbutiements, la Russie s’effondrait, la Chine reprenait discrètement sa place sur l’échiquier mondial après les massacres de Tian’anmen de 1989. Aujourd’hui, la situation est totalement différente. Les pays émergents commercent de plus en plus entre eux ou avec l’Europe. L’Allemagne, championne du monde des exportateurs avec 200 milliards de dollars d’excédent commercial en 2007, a autant de débouchés commerciaux en Asie que sur le Vieux Continent ou aux Etats-Unis. Bref, la théorie du découplage n’est pas farfelue, même s’il faut garder à l’esprit qu’une longue récession aux Etats-Unis aura des conséquences négatives sur toute la planète.
Mais si ce découplage se vérifie dans les prochains mois (à supposer que la récession américaine ait bien lieu, ce qui reste encore à prouver...), cela pourrait marquer l’émergence d’un nouvel ordre économique mondial et démontrer que le centre de gravité économique de la planète est en train de se déplacer vers l’Est. Peut-on dès lors affirmer, comme le fait l’hebdomadaire Newsweek, que « l’Amérique sera alors entrée en déclin » ? Peut-être pas, mais il faut d’ores et déjà scruter avec soin les statistiques et études comparatives. Et déjà, l’une d’elles mérite réflexion.
Selon le McKinsey Global Institute, un cercle de réflexion (think tank) dépendant de la firme de conseil, le total des actifs financiers est désormais plus important en Europe qu’aux Etats-Unis, ce qui n’était pas encore le cas en 2006, où les marchés américains détenaient 56.000 milliards de dollars contre 53.000 milliards pour leurs homologues européens, britanniques compris. C’est peut-être là le premier indice annonciateur de la perte de vitesse de l’Amérique par rapport à ses concurrents.
Akram Belkaïd
Le Quotidien d'Oran, 30 janvier 2008
Les statistiques se suivent et se ressemblent presque toutes: l’économie américaine est en route pour la récession, certains économistes affirmant même qu’elle y est déjà entrée depuis quelques mois. Un secteur immobilier malade, des ménages qui commencent à réduire leurs dépenses de consommation, des marchés financiers qui s’affolent: un tel cocktail ne pouvait que déclencher ce retournement de conjoncture qui, concrètement, se caractérise par une production de richesses moins importante.
Du coup, la sempiternelle question revient sur toutes les lèvres: puisque l’Amérique éternue, le reste du monde va-t-il s’enrhumer ? Quoi que l’on pense des Etats-Unis, la question est légitime car l’économie de ce pays, avec près de 14.000 milliards de dollars de Produit intérieur brut (PIB), est la première de la planète, devant celles du Japon, de la Chine et de l’Allemagne.En étant les clients du monde entier, qu’il s’agisse de l’Europe, de l’Asie ou des pays d’Amérique latine, les Etats-Unis ont un effet d’entraînement considérable sur la machine économique globale. Que la demande américaine vienne à baisser et de nombreux pays subiront le choc en retour avec le risque d’entrer, eux aussi, en récession.
Mais, pour autant, la possibilité d’une contamination est âprement discutée. Sans nier l’importance de l’économie étasunienne, il existe des experts qui pensent que le monde peut s’adapter à sa faiblesse, voire à continuer à bien fonctionner sans dépendre d’elle. C’est la thèse du découplage. Elle n’est pas nouvelle et émerge à chaque fois que les Etats-Unis connaissent un trou d’air. Mais cette fois-ci, assurent ceux qui la défendent, l’environnement est totalement différent.
En 2001, date de la dernière récession américaine, les pays émergents tels que le Brésil, la Russie, l’Inde ou la Chine (les fameux BRIC, selon l’acronyme élaboré par Goldman Sachs pour suivre l’évolution de la mondialisation et des pays émergents) n’avaient pas atteint le niveau de développement qui les caractérise aujourd’hui. Et encore, il convient de rappeler que la récession américaine de 2001 n’a duré que deux trimestres, ce qui oblige à revenir à 1991 pour retrouver trace d’un repli durable de l’activité économique aux Etats-Unis. Un repli qui avait permis à Bill Clinton de remporter la présidentielle de 1992 face à Bush père grâce au fameux slogan «It’s the economy, stupid !».
En 1991, Internet en était à ses balbutiements, la Russie s’effondrait, la Chine reprenait discrètement sa place sur l’échiquier mondial après les massacres de Tian’anmen de 1989. Aujourd’hui, la situation est totalement différente. Les pays émergents commercent de plus en plus entre eux ou avec l’Europe. L’Allemagne, championne du monde des exportateurs avec 200 milliards de dollars d’excédent commercial en 2007, a autant de débouchés commerciaux en Asie que sur le Vieux Continent ou aux Etats-Unis. Bref, la théorie du découplage n’est pas farfelue, même s’il faut garder à l’esprit qu’une longue récession aux Etats-Unis aura des conséquences négatives sur toute la planète.
Mais si ce découplage se vérifie dans les prochains mois (à supposer que la récession américaine ait bien lieu, ce qui reste encore à prouver...), cela pourrait marquer l’émergence d’un nouvel ordre économique mondial et démontrer que le centre de gravité économique de la planète est en train de se déplacer vers l’Est. Peut-on dès lors affirmer, comme le fait l’hebdomadaire Newsweek, que « l’Amérique sera alors entrée en déclin » ? Peut-être pas, mais il faut d’ores et déjà scruter avec soin les statistiques et études comparatives. Et déjà, l’une d’elles mérite réflexion.
Selon le McKinsey Global Institute, un cercle de réflexion (think tank) dépendant de la firme de conseil, le total des actifs financiers est désormais plus important en Europe qu’aux Etats-Unis, ce qui n’était pas encore le cas en 2006, où les marchés américains détenaient 56.000 milliards de dollars contre 53.000 milliards pour leurs homologues européens, britanniques compris. C’est peut-être là le premier indice annonciateur de la perte de vitesse de l’Amérique par rapport à ses concurrents.
Akram Belkaïd
lundi 28 janvier 2008
Le Sultanat d'Oman, selon le Bilan du Monde 2008
_
Dans sa dernière livraison, le « Bilan du monde 2008 », hors série du quotidien Le Monde, revient sur les chiffres 2007 du Sultanat de l’Oman pour cette année. Sous la plume d’Olivier Da Lage, la publication fait référence aux déclarations du ministre de l’Economie Ahmed Ben Abdel Nabi Mekki selon lequel la production pétrolière aurait décliné de 2% en 2007 pour atteindre 730.000 barils.
« Les revenus pétroliers (607,5 millions d’euros) devraient représenter 67% des recettes publique et ceux liés à l’extraction de gaz naturel (111,4 millions d’euros) environ 12% », note encore Da Lage qui précise que les revenus tirés des exportations de gaz naturel « sont en progression de 46% par rapport à l’année 2006. »
De même, le Bilan du Monde 2008, relève que les « exportations non pétrolières ont atteint pour la première fois, le cap des 2,025 milliards de dollars en 2007 » soit une hausse de 82% par rapport à 2006 !
Enfin, la publication rappelle que le Sultanat d’Oman devrait renoncer à faire partie de l’union monétaire du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui est censée se mettre en place en 2010. Et de citer les propos de Hammoud Al-Zadjali, le gouverneur de la Banque centrale du Sultanat, qui a avertit en main 2007 qu’Oman « ne veut pas que sa politique financière et monétaire soit tributaire des exigences de l’unité monétaire du CCG. » Une position dictée notamment par le regain d’inflation au plus haut depuis dix ans en raison de la chute du dollar, devise à laquelle le rial omanais est arrimée.
De même, le Bilan du Monde 2008, relève que les « exportations non pétrolières ont atteint pour la première fois, le cap des 2,025 milliards de dollars en 2007 » soit une hausse de 82% par rapport à 2006 !
Enfin, la publication rappelle que le Sultanat d’Oman devrait renoncer à faire partie de l’union monétaire du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui est censée se mettre en place en 2010. Et de citer les propos de Hammoud Al-Zadjali, le gouverneur de la Banque centrale du Sultanat, qui a avertit en main 2007 qu’Oman « ne veut pas que sa politique financière et monétaire soit tributaire des exigences de l’unité monétaire du CCG. » Une position dictée notamment par le regain d’inflation au plus haut depuis dix ans en raison de la chute du dollar, devise à laquelle le rial omanais est arrimée.
source : Le Bilan du Monde, janvier 2008
mercredi 23 janvier 2008
L'avidité et les bêtises de la main invisible
_
Le Quotidien d'Oran, mercredi 23 janvier 2008
S'il est encore trop tôt pour tirer les leçons de la récente tempête qui vient d'ébranler les Bourses mondiales, on peut d'ores et déjà se pencher sur l'un de ses aspects et en tirer une conclusion qui devrait faire réfléchir tous ceux qui ne jurent que par le marché et sa prétendue science infaillible. Que s'est-il passé pour que la panique s'empare des opérateurs et les pousse à vendre à tout va ?
On le sait, à l'origine de cette pagaille, il y a la fameuse crise des « subprime » aux Etats-Unis, ces prêts immobiliers risqués, qui plombent désormais le bilan de nombreuses banques et qui n'ont pas fini de faire parler d'eux. On remarquera pourtant, que cette crise dure depuis juin dernier et que personne n'ignorait que les établissements financiers sont les plus exposés. En fait, comme pour toute explosion, il a fallu une étincelle, et c'est George W. Bush qui l'a provoquée.
Il ne s'agit pas d'accabler une nouvelle fois le président américain mais, de noter que c'est après qu'il eut annoncé un plan de relance fiscal de 150 milliards de dollars que les Bourses américaines ont commencé à dévisser, entraînant dans leur chute les autres places de la planète. Pourtant, l'intention de Bush était louable puisqu'il s'agissait de redonner confiance aux Américains en leur proposant des rabais fiscaux destinés à les encourager à consommer et donc à empêcher que l'économie de leur pays, qui dépend aux deux tiers de la consommation, n'entre en récession.
La question est donc de savoir pourquoi Wall Street n'a pas apprécié le plan Bush au point de déclencher un mini-krach mondial. La réponse est simple : les opérateurs n'attendaient pas un plan de relance fiscal destiné à sauver l'économie réelle. Ils espéraient plutôt, pour ne pas dire qu'ils exigeaient, des mesures de sauvetage pour la sphère financière. En un mot, le marché attendait de la présidence américaine qu'elle épongeât ses errements. Si Bush avait annoncé le déblocage de 150 milliards de dollars pour renflouer les établissements mis à mal par la crise des « subprime », il y a fort à parier que tous les indices boursiers auraient battu des records à la hausse.
Dès lors, deux conclusions s'imposent. La première est d'ordre général et c'est plutôt un rappel. Qu'on le veuille ou non, c'est bel et bien l'appât du gain qui guide le marché et cela quel qu'en soit le prix final. Comme pour les scandales précédents (Enron, Worldcom, LTCM, Barrings,...), les langues vont bien finir par se délier et on réalisera alors, à quel point l'âpreté l'a disputé à l'imprudence dans cette affaire où des centaines de banques et des milliers de fonds ont bâti des châteaux de carte à partir de produits financiers risqués, puisque adossés à des créances quasiment insolvables. « Greed », est d'ailleurs le mot qui revient le plus souvent dans les commentaires d'experts. Il signifie avidité et il résume bien ce qui a caractérisé les marchés dans cette affaire des « subprime ».
La deuxième conclusion découle de ce qui précède. Disons-le et répétons-le, la fameuse « main invisible » qui agirait pour donner au marché toute sa rationalité n'est qu'une fumisterie à laquelle, de toutes les façons, seuls quelques ultra-libéraux continuent de croire cela sans oublier une kyrielle d'experts du Sud qui pensent être crédibles en ânonnant que le marché peut tout et qu'il a toujours raison. D'abord, le marché s'est trompé en se fourvoyant à propos de crédits vérolés et, de plus, il a été incapable de détecter à temps leur dangerosité. Mieux, ou pire, il a espéré jusqu'au bout l'intervention directe de l'Etat américain pour qu'il efface son ardoise.
En un mot, quand les choses vont mal, il n'y a pas de « main invisible » qui tienne et les opérateurs des marchés s'en remettent toujours à l'intervention publique. C'est une leçon à méditer alors que l'on continue ici et là à promouvoir le dogme du moins d'Etat.
Le Quotidien d'Oran, mercredi 23 janvier 2008
S'il est encore trop tôt pour tirer les leçons de la récente tempête qui vient d'ébranler les Bourses mondiales, on peut d'ores et déjà se pencher sur l'un de ses aspects et en tirer une conclusion qui devrait faire réfléchir tous ceux qui ne jurent que par le marché et sa prétendue science infaillible. Que s'est-il passé pour que la panique s'empare des opérateurs et les pousse à vendre à tout va ?
On le sait, à l'origine de cette pagaille, il y a la fameuse crise des « subprime » aux Etats-Unis, ces prêts immobiliers risqués, qui plombent désormais le bilan de nombreuses banques et qui n'ont pas fini de faire parler d'eux. On remarquera pourtant, que cette crise dure depuis juin dernier et que personne n'ignorait que les établissements financiers sont les plus exposés. En fait, comme pour toute explosion, il a fallu une étincelle, et c'est George W. Bush qui l'a provoquée.
Il ne s'agit pas d'accabler une nouvelle fois le président américain mais, de noter que c'est après qu'il eut annoncé un plan de relance fiscal de 150 milliards de dollars que les Bourses américaines ont commencé à dévisser, entraînant dans leur chute les autres places de la planète. Pourtant, l'intention de Bush était louable puisqu'il s'agissait de redonner confiance aux Américains en leur proposant des rabais fiscaux destinés à les encourager à consommer et donc à empêcher que l'économie de leur pays, qui dépend aux deux tiers de la consommation, n'entre en récession.
La question est donc de savoir pourquoi Wall Street n'a pas apprécié le plan Bush au point de déclencher un mini-krach mondial. La réponse est simple : les opérateurs n'attendaient pas un plan de relance fiscal destiné à sauver l'économie réelle. Ils espéraient plutôt, pour ne pas dire qu'ils exigeaient, des mesures de sauvetage pour la sphère financière. En un mot, le marché attendait de la présidence américaine qu'elle épongeât ses errements. Si Bush avait annoncé le déblocage de 150 milliards de dollars pour renflouer les établissements mis à mal par la crise des « subprime », il y a fort à parier que tous les indices boursiers auraient battu des records à la hausse.
Dès lors, deux conclusions s'imposent. La première est d'ordre général et c'est plutôt un rappel. Qu'on le veuille ou non, c'est bel et bien l'appât du gain qui guide le marché et cela quel qu'en soit le prix final. Comme pour les scandales précédents (Enron, Worldcom, LTCM, Barrings,...), les langues vont bien finir par se délier et on réalisera alors, à quel point l'âpreté l'a disputé à l'imprudence dans cette affaire où des centaines de banques et des milliers de fonds ont bâti des châteaux de carte à partir de produits financiers risqués, puisque adossés à des créances quasiment insolvables. « Greed », est d'ailleurs le mot qui revient le plus souvent dans les commentaires d'experts. Il signifie avidité et il résume bien ce qui a caractérisé les marchés dans cette affaire des « subprime ».
La deuxième conclusion découle de ce qui précède. Disons-le et répétons-le, la fameuse « main invisible » qui agirait pour donner au marché toute sa rationalité n'est qu'une fumisterie à laquelle, de toutes les façons, seuls quelques ultra-libéraux continuent de croire cela sans oublier une kyrielle d'experts du Sud qui pensent être crédibles en ânonnant que le marché peut tout et qu'il a toujours raison. D'abord, le marché s'est trompé en se fourvoyant à propos de crédits vérolés et, de plus, il a été incapable de détecter à temps leur dangerosité. Mieux, ou pire, il a espéré jusqu'au bout l'intervention directe de l'Etat américain pour qu'il efface son ardoise.
En un mot, quand les choses vont mal, il n'y a pas de « main invisible » qui tienne et les opérateurs des marchés s'en remettent toujours à l'intervention publique. C'est une leçon à méditer alors que l'on continue ici et là à promouvoir le dogme du moins d'Etat.
dimanche 20 janvier 2008
L'héritage anglais
.
Vu, ou plutôt écouté, "Braveheart".
L'Ecosse, la liberté, la révolte, la domination et... les Anglais.
Toujours eux.
Combien de maux actuels leur doit-on ?
La liste serait longue.
J'y reviendrai...
Vu, ou plutôt écouté, "Braveheart".
L'Ecosse, la liberté, la révolte, la domination et... les Anglais.
Toujours eux.
Combien de maux actuels leur doit-on ?
La liste serait longue.
J'y reviendrai...
L’année 2008 vue par le Financial Times
.
Il n'est jamais trop tard pour que ce blog en parle...
Publiées le 31 décembre 2007, les prévisions du Financial Times enregistrent déjà une confirmation puisque le quotidien de la City a prédit que le baril de pétrole dépasserait les 100 dollars (en raison notamment du gros appétit chinois pour l’or noir) ce qui a été chose faite dès le 2 janvier à New York. Voici les perspectives dressées par le « FT » qui, à la fin 2006, avait anticipé la crise des subprime aux Etats-Unis et l’émergence de Barack Obama comme principal adversaire d’Hillary Clinton.
Sarkozy va-t-il exploser ? « Un homme qui fait craquer des allumettes dans un entrepôt rempli de pétards ». Telle est la définition du FT de la façon dont Sarkozy gouverne la France. Et le FT de dresser la liste des « combustibles » : le droit du travail, les universités, les banlieues, les fonctionnaires et même la politique étrangère. Mais, tempère le FT, Sarkozy connaît bien les Français et se gardera de prendre des risques en 2008.
Elections US. Pour le « FT », le prochain président des Etats-Unis sera Hillary Clinton et cela malgré la montée en puissance de Barack Obama. Pour le quotidien, l’ex-first lady n’abandonnera pas la partie même si elle perd les premières primaires. Son avantage par rapport à Obama étant qu’elle est la mieux placée pour faire entendre sa voix dans les 22 Etats qui organiseront simultanément leurs primaires le mardi 5 février (« super Tuesday »).
L’Irak démembré ? Le FT n’y va pas par quatre chemins et affirme que ce pays est déjà désintégré et ne peut être considéré comme étant uni. Seule chance pour l’Irak de plus ou moins s’en sortir, selon le FT : une entente régionale entre l’Arabie Saoudite et l’Iran (qui serait possible) et une négociation entre l’Iran et les Etats-Unis (qui n’est pas à l’ordre du jour).
L’Iran et la bombe. Le Financial Times estime que l’Iran n’aura pas la bombe en 2008 mais plutôt en 2009 voire entre 2010 et 2015. A condition de relancer son programme nucléaire militaire dont les agences de renseignement américain ont affirmé en décembre dernier qu’il avait été interrompu en 2003.
Pakistan. Pour le quotidien de la City, il y a de grandes chances pour que Pervez Musharraf, qu’il soit ou non impliqué dans l’assassinat de Benazir Bhutto, ne dirige plus le Pakistan d’ici la fin 2008. Le FT prédit une grande instabilité pour ce pays en 2008.
Russie. Le FT résume le scénario probable : Vladimir Poutine a choisi Dimitri Medvedev pour lui succéder. Ce dernier sera élu président de la Russie et nommera Poutine premier ministre lequel pourrait faire passer une loi au parlement lui donnant plus de pouvoirs. Mais le FT nous rassure, l’actuel président et futur premier ministre n’a pas les moyens de devenir un dictateur…
Kyoto. Pour le FT, il y aura des progrès en 2008 dans les négociations sur le réchauffement climatique et la limitation des gaz à effet de serre. Et l’essentiel des discussions devrait tourner autour des efforts que les pays industrialisés vont exiger des émergents.
Une récession aux Etats-Unis ? Elle sera très courte début 2008 mais l’économie américaine devrait reprendre lentement du poil de la bête, notamment grâce aux exportations, affirme le FT. Au programme : poursuite de la chute des prix de l’immobilier, taux bas mais point trop car la Fed ne pourra pas ignorer l’inflation tandis que la prudence des consommateurs (dont les dépenses contribuent aux deux tiers de l’économie américaine) sera compensée par de meilleurs résultats pour les entreprises et donc un marché du travail toujours aussi dynamique.
Crise des « subprime ». Le quotidien des affaires estime que cette crise va continuer en 2008 même si le secteur bancaire semble avoir pris conscience de l’ampleur des dégâts (près de 200 milliards de dollars de pertes) et entrepris les actions pour amortir leurs conséquences. Pour autant, le FT s’inquiète d’une possible contagion à d’autres secteurs du crédit, notamment celui des cartes bancaires et affirme que le scénario catastrophe serait que des entreprises fassent défaut, c’est-à-dire qu’elles ne puissent plus rembourser leurs emprunts, qu’ils soient bancaires ou obligataires.
Les taux en Europe. Le FT pense qu’ils vont finir par baisser même si la Banque centrale européenne est actuellement vigilante vis-à-vis de l’inflation. Cela signifie qu’une hausse peut même précéder une baisse, cette dernière n’étant pas attendue avant le second semestre 2008.
Les Bourses. L’année qui commence pourrait être celle d’une transition pour les marchés boursiers mondiaux, affirme le Financial Times. Soumis aux inquiétudes vis-à-vis de la crise du crédit et de la possible entrée en récession de l’économie américaine, les marchés pourraient toutefois bénéficier de la baisse des taux aux Etats-Unis et de la multiplication des opérations de fusions-acquisitions. Mais leur gain sera modeste, avertit le FT.
Citigroup. Le FT écarte l’idée d’un possible éclatement de la première banque américaine secouée par la crise des subprime (laquelle a conduit au départ de son PDG Chuck Prince). Pour mémoire, le fond souverain d’Abou Dhabi est entré dans le capital de cette banque en novembre dernier en rachetant 4,9 % de son capital pour 7,5 milliards de dollars. A la mi-janvier, la banque américaine a ouvert son capital à d’autres fonds souverains dont celui du Koweït.
Le Yuan. Non, la Chine ne va pas réévaluer sa monnaie vis-à-vis du dollar. Pekin va laisser le renminbi fluctuer vis-à-vis du dollar mais dans une fourchette fixe.
Les prix de l’immobilier à Londres. Ils vont chuter mais sans krach, affirme le FT qui cite cinq raisons : ils sont trop hauts actuellement, les conditions d’accès au crédit immobilier sont plus difficiles, ils ont déjà commencé à baisser dans le reste du pays, l’économie britannique est en train de ralentir et les établissements de crédit hypothécaire ne voient aucun changement dans le marché immobilier pour 2008 (ce qui revient, selon le FT, à prédire une baisse des prix).
Il n'est jamais trop tard pour que ce blog en parle...
Publiées le 31 décembre 2007, les prévisions du Financial Times enregistrent déjà une confirmation puisque le quotidien de la City a prédit que le baril de pétrole dépasserait les 100 dollars (en raison notamment du gros appétit chinois pour l’or noir) ce qui a été chose faite dès le 2 janvier à New York. Voici les perspectives dressées par le « FT » qui, à la fin 2006, avait anticipé la crise des subprime aux Etats-Unis et l’émergence de Barack Obama comme principal adversaire d’Hillary Clinton.
Sarkozy va-t-il exploser ? « Un homme qui fait craquer des allumettes dans un entrepôt rempli de pétards ». Telle est la définition du FT de la façon dont Sarkozy gouverne la France. Et le FT de dresser la liste des « combustibles » : le droit du travail, les universités, les banlieues, les fonctionnaires et même la politique étrangère. Mais, tempère le FT, Sarkozy connaît bien les Français et se gardera de prendre des risques en 2008.
Elections US. Pour le « FT », le prochain président des Etats-Unis sera Hillary Clinton et cela malgré la montée en puissance de Barack Obama. Pour le quotidien, l’ex-first lady n’abandonnera pas la partie même si elle perd les premières primaires. Son avantage par rapport à Obama étant qu’elle est la mieux placée pour faire entendre sa voix dans les 22 Etats qui organiseront simultanément leurs primaires le mardi 5 février (« super Tuesday »).
L’Irak démembré ? Le FT n’y va pas par quatre chemins et affirme que ce pays est déjà désintégré et ne peut être considéré comme étant uni. Seule chance pour l’Irak de plus ou moins s’en sortir, selon le FT : une entente régionale entre l’Arabie Saoudite et l’Iran (qui serait possible) et une négociation entre l’Iran et les Etats-Unis (qui n’est pas à l’ordre du jour).
L’Iran et la bombe. Le Financial Times estime que l’Iran n’aura pas la bombe en 2008 mais plutôt en 2009 voire entre 2010 et 2015. A condition de relancer son programme nucléaire militaire dont les agences de renseignement américain ont affirmé en décembre dernier qu’il avait été interrompu en 2003.
Pakistan. Pour le quotidien de la City, il y a de grandes chances pour que Pervez Musharraf, qu’il soit ou non impliqué dans l’assassinat de Benazir Bhutto, ne dirige plus le Pakistan d’ici la fin 2008. Le FT prédit une grande instabilité pour ce pays en 2008.
Russie. Le FT résume le scénario probable : Vladimir Poutine a choisi Dimitri Medvedev pour lui succéder. Ce dernier sera élu président de la Russie et nommera Poutine premier ministre lequel pourrait faire passer une loi au parlement lui donnant plus de pouvoirs. Mais le FT nous rassure, l’actuel président et futur premier ministre n’a pas les moyens de devenir un dictateur…
Kyoto. Pour le FT, il y aura des progrès en 2008 dans les négociations sur le réchauffement climatique et la limitation des gaz à effet de serre. Et l’essentiel des discussions devrait tourner autour des efforts que les pays industrialisés vont exiger des émergents.
Une récession aux Etats-Unis ? Elle sera très courte début 2008 mais l’économie américaine devrait reprendre lentement du poil de la bête, notamment grâce aux exportations, affirme le FT. Au programme : poursuite de la chute des prix de l’immobilier, taux bas mais point trop car la Fed ne pourra pas ignorer l’inflation tandis que la prudence des consommateurs (dont les dépenses contribuent aux deux tiers de l’économie américaine) sera compensée par de meilleurs résultats pour les entreprises et donc un marché du travail toujours aussi dynamique.
Crise des « subprime ». Le quotidien des affaires estime que cette crise va continuer en 2008 même si le secteur bancaire semble avoir pris conscience de l’ampleur des dégâts (près de 200 milliards de dollars de pertes) et entrepris les actions pour amortir leurs conséquences. Pour autant, le FT s’inquiète d’une possible contagion à d’autres secteurs du crédit, notamment celui des cartes bancaires et affirme que le scénario catastrophe serait que des entreprises fassent défaut, c’est-à-dire qu’elles ne puissent plus rembourser leurs emprunts, qu’ils soient bancaires ou obligataires.
Les taux en Europe. Le FT pense qu’ils vont finir par baisser même si la Banque centrale européenne est actuellement vigilante vis-à-vis de l’inflation. Cela signifie qu’une hausse peut même précéder une baisse, cette dernière n’étant pas attendue avant le second semestre 2008.
Les Bourses. L’année qui commence pourrait être celle d’une transition pour les marchés boursiers mondiaux, affirme le Financial Times. Soumis aux inquiétudes vis-à-vis de la crise du crédit et de la possible entrée en récession de l’économie américaine, les marchés pourraient toutefois bénéficier de la baisse des taux aux Etats-Unis et de la multiplication des opérations de fusions-acquisitions. Mais leur gain sera modeste, avertit le FT.
Citigroup. Le FT écarte l’idée d’un possible éclatement de la première banque américaine secouée par la crise des subprime (laquelle a conduit au départ de son PDG Chuck Prince). Pour mémoire, le fond souverain d’Abou Dhabi est entré dans le capital de cette banque en novembre dernier en rachetant 4,9 % de son capital pour 7,5 milliards de dollars. A la mi-janvier, la banque américaine a ouvert son capital à d’autres fonds souverains dont celui du Koweït.
Le Yuan. Non, la Chine ne va pas réévaluer sa monnaie vis-à-vis du dollar. Pekin va laisser le renminbi fluctuer vis-à-vis du dollar mais dans une fourchette fixe.
Les prix de l’immobilier à Londres. Ils vont chuter mais sans krach, affirme le FT qui cite cinq raisons : ils sont trop hauts actuellement, les conditions d’accès au crédit immobilier sont plus difficiles, ils ont déjà commencé à baisser dans le reste du pays, l’économie britannique est en train de ralentir et les établissements de crédit hypothécaire ne voient aucun changement dans le marché immobilier pour 2008 (ce qui revient, selon le FT, à prédire une baisse des prix).
A private conversation
.
Back to Paris after a press trip to Muscat, I met with L., a friend of mine. He's an architect and a regular reader and, sometimes, a fierce commentator of my wrintings.
- Yo, great reporter, where have you been this time ? he asked.
- 'was in the Gulf. Press trip.
- Really ? Right now, it's a kind of fashion for the journalist, isn't it ? Were you in Dubaï in order to tell us again and again about the palm island and that big tower ?
- Nope.
- Qatar, then.
- Not exactly.
- Abu Dhabi ?
- No. Oman.
He started laughing.
- Hey, my great journalist, Amman, is not in the Gulf !
- I said, Oman. The Sultanate.
- Oh, yes ! Heard that the place is nice...
- You bet.
- They say that tourism there is quite different than in the other places of the region.
- Definitely the case. Think about it for your holidays.
- Tell me. How many skyscrapers there ?
- None
- What ?
- Zero.
- You're right. I should go there. I may sell some huge towers.
- Do that and, I swear, I'll certainly take care of your knees...
Back to Paris after a press trip to Muscat, I met with L., a friend of mine. He's an architect and a regular reader and, sometimes, a fierce commentator of my wrintings.
- Yo, great reporter, where have you been this time ? he asked.
- 'was in the Gulf. Press trip.
- Really ? Right now, it's a kind of fashion for the journalist, isn't it ? Were you in Dubaï in order to tell us again and again about the palm island and that big tower ?
- Nope.
- Qatar, then.
- Not exactly.
- Abu Dhabi ?
- No. Oman.
He started laughing.
- Hey, my great journalist, Amman, is not in the Gulf !
- I said, Oman. The Sultanate.
- Oh, yes ! Heard that the place is nice...
- You bet.
- They say that tourism there is quite different than in the other places of the region.
- Definitely the case. Think about it for your holidays.
- Tell me. How many skyscrapers there ?
- None
- What ?
- Zero.
- You're right. I should go there. I may sell some huge towers.
- Do that and, I swear, I'll certainly take care of your knees...
samedi 19 janvier 2008
La chronique économique : Fonds souverain: mais qu'attend donc l'Algérie !
.
Le Quotidien d'Oran, mercredi 16 janvier 2008
Avec la crise de l'immobilier aux Etats-Unis, le retour des tensions inflationnistes et la flambée des cours du pétrole et de l'or, la montée en puissance des fonds souverains («Sovereign wealth fund», en anglais), notamment ceux d'Asie et des pays du Golfe, fait partie des thèmes qui tiennent actuellement la vedette de l'actualité économique mondiale. En effet, il ne se passe pas une semaine sans que la presse économique internationale n'annonce une opération majeure menée par l'un de ces fonds dont l'une des missions majeures est d'investir pour les générations futures. En novembre dernier, l'Abou Dhabi Investment Authority (ADIA), fonds souverain de l'émirat d'Abou Dhabi ( 1.000 milliards de dollars d'avoirs), a ainsi créé la sensation en rachetant 5% du capital de Citigroup, la première banque américaine, pour 7,5 milliards de dollars.
Depuis, les entrées dans le capital de grandes banques d'affaires par des fonds souverains asiatiques ou arabes se multiplient et il est d'ores et déjà acquis que Citigroup, Merrill Lynch et Morgan Stanley ainsi que d'autres fleurons de la finance mondiale vont encore plus s'ouvrir aux appétits des fonds d'Etat. Et ces derniers ne se contentent pas des banques puisqu'ils visent tous les secteurs qu'il s'agisse de la distribution, des technologies de l'information voire de la pharmacie ou de l'automobile.
Dès lors se pose une question toute simple: qu'attend l'Algérie pour créer son fonds souverain ? Pourquoi se priver de l'opportunité de prendre des participations, même minoritaires, dans des entreprises globalisées qui sont à la recherche d'argent frais ? Par ces temps où, en Occident, le crédit est difficile à obtenir, les pays qui profitent de la hausse des prix du pétrole ou, dans le cas asiatique, du boom de leurs exportations, ont compris que l'occasion est trop belle de mettre un pied dans l'économie des pays industrialisés. Pourquoi donc rester en dehors de ce mouvement ? L'été dernier, c'est la Libye qui a créé son fonds et l'Egypte pourrait en faire autant au cours des prochains mois.
Partout, la démarche est la même: prendre des participations en achetant des actions - et non plus uniquement des obligations d'Etat - en vue de retours sur investissements conséquents à long terme. Car, contrairement à ce qu'essaient de faire croire les contempteurs occidentaux des fonds souverains, ces derniers ne ressemblent en rien aux «hedge funds» spéculatifs. Bien géré, un fonds souverain n'est ni plus ni moins qu'une assurance pour l'avenir.
Un argument, souvent entendu, concerne la prudence nécessaire que l'Algérie se doit d'avoir en matière de gestion de ses recettes en devises étrangères. Soit. Mais, dans aucun pays, il n'est question de tout mettre dans un fonds souverain. Une infime partie du surplus budgétaire ou des réserves détenues par la Banque centrale pourrait être versée dans un fonds souverain autorisé à mener une politique d'investissement plus dynamique. A titre d'exemple, le fonds souverain du sultanat d'Oman possède entre 6 et 10 milliards de dollars tandis que celui du Qatar gère entre 60 et 70 milliards de dollars.
L'argument de l'absence d'expertise en matière de gestion d'actifs internationaux ne tient pas non plus la route. A considérer qu'elle n'existe pas en Algérie - ce qui reste à prouver -, cette matière grise est désormais une marchandise qui s'achète, se loue ou s'échange comme en témoigne le cas de China Investment Corp, le fonds d'Etat chinois créé en septembre dernier pour gérer un portefeuille de 200 milliards de dollars. Afin d'assurer au mieux sa mission et investir dans les marchés d'actions, ce fonds a lancé en décembre un appel d'offres qui a reçu, dès la mi-janvier, plus de 100 candidatures de gérants internationaux de portefeuille.
Parmi les clauses que China Investment Corp va imposer au gérant qui sera choisi, figure notamment l'obligation de formation de cadres chinois. Pour l'Algérie, la création d'un fonds souverain aurait donc au moins un avantage majeur: celui d'améliorer l'expertise algérienne en matière d'investissements internationaux avec, pour objectif, si ce n'est pour modèle, le cas d'école du Koweït dont le fonds souverain, la Kuwait Investment Authority (200 milliards de dollars d'actifs), a été créé en 1953 et dont les effectifs sont aujourd'hui constitués dans leur grande majorité, et à tous les niveaux hiérarchiques, de ressortissants koweitiens.
Enfin, la manière décomplexée dont le Qatar gère son fonds d'Etat peut constituer un élément de comparaison: créée en 2005, la Qatar Investment Authority est dirigée par Ken Shen, un Sino-Américain, et compte en son sein des experts venus des quatre coins de la planète. Cela, et c'est le but affiché par les autorités de Doha, en attendant qu'émergent à moyen terme des responsables locaux.
Akram Belkaïd
Le Quotidien d'Oran, mercredi 16 janvier 2008
Avec la crise de l'immobilier aux Etats-Unis, le retour des tensions inflationnistes et la flambée des cours du pétrole et de l'or, la montée en puissance des fonds souverains («Sovereign wealth fund», en anglais), notamment ceux d'Asie et des pays du Golfe, fait partie des thèmes qui tiennent actuellement la vedette de l'actualité économique mondiale. En effet, il ne se passe pas une semaine sans que la presse économique internationale n'annonce une opération majeure menée par l'un de ces fonds dont l'une des missions majeures est d'investir pour les générations futures. En novembre dernier, l'Abou Dhabi Investment Authority (ADIA), fonds souverain de l'émirat d'Abou Dhabi ( 1.000 milliards de dollars d'avoirs), a ainsi créé la sensation en rachetant 5% du capital de Citigroup, la première banque américaine, pour 7,5 milliards de dollars.
Depuis, les entrées dans le capital de grandes banques d'affaires par des fonds souverains asiatiques ou arabes se multiplient et il est d'ores et déjà acquis que Citigroup, Merrill Lynch et Morgan Stanley ainsi que d'autres fleurons de la finance mondiale vont encore plus s'ouvrir aux appétits des fonds d'Etat. Et ces derniers ne se contentent pas des banques puisqu'ils visent tous les secteurs qu'il s'agisse de la distribution, des technologies de l'information voire de la pharmacie ou de l'automobile.
Dès lors se pose une question toute simple: qu'attend l'Algérie pour créer son fonds souverain ? Pourquoi se priver de l'opportunité de prendre des participations, même minoritaires, dans des entreprises globalisées qui sont à la recherche d'argent frais ? Par ces temps où, en Occident, le crédit est difficile à obtenir, les pays qui profitent de la hausse des prix du pétrole ou, dans le cas asiatique, du boom de leurs exportations, ont compris que l'occasion est trop belle de mettre un pied dans l'économie des pays industrialisés. Pourquoi donc rester en dehors de ce mouvement ? L'été dernier, c'est la Libye qui a créé son fonds et l'Egypte pourrait en faire autant au cours des prochains mois.
Partout, la démarche est la même: prendre des participations en achetant des actions - et non plus uniquement des obligations d'Etat - en vue de retours sur investissements conséquents à long terme. Car, contrairement à ce qu'essaient de faire croire les contempteurs occidentaux des fonds souverains, ces derniers ne ressemblent en rien aux «hedge funds» spéculatifs. Bien géré, un fonds souverain n'est ni plus ni moins qu'une assurance pour l'avenir.
Un argument, souvent entendu, concerne la prudence nécessaire que l'Algérie se doit d'avoir en matière de gestion de ses recettes en devises étrangères. Soit. Mais, dans aucun pays, il n'est question de tout mettre dans un fonds souverain. Une infime partie du surplus budgétaire ou des réserves détenues par la Banque centrale pourrait être versée dans un fonds souverain autorisé à mener une politique d'investissement plus dynamique. A titre d'exemple, le fonds souverain du sultanat d'Oman possède entre 6 et 10 milliards de dollars tandis que celui du Qatar gère entre 60 et 70 milliards de dollars.
L'argument de l'absence d'expertise en matière de gestion d'actifs internationaux ne tient pas non plus la route. A considérer qu'elle n'existe pas en Algérie - ce qui reste à prouver -, cette matière grise est désormais une marchandise qui s'achète, se loue ou s'échange comme en témoigne le cas de China Investment Corp, le fonds d'Etat chinois créé en septembre dernier pour gérer un portefeuille de 200 milliards de dollars. Afin d'assurer au mieux sa mission et investir dans les marchés d'actions, ce fonds a lancé en décembre un appel d'offres qui a reçu, dès la mi-janvier, plus de 100 candidatures de gérants internationaux de portefeuille.
Parmi les clauses que China Investment Corp va imposer au gérant qui sera choisi, figure notamment l'obligation de formation de cadres chinois. Pour l'Algérie, la création d'un fonds souverain aurait donc au moins un avantage majeur: celui d'améliorer l'expertise algérienne en matière d'investissements internationaux avec, pour objectif, si ce n'est pour modèle, le cas d'école du Koweït dont le fonds souverain, la Kuwait Investment Authority (200 milliards de dollars d'actifs), a été créé en 1953 et dont les effectifs sont aujourd'hui constitués dans leur grande majorité, et à tous les niveaux hiérarchiques, de ressortissants koweitiens.
Enfin, la manière décomplexée dont le Qatar gère son fonds d'Etat peut constituer un élément de comparaison: créée en 2005, la Qatar Investment Authority est dirigée par Ken Shen, un Sino-Américain, et compte en son sein des experts venus des quatre coins de la planète. Cela, et c'est le but affiché par les autorités de Doha, en attendant qu'émergent à moyen terme des responsables locaux.
Akram Belkaïd
mardi 15 janvier 2008
Oman : un tourisme haut de gamme
.
La Tribune, 15 janvier 2008
« Sultanat Oman, rivage d'Orient sur l'océan Indien. » Ce slogan de l'Office du tourisme omanais résume bien le caractère particulier du tourisme dans ce pays encore largement préservé des grandes transhumances humaines. Ouverture progressive, créneau haut de gamme, on est loin des projets pharaoniques et du tourisme « bling-bling » des pays voisins. En 2008, l'activité touristique devrait rapporter près de 800 millions de dollars. D'ici à 2010, la capacité totale des aéroports du pays devrait, toutefois, passer de 4 millions de passagers à 14 millions. Le sultanat prévoit la création de deux villes nouvelles, l'une d'elles, « The Blue City », étant destinée à accueillir, d'ici à 2020, 300.000 résidents en provenance du monde entier, pour un investissement évalué à 20 milliards de dollars.
A.B.E
La Tribune, 15 janvier 2008
« Sultanat Oman, rivage d'Orient sur l'océan Indien. » Ce slogan de l'Office du tourisme omanais résume bien le caractère particulier du tourisme dans ce pays encore largement préservé des grandes transhumances humaines. Ouverture progressive, créneau haut de gamme, on est loin des projets pharaoniques et du tourisme « bling-bling » des pays voisins. En 2008, l'activité touristique devrait rapporter près de 800 millions de dollars. D'ici à 2010, la capacité totale des aéroports du pays devrait, toutefois, passer de 4 millions de passagers à 14 millions. Le sultanat prévoit la création de deux villes nouvelles, l'une d'elles, « The Blue City », étant destinée à accueillir, d'ici à 2020, 300.000 résidents en provenance du monde entier, pour un investissement évalué à 20 milliards de dollars.
A.B.E
Reportage : Sohar ouvre Oman au monde
.
La Tribune, mardi 15 janvier 2008
Le sultanat d'Oman veut réduire sa dépendance vis-à-vis du pétrole. Proche du sous-continent indien, des côtes iraniennes et des monarchies du Golfe, le port de Sohar offre une alternative au détroit d'Ormuz. La ville est adossée à une vaste zone industrielle et à une zone économique spéciale.
Au premier abord, l'endroit ne paie pas de mine. Une clôture grillagée peu dissuasive, une route parsemée de ralentisseurs qui débouche sur nulle part, une autre qui longe des terrains vagues, des réservoirs et de grandes imbrications de tuyauteries, de la rocaille et de la poussière à perte de vue. Sans oublier un océan paresseux aux teintes d'ardoise. Pourtant, c'est ici, dans le port de Sohar, à 220 kilomètres au nord-ouest de la capitale, Mascate, qu'Oman prépare son avenir. Le sultanat veut réduire sa dépendance vis-à-vis du pétrole, dont la production lui a rapporté l'an dernier plus de 22 milliards de dollars, soit près de 79 % de ses recettes d'exportation. « Notre urgence est de diversifier notre économie. Cela passe par une plus grande base industrielle », explique un haut responsable omanais.
Au début des années 1990, conscient du caractère éphémère de l'or noir, le sultan Qabous bin Saïd a lancé une large réflexion en matière de stratégie économique. Sous la houlette du sultan, le pays a vu son PIB passer, en trente-cinq ans, de 330 millions de dollars à 42 milliards. La nécessité d'insérer le sultanat dans l'économie mondiale est apparue comme une urgence.
« L'ouverture oui, mais à notre rythme et en respectant notre identité et notre culture. Et, surtout, sans nous lancer dans une profusion de projets qui défigureraient notre pays »,prévient Said bin Khalfan AlHarthy, conseiller au ministère de l'Information.
Un site stratégique
En quelques années, le sultanat a adhéré à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il s'est ouvert au tourisme international(lire encadré)et il a créé le port de Sohar. Ou plutôt recréé car, comme l'explique Bruno Le Cour Grandmaison, économiste et auteur de plusieurs ouvrages sur Oman,« au IIe siècle de notre ère, Sohar était déjà une étape importante du commerce maritime. Il jouait notamment le rôle d'une plate-forme de réexportation à destination de l'Inde ».
Inauguré en 2002, le « nouveau » port, dont le tirant d'eau atteint 18 mètres, traite du vrac, liquide et solide, des hydrocarbures et des containers. Robert Boonk, responsable commercial de la société Sohar Industrial Port Company (SIPC), détenue à parts égales entre le gouvernement omanais et le port de Rotterdam, assure que Sohar accueillera cette année« un minimum de 1.000 bateaux », contre seulement 171 en 2005. De son côté, Jan H. Meijer, directeur général de SIPC, insiste sur« l'emplacement stratégique du port de Sohar ». Baignant dans la mer d'Oman, Sohar est proche du sous-continent indien, des côtes iraniennes et des monarchies du Golfe, sans oublier la côte est de l'Afrique, zone d'influence traditionnelle d'Oman (l'île de Zanzibar a longtemps fait partie du sultanat et de riches familles marchandes omanaises y vivent encore aujourd'hui).
Plus important encore, Sohar est à l'extérieur du golfe Persique. Les navires qui y accostent n'ont donc pas besoin de passer par le détroit d'Ormuz.« Actuellement, les primes d'assurance pour les bateaux qui passent le détroit augmentent de façon quasi exponentielle en raison des tensions entre l'Occident et l'Iran. Cela offre un véritable avantage compétitif pour Sohar »,assure Jan H. Meijer. Un avantage renforcé par le fait que le port omanais n'est qu'à deux heures de route de l'émirat de Dubaï, l'un des poumons économiques de la région et la plus importante plate-forme logistique entre l'Europe et l'Asie.« Sohar est indiscutablement un moyen de contourner le détroit d'Ormuz et d'acheminer des marchandises vers les monarchies du Golfe dont les économies sont en plein boom »,estime Khalifa bin Mubarak bin Ali Al-Hinai, conseiller au ministère du Pétrole et du Gaz.
On comprend dès lors pourquoi la France est très intéressée par le projet récurrent de ligne de chemin de fer entre Sohar et Dubaï. L'entrée en vigueur, le 1er janvier dernier, de la zone de libre-échange entre les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) devrait fluidifier la circulation des marchandises entre Oman et les Émirats arabes unis. Mais Sohar n'est pas qu'un simple port. Le site est adossé à une zone industrielle où sont en cours de construction une raffinerie - la deuxième du pays -, plusieurs unités chimiques, une fonderie d'aluminium, une aciérie, une unité de production de gaz industriels d'Air Liquide ainsi qu'une centrale électrique.
À cette zone industrielle qui s'étend sur près de 20 kilomètres carrés, les autorités omanaises prévoient d'ajouter une zone économique spéciale, une zone franche destinée à la réexportation ainsi qu'un aéroport dédié au fret. Une autoroute à trois voies destinée à relier, dans un premier temps, Sohar à Mascate, est également programmée.Tous ces projets ne répondent pas simplement au seul souci de diversifier l'économie. Ils visent aussi à réduire le chômage dans un pays qui compte 2,9 millions d'habitants.« Malgré la vigueur du développement économique, la croissance n'est pas suffisamment créatrice d'emplois pour absorber les générations qui arrivent sur le marché du travail »,relève une note de la mission économique de l'ambassade de France en Oman. « Le port et l'omanisation des emplois vont de pair puisque l'ensemble du projet devrait créer 8.000 emplois directs et 30.000 emplois indirects. Avec Sohar, c'est toute la région qui entre dans le XXIe siècle »,estime Jan H. Meijer.
Akram Belkaïd, à Sohar
La Tribune, mardi 15 janvier 2008
Le sultanat d'Oman veut réduire sa dépendance vis-à-vis du pétrole. Proche du sous-continent indien, des côtes iraniennes et des monarchies du Golfe, le port de Sohar offre une alternative au détroit d'Ormuz. La ville est adossée à une vaste zone industrielle et à une zone économique spéciale.
Au premier abord, l'endroit ne paie pas de mine. Une clôture grillagée peu dissuasive, une route parsemée de ralentisseurs qui débouche sur nulle part, une autre qui longe des terrains vagues, des réservoirs et de grandes imbrications de tuyauteries, de la rocaille et de la poussière à perte de vue. Sans oublier un océan paresseux aux teintes d'ardoise. Pourtant, c'est ici, dans le port de Sohar, à 220 kilomètres au nord-ouest de la capitale, Mascate, qu'Oman prépare son avenir. Le sultanat veut réduire sa dépendance vis-à-vis du pétrole, dont la production lui a rapporté l'an dernier plus de 22 milliards de dollars, soit près de 79 % de ses recettes d'exportation. « Notre urgence est de diversifier notre économie. Cela passe par une plus grande base industrielle », explique un haut responsable omanais.
Au début des années 1990, conscient du caractère éphémère de l'or noir, le sultan Qabous bin Saïd a lancé une large réflexion en matière de stratégie économique. Sous la houlette du sultan, le pays a vu son PIB passer, en trente-cinq ans, de 330 millions de dollars à 42 milliards. La nécessité d'insérer le sultanat dans l'économie mondiale est apparue comme une urgence.
« L'ouverture oui, mais à notre rythme et en respectant notre identité et notre culture. Et, surtout, sans nous lancer dans une profusion de projets qui défigureraient notre pays »,prévient Said bin Khalfan AlHarthy, conseiller au ministère de l'Information.
Un site stratégique
En quelques années, le sultanat a adhéré à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il s'est ouvert au tourisme international(lire encadré)et il a créé le port de Sohar. Ou plutôt recréé car, comme l'explique Bruno Le Cour Grandmaison, économiste et auteur de plusieurs ouvrages sur Oman,« au IIe siècle de notre ère, Sohar était déjà une étape importante du commerce maritime. Il jouait notamment le rôle d'une plate-forme de réexportation à destination de l'Inde ».
Inauguré en 2002, le « nouveau » port, dont le tirant d'eau atteint 18 mètres, traite du vrac, liquide et solide, des hydrocarbures et des containers. Robert Boonk, responsable commercial de la société Sohar Industrial Port Company (SIPC), détenue à parts égales entre le gouvernement omanais et le port de Rotterdam, assure que Sohar accueillera cette année« un minimum de 1.000 bateaux », contre seulement 171 en 2005. De son côté, Jan H. Meijer, directeur général de SIPC, insiste sur« l'emplacement stratégique du port de Sohar ». Baignant dans la mer d'Oman, Sohar est proche du sous-continent indien, des côtes iraniennes et des monarchies du Golfe, sans oublier la côte est de l'Afrique, zone d'influence traditionnelle d'Oman (l'île de Zanzibar a longtemps fait partie du sultanat et de riches familles marchandes omanaises y vivent encore aujourd'hui).
Plus important encore, Sohar est à l'extérieur du golfe Persique. Les navires qui y accostent n'ont donc pas besoin de passer par le détroit d'Ormuz.« Actuellement, les primes d'assurance pour les bateaux qui passent le détroit augmentent de façon quasi exponentielle en raison des tensions entre l'Occident et l'Iran. Cela offre un véritable avantage compétitif pour Sohar »,assure Jan H. Meijer. Un avantage renforcé par le fait que le port omanais n'est qu'à deux heures de route de l'émirat de Dubaï, l'un des poumons économiques de la région et la plus importante plate-forme logistique entre l'Europe et l'Asie.« Sohar est indiscutablement un moyen de contourner le détroit d'Ormuz et d'acheminer des marchandises vers les monarchies du Golfe dont les économies sont en plein boom »,estime Khalifa bin Mubarak bin Ali Al-Hinai, conseiller au ministère du Pétrole et du Gaz.
On comprend dès lors pourquoi la France est très intéressée par le projet récurrent de ligne de chemin de fer entre Sohar et Dubaï. L'entrée en vigueur, le 1er janvier dernier, de la zone de libre-échange entre les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) devrait fluidifier la circulation des marchandises entre Oman et les Émirats arabes unis. Mais Sohar n'est pas qu'un simple port. Le site est adossé à une zone industrielle où sont en cours de construction une raffinerie - la deuxième du pays -, plusieurs unités chimiques, une fonderie d'aluminium, une aciérie, une unité de production de gaz industriels d'Air Liquide ainsi qu'une centrale électrique.
À cette zone industrielle qui s'étend sur près de 20 kilomètres carrés, les autorités omanaises prévoient d'ajouter une zone économique spéciale, une zone franche destinée à la réexportation ainsi qu'un aéroport dédié au fret. Une autoroute à trois voies destinée à relier, dans un premier temps, Sohar à Mascate, est également programmée.Tous ces projets ne répondent pas simplement au seul souci de diversifier l'économie. Ils visent aussi à réduire le chômage dans un pays qui compte 2,9 millions d'habitants.« Malgré la vigueur du développement économique, la croissance n'est pas suffisamment créatrice d'emplois pour absorber les générations qui arrivent sur le marché du travail »,relève une note de la mission économique de l'ambassade de France en Oman. « Le port et l'omanisation des emplois vont de pair puisque l'ensemble du projet devrait créer 8.000 emplois directs et 30.000 emplois indirects. Avec Sohar, c'est toute la région qui entre dans le XXIe siècle »,estime Jan H. Meijer.
Akram Belkaïd, à Sohar
jeudi 10 janvier 2008
Le Sultanat d’Oman maintient sa politique budgétaire prudente pour 2008
.
Résumé :
- Oman prévoit un déficit budgétaire de 6,9% en 2008.
- Son budget est basé sur l’hypothèse conservatrice d’un baril de pétrole à 45 dollars.
- Cette approche prudente permet au Sultanat d’affecter l’excédent au remboursement de la dette et à des acquisitions à l’étranger
- Pour 2007, la prévision budgétaire initiale tablait sur un déficit de 8% mais, au final, les finances publiques du Sultanat ont enregistré un excédent de 35%.
Prudence, prudence… Alors que les prix du brut se maintiennent dans la zone des 100 dollars le baril, le Sultanat d’Oman a établi un budget très conservateur pour 2008. Selon le ministère de l’Economie, les finances publiques omanaises devraient afficher un déficit de 6,9% en raison d’une hausse attendue des dépenses. Selon une dépêche de l’AFP datée du 2 janvier 2008, le ministre de l’économie Ahmad Ben Abdel Nabi Mekki, a déclaré à la presse que les dépenses devraient croître de 20% à 5,8 milliards de riyals (15,06 milliards de dollars) tandis que les recettes s’élèveraient à 5,4 milliards de riyals (14 milliards de dollars). Le déficit attendu, selon le ministre, serait de 400 millions de riyals (1,04 milliards de dollars).
Pour bien comprendre le caractère prudent de ces prévisions budgétaires, il faut savoir qu’elles ont été établies sur la base d’un baril de pétrole à 45 dollars. Du coup, si les cours restent en l’état – et peu de spécialistes prédisent le contraire -, le budget pourrait donc, note l’AFP, se révéler excédentaire à la fin de l’année. Ainsi, Oman avait prévu pour 2007 un déficit budgétaire de 8% mais Ahmad Ben Abdel Nabi Mekki a précisé que le gouvernement s’attend désormais à un excédent de 35%, soit 1,72 milliards de riyals (4,5 milliards de dollars) en 2007.
Des recettes additionnelles pour rembourser la dette
Dans une note récente, la Mission économique de l’Ambassade de France en Oman, relève elle aussi l’approche conservatrice du Sultanat dans la gestion des finances. « Depuis plusieurs années, les Autorités de Mascate poursuivent une stratégie budgétaire prudente, pour ne pas dire conservatrice », relève ainsi le document qui relève que ces mêmes autorités « appuient ainsi la construction budgétaire sur un prix du baril largement inférieur au prix de marché de façon à pouvoir, en fin d’exercice, affecter les recettes additionnelles au remboursement de la dette et à la consolidation du portefeuille d’avoirs extérieurs que s’est constitué le pays. »
La note donne aussi l’exemple du budget 2006 qui avait été construit sur l’hypothèse d’un prix du baril à 32 dollars soit, en théorie un déficit budgétaire de 3,5%. Au final avec un prix moyen du baril à 60 dollars cette année-là, le budget 2006 a finalement « dégagé un excédent conséquent, proche de 15% du PIB. »
Sources : AFP, Mission économique de Mascate - Ambassade de France en Oman.
Résumé :
- Oman prévoit un déficit budgétaire de 6,9% en 2008.
- Son budget est basé sur l’hypothèse conservatrice d’un baril de pétrole à 45 dollars.
- Cette approche prudente permet au Sultanat d’affecter l’excédent au remboursement de la dette et à des acquisitions à l’étranger
- Pour 2007, la prévision budgétaire initiale tablait sur un déficit de 8% mais, au final, les finances publiques du Sultanat ont enregistré un excédent de 35%.
Prudence, prudence… Alors que les prix du brut se maintiennent dans la zone des 100 dollars le baril, le Sultanat d’Oman a établi un budget très conservateur pour 2008. Selon le ministère de l’Economie, les finances publiques omanaises devraient afficher un déficit de 6,9% en raison d’une hausse attendue des dépenses. Selon une dépêche de l’AFP datée du 2 janvier 2008, le ministre de l’économie Ahmad Ben Abdel Nabi Mekki, a déclaré à la presse que les dépenses devraient croître de 20% à 5,8 milliards de riyals (15,06 milliards de dollars) tandis que les recettes s’élèveraient à 5,4 milliards de riyals (14 milliards de dollars). Le déficit attendu, selon le ministre, serait de 400 millions de riyals (1,04 milliards de dollars).
Pour bien comprendre le caractère prudent de ces prévisions budgétaires, il faut savoir qu’elles ont été établies sur la base d’un baril de pétrole à 45 dollars. Du coup, si les cours restent en l’état – et peu de spécialistes prédisent le contraire -, le budget pourrait donc, note l’AFP, se révéler excédentaire à la fin de l’année. Ainsi, Oman avait prévu pour 2007 un déficit budgétaire de 8% mais Ahmad Ben Abdel Nabi Mekki a précisé que le gouvernement s’attend désormais à un excédent de 35%, soit 1,72 milliards de riyals (4,5 milliards de dollars) en 2007.
Des recettes additionnelles pour rembourser la dette
Dans une note récente, la Mission économique de l’Ambassade de France en Oman, relève elle aussi l’approche conservatrice du Sultanat dans la gestion des finances. « Depuis plusieurs années, les Autorités de Mascate poursuivent une stratégie budgétaire prudente, pour ne pas dire conservatrice », relève ainsi le document qui relève que ces mêmes autorités « appuient ainsi la construction budgétaire sur un prix du baril largement inférieur au prix de marché de façon à pouvoir, en fin d’exercice, affecter les recettes additionnelles au remboursement de la dette et à la consolidation du portefeuille d’avoirs extérieurs que s’est constitué le pays. »
La note donne aussi l’exemple du budget 2006 qui avait été construit sur l’hypothèse d’un prix du baril à 32 dollars soit, en théorie un déficit budgétaire de 3,5%. Au final avec un prix moyen du baril à 60 dollars cette année-là, le budget 2006 a finalement « dégagé un excédent conséquent, proche de 15% du PIB. »
Sources : AFP, Mission économique de Mascate - Ambassade de France en Oman.
Inscription à :
Articles (Atom)