Lignes quotidiennes

Lignes quotidiennes
Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

vendredi 31 janvier 2014

Monsieur, Madame et la théorie du genre (1)

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C'est le soir.
Après le dîner, monsieur s'installe devant la télévision. "Tu pourrais m'aider à débarrasser, à faire la vaisselle, à coucher les enfants, à plier le linge qui attend d'être repassé", lui reproche son épouse.
Le mari pense à lui répondre qu'elle pourrait "prendre un quatre-cinquième pour s'occuper de la maison" mais se ravise. De mauvaise grâce, il se lève en grommelant "marre de la théorie du genre..."
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mardi 28 janvier 2014

Participation à l'émission Service Public, France Inter : La vérité sur les juifs de France

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La vérité sur les juifs de France : pour écouter cliquez ici Bouton d'affichage du menu partage

L’affaire Dieudonné a révélé en France la bonne santé des stéréotypes. Ainsi, les juifs sont assimilés aux riches, aux puissants, en un mot, au système. On ne combattra pas ces discours en leur opposant un silence méprisant. Qui sont les juifs de France ? Constituent-ils un lobby ? La Shoah est elle notre nouveau sacré ? Avec vos questions et vos remarques au 0145247000 et sur les réseaux sociaux nous sommes servicepublicfi.
Avec :
Annette Wieviorka, historienne française, spécialiste de la Shoah et de l'histoire des juifs au XXe siècle

Samuel Ghiles-Meilhac, historien et sociologue, spécialiste du Proche-Orient et de la communauté juive française, auteur du livre Le CRIF. De la Résistance juive à la tentation du lobby. De 1943 à nos jours, Éditions Robert Laffont, 2011

Akram Belkaïd, journaliste et essayiste, spécialiste du monde arabe
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La chronique économique : Algérie : un bilan économique inquiétant

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 23 janvier 2014
Akram Belkaïd, Paris

Un contexte d’incertitude politique qui a empêché la mise en œuvre de réformes structurelles, « notamment celle du système des subventions qui atteignent 4 milliards de dollars pour les produits alimentaires de base (blé et poudre de lait) ». C’est le constat dressé par le quotidien Le Monde dans son bilan annuel des économies de la planète (*). Sous la signature d’Amir Akef, l’article rappelle quelques vérités crues qui devraient normalement alimenter le débat lors de la campagne électorale pour la présidentielle d’avril prochain.

Dépenses publiques qui dérapent

Au-delà de la question de la nature même du système politique, le gouvernement algérien est, en effet, responsable d’une dérive inquiétante des dépenses publiques. Certes, il ne s’agit pas de plaider pour un retrait total de l’Etat ou pour une stratégie de choc comme l’ont connu certains pays de l’ex-bloc communiste d’Europe de l’Est. Mais avec 4 milliards de dollars de subventions alimentaires – qui profitent le plus à ceux qui, en réalité n’en ont pas besoin – et 10 milliards de dollars de subventions « implicites » en matière d’énergie, l’Algérie gaspille de précieuses ressources qui pourraient lui faire défaut dans un avenir proche. « Si les dépenses de l’Algérie continuent sur le même rythme, le taux d’endettement du pays pourrait dépasser 100% du PIB à l’horizon 2050, indique le FMI » rappelle le Bilan du Monde qui précise que « la loi de finances 2014 ne prend pas en compte » les appels à la prudence de l’institution financière. Ainsi, « la dépense publique sera en hausse de 11,3% par rapport à 2013 » tandis que le déficit budgétaire devrait atteindre 45 milliards de dollars.

Les années 2000, celles donc de la présidence Bouteflika, auront vu la mise en place d’un mécanisme assez rudimentaire pour dépenser plus d’argent public et financer le déficit qui résulte de ces excès. Cela consiste à établir des budgets sur la base d’un prix du baril peu élevé et loin des sommets atteints par le marché (37 dollars contre une fourchette moyenne comprise entre 80 et 100 dollars). Alimentant le Fonds de régulation des recettes (FFR), la différence permet donc de combler le déficit et, comme le mentionne le Bilan du Monde, de masquer « le fait qu’environ 75% des recettes fiscales de l’Etat viennent des hydrocarbures, la part de la fiscalité ordinaire étant des plus réduites ».

Vers un retour à l’endettement

Ce constat démontre que l’une des urgences de l’Algérie en matière de réforme économique est de moderniser la manière dont le budget est conçu. Ce dernier ressemble aujourd’hui à une série de dispositions dont tout le monde sait qu’elles ne seront pas respectées du fait de l’existence d’un fonds d’ajustement dont la gestion échappe au contrôle parlementaire. Certes, cela peut donner quelques années d’intense activité grâce à la profusion de dépenses publiques. Mais le retour de bâton peut être très violent. Dans les années 1980, seuls quelques initiés au sein de la machine étatique savaient que le pays se dirigeait vers une catastrophe financière. Aujourd’hui, nul ne peut ignorer le fait que l’Algérie risque de faire appel au Fonds monétaire international (FMI) d’ici 2025, c’est-à-dire demain. A ce moment-là, les 206 milliards de dollars de réserves de change auront fondu comme neige au soleil et l’endettement extérieur sera de nouveau une obligation. Et l’on sait ce que cela a toujours provoqué comme dérapages sanglants en Algérie. Il faudra parler de cela aussi durant la campagne électorale.

(*) Le bilan du Monde, économie et environnement (avec l’atlas de 193 pays), 9,95 euros.

lundi 27 janvier 2014

Publication : La France et l'Algérie en 1962. De l'Histoire aux représentations textuelles d'une fin de guerre

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La France et l'Algérie en 1962. De l'Histoire aux représentations textuelles d'une fin de guerre

Sous la direction de Pierre-Louis Fort et Christiane Chaulet Achour
14.01.2014
Karthala, coll. "Lettres du sud", 2013, 336 p.

1962-2012. Cinquante ans ont passé depuis les accords d’Evian, la proclamation de l’indépendance de l’Algérie et la fin de celle qu’en France on appelle désormais officiellement la « guerre d’Algérie ». Car si du côté algérien il fut très vite question de guerre (« Guerre de libération nationale »), dans l’Hexagone, on préféra longtemps évoquer les « événements d’Algérie ».

Guerre dite « sans nom », au moins du côté français, elle n’a en revanche jamais été sans mots. Au contraire, de part et d’autre de la Méditerranée, des voix se sont élevées pendant mais aussi après ces combats d’une rare violence, pour témoigner, interroger et transmettre.

Ces voix, les universitaires et les chercheurs dont les contributions sont réunies dans ce volume les analysent à travers des textes variés : journaux mais aussi – et surtout – oeuvres littéraires diversifiées tant dans leurs genres (poésie, théâtre, roman, littérature de jeunesse, bande dessinée, témoignage) que dans leurs dates de publication (de 1962 à aujourd’hui). Une spécificité de taille a cependant orienté la constitution des corpus d’étude : celle de ne retenir que des textes qui accordent à l’année 1962 une place de choix, de manière à proposer des lectures novatrices et fermement problématisées autour d’une date fondamentale de cette guerre en particulier et de l’Histoire du XXe siècle en général.

Comment cette année résonne-t-elle dans les oeuvres ? Parallèlement à son déroulé, que disent-elles de 1962 ? Quel sens lui donne-t-on dans l’un et l’autre pays ? Pour quels imaginaires et pour quelle(s) mémoire(s) ?
 
 
Table des matières

Présentation, 1962-2012

I. Du côté de l’histoire

1. Sylvie THÉNAULT, 1962 ou les paradoxes d’une fin de guerre dans la violence
2. Akram BELKAÏD, Le New York Times et l’année 1962 en Algérie
3. Daniel LANÇON, 1962: l’Algérie de la revue Esprit
4. Brigitte RIÉRA, La réception des Damnés de la terre de Frantz Fanon. Un encryptage de l’histoire de la décolonisation

II. L’indépendance et les écrivains

5. Christiane CHAULET ACHOUR, 1962, le passage du témoin. Ouvrages, témoins, écrivains algériens
6. Guy BASSET, Mouloud Mammeri: 1962, un certain passage
7. Rabah BELAMRI, Jean Sénac entre désir et douleur, Citoyens de beauté
8. Catherine BRUN, « Mourir ainsi c’est vivre »
9. Anne STRASSER, 1962: Simone de Beauvoir ou le désenchantement

III. Retours sur 1962

10. Zohra BOUCHENTOUF-SIAGH, Nouvelles de la zone interdite de Daniel Zimmermann. L’autre face des récits de mon enfance
11. Sylvie BRODZIAK, 1962: récits de gens très ordinaires
12. Pierre-Louis FORT, Échos et résonances de 1962 dans la littérature pour la jeunesse
13. Violaine HOUDART-MEROT, Catharsis et réconciliation: le retour du théâtre depuis l’an 2000
14. Patrick JOOLE, L’année 1962 dans les BD francophones: un abécédaire à compléter
15. Martine MATHIEU-JOB, Dans le tumulte de l’événement ou le désordre du souvenir. Comment trouver une voie/sa voix pour dire 1962? Les expériences de Mouloud Feraoun, Mohammed Dib, Aziz Chouaki, Mohamed Kacimi
16. Catherine MILKOVITCH-RIOUX, 1962 dans les mémoires en France (1982-2012) : expatriation, exil, retour

III. Inédits

17. Zohra BOUCHENTOUF-SIAGH, Figues barbares
18. Michele VILLANUEVA, L’Algérie une, unique et multiple

Guerre de libération nationale/Guerre d’Algérie (1954-1962) Chronologie indicative [janvier à octobre 1962].

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samedi 25 janvier 2014

La chronique du blédard : Cette guerre mondiale qui ne dit pas son nom

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Le Quotidien d'Oran, jeudi 23 janvier 2014
Akram Belkaïd, Paris

 
D’un côté, 85 personnes. Les plus riches de la planète. De l’autre, 3,5 milliards d’individus. Les plus pauvres de la population mondiale. Quel est le lien entre eux ? C’est simple, les premiers possèdent autant que les seconds réunis. D'autres statistiques révélées par l'ONG Oxfam sont à l'avenant : Selon elle, en 2013, 210 personnes ont rejoint les 1426 milliardaires déjà existants. Ce petit monde, détient à lui seul 5400 milliards de dollars. Mieux, 1% de la population mondiale détient 110.000 milliards de dollars, soit 65 fois la richesse totale de la moitié de la population mondiale. (1). Voilà l’une des réalités de notre planète en ce début d’année 2014, à l’heure où le cœur du capitalisme mondial se réunit à Davos en Suisse.
 
Ainsi, la crise a-t-elle profité aux plus fortunés tandis que les plus pauvres se sont encore davantage enfoncés dans la misère et le dénuement. Pour mémoire, la grande dépression des années 1930 avait touché tout le monde et il avait fallu attendre plusieurs années après la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que le fossé se creuse de nouveau entre riches et pauvres. Cette fois-ci, il n’en est rien. Comme le relève l’économiste Thomas Piketty dans son dernier livre (2), l’humanité est revenue au dix-neuvième siècle, celui de La Comédie Humaine de Balzac où la rente prime, et de loin, sur le travail.
 
Un tel chiffre met en lumière une réalité que la gauche, ou ce qu’il en reste, a du mal à admettre. Le néolibéralisme a gagné et rien ne semble plus pouvoir résister à sa dynamique triomphante et destructrice. Des années de dérégulation, d’appauvrissement et de retrait constant des Etats, et de réformes structurelles destinées à en finir avec des droits sociaux acquis après de longues luttes ont conduit à ce terrible résultat. Le Fonds monétaire international (FMI) a beau prétendre le contraire grâce à de savants montages statistiques : le monde s’appauvrit et se polarise entre richesse et pauvreté extrêmes.
 
Il sera intéressant d’écouter les discours qui seront prononcés lors du Forum de Davos. Bien sûr, il faut s’attendre à de la compassion et à l’expression d’une certaine « préoccupation », terme habituel auquel on a recours dans ce genre de cénacle pour dire, qu’en réalité, l’on s’en moque complètement. Mais ce qui est certain, c’est que l’on va nous expliquer que l’économie mondiale a toujours besoin de plus de réformes et que si les choses vont mal, c’est de la faute des salariés, accrochés à leurs droits, à leurs salaires et à leur incapacité à accepter l’idée que le monde change (pour eux, par pour les maîtres du jeu). Car qu’est-ce que la mondialisation actuelle si ce n’est la recherche du moins-disant en matière de tarif horaire ? Du moins-disant en matière de droits syndicaux ? Du moins-disant en matière de législation environnementale ?
 
85 personnes qui pèsent autant que 3,5 milliards de personnes… Ce n’est plus une courbe de Gauss avec ses extrémités habituelles, c’est une aberration rendue possible par la prégnance de la finance boursière dans l’économie et de l'existence de paradis fiscaux qui sont toujours là pour servir de blanchisseuse à des centaines de milliards de dollars. C’est un scandale rendu possible par l’atonie de ce que l’on appelait hier les forces progressistes. A l’image du président français François Hollande devenu, par impuissance, par perte de motivation, de conviction ou de foi, un « libéral » au service des grandes entreprises. Hier, « ennemi de la finance », le voici à genoux devant elle. Pitoyable évolution : le « rebelle » en passe de devenir un socialo-traître mais n’est-ce pas là le sort habituel des socialistes français ? Passons…
 
Pourquoi mettre le terme libéral entre parenthèses ? C’est parce que l’auteur de ces lignes se considère lui-même comme un libéral mais sans donner son sens habituel et convenu à ce terme. Le point de départ, le seul qui devrait compter, c’est la liberté individuelle. Le droit d’entreprendre, de pouvoir créer et de mener sa vie comme on l’entend. Et ce n’est pas ce qui se passe aujourd’hui où l’individu n’a guère le choix si ce n’est de travailler dans des entreprises qui lui en demanderont toujours plus en contrepartie de toujours moins. Le libéralisme, ce ne devrait pas être ce « travail gratuit » que l’on impose à des générations entières d’étudiants forcés d’être des stagiaires non rémunérés pendant des années. Ce ne devrait pas être ce « salariat interdit » où l’on cherche à saper le code du travail et où l’on transforme le salarié en un sous-traitant corvéable à merci. Ce ne devrait pas être cette prééminence de la politique de l’offre (favorable aux entreprises) au détriment de celle de la demande (favorable aux salariés et aux demandeurs d’emploi). Doucement, mais sûrement, nous entrons dans un monde où il faudra bientôt payer pour pouvoir travailler tout comme il fallait jadis y aller de sa poche pour acheter une quelconque charge ou patente.
 
Le monde est en guerre. C’est un conflit féroce et ravageur qui disloque les sociétés et les familles. Ici, c’est une austérité criminelle que l’on impose en temps de crise à des peuples épuisés pour obéir aux puissances de l’argent (lesquelles ont réussi à se faire appeler « marchés » pour que l’on ne puisse plus les identifier). Là, c’est un chômage délibérément imposé à des millions de gens au nom de la rentabilité ou, plus grave encore, au nom de la défense d’une monnaie et des rentiers qui en tirent profit (c'est le cas de l'euro). Dans cette bataille, ceux qui gagnent sont au pouvoir. Ils dictent leur loi, imposent leurs idées et ont réussi à ringardiser leurs détracteurs.
 
Jusqu’à quand cela durera-t-il ? Viendra-t-il un jour où une nouvelle gauche sera capable de faire face et de renouer avec ce que furent les combats sociaux d’hier ? Une chose est certaine, cela n’arrivera que si l’on prend conscience de ce qui se passe. L’ultra-capitalisme financier veut la mort des Etats, des protections sociales et des législations nationales. Il nous rêve en cohortes de bras, tantôt occupés, tantôt désœuvrés, sans recours ni possibilité de s’organiser. Il a ses séides et sa clientèle, à qui il concède quelques avantages en échange d’une fidélité sans faille et de l’obligation de diffuser partout le même message : celui selon lequel il est impossible de faire autrement. Ainsi va cette guerre où ceux qui l’emportent ont l’immense avantage de se battre contre des adversaires (victimes ?) à peine conscients de ce qui se passe.
 
(1) En finir avec les inégalités extrêmes, rapport disponible sur www.oxfam.org
(2) Le Capital au XXIe siècle, collection « Les Livres du nouveau monde », Le Seuil, 2013.
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Political talk is prohibited

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Traduction : Prière de ne pas parler politique
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lundi 20 janvier 2014

La chronique économique : La Chine, première puissance commerciale du monde

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 15 janvier 2014
Akram Belkaïd, Paris
 
Il y a dix ans, on attendait cela pour 2020 mais la Chine aura finalement été en avance sur ce rendez-vous hautement symbolique. En effet, et selon les statistiques publiées par Pékin, le pays que l’on désignait jusque-là comme étant le plus grand atelier du monde est devenu la première puissance commerciale du globe à la place des Etats-Unis. Les chiffres des douanes chinoises sont en effet éloquents : En 2013, les flux commerciaux (somme des exportations et importations) ont atteint 4.160 milliards de dollars soit une hausse de 7,6% par rapport à 2012 (le gouvernement espérait un taux de 8%).
 
Après le commerce, le PIB ?
 
En 2009, la Chine avait déjà ravi à l’Allemagne la place de premier exportateur mondial et cela est resté le cas depuis. En 2013, ses ventes à l’étranger ont progressé de 7,9% à 2.210 milliards de dollars soit l’équivalent de dix fois les réserves de change de l’Algérie ou 80% du Produit intérieur brut (PIB) français… La nouveauté réside dans le fait que Pékin maintient ses importations à un niveau élevé. Ces dernières ont progressé de 7,3% à 1.950 milliards de dollars et, plus important encore, les experts insistent sur le fait qu’il ne se s’agit pas uniquement de matières premières destinées à alimenter les usines mais aussi de biens et produits manufacturés. Bien entendu, le solde commercial chinois reste impressionnant à 260 milliards de dollars (+12,8%) mais la diversification des importations et la progression du flux total des échanges donne du crédit à l’idée qu’après les Etats-Unis (et, il y a très longtemps, la Grande-Bretagne), la Chine est désormais le nouveau géant commercial de la planète. Et la prochaine étape est connue de tous. D’ici 2020, peut-être même avant, le PIB chinois dépassera celui des Etats-Unis. Ce jour-là, il y a fort à parier que Pékin revendiquera un leadership mondial plus accru même s’il conviendra de relativiser cette prééminence puisqu’exprimé par tête d’habitant, le PIB des Etats-Unis restera plus élevé.
 
Un enthousiasme forcé ?
 
En attendant, de nombreux experts ont été surpris par le caractère très démonstratif de la satisfaction chinoise. Jusque-là, Pékin a toujours fait preuve de retenue, expliquant à qui veut l’entendre, notamment ses voisins asiatiques, qu’elle ne se voit pas en tant que grande puissance capable de rivaliser avec les Etats-Unis avant plusieurs décennies. Parfois, les dirigeants chinois en font tellement trop en matière de modestie qu’ils ont même tendance à agacer (ou inquiéter) leurs interlocuteurs. Alors pourquoi faire montre d’autant de joie pour des chiffres du commerce extérieur qui risquent d’être corrigés ou relativisés par ceux – non encore publiés – des Etats-Unis ?
 
A en croire plusieurs spécialistes de l’ex-Empire du milieu, ce serait la preuve de l’inquiétude des dirigeants chinois en ce qui concerne l’évolution de leur économie. Crise de l’endettement des provinces, doutes sur la solidité du système financier, perspectives de croissance morose pour les pays développés qui restent les premiers clients  de la Chine (au premier rang desquels se trouve l’Union européenne devant les Etats-Unis) : tout cela laisse entrevoir une année 2014 plutôt incertaine. Est-ce donc pour se rassurer que Pékin triomphe ? Est-ce pour renforcer la confiance des opérateurs locaux ? On le sait, l’économie est aussi affaire d’état d’esprit et les mois prochains diront si ce titre de champion numéro un du commerce mondial a porté chance à la Chine ou si cette dernière a crié victoire trop tôt.
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dimanche 19 janvier 2014

La chronique du blédard : La Tunisie, vaille que vaille

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Le Quotidien d'Oran, jeudi 16 janvier 2014
Akram Belkaïd, Paris
 


Il y a trois ans tombait le régime de Zine el Abidine Ben Ali, du moins était-ce la chute d’un président qui se voyait le rester à vie même si - on le savait déjà à l’époque - son intrigante d’épouse entendait bien le remplacer. Trente-six mois plus tard, et après bien des péripéties, souvent désespérantes, la Tunisie est toujours engagée dans l’inévitable transition qui suit la fin brutale, d’aucuns diront inattendue, de la dictature. Mais l’espoir est toujours là de voir ce petit pays sans grandes ressources autres qu’humaines s’engager résolument dans un système politique plus moderne et garantissant le droit aux droits pour tous.
 
Impatients, inquiets, accablés, les nerfs à vifs depuis ce fameux 14 janvier 2011, les Tunisiens n’ont pas cessé de s’interroger à propos de leur nouvelle Constitution. D’incidents en retards, d’attentats terroristes en « grèves des députés », de sit-in en suspension des travaux, il est vrai que l’on commençait à trouver le temps long et à craindre un retour musclé à l’ordre. Une restauration, faut-il le rappeler, souhaitée par les nostalgiques et l’ancienne clientèle du « zaïm » déchu. Mais, dans le même temps, il était évident qu’il ne fallait pas désespérer de la Tunisie et des Tunisiens.
 
Ces derniers ne s’en sont peut-être pas toujours rendus compte mais leur volonté, parfois tortueuse, de privilégier le compromis et la négociation, a été leur atout essentiel. Cela leur a évité le pire comme par exemple répéter ce que l’on pourrait appeler « l’erreur de janvier », comprendre cette tragique interruption du processus électoral en Algérie aux premiers jours de 1992. Bien sûr, la tentation d’une solution forte a trotté dans la tête de nombreux Tunisiens inquiets de voir le parti Ennahdha remplacer un régime policier par une théocratie musclée. Bien sûr, il y a eu des chants de sirène venant de partout pour exhorter à la violence, suggérant un coup d’Etat ou une solution à l’égyptienne.
 
Mais, encore une fois, la grande réussite des Tunisiens est d’avoir joué vaille que vaille la carte du dialogue et du compromis. Certes, il ne faut pas être naïf et il est évident que ce résultat est aussi le fruit de circonstances extérieures. En premier lieu, le bain de sang égyptien a fait réfléchir tout le monde à commencer par les islamistes d’Ennahdha qui savent désormais que ce qui s’est passé en Algérie il y a vingt ans peut se reproduire et que l’argument selon lequel le monde a changé depuis n’est guère pertinent. En second lieu, il est plus que probable que la communauté internationale a œuvré pour l’apaisement et pour calmer des passions susceptibles de déclencher l’incendie. Du coup, certains jusqu’au-boutistes de la banlieue nord de Tunis – pourtant abonnés aux réceptions des ambassades occidentales – crient à une ingérence inacceptable et leur colère est d’autant plus forte qu’ils pensaient que l’Europe, les Etats-Unis et, surtout, la France finiraient par applaudir (par s’associer ?) à une chasse aux islamistes.

 

La route est loin d’être terminée. A l’heure où cette chronique est bouclée, la Constitution n’est pas complètement adoptée et des amendements restrictifs, ou pour être plus direct, réactionnaires et liberticides continuent d’être proposés. Une chose est certaine, le texte fondamental final ne sera certainement pas idéal. Mais existe-t-il ailleurs une Constitution qui le soit ? Beaucoup d’observateurs se sont focalisés sur les questions de la référence ou non à la charia (abandonnée) et de l’égalité de droits entre l’homme et la femme (adoptée) mais là, n’est peut-être pas le plus important. Tout texte de référence ne compte que par la manière dont il est interprété. C’est cela qui va compter. Des lectures divergentes vont forcément exister. Des approches antagonistes vont s’opposer. Mais, au final, c’est l’empreinte politique qui a conduit à la naissance de cette Constitution qui va compter.

 

En Allemagne, le recours à une coalition au lendemain des élections est en train de devenir un élément de l’identité de ce pays (chose qui serait impossible en France). Il ne tient qu’aux Tunisiens d’ériger le compromis et la négociation comme valeur politique intrinsèque voire comme repère premier pour ne pas parler de dogme. D’une part, cela leur garantirait une feuille de route pour l’avenir (laquelle sera indispensable quand il s’agira de faire des choix sur le plan économique). D’autre part, cela pourrait constituer un exemple à suivre pour nombre de pays arabes où l’on décide et où l’on cogne avant de se résoudre à discuter.

 

A l’heure où il est de bon ton de décréter l’échec définitif du Printemps arabe, l’expérience tunisienne est un cas d’école en matière de transition politique. L’affaire est loin d’être terminée. Il y aura forcément des régressions, des pauses, des alertes. Mais l’optimisme commande de voir que des choses profondes sont en train de se passer avec, parmi elles, une dynamique réelle de la société civile qui ne cesse de se renforcer. Et c’est une très bonne nouvelle pour la Tunisie mais aussi pour le monde arabe dans son intégralité.
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dimanche 12 janvier 2014

La chronique économique : Une femme à la tête de la Fed

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 9 janvier 2014
Akram Belkaïd, Paris
 
Comme prévu, le Sénat des Etats-Unis a donné, lundi 6 janvier, son feu vert (56 voix pour et 26 contre) à la nomination de Janet Yellen à la présidence de la Réserve fédérale américaine. Elle remplacera ainsi Ben Bernanke dont le second mandat s’achève à la fin du mois de janvier. Agée de 67 ans, celle est qui est déjà vice-présidente de la Banque centrale américaine (que l’on appelle aussi « Fed »), va donc faire son entrée dans le cercle des dirigeants les plus puissants et influents de la planète.
 
Une action dans la continuité de Bernanke
 
Certes, les décisions au sein de la Fed se prennent de manière consensuelle et, le plus souvent, à la faveur d’un vote au sein du Comité de politique monétaire (Fomc). Mais la personnalité du président compte énormément car c’est lui qui oriente cette politique selon ses convictions et ses analyses. Les deux prédécesseurs de Janet Yellen l’ont bien montré. Alan Greenspan a été l’architecte de l’expansion financière aux Etats-Unis tandis que Ben Bernanke restera dans l’histoire comme ayant été celui qui n’a pas hésité à recourir à des politiques peu orthodoxes pour faire face à la crise des subprimes. En rachetant de la dette publique étasunienne, la Fed a vu ses actifs passer de 813,2 milliards de dollars en 2006 à 3747,4 milliards de dollars en octobre 2013. Un bond de 361% qui a fait dire au financier et milliardaire Warren Buffet que « la Fed est devenue le plus gros fonds spéculatif de l’histoire ».
 
Et c’est justement la gestion de la politique monétaire non-conventionnelle qui sera le dossier le plus urgent à traiter pour Janet Yellen. Pour faciliter la tâche de sa successeuse, Ben Bernanke a déjà initié la réduction des achats mensuels d’actifs puisque ces derniers sont passés en décembre dernier de 85 milliards de dollars à 75 milliards de dollars. Du coup, Yellen pourra expliquer qu’elle s’inscrit dans la voie tracée par son prédécesseur et elle n’aura pas de mal à justifier d’autres réductions. Il lui faudra tout de même rassurer les marchés et faire en sorte que ce retrait progressif du soutien à l’économie ne débouche pas sur une crise de confiance et un ralentissement de la croissance.
 
Dans les mois qui viennent, il sera d’ailleurs intéressant de voir comment la Présidente de la Fed va gérer le couple croissance du Produit intérieur brut (PIB) et inflation. A diverses reprises, cette économiste a fait savoir que, pour elle, il était possible de tolérer une inflation élevée de manière temporaire si jamais cela devait permettre de maintenir une croissance forte. On le voit, comme ses prédécesseurs, Yellen continuera de faire de la création d’emplois (conséquence directe de la croissance), le pilier de l’action de la Fed et cela contrairement à la politique de la Banque centrale européenne (BCE) qui reste focalisée sur l’inflation fusse au prix de la destructions de postes.
 
Une nomination à la portée plus que symbolique
 
Par ailleurs, on relèvera que c’est la première fois qu’une femme accède au plus haut poste de la Réserve fédérale. Pour mémoire, Yellen n’était pas le premier choix de Barack Obama qui aurait préféré désigner Larry Summers avant de se raviser après la menace de plusieurs sénateurs démocrates de ne pas voter pour cet économiste controversé et jugé trop favorable à Wall Street. Aujourd’hui, Obama peut tout de même s’enorgueillir d’avoir contribué à la lutte contre les discriminations au travail dont sont victimes les femmes. Avec Yellen à la tête de la Fed, c’est tout le leadership de la finance qui devra tôt ou tard cesser d’être un domaine réservé aux hommes.
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Sweets'n'Sugar

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vendredi 10 janvier 2014

La chronique du blédard : Un désarroi français

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Le Quotidien d'Oran, jeudi 9 janvier 2014
Akram Belkaïd, Paris
Je le promets, je ne vais pas encore infliger au lecteur des lignes et des lignes à propos de mon hostilité à l’encontre de Dieudonné, la précédente chronique ayant abordé cette question (on pourra aussi lire la prise de position de la campagne BDS qui appelle au boycottage d’Israël tant que les droits des Palestiniens ne seront pas respectés). Par contre, il m’est impossible de ne pas faire état de ma stupéfaction devant la tournure que prend cette affaire. La question que je me pose est simple : le gouvernement français a-t-il perdu la tête ? Faut-il vraiment que la situation sur le front économique soit aussi désespérée pour qu’il se lance dans une telle agitation aussi dilatoire que guignolesque ? Le chômage, l’effondrement du commerce extérieur, l’explosion de la précarité, le chaos en Centrafrique, le b… en Libye, les menaces d’implosion de l’Union européenne ou, du moins, la grave panne de la construction européenne : tout cela ne compte pas ? Ne faudrait-il pas un vrai débat national sur l’emploi, les cadeaux faits aux entreprises, la hausse de la TVA ? Ne faudrait-il pas accepter que la situation est des plus graves sur le plan économique et qu’un effort national et consensuel s’impose pour, d’abord comprendre ce qui se passe vraiment, et ensuite agir ?
C’est un fait, et contrairement aux promesses présidentielles, la courbe du chômage ne s’est pas inversée et François Hollande se pare désormais des habits socio-libéraux de Tony Blair et, on le dit moins, de Gerhard Schröder. Un virage, ou plutôt des zigzags, qui mériteraient des explications, des justifications, ne serait-ce qu’à l’égard de ses propres électeurs. Mieux, étant en démocratie et ayant été élu sur la base d’un programme qui n’a plus rien à voir avec ses promesses, le président français ne devrait-il pas en appeler à l’avis des citoyens ne serait-ce qu’en décidant la dissolution de l’Assemblée
?

Au lieu de cela, nous avons droit depuis plusieurs jours à une sorte de feuilleton ridicule où la duplicité politicienne s’ajoute à l’hystérie d’organisations communautaristes qui veulent absolument imposer l’idée que le premier péril qui menace la France est l’antisémitisme. Un jour, ce sont des lycéens en garde à vue pour le pitoyable geste de la quenelle. Un autre ce sont des mannequins en vitrine qui déclenchent un barouf digne de la fin du monde. Oh ! Ça va, ou bien ? Que va-t-on nous inventer encore pour nous faire croire que rien n’est plus urgent et fondamental que de régler son compte à un amuseur en perdition morale ? Tout cela risque de très mal se terminer…

Le pire, dans l’affaire, c’est l’échauffement matamoresque (je sais, j’ai utilisé ce néologisme la semaine dernière, mais il me plaît bien) du ministre de l’intérieur Manuel Valls. Son omniprésence médiatique, sa morgue quand il s’adresse à des gens modestes, surtout quand ils habitent les cités, me renvoient au milieu des années 2000. Je croyais que nous étions débarrassés de Nicolas Sarkozy, voilà son clone qui s’installe et prend ses aises. Qu’en sera-t-il s’il devient Premier ministre… ?

Ce qui est aussi inquiétant, c’est le fait que ce représentant de la République veuille tordre le cou à la liberté d’expression au nom d’une supposée situation exceptionnelle.  Dans une démocratie, n’importe qui a le droit de prendre la parole et il peut dire ce qu’il veut. Et c’est le rôle de la justice, supposée être indépendante, de le poursuivre au cas où il enfreindrait la loi par ses propos. Valls nous explique que Dieudonné n’est plus un artiste mais un militant politique. Bon… Peut-être. Et alors ? A-t-on jamais empêché Le Pen, père ou fille, de s’exprimer ? La censure préventive n’est rien d’autre que le recul de la liberté. Manuel Valls semble ignorer, et c’est bien inquiétant, que la République s’abime quand elle enfreint le droit, fût-ce pour lutter contre les ennemis de la démocratie.

« On voit que ce pays est crise. On le sent » me dit en ce moment un ami algérois en visite à Paris. Oui, c’est bien la crise mais c’est aussi la confusion générale. Le genre de situation qui ouvre la voie à nombre de dérives. Je pensais, peut-être avec naïveté, que l’élection de François Hollande allait détendre le climat et balayer la crispation des années Sarkozy (celles où il a été président mais aussi celles où il a été ministre de l’intérieur sous la présidence de Jacques Chirac). Et c’est vrai que les premiers mois qui ont suivi l’arrivée d’Hollande à l’Elysée ont généré de l’apaisement. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et je note que les échecs et couacs du gouvernement sont presque toujours suivis par des polémiques qui font oublier l’essentiel. Dieudonné, port du voile lors des sorties scolaires, vrai-faux rapport sur l’intégration : tout cela en dit long finalement sur le désarroi qui s’est emparée de l’équipe au pouvoir.

Il y a quelques temps, la presse de droite, qui a toujours considéré comme anormal que la gauche puisse accéder aux affaires, s’est interrogée sur les compétences du gouvernement. A l’époque, cela avait paru excessif et même un peu mesquin. Aujourd’hui, force est de constater la pertinence d’un tel questionnement. Car, en assistant à toute cette excitation et en listant tous les couacs et renoncements depuis mai 2012, on est obligé de se demander si la France est dirigée par des gens sérieux. Ou si elle est tout simplement dirigée.
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Post-scriptum post-publication : Le Conseil d'Etat a finalement interdit une représentation de Dieudonné à Nantes. Du jamais vu dans l'histoire de France puisque c'est la deuxième fois en plus de cinquante ans que cette institution rend son avis quelques heures à peine après avoir été saisie (la première concernait une affaire de peine de mort et une juridiction d'exception dans le contexte de la Guerre d'Algérie). L'avis fera jurisprudence et, désormais, on ne pourra plus dire, quoi qu'on pense du polémiste, que la liberté d'expression est garantie en France. On se croirait dans une république bananière ou revenu au temps de l'Ancien Régime. Question simple : qui va décider que Dieudonné peut remonter sur les planches ? La justice ? Le pouvoir politique ?

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mardi 7 janvier 2014

La chronique économique : Quand la dette locale chinoise s’emballe

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Le Quotidien d'Oran, samedi 4 janvier 2014
Akram Belkaïd, Paris

En 2014, les regards de nombre d’économistes se tourneront, une fois encore, vers la Chine. Mais, cette fois-ci, il ne s’agira pas simplement pour eux de vérifier que la croissance du Produit intérieur brut (PIB) est à son niveau habituel, c’est à dire autour de 7% voire plus. En effet, plusieurs de ces experts craignent que la locomotive de l’économie planétaire ne soit confrontée à une grave crise bancaire qui pourrait avoir des répercussions mondiales.

Une dette qui gonfle

Le problème réside dans l’explosion de l’endettement des gouvernements locaux. A la mi-2013, la dette globale de ces institutions incluant les provinces, les districts et les municipalités, atteignait déjà 17.900 milliards de yuans soit l’équivalent de 2.100 milliards d’euros. Selon les statistiques publiées par le Pékin, la dette des collectivités locales a bondi de 67% en deux ans. De quoi donner des sueurs froides aux responsables chinois qui savent pertinemment que ces institutions sont incapables de générer des recettes suffisantes pour rembourser leurs créances.

D’où vient cet endettement ? Il est la conséquence de la conjonction de plusieurs facteurs. D’abord, il faut rappeler que le gouvernement central a longtemps fait pression sur ses provinces pour qu’elles tiennent leurs objectifs de croissance. Dans une conjoncture économique morose et marquée par un net ralentissement de l’activité, ces entités se sont retrouvées obligées de lancer de grands travaux d’infrastructure tout en incitant les usines de leurs régions à produire plus. Bien entendu, tout cela a nécessité des ressources financières d’où l’obligation pour les gouvernements locaux de s’endetter.

La question qui est désormais posée concerne la stabilité du système financier et bancaire chinois. Que se passera-t-il si les provinces s’avèrent incapables de rembourser leurs emprunts ? Quelle sera alors la position du gouvernement central sachant que les banques chinoises sont déjà fortement exposées en termes de créances douteuses ? Faut-il craindre une panique bancaire qui obligerait Pékin à se porter au secours des établissements concernés ? Un sauvetage qui, par effet mécanique, réduirait les investissements chinois à l’étranger et aurait, par conséquent, un impact direct sur la croissance mondiale. A cela s’ajouterait aussi une incertitude sur les placements financiers chinois et donc sur la capacité de Pékin de continuer à financer le déficit américain par l’achat d’obligations émises par le Trésor étasunien.

Pékin joue la transparence

De nombreux observateurs tendent toutefois à relativiser le problème généré par cet endettement. Ils relèvent d’abord que la Chine a les moyens de faire face à une crise financière interne puisque ses réserves de change atteignent près de 3.500 milliards de dollars. Ensuite, ils notent que l’endettement public n’équivaut qu’à 55% du PIB, ce qui, en comparaison d’autres puissances économiques, est un ratio qui paraît des plus raisonnables. Enfin, il y a le fait que le gouvernement chinois semble décidé à être transparent sur cette question. Une position peu fréquente qui donne à penser que le problème est en passe d’être réglé. A moins qu’il ne s’agisse du contraire, la gravité de la situation obligeant Pékin à en parler publiquement…
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dimanche 5 janvier 2014

Hommage à Mustapha Zitouni

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En 1958, quand Mustapha Zitouni (décédé aujourd'hui à l'âge de 86 ans), footballeur, décide de quitter clandestinement la France et de rejoindre l'équipe du FLN il est :
- l'arrière central titulaire de l'Equipe de France qualifiée pour la Coupe du monde en Suède (il avait déboulonné le fameux Jonquet)
- l'arrière central titulaire de l'Equipe de Monaco de division 1
- l'un des joueurs les mieux payés du championnat de France.
Voilà ce que signifie le terme "sacrifice" : Décider de tout perdre au nom d'une cause et d'une conviction.
Une pensée pour ce joueurs et ses camarades, vivants ou disparus.
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samedi 4 janvier 2014

La chronique du blédard : De la quenelle, de Dieudonné et de la liberté d’expression

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Le Quotidien d'Oran, samedi 4 janvier 2014
Akram Belkaïd, Paris

En décembre 2006 – sept ans déjà ( !) – j’ai publié dans ces mêmes colonnes une chronique à propos de la cause palestinienne et de ses faux sympathisants (*). J’y expliquais, entre autre, que l’engagement, la solidarité et l’empathie pour un peuple martyrisé et privé de ses droits par Israël ne justifie en rien que l’on s’acoquine avec des négationnistes, des nazillons et des antisémites patentés. Voici un extrait de cette chronique : « il y a des mains tendues auxquelles il ne faut pas répondre à moins de souiller ses propres convictions. Ni Dieudonné - qui a serré celle de Le Pen - ni l’écrivain Marc-Edouard Nabe - pour qui un Beur qui n’a pas recours à la violence est un « collabeur » - ni encore l’essayiste Alain Soral (…) ne sont les amis des Palestiniens ou des Libanais. Ils peuvent critiquer Israël et les Juifs autant qu’ils le souhaitent : ils n’ont pas à faire partie de notre famille ».

Aujourd’hui, je n’enlèverai aucun mot à ce texte. Surtout à l’heure où la France semble être prise par un étrange délire collectif à propos de ce fameux geste de la « quenelle » pour lequel l’humoriste Dieudonné fait l’objet de multiples accusations dont celle d’antisémitisme. Comme expliqué plus haut, je ne considère pas Dieudonné comme un soutien politique honorable (et souhaitable) de la cause palestinienne. Je ne sais pas s’il est vraiment antisémite ou s’il est juste devenu otage de ses provocations. Je reconnais qu’il a énormément de talent et je suis encore fan de certains de ses anciens sketchs (celui de « Villetaneuse » avec Elie Semoun ou celui de l’ado des cités dans son premier spectacle en solo). Par contre, une chose est certaine : ses parodies outrancières et certaines de ses alliances, comme celle avec Soral, ne plaident guère pour lui.

Pour rédiger ce texte, j’ai visionné sur le net plusieurs prestations récentes du comique. Ce qui me pose problème, c’est l’ambiguïté récurrente de ses propos. Il se dit antisioniste mais dérape souvent vers l’antisémitisme en reprenant les vieux thèmes nauséabonds de la domination juive sur la société française et sur le monde. C’est d’ailleurs là que le bât blesse. Dieudonné est le prétexte idéal dont s’emparent les défenseurs d’Israël, notamment les inféodés aux Likoud, pour discréditer l’antisionisme que revendiquent en France de nombreux soutiens à la cause palestinienne. Pour préciser les choses, car le sujet mérite une totale transparence, je me considère comme antisioniste car opposé politiquement à un mouvement qui nie les droits les plus élémentaires du peuple palestiniens. Par contre, j’estime qu’il est de mon devoir de lutter contre toute forme d’antisémitisme ou de judéophobie. Voilà pourquoi je me sens aucune affinité avec Dieudonné et ses amis.

Je ne sais pas non plus si la quenelle est un salut nazi inversé ou un signe d’insoumission à l’égard du système « mainstream », c’est-à-dire cette cohorte hétéroclite de gens prépondérants qui font l’opinion (politiciens, journalistes de télévision, intellectuels médiatiques,…). Une chose est certaine, la quenelle est une obscénité. J’ai été content de voir que de nombreux sites musulmans ou pro-palestiniens ont pris leurs distances avec cette vulgarité. Certes, c’est une forme de transgression comme quand, par exemple, elle est effectuée en présence d’un politicien comme Manuel Valls. Mais je ne peux pas cautionner le fait qu’elle soit réalisée devant une synagogue ou devant le mémorial de la Shoah à Berlin ou encore moins devant l’école juive attaquée en 2012 par Merah. S’il faut se révolter contre le système, il y a d’autres moyens, plus propres et bien plus intelligents, de le faire. Pour autant, il me semble que vouloir interdire ce geste relève d’une certaine forme d’hystérie qui ne fera qu’exacerber les (mauvaises) passions autour de cette affaire.
  
Ma position vis-à-vis de Dieudonné ayant été précisée, je tiens à dire que je suis absolument contre l’interdiction de ses spectacles. Qu’il se produise et si, d’aventure il enfreint la loi, il sera poursuivi. De quel droit le priverait-on d’exercer son métier ? Au nom de quelle loi préventive ? Et quid de la sacro-sainte liberté d’expression ? N’est-ce pas elle qui est invoquée à chaque fois que les musulmans de France se sentent insultés ? Ou bien alors, il faudrait clarifier les choses et que le gouvernement français précise officiellement que la liberté d’expression ne concerne pas tout le monde et que sa défense n’est pas absolue mais bien variable selon les circonstances, les sujets, les présumés contrevenants et les offensés. Que l’on nous dise clairement que l’on peut se moquer sans crainte du génocide rwandais, comme vient de le faire Canal plus, mais que l’on peut être traîné devant les tribunaux pour un signe de quenelle. En réalité, les indignations et les agitations matamoresques du gouvernement français à propos de Dieudonné ne méritent que peu de considération car j’aurais aimé voir la même fermeté concernant Canal+ et son sketch à l’humour crasseux. Là, ce fut silence radio. Peut-être aurait-il fallu que l’un des acteurs de cette scénette pitoyable fasse le geste de la quenelle pour que le Paris bien-pensant se mette à trépigner…
  
Par ailleurs, je ne suis pas naïf et je vois bien que toute cette polémique va au-delà du cas Dieudonné. Faire taire ce dernier (à supposer que l’on y arrive concrètement) n’est qu’une première étape pour de nombreuses personnes et organisations communautaristes qui font de la défense d’Israël leur cause prioritaire. En effet, leur ligne de mire va bien au-delà du seul humoriste. Dans les sommations adressées au gouvernement socialiste, figurent d’autres objectifs comme par exemple l’exercice d’un contrôle plus accru sur internet sans oublier le maintien de la criminalisation des appels au boycottage d’Israël ou des produits en provenance des colonies (toutes illégales, faut-il le rappeler) installées en Cisjordanie. De même, entend-on, non pas des suppliques mais de vigoureuses injonctions à légiférer pour rendre hors-la-loi le fait de se dire antisioniste. On le voit, l’affaire Dieudonné n’est que la face apparente d’un bras de fer et d’une bataille politique qui ne disent pas (encore) leurs noms.
 
(*) La Shoah et les faux amis des Palestiniens, 14 décembre 2006. Texte repris par le site Oumma.com, le 19 décembre 2006.
P.S qui n’a rien à voir avec ce qui précède mais qui est tout de même aussi important sinon plus : Bonne et heureuse année aux lectrices et lecteurs de cette chronique. Puisse 2014 nous faire oublier 2013…​
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