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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

vendredi 18 septembre 2020

La chronique économique : L’Opep, une sexagénaire toujours influente

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Le Quotidien d’Oran, mercredi 16 septembre 2020

Akram Belkaïd, Paris

 

Le 14 septembre 1960 naissait à Bagdad, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Les membres fondateurs étaient au nombre de cinq : Arabie Saoudite, Irak, Iran, Koweït et Venezuela. Par la suite, ils furent rejoints par de nombreux pays exportateurs dont l’Algérie dont l’adhésion intervient en 1969. Aujourd’hui, l’organisation compte 14 membres : Algérie, Angola, Arabie Saoudite, Congo, Émirats arabes unis, Équateur, Gabon, Guinée Équatoriale, Iran, Irak, Koweït, Libye, Nigéria et Venezuela. Après en avoir été membre, certains pays ont quitté l’Opep pour diverses raisons (baisse de la production empêchant les exportations ou mésentente politique avec d’autres membres). C’est le cas de l’Indonésie et du Qatar.

 

Régulation du marché

 

La naissance de l’Opep fut la conséquence d’un contexte politique marqué par la guerre froide, l’émergence de l’idée de non-alignement mais aussi de concurrence sauvage entre compagnies pétrolières occidentales désireuses de maximiser leurs gains (ventes à la pompe) et de minimiser leurs coûts (notamment les redevances payées aux pays dont elles exploitaient les ressources). L’Opep est ainsi une initiative qui s’inscrit dans une démarche plus globale de nationalisation progressive des richesses du sous-sol, l’Algérie étant le premier pays à nationaliser totalement ses hydrocarbures. On connaît la suite. En 1973, les pays arabes membres du Cartel (et non pas l’Opep elle-même) décident un embargo contre les pays soutenant Israël. On sait aujourd’hui que ce fut un embargo en trompe-l’œil, les Saoudiens livrant clandestinement du brut aux États-Unis, mais les conséquences furent tout de même un triplement des prix du baril.

 

Depuis cette date, on prête beaucoup d’influence à l’Opep, parfois plus que ce qui est réel. Certes, l’organisation est capable d’influer sur les cours, en jouant notamment sur sa production. Elle est un acteur indispensable pour la régulation du marché et pour l’assurance d’un approvisionnement continu. Elle peut aussi installer des tendances à long terme mais elle n’a plus la mainmise totale sur les prix. D’autres pays producteurs, dont les Etats-Unis, impriment eux-aussi leur influence et bénéficient de l’arrivée sur le marché de pétrole longtemps jugé non-exploitable. Pour se renforcer, l’organisation a compris la nécessité de nouer des alliances comme en témoigne l’émergence en 2016 du « Groupe de Vienne » constitué par les membres de l’Opep et les producteurs suivant : Azerbaïdjan, Bahreïn, Brunei, Kazakhstan, Malaisie, Mexique, Oman, Russie, Soudan et Soudan du Sud. Cet ensemble est aussi appelé Opep plus.

 

Le poids de l’Arabie saoudite

 

 Le grand atout de l’Opep est la présence dans ses rangs de l’Arabie saoudite. Deuxième exportateur mondial derrière les États-Unis, détenteur des premières réserves au monde (les deuxièmes si on prend en compte le pétrole lourd du Venezuela), le royaume est la station d’essence de la planète. Tout ce que Riyad décide a nécessairement une conséquence sur les cours. Le problème, c’est que l’Arabie est prise au jeu de ses rivalités régionales (avec l’Iran) et de sa forte dépendance à la protection militaire américaine. De temps à autres, Riyad tente de démontrer sa capacité d’autonomie mais cela n’a guère d’effets et cela influe sur les décisions de l’Opep. Cette dernière n’est plus maîtresse du jeu mais il serait faux d’en conclure qu’elle ne pèse plus rien.

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