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Le Quotidien d’Oran, mercredi 9 septembre 2020
Akram Belkaïd, Paris
L’argent liquide va-t-il disparaître au profit de la monnaie électronique sous toutes ses déclinaisons ? La question n’est pas nouvelle. Elle se posa à la fin des années 1950 avec l’émergence en force des cartes de crédit et de débit. Mais le cash a résisté y compris dans les pays les plus développés comme ce fut le cas en Allemagne où les ménages restent attachés aux coupures, petites ou grosses. Pour autant, la récente pandémie de Covid-19 a dopé les transactions électroniques. Aux pièces de monnaies et aux billets, commerçants et consommateurs préfèrent désormais l’échange immatériel qui minimise, ou supprime, le contact.
Importance du smartphone
Une nouvelle révolution des moyens de paiements est en cours. Elle concerne tous les secteurs et les banques ne sont pas forcément au premier plan de cette mutation même si elles restent la pierre angulaire du système. Le développement des capacités des téléphones portables intelligents (smarphones) en fait aujourd’hui des moyens de paiement direct chez les commerçants, le téléphone, ayant des applications de type Google Pay, Apple Pay ou autres, étant posé directement sur le terminal du commerçant. Mais le smartphone permet aussi le transfert d’argent de particulier à particulier (P2P) avec des applications de système de paiement mobile instantané comme Lydia, Pumpkin ou Pay Lib.
Signe des temps, ce type de paiement est très en vogue chez les jeunes, futurs consommateurs de demain. Ces derniers s’habituent donc très tôt à ne pas utiliser d’espèces et, pour eux, le chèque, est un objet préhistorique au même titre que le téléphone à cadran. Mais cela signifie-t-il que le cash va disparaître à terme ? C’est le rêve de certains banquiers centraux voire de banquiers commerciaux. En effet, les espèces coûtent de l’argent pour leur production, leur transport ou leur stockage. Elles sont aussi exposées au risque de contrefaçon et leur thésaurisation pose parfois des problèmes de fluidité financière.
Dans le même temps, tous les pays ne sont pas égaux devant cette évolution. Certains, comme l’Algérie, sont loin de disposer des structures pour permettre une généralisation des paiements mobiles. Il faudrait pour cela ne serait-ce qu’une nette amélioration des performances du réseau internet. D’autres, comme le Kenya, prennent le train en marche, ce qui leur permet de sauter une étape technologique et d’éviter d’avoir à investir dans des infrastructures de réseaux de paiements qui pourraient vite s’avérer obsolètes.
Pour autant, le cash ne disparaîtra pas aussi vite qu’on le croit même si son usage tend à diminuer. Pour de nombreux ménages, il est le symbole de l’épargne sur laquelle on garde le contrôle. Pour les activités illégales, il est le premier moyen de paiement même si son recyclage nécessite des trésors d’inventivité.
Un centime, pour quoi faire ?
Ces interrogations à propos de l’avenir des espèces alimentent souvent un autre débat concernant la pertinence de maintenir en circulation les petites pièces. En Europe, la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) réfléchissent à l’avenir des pièces de 1 et 2 centimes. Plus chères à produire que leur propre valeur, elles n’ont pour seul intérêt que le rendu de monnaie. Dans un monde où les paiements mobiles seraient la norme, cette utilité disparaîtrait mais tant que le cash subsiste, le centime rendu par le boulanger ou le marchand de journaux demeurera nécessaire.
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