Comparé à d’autres disciplines, le football a souvent été
qualifié de sport conservateur. Il est vrai que ses règles n’ont que très peu
évolué au fil des décennies. Mais il faut atténuer ce propos car il y a tout de
même eu des ruptures marquantes. Qui sait aujourd’hui qu’il fut un temps où les
remplacements de joueurs en cours de match étaient impossibles même en cas de
blessure [généralisation du premier remplacement en 1967 ; 1976 pour le
second et 1995 pour le troisième]. Autre exemple, les règles qui interdisent au
gardien de but de s’emparer d’un ballon provenant directement de l’un de ses
coéquipiers ou de reprendre un ballon que lui-même a remis au sol. Dans ce cas
précis, c’est une polémique qui est à l’origine du changement de règle. On se
souvient des dizaines de minutes perdues par l’Italien Dino Zoff lors du match Italie
Brésil en 1982. Les critiques et le ras-le-bol peuvent donc pousser le gardien
du temple des règles, autrement dit l'International Football Association Board,
souvent appelé l’International Board, à agir.
Composée de représentants de la Fifa et de ceux des
fédérations anglaise, écossaise, galloise et nord-irlandaise (privilège accordé
aux « inventeurs » du football), le « Board » est donc l’instance
qui verrouille et applique un principe d’airain : les règles du football
doivent rester simples et inchangées afin de garantir son universalité. Mais au
cours des dernières années, son conservatisme a subi un revers de taille avec l’introduction
de l’arbitrage vidéo. Il est encore trop tôt pour tirer les leçons de son usage
dans une grande compétition (sauf, peut-être, pour relever que les penalties semblent plus
nombreux). Mais une chose est certaine : de nouvelles règles sont dans les
cartons : remplacements ou exclusions temporaires, apparition d’une ligne
intermédiaire entre celle des buts et la médiane pour imposer l’équivalent du
retour en zone au basket-ball, quatrième remplacement, etc. Avec l’adoption de
l’arbitrage-vidéo, une digue majeure du conservatisme footballistique a cédé.
Akram Belkaïd, mardi 19 juin 2018
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