Un arbitre ne peut tout voir de ce qui se passe sur le
terrain. C’est pour cela qu’on lui a accordé le renfort de deux assistants
(arbitres de touche) mais aussi un quatrième collègue, un système de détection électronique
sur la ligne de but pour vérifier que le ballon a bien franchi la ligne (goal
line technology) et même l’assistance vidéo, si longtemps refusée. Avec tout
cela, on pourrait penser que l’ex-homme en noir a tous les moyens possibles
pour régner en maître sur le terrain. Deux joueurs qui s’empoignent à cinquante
mètres derrière son dos, on lui signale la chose dans l’oreillette et il n’a
plus qu’à sortir les cartons rouges. On est loin cette demi-finale de la Coupe
du monde 1982 où Charles Corver, l’arbitre du fameux France – RFA (3-3, l’Allemagne
de l’Ouest qualifiée aux penalties) n’a pu voir l’innommable gardien teuton
écrabouiller et édenter Battiston, occupé qu’il était à suivre la course du
ballon (c’est du moins ce qu’il continue de prétendre, aujourd’hui encore).
L’une des évolutions du football est donc cette quête pour
qu’aucune faute n’échappe à l’arbitre, à ses assistants et autres supports, l’idée
étant aussi de minimiser le risque d’erreur de jugement qu’il pourrait
commettre. Pour autant, il est des fautes qu’il voit souvent à chaque rencontre
et qu’il ne siffle presque jamais. Je veux parler de ces combats au
corps-à-corps qui se déroulent à chaque corner (« coup de coin » chez
nos amis belges) dans la surface de réparation (appelée ainsi parce que c’est
là qu’on « répare », par un pénalty, les fautes commises en son sein).
Ça se ceinture, ça se plaque, ça tire les maillots, ça va au sol, ça cravate mais
l’arbitre fait mine de ne rien voir (cf. le match du jour entre le Maroc et le Portugal au moment du but de Ronaldo sur corner). Une application stricte du règlement
exigerait que des penalties soient sifflés pour punir ces vilaines fautes. Mais
il faudrait que la Fifa s’engage à le faire et qu’elle donne de fermes
consignes en ce sens.
Avant chaque tournoi, cette institution décide de lutter
contre telle ou telle mauvaise tendance du jeu. Il y a quelques années, des
déclarations d’officiels laissaient entendre que les arbitres allaient enfin
sévir contre la confusion au moment des corners. Mais il n’en fut rien et cela
malgré l’apparition de deux arbitres placés derrière la ligne de but et dont on
se demande, notamment en Europe, à quoi ils peuvent bien servir.
Si la Fifa hésite à agir, c’est parce qu’elle sait que, dans
un premier temps, cela occasionnera beaucoup de penalties et qu’il faudra du
temps pour que les équipes s’adaptent. Ne pas (trop) sévir est donc la solution
privilégiée et voilà pourquoi nous allons continuer à subir ces mêlées dignes d’un
mauvais rugby.
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