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Selon la dernière livraison du Canard Enchaîné, une partie de la délégation française qui s'est rendue à Alger récemment a été victime d'une sévère intoxication alimentaire en mangeant dans un restaurant du port de la capitale algérienne. De quoi donner une nouvelle saveur à la désormais célèbre plaisanterie de F. Hollande. En effet, et contrairement au Premier ministre Ayrault, Valls lui n'a pas été malade et est donc bien rentré "sain et sauf"... On attend maintenant la remobilisation des défenseurs de l'honneur algérien contre cet article insidieux du méchant volatil. Une intoxication dans un restaurant algérien ? Ce ne peut être qu'une tentative de déstabilisation, une fausse information relevant d'un complot ourdi etc etc...
Allons, debout les moustaches !!!
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Blog au fil des jours, quand la chose et l'écriture sont possibles.
Lignes quotidiennes
mardi 31 décembre 2013
jeudi 26 décembre 2013
La chronique du blédard : Monologue du drapier accablé
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Le Quotidien d'Oran, jeudi 26 décembre 2013
Akram Belkaïd, Paris
Ah ça oui, pour être calme, c’est calme. Quelle déprime, mais quelle déprime… Deux clients le matin, trois l’après-midi. La veille de Noël ! Je n’ai jamais vu ça. Non, non, je vous jure. Vous me connaissez, on en parle souvent, hein ? Je n’aime pas me plaindre. Ça fait quinze ans que je suis dans le quartier. Je travaille six jours sur sept, de neuf heures du matin à vingt-heures. C’est comme ça, je n’en fais pas un exploit ou un fardeau à vivre. Je bosse, c’est tout. Et là, je peux vous garantir que c’est ma pire saison d’hiver. Jamais j’aurais pensé voir le quartier aussi maussade. Quelle tristesse…
La saison des fêtes, ça devrait être aussi celle du linge de maison, des décorations, des belles nappes qu’on achète, des serviettes qu’on ne sort qu’une ou deux fois par an. Ça, c’est que vous croyez, ce que les gens pensent. C’est ce que vous raconte la publicité pour vendre autre chose. La vérité, c’est que j’ai à peine renouvelé mon stock d’il y a deux ans. Si ça continue comme ça, je mettrai la clé sous la porte avant l’hiver prochain. Tout va dépendre du printemps et de mes ventes pour la saison des mariages. C’est la crise, oui. La vraie crise. Elle est là, on la sent, je la vois tous les jours quand je fais mes comptes. Regardez dehors. Regardez la tête des gens. D’abord, ils sont où les gens ? Non, ils ne sont pas partis. Ils sont chez eux. Ils regardent la télévision. Ils n’ont pas d’argent pour les fêtes alors ils avalent les émissions débiles qui leur font croire que le reste du pays s’amuse bien. La télévision, elle ment aux gens. Elle devrait dire la vérité. Dire que ça va vraiment mal et que c’est la faute de la droite comme de la gauche.
La crise, monsieur, c’est pas que les plans sociaux et les usines qui ferment. C’est aussi des magasins qui se demandent comment payer le loyer et les charges. J’avais deux employées. J’ai été obligé de les licencier parce que le chiffre d’affaires ne me permettait plus de payer leurs salaires. Pendant plusieurs mois, vous comptez sur les banques pour ça et puis, un jour, elles vous disent non. Ou alors, elles veulent encore plus de garanties. Mon appartement est déjà hypothéqué et une petite voix me dit qu’il faut vite que je vende mon fonds de commerce avant qu’il ne soit trop tard. Un matin, en passant, vous vous rendrez compte que le magasin a disparu. A la place, vous trouverez un opticien ou un vendeur de téléphones mobiles ou de cigarettes électroniques. La lunette, ça marche bien. La vapotte aussi. Ce sont des business qui rapportent mais il faut un savoir-faire. Il faut connaître les combines, surtout pour les lunettes.
Ah non, me dites pas ça ! On ne change pas de métier comme ça. Je ne vais pas m’improviser vendeur de montures et fourguer des fausses cigarettes ne m’intéresse pas. Pardonnez-moi si je m’énerve mais ce discours sur l’adaptation et le changement nécessaire, on m’en rabâche les oreilles en permanence. Les banquiers d’abord. Ils vous disent : votre activité va moins bien, réfléchissez à quelque chose de nouveau. Et, au passage, ils vous proposent un beau crédit qui va encore plus vous lier les mains et gâcher votre sommeil. Les politiques, c’est la même chose. La semaine dernière, c’est la candidate socialiste aux municipales qui est venue me dire la même chose. Elle faisait semblant de m’écouter mais je voyais bien qu’elle pensait à autre chose, peut-être au nombre de magasins qui lui restait à visiter. Ou alors elle a dû se dire que quelqu’un qui vend des draps et du linge de maison vote forcément à droite.
Je suis fils d’ouvrier, monsieur. Dans ma famille, j’ai longtemps été celui qui a réussi. Bien sûr, je n’étais pas fonctionnaire mais j’étais celui qu’on enviait parce qu’il était à son compte, parce qu’il n’avait pas de patron ou de contremaître pour lui pourrir la vie. Je vais vous dire les choses comme elles sont : en ce moment, je me demande s’il ne serait pas mieux pour moi d’être ouvrier. Oui, oui, il y aurait la peur du licenciement mais même dans le pire des cas, l’ouvrier a de quoi voir venir même si ce n’est que quelques semaines. On lui donne des indemnités, il a des syndicats qui le défendent, les médias parlent de son usine en grève. Vous en connaissez des journaux qui parlent de nous autres les petits commerçants ? Le Figaro n’aime que les grands patrons et Libération nous crache à la figure, voilà la vérité. Le commerçant est seul, sans filet. Je connais d’anciens collègues du quartier qui n’ont plus rien et qui ne s’en sortent que grâce au Secours populaire et aux Restos du cœur.
Bien sûr qu’il y a de l’argent. Mais c’est de l’argent qui sent de plus en plus mauvais. Dans Paris, il y a plein de gens qui cherchent des commerces pour faire du blanchiment. Il suffit de traîner au bon endroit pour en rencontrer. Maintenant, il y a même des avocats qui viennent vous voir pour ça. Je sais comment ça se passe. On me l’a raconté. On met un doigt dans l’engrenage et c’est tout le bras qui y passe. Il y a de l’argent oui, mais je n’en veux pas. J’aurais trop honte de l’accepter. Je préfère encore fermer et faire le chiffonnier sur les routes de France.
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La chronique économique : Un baril à 80 dollars ?
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L’année 2014 verra-t-elle une inflexion majeure dans l’évolution du marché pétrolier telle qu’on la connaît depuis le début des années 2000 ? Alors que le baril de Brent reste accroché à un niveau proche de 110 dollars, quelques experts commencent à évoquer la piste d’un retour à une fourchette comprise entre 90 et 100 dollars. Certains, plus minoritaires, avancent même le seuil de 80 dollars. On le voit, ces prévisions vont à l’inverse de ce qui est communément admis, à savoir que l’or noir est destiné à atteindre 120 voire 130 dollars le baril en raison de la raréfaction des ressources pétrolières et du déclin continu des gisements existants.
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IRAK, IRAN, LIBYE ET… ETATS-UNIS
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En 2014, ce qui devrait pousser le marché à la baisse est la combinaison de plusieurs facteurs. Il y a d’abord le fait que la demande mondiale progresse lentement en raison de la faible croissance économique des principaux pays industrialisés. A l’inverse, la production globale risque fort d’augmenter du fait de la montée en puissance de plusieurs exportateurs.
Le premier d’entre eux est l’Iran qui ambitionne de retrouver au plus vite un niveau de pompage de l’ordre de 4 millions de barils par jour (mbj) maintenant que l’embargo sur ses ventes de pétrole a été levé. En effet, la perspective d’une suspension, même provisoire, des sanctions occidentales infligées à Téhéran dans le cadre du dossier sur le nucléaire est considérée par les opérateurs de marché comme susceptible de modifier l’équilibre pétrolier mondial.
Avec l’Iran, l’Irak pourrait être l’autre grand revenant sur le marché. Depuis plusieurs mois, Bagdad multiplie les efforts pour sécuriser ses champs pétroliers et convaincre les compagnies occidentales de reprendre leurs investissements hors du Kurdistan, seule zone de production considérée comme sûre. Dans le même temps, il est possible que l’or noir libyen soit aussi plus abondant sur le marché. On le sait, depuis la chute du régime de Kadhafi et la multiplication des milices, les exportations libyennes sont tombées à moins de 160.000 barils par jour contre 1,7 mbj précédemment. Enfin, il y a aussi le fait que les Etats-Unis sont plus que jamais des acteurs centraux du jeu pétrolier grâce à leurs réserves d’hydrocarbures de schiste. En 2013, l’Amérique a ainsi produit l’équivalent de 8 mbj et cela devrait être plus en 2014. Du coup, Washington devrait réduire ses importations, ce qui, mécaniquement, poussera les prix mondiaux à la baisse.
Bien entendu, et c’est là l’un des aspects caractéristiques du marché pétrolier, un scénario inverse à ce qui précède est tout aussi possible. Il suffirait pour cela que la Libye plonge encore plus dans le chaos ou que les sanctions contre l’Iran soient maintenues ou encore que l’Irak échoue à relancer sa production.
Autre possibilité : que l’industrie américaine du pétrole de schiste connaisse sa première crise avec l’éclatement de la bulle financière qui s’est constituée autour de ce secteur. En effet, de nombreux gisements sont encore loin d’être rentables et cela fait peser la menace d’une faillite sur de nombreux petits producteurs. Dès lors, les cartes du marché pétrolier seraient rebattues avec une diminution, même temporaire, de l’offre et d’un baril susceptible de revenir à 120 dollars.
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L’OPEP SUR LA DEFENSIVE
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Quoi qu’il en soit, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ne peut ignorer le risque d’une forte baisse des prix. Début décembre, lors de sa réunion ministérielle, le Cartel a pourtant maintenu son plafond de production à 30 millions de barils/jour. Or, pour limiter l’impact de la hausse attendue de l’offre mondiale de brut, il faudra tôt ou tard que l’Organisation décide de réduire ses exportations, ce qui, pour être plus précis, signifiera que l’Arabie saoudite accepte de diminuer ses propres ventes d’or noir. Une perspective qui est loin d’être garantie. Il est possible alors que l’on reparle de la cohésion interne de l’Opep.
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IRAK, IRAN, LIBYE ET… ETATS-UNIS
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En 2014, ce qui devrait pousser le marché à la baisse est la combinaison de plusieurs facteurs. Il y a d’abord le fait que la demande mondiale progresse lentement en raison de la faible croissance économique des principaux pays industrialisés. A l’inverse, la production globale risque fort d’augmenter du fait de la montée en puissance de plusieurs exportateurs.
Le premier d’entre eux est l’Iran qui ambitionne de retrouver au plus vite un niveau de pompage de l’ordre de 4 millions de barils par jour (mbj) maintenant que l’embargo sur ses ventes de pétrole a été levé. En effet, la perspective d’une suspension, même provisoire, des sanctions occidentales infligées à Téhéran dans le cadre du dossier sur le nucléaire est considérée par les opérateurs de marché comme susceptible de modifier l’équilibre pétrolier mondial.
Avec l’Iran, l’Irak pourrait être l’autre grand revenant sur le marché. Depuis plusieurs mois, Bagdad multiplie les efforts pour sécuriser ses champs pétroliers et convaincre les compagnies occidentales de reprendre leurs investissements hors du Kurdistan, seule zone de production considérée comme sûre. Dans le même temps, il est possible que l’or noir libyen soit aussi plus abondant sur le marché. On le sait, depuis la chute du régime de Kadhafi et la multiplication des milices, les exportations libyennes sont tombées à moins de 160.000 barils par jour contre 1,7 mbj précédemment. Enfin, il y a aussi le fait que les Etats-Unis sont plus que jamais des acteurs centraux du jeu pétrolier grâce à leurs réserves d’hydrocarbures de schiste. En 2013, l’Amérique a ainsi produit l’équivalent de 8 mbj et cela devrait être plus en 2014. Du coup, Washington devrait réduire ses importations, ce qui, mécaniquement, poussera les prix mondiaux à la baisse.
Bien entendu, et c’est là l’un des aspects caractéristiques du marché pétrolier, un scénario inverse à ce qui précède est tout aussi possible. Il suffirait pour cela que la Libye plonge encore plus dans le chaos ou que les sanctions contre l’Iran soient maintenues ou encore que l’Irak échoue à relancer sa production.
Autre possibilité : que l’industrie américaine du pétrole de schiste connaisse sa première crise avec l’éclatement de la bulle financière qui s’est constituée autour de ce secteur. En effet, de nombreux gisements sont encore loin d’être rentables et cela fait peser la menace d’une faillite sur de nombreux petits producteurs. Dès lors, les cartes du marché pétrolier seraient rebattues avec une diminution, même temporaire, de l’offre et d’un baril susceptible de revenir à 120 dollars.
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L’OPEP SUR LA DEFENSIVE
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Quoi qu’il en soit, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ne peut ignorer le risque d’une forte baisse des prix. Début décembre, lors de sa réunion ministérielle, le Cartel a pourtant maintenu son plafond de production à 30 millions de barils/jour. Or, pour limiter l’impact de la hausse attendue de l’offre mondiale de brut, il faudra tôt ou tard que l’Organisation décide de réduire ses exportations, ce qui, pour être plus précis, signifiera que l’Arabie saoudite accepte de diminuer ses propres ventes d’or noir. Une perspective qui est loin d’être garantie. Il est possible alors que l’on reparle de la cohésion interne de l’Opep.
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mercredi 25 décembre 2013
Jour des boîtes
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Elle : on fait quoi demain ?
Lui : heu... demain, c'est boxing day. j'aimerais bien regarder la télé
Elle : et depuis quand tu t'intéresses à la boxe ?
Lui : heu... en fait, c'est du foot anglais. La plus belle journée de l'année, les stades sont complets, les gens y vont en famille et....
Elle : Stop. C'est du foot et puis c'est tout...
Lui : en Angleterre c'est aussi le début des soldes.
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Elle : on fait quoi demain ?
Lui : heu... demain, c'est boxing day. j'aimerais bien regarder la télé
Elle : et depuis quand tu t'intéresses à la boxe ?
Lui : heu... en fait, c'est du foot anglais. La plus belle journée de l'année, les stades sont complets, les gens y vont en famille et....
Elle : Stop. C'est du foot et puis c'est tout...
Lui : en Angleterre c'est aussi le début des soldes.
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samedi 21 décembre 2013
Hollande et le nif à deux sous des Algériens
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Mais quelle terrible histoire...
L'Algérie va-t-elle décréter la mobilisation générale ? Couper les relations diplomatiques avec la France ?
Le président Hollande a donc fait une blagounette à propos de l'Algérie et du ministre de l'intérieur Manuel Valls. « Il en revient sain et sauf » [d'Algérie] a ainsi plaisanté le président français lors d'un discours en l'honneur du soixante-dixième anniversaire du Crif. « C’est déjà beaucoup ! » a-t-il même ajouté dans la bonne humeur générale.
Il n'en fallait pas plus pour que le "nif" algérien se sente offensé et que fusent de partout critiques et indignations quand il ne s'agissait pas d'insultes.
J'ai moi-même partagé la vidéo de ce discours sur les réseaux sociaux mais uniquement parce que j'estimais qu'il était intéressant de connaître la parole présidentielle à propos des relations franco-israéliennes et de découvrir la manière dont François Hollande a fait un éloge plus qu'appuyé au Crif (l'une de mes hypothèses, mais cela est secondaire pour ce qui nous occupe ici, est que ces louanges à propos d'une organisation jadis ouverte et universaliste, portaient en eux une critique implicite par rapport à sa dérive et son alignement actuel sur les positions de la droite, voire de l'extrême-droite israéliennes).
Quant à la plaisanterie... Bof... Comme on dit chez nous, "Koléa n'est pas tombée..."
Celles et ceux qui s'indignent et trépignent feraient mieux de concentrer leur colère et leurs commentaires acerbes sur des sujets bien plus fondamentaux et, hélas, bien plus humiliants.
Il y a bien sûr la perspective d'un quatrième mandat présidentiel de Bouteflika et l'aplat-ventrisme de nombre d'officiels et d'administrations sans oublier une partie de la presse (ah, cette séquence truquée de la télévision algérienne qui visait à nous faire croire que Bouteflika a eu une discussion animée avec le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault). Il y a le gaz de schiste que l'Algérie se prépare à exploiter au mépris de son environnement et de ses réserves aquifères dans le sous-sol saharien. Il y a le terrible état d'un pays en totale régression sociale et culturelle. Il y a une économie qui s'enlise et une corruption endémique.
A côté de cela, une saillie ironique d'un président français à la popularité bien mal en point n'est rien d'autre qu'une insignifiante péripétie.
Si l'on veut se mettre en colère, qu'on le fasse pour des raisons qui en valent la peine, sans s'adonner à ces manifestations nationalo-patriotiques à deux sous. Manifestations chauvines bien utiles pour nous faire oublier que le système algérien est toujours en place et que c'est lui, et lui seul, qui ne cesse de nous offenser et de se moquer de nous.
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Mais quelle terrible histoire...
L'Algérie va-t-elle décréter la mobilisation générale ? Couper les relations diplomatiques avec la France ?
Le président Hollande a donc fait une blagounette à propos de l'Algérie et du ministre de l'intérieur Manuel Valls. « Il en revient sain et sauf » [d'Algérie] a ainsi plaisanté le président français lors d'un discours en l'honneur du soixante-dixième anniversaire du Crif. « C’est déjà beaucoup ! » a-t-il même ajouté dans la bonne humeur générale.
Il n'en fallait pas plus pour que le "nif" algérien se sente offensé et que fusent de partout critiques et indignations quand il ne s'agissait pas d'insultes.
J'ai moi-même partagé la vidéo de ce discours sur les réseaux sociaux mais uniquement parce que j'estimais qu'il était intéressant de connaître la parole présidentielle à propos des relations franco-israéliennes et de découvrir la manière dont François Hollande a fait un éloge plus qu'appuyé au Crif (l'une de mes hypothèses, mais cela est secondaire pour ce qui nous occupe ici, est que ces louanges à propos d'une organisation jadis ouverte et universaliste, portaient en eux une critique implicite par rapport à sa dérive et son alignement actuel sur les positions de la droite, voire de l'extrême-droite israéliennes).
Quant à la plaisanterie... Bof... Comme on dit chez nous, "Koléa n'est pas tombée..."
Celles et ceux qui s'indignent et trépignent feraient mieux de concentrer leur colère et leurs commentaires acerbes sur des sujets bien plus fondamentaux et, hélas, bien plus humiliants.
Il y a bien sûr la perspective d'un quatrième mandat présidentiel de Bouteflika et l'aplat-ventrisme de nombre d'officiels et d'administrations sans oublier une partie de la presse (ah, cette séquence truquée de la télévision algérienne qui visait à nous faire croire que Bouteflika a eu une discussion animée avec le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault). Il y a le gaz de schiste que l'Algérie se prépare à exploiter au mépris de son environnement et de ses réserves aquifères dans le sous-sol saharien. Il y a le terrible état d'un pays en totale régression sociale et culturelle. Il y a une économie qui s'enlise et une corruption endémique.
A côté de cela, une saillie ironique d'un président français à la popularité bien mal en point n'est rien d'autre qu'une insignifiante péripétie.
Si l'on veut se mettre en colère, qu'on le fasse pour des raisons qui en valent la peine, sans s'adonner à ces manifestations nationalo-patriotiques à deux sous. Manifestations chauvines bien utiles pour nous faire oublier que le système algérien est toujours en place et que c'est lui, et lui seul, qui ne cesse de nous offenser et de se moquer de nous.
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vendredi 20 décembre 2013
La chronique du blédard : Un blocage mental
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Le Quotidien d'Oran, jeudi 19 décembre 2013
Akram Belkaïd, Paris
Akram Belkaïd, Paris
Un peu d’humour ne faisant jamais de mal, les
faits relatés ci-après ne sont qu’une histoire imaginaire mais c’est tout de
même au lecteur de décider si elle est crédible ou pas.
La salle de conférence du Grand Hôtel d’Alger
est comble. De partout dans la capitale, de toute l’Algérie et même d’ailleurs,
les gens se sont déplacés pour assister à la conférence du Dr Dirwalou, grand
psychologue de renommée internationale. Dans quelques minutes, l’expert installé
aux États-Unis va présenter le compte-rendu de sa dernière recherche qui, selon
la revue The New Sciences, « aurait pu
lui ouvrir la voie du Prix Nobel de psychologie si cette récompense avait
existé ».
Voici donc Dirwalou qui s’installe à son
pupitre d’orateur avec, derrière lui, un immense portrait présidentiel accroché
à une lourde tenture de velours rouge et vert. Une chose normale puisque la
conférence, comme toutes les manifestations d’envergure, a été placée sous le
haut-patronage du raïs.
« Mes chers compatriotes, mes chers amis,
commence-t-il. Je suis heureux d’être enfin de retour dans mon pays natal. En
le quittant, il y a trente ans, je n’étais qu’un boursier parmi tant d’autres
et je ne me doutais pas que mon absence durerait autant. En tous les cas, je
suis fier d’aborder devant vous le résultat de travaux qui ont duré plusieurs
années. Je ne vais pas faire de grands discours et voici donc le point
essentiel : contrairement à ce que l’on pense, l’être humain ne connaît
que trois grandes familles d’états émotionnels. D’abord, la tranquillité qui
lui permet, entre autre, d’être gentil, avenant et serviable. Ensuite, le
stress, qui le rend vite désagréable et peu disponible. Enfin, il y a la colère
qui peut le mener à tout y compris l’irréparable. »
L’assistance est impressionnée. On entend quelques
applaudissements mais plusieurs voix réclament un exemple concret. Le
sociologue brandit alors un téléphone portable dernier-cri aux reflets argentés
ce qui provoque quelques sifflets admiratifs.
« Je vais appeler un numéro au hasard, annonce
Dirwalou en précisant que la conversation sera relayée par les haut-parleurs
disséminés dans la salle. A peine quelques secondes et l’on entend une sonnerie
suivie d’un allô à la fois viril et pâteux.
- Allo, Kader ? interroge le docteur.
Surprise à l’autre bout de la ligne.
- Ah non, makache,
pas de Kader ici !
- Ah smahli
khô. Je suis désolé. Je me suis sûrement trompé de numéro.
- Ya pas de problème, khô. C’n’est pas grave.
Dirwalou raccroche et s’adresse à la salle.
- Voilà donc un exemple du premier état. Passons
maintenant à la deuxième phase. Je rappelle la même personne.
Nouvelle sonnerie, nouvel « allô »,
toujours viril mais un tantinet plus agressif.
- Salut Kader ! lance le docteur en
criant comme s’il parlait à un ami perdu de vue depuis très longtemps.
- Je viens de te dire qu’il n’y a pas de Kader
ici ! hurle l’autre. T’es mbouchi
ou quoi ?
- Ah, smahli,
s’excuse le docteur d’un ton catastrophé. Pardon, pardon ya khô. Je suis désolé, ajoute-t-il avec empressement. Vraiment
désolé. Pardon pour le dérangement.
- D’accord, d’accord, bougonne l’autre mais
vérifie ton numéro s’il te plaît.
- Oui, oui, et encore pardon.
Satisfait, Dirwalou raccroche, boit un verre
d’eau minérale importée puis dit :
- C’était donc le deuxième état. Maintenant,
nous allons passer au troisième état. Si parmi vous, il y a des personnes
sensibles, qu’elles quittent la salle ou qu’elles se bouchent les oreilles car
ce qui va suivre ne sera pas beau à entendre.
Il appuie ensuite sur la touche bis de son
téléphone et prend une grande inspiration. Cette fois, c’est un allô belliqueux
qui lui répond.
- Kadeeeer ! Khouya ! s’exclame Dirwalou. Mon frère ! Ça fait
longtemps ! Ouèche, c’est quoi
ce silence ?
- Que Dieu maudisse la religion des parents de
ta mère hurle l’autre. Espèce de fils de …, j’vais venir te … pour t’apprendre
à te moquer de moi et je vais t’éclater le…
Le docteur coupe la conversation et donne
quelques minutes à la salle pour qu’elle reprenne ses esprits. Il va pour
livrer ses conclusions quand une main se lève avec insistance. C’est un
doctorant en sociologie de l’université de Mascara qui veut intervenir. Après
quelques hésitations on finit par lui tendre un micro.
- Félicitations docteur, dit-il mais… pardon…
Je m’excuse hein ? Mais votre étude est incomplète parce qu’elle oublie de
mentionner le cas particulier des Algériens.
- Quel cas particulier ? s’exclame
Dirwalou à la fois surpris et irrité.
- Oui, c’est
bien un cas particulier. Vous ne le savez pas parce que ça fait longtemps que
vous avez quitté le pays mais les Algériens connaissent aujourd’hui quatre
états possibles.
- Quatre états ? gronde Dirwalou de plus
en plus fâché. C’est quoi encore que cette invention ?
- Si, si, je ne vous raconte pas de sottises, jure
l’autre. Prêtez-moi votre téléphone, je vais vous en donner la preuve.
Le doctorant soupèse l’objet sous l’œil
inquiet de Dirwalou puis tâtonne un peu avant de trouver la touche bis. Souffle
coupé, l’assistance entend de nouveau la sonnerie retentir dans les
haut-parleurs. Cette fois, le allô est rageur mais pour qui sait tendre
l’oreille, on discerne tout de même une pointe d’accablement résigné.
- Allô, kho ?
C'est Kader à l’appareil, dit le doctorant avec assurance. Pardon, hein, on ne se
connaît pas et j’mexcuse de te déranger. Dis-moi, est-ce que par hasard quelqu’un
m’a appelé sur ton téléphone ?
- Oui, répond l’autre en laissant échapper un
soupir plaintif. Trois fois !
- Trois fois ? Je suis désolé ! Ça
doit être mon cousin Nabil. Je vais l’appeler.
- D’accord. Dis-lui de bien noter ton numéro
et de ne plus m’ennuyer s’il te plaît.
- Promis. Pas de problème. Excuse-moi encore.
Le doctorant raccroche et lance un regard
satisfait au Dr Dirwalou :- Voilà monsieur le professeur, triomphe-t-il. Vous venez d’avoir la démonstration qu’il existe bien un quatrième état émotionnel chez les Algériens, celui du blocage mental post-traumatique !
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P.S : remerciements à Salim A. qui m’a livré
une version (moins soft…) de cette histoire.
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jeudi 19 décembre 2013
La chronique économique : Le grand retour du charbon
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On
le croyait passé de mode mais il est toujours là et, plus encore, il va
falloir compter sur lui durant les prochaines années, voire les
prochaines décennies. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE),
le charbon est une ressource énergétique primaire de plus en plus
consommée ( 2,7% de croissance par an jusqu’en 2018 contre 3,4% pour la
période 2007-2012). Plus important encore, cette matière première
fossile, symbole de la révolution industrielle du dix-neuvième siècle,
et donc d’une période que l’on croyait révolue, devrait même détrôner le
pétrole d’ici 2015 en tant que principale source énergétique.
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ABONDANT ET BON MARCHE
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Les facteurs qui expliquent cette renaissance du charbon sont nombreux. Il y a notamment l’incontournable « facteur chinois » puisque l’ex-Empire du Milieu compte pour la moitié de la consommation mondiale (cette dernière a atteint 7,7 milliards de tonnes en 2012) et pour 60% de sa hausse. On le sait, la croissance chinoise est dévoreuse d’un grand nombre de commodités et le charbon lui permet de compenser ses difficultés d’approvisionnement en hydrocarbures. Au-delà des discours sur la diversification du mix-énergétique et le développement des sources alternatives ou du nucléaire, Pékin a encore besoin du charbon et cela restera le cas jusqu’au moins 2030.
Une autre raison est que le charbon est une matière abondante et très facile d’accès. Contrairement au pétrole qui se trouve souvent dans des régions instables comme le Proche-Orient ou le Golfe de Guinée, il est présent en grandes quantités en Europe (notamment dans l’est) ou en Amérique du Nord. De plus, les réserves mondiales sont estimées à au moins cinq siècles de consommation actuelle ce que l’on a eu tendance à oublier au plus fort de l’essor pétrolier.
Enfin, l’attrait pour le charbon s’explique aussi par l’émergence du gaz de schiste aux Etats-Unis. De plus en plus indépendante sur le plan énergétique, l’Amérique est en train de réduire sa consommation de charbon, notamment pour ce qui est de la production électrique, ce qui pousse les prix du combustible noir à la baisse. Du coup, nombre d’opérateurs, entre autres européens, en profitent pour alimenter leurs centrales électriques. Dans le même temps, certains pays comme l’Allemagne ont même décidé de rouvrir des mines fermées dans les années 1980, époque où il était de bon ton de présenter le charbon comme une ressource du passé.
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UN COUT ENVIRONNEMENTAL ELEVE
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Bien entendu, cette renaissance de la houille a un prix élevé en matière de détérioration de l’environnement et d’explosion des émissions de gaz à effet de serre. Malgré les promesses des producteurs d'énergie, rien n’a été fait pour développer des technologies propres pour l’exploitation du charbon et le rendement des centrales énergétiques qui l’utilisent comme combustible restent inférieurs à 50%. Plus grave encore, les recherches en ce sens ne sont guère nombreuses, l’essentiel des efforts s’étant concentré sur les énergies alternatives ou encore le pétrole et le gaz de schiste.
La lutte contre le réchauffement climatique risque donc d’être la grande victime du retour en force du minerai noir.
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Akram Belkaïd, Paris
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ABONDANT ET BON MARCHE
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Les facteurs qui expliquent cette renaissance du charbon sont nombreux. Il y a notamment l’incontournable « facteur chinois » puisque l’ex-Empire du Milieu compte pour la moitié de la consommation mondiale (cette dernière a atteint 7,7 milliards de tonnes en 2012) et pour 60% de sa hausse. On le sait, la croissance chinoise est dévoreuse d’un grand nombre de commodités et le charbon lui permet de compenser ses difficultés d’approvisionnement en hydrocarbures. Au-delà des discours sur la diversification du mix-énergétique et le développement des sources alternatives ou du nucléaire, Pékin a encore besoin du charbon et cela restera le cas jusqu’au moins 2030.
Une autre raison est que le charbon est une matière abondante et très facile d’accès. Contrairement au pétrole qui se trouve souvent dans des régions instables comme le Proche-Orient ou le Golfe de Guinée, il est présent en grandes quantités en Europe (notamment dans l’est) ou en Amérique du Nord. De plus, les réserves mondiales sont estimées à au moins cinq siècles de consommation actuelle ce que l’on a eu tendance à oublier au plus fort de l’essor pétrolier.
Enfin, l’attrait pour le charbon s’explique aussi par l’émergence du gaz de schiste aux Etats-Unis. De plus en plus indépendante sur le plan énergétique, l’Amérique est en train de réduire sa consommation de charbon, notamment pour ce qui est de la production électrique, ce qui pousse les prix du combustible noir à la baisse. Du coup, nombre d’opérateurs, entre autres européens, en profitent pour alimenter leurs centrales électriques. Dans le même temps, certains pays comme l’Allemagne ont même décidé de rouvrir des mines fermées dans les années 1980, époque où il était de bon ton de présenter le charbon comme une ressource du passé.
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UN COUT ENVIRONNEMENTAL ELEVE
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Bien entendu, cette renaissance de la houille a un prix élevé en matière de détérioration de l’environnement et d’explosion des émissions de gaz à effet de serre. Malgré les promesses des producteurs d'énergie, rien n’a été fait pour développer des technologies propres pour l’exploitation du charbon et le rendement des centrales énergétiques qui l’utilisent comme combustible restent inférieurs à 50%. Plus grave encore, les recherches en ce sens ne sont guère nombreuses, l’essentiel des efforts s’étant concentré sur les énergies alternatives ou encore le pétrole et le gaz de schiste.
La lutte contre le réchauffement climatique risque donc d’être la grande victime du retour en force du minerai noir.
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dimanche 15 décembre 2013
samedi 14 décembre 2013
vendredi 13 décembre 2013
La chronique du blédard : Mandela et la violence légitime
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Le Quotidien d'Oran, jeudi 12 décembre 2013
Akram Belkaïd, Paris
Le décès de Nelson Rolihlahla Mandela a provoqué une
émotion mondiale et généré un nombre impressionnant de réactions et de
commentaires. En Occident, c’est surtout l’homme qui a pardonné à ses bourreaux
blancs qui a été célébré. Il est vrai que ce personnage exceptionnel a su
libérer son peuple sans céder à la facilité de la haine et de la vengeance. En
cela, son destin et son parcours politique resteront inégalables. Pour autant,
il convient de rappeler certaines vérités à son propos dont l’occultation – ou la
relativisation – relèvent de l’arrière-pensée politique ou, de manière plus
prosaïque, de l’ignorance.
De Mandela, l’écrivain sud-africain André Brink dit qu’il
« laisse à tout jamais une moralité, une éthique politique qui perdureront »
(*). Mais cet Afrikaner qui s’est très tôt opposé à l’apartheid a la lucidité
de faire le rappel suivant : « Il [Mandela] n’est pas pour autant un pacifiste.
Il justifie le recours à la violence quand elle est nécessaire, dans les
situations les plus extrêmes, les plus urgentes. Il n’est pas le Mahatma Gandhi ».
Voilà qui est clair et nombre de commentateurs qui se sont empressés de
présenter Mandela comme un chantre de la non-violence auraient été inspirés de
lire ce propos. En effet, on ne peut pas parler du père de la nation
sud-africaine sans en revenir aux raisons qui l’ont conduit en prison, c’est-à-dire
sa décision de déclencher la lutte armée contre le régime raciste de Pretoria.
Pour
s’en convaincre, il faut écouter la voix de Mandela
telle qu’elle retentit à la lecture d’un ouvrage exceptionnel intitulé
« Conversations
avec moi-même. Lettres de prison, notes et carnets intimes » (**). Ce
n’est
pas une biographie au sens classique du terme mais une riche compilation
composée, entre autres, de fragments de ses écrits durant diverses
périodes de
sa vie ainsi que des retranscriptions fidèles de certaines de ses
conversations
avec des proches et d’anciens camarades de lutte. Les premières pages de
ce
livre reproduisent ainsi un échange entre Mandela et son biographe
Richard
Stengel à propos des raisons de la création du MK (Umkhonto we
Sizwe), la branche militaire de l’ANC. Cela se passait durant le
deuxième
semestre de 1960, et, raconte Mandela, ses compagnons et lui réalisent
alors que le pouvoir
afrikaner ne leur laisse pas le choix, que le recours à la violence est
inévitable et qu'il leur faut convaincre les chefs de l’ANC que le temps
de la résistance
passive est terminé. Extrait :
« Nous nous sommes rendus à Durban pour une réunion
du Bureau exécutif national de l’ANC. Le chef [Albert Luthuli], Yengwa et
quelques autres s’y sont très fermement opposés. Mais bien sûr nous nous y
attendions de sa part : il croyait à la non-violence en tant que principe,
tandis que cela restait pour nous une tactique, même si nous ne pouvions pas l’avouer
au tribunal. Au tribunal, [pendant] le Treason Trial (***), nous avions dit que
nous croyions à la non-violence en tant que principe ; si nous avions
déclaré que c’était pour nous seulement une tactique, ç’aurait été une faille (…)
Nous avons toujours cru à la non-violence comme une tactique. Quand les
conditions nous dictaient d’utiliser la non-violence, c’est ce que nous
faisions ; et quand elles nous dictaient de renoncer à la non-violence,
nous nous y pliions. Donc, nous savions que le chef s’y opposerait… et il s’y
est opposé en effet, avec force, mais nous avons fini par le convaincre… »
Un peu plus loin, et toujours durant une conversation
avec Richard Stengel, Mandela fait référence au Christ et à la violence qu’il
emploie contre les marchands du Temple. Extrait : « Que vous
utilisiez des méthodes pacifiques ou violentes, le choix est entièrement
déterminé par les conditions… Le Christ a utilisé la force parce que dans cette
situation, c’est le seul langage qu’il pouvait utiliser. Par conséquent, aucun
principe ne dit que la force soit inutilisable (…) Quand le seul moyen d’avancer,
de résoudre les problèmes, est d’utiliser la force ; quand les méthodes
pacifiques deviennent inadaptées. C’est une leçon de l’histoire à travers les
siècles… et dans toutes les parties du monde. »
Contrairement à une idée reçue, Mandela ne dérogera
jamais à cette position. Durant les négociations qui devaient mener à sa
libération (1982-1990), il a défendu ses choix et toujours laissé planer la
menace d’un recours à la violence en cas de blocage. Extrait : « Au
départ, ils [ses interlocuteurs afrikaners] avaient adopté la posture
habituelle consistant à dire que la violence et les actes criminels sont
intolérables. Mais ce que je cherchais à mettre en avant, c’est que les moyens
employés par les opprimés pour faire progresser leur cause sont déterminés par
l’oppresseur lui-même. Quand l’oppresseur emploie des méthodes pacifiques, les
opprimés l’imitent ; mais quand il a recours à la force, les opprimés eux
aussi recourent à la force. »
Mandela n’a jamais glorifié la violence mais l’a toujours
vue comme un moyen d’établir un rapport de force. Plus important encore, il n’était
pas dupe de sa capacité à dénaturer un combat politique. Extrait de l’une de
ses conversations avec son ami de toujours et ancien compagnon de captivité
Ahmed Kathrada (82 ans aujourd’hui et figure de proue d’un mouvement
international pour la libération de Marouane Barghouti, dirigeant du Fatah condamné
à la prison à vie par Israël) : « L’un des sujets controversés
lorsque nous avons monté le MK était la manière de le contrôler. Nous voulions
éviter le militarisme, le but était de créer une force militaire à partir de l’organisation
politique, et c’est sur ce principe qu’il a été fondé. Nous plaidions pour que
l’entraînement aille de pair avec une formation politique. Ils doivent savoir
pourquoi ils vont prendre les armes et combattre. On doit leur enseigner que la
révolution ne se limite pas à appuyer sur une détente et à faire feu – c’est
une organisation qui avait pour objectif de prendre le pouvoir. C’est ce que
nous mettions en avant. »
Oui, l’exemplarité de Mandela nous enseigne que le pardon
est nécessaire et qu’il n’y a nulle gloire à prôner la vengeance. Mais cela ne
doit pas nous faire oublier, et c’est l’un des drames de l’humanité, qu’il est
des situations d’extrême injustice où seule la violence peut faire fléchir l’oppresseur,
à condition, bien entendu, qu’elle soit toujours l’émanation d’une action
politique.
(*) « Une noblesse exceptionnelle », Le Monde,
7 décembre 2013.
(**) Editions de La Martinière, 2010, 23 euros.
(***) Procès pour trahison qui a duré de 1956 à 1960 et à
l’issue duquel Mandela fut acquitté.
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jeudi 12 décembre 2013
La chronique économique : Une leçon américaine
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Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives mais il semble bien que l’économie américaine ait pris des couleurs comme le montrent deux récentes statistiques. D’abord, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a atteint 3,6% en rythme annuel au troisième trimestre de cette année. C’est la première fois depuis sept trimestres que la progression du PIB dépasse la barre symbolique des 3%. Ensuite, le chômage au mois de novembre est tombé à 7% avec la création de 203.000 emplois. Le marché du travail revient donc à ses niveaux de septembre 2008, à la veille de la grande crise financière.
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QUELQUES RESERVES DE TAILLE
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Bien entendu, des éléments amènent à relativiser ces performances et à garder en tête qu’un retournement est toujours possible. Pour ce qui est de la croissance, il faut préciser qu’elle a été dopée par la constitution de stocks, pour un montant total de 116,5 milliards de dollars, en vue des achats pour les fêtes de fin d’année (dont le coup d’envoi traditionnel a été donné le 29 novembre dernier pour le fameux week-end du Black Friday). Il faudra donc attendre les résultats du quatrième trimestre pour vérifier si la reprise de la consommation s’est maintenue au même niveau.
Concernant le marché du travail, les statistiques de création d’emplois ont bénéficié du retour au bureau de plusieurs milliers de fonctionnaires qui s’étaient retrouvés sans emploi jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé au Congrès à propos du budget fédéral. De même, il faut noter que le nombre de chômeurs reste élevé car proche de 11 millions (10,9) ce qui est très loin de la moyenne de 6 millions qui prévalait au début des années 2000 quand la croissance de l’économie était vigoureuse. Voilà pourquoi de nombreux commentateurs continuent de parler de « jobless recovery », reprise sans emplois, et cela malgré les 2,8 millions d’emplois créés depuis septembre 2012.
On peut aussi s’interroger sur la manière dont évolueront les chiffres de la croissance et de l’emploi le jour où la Réserve fédérale (Fed) s’arrêtera d’injecter chaque mois 85 milliards de dollars dans l’économie. A ce sujet, les perspectives restent encore incertaines. D’une part, la Fed ne pourra pas continuer à créer de la monnaie de manière indéfinie (ses injections créent déjà des bulles sur les marchés financiers notamment dans le secteur des nouvelles technologies). De l’autre, la bataille parlementaire à propos du budget est loin d’être terminée au Congrès et un nouveau blocage de l’appareil fédéral n’est pas à exclure.
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LE PRAGMATISME AVANT TOUT
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Mais quoiqu’il en soit, ces derniers chiffres de conjoncture démontrent la capacité de l’économie des Etats-Unis à s’adapter et à déterminer les mesures susceptibles d’enrayer les menaces récessionnistes. Ainsi, l’action volontariste de la Réserve fédérale s’apparente à une méga-subvention publique de l’économie et du secteur privé qu’il soit bancaire ou pas. Dans ce genre de circonstances, l’idéologie cède donc la place à un keynésianisme des plus pragmatiques. C’est là une leçon américaine que l’Union européenne, agrippée à son dogme libéral, a encore du mal à comprendre…
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par Akram Belkaïd, Paris
Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives mais il semble bien que l’économie américaine ait pris des couleurs comme le montrent deux récentes statistiques. D’abord, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a atteint 3,6% en rythme annuel au troisième trimestre de cette année. C’est la première fois depuis sept trimestres que la progression du PIB dépasse la barre symbolique des 3%. Ensuite, le chômage au mois de novembre est tombé à 7% avec la création de 203.000 emplois. Le marché du travail revient donc à ses niveaux de septembre 2008, à la veille de la grande crise financière.
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QUELQUES RESERVES DE TAILLE
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Bien entendu, des éléments amènent à relativiser ces performances et à garder en tête qu’un retournement est toujours possible. Pour ce qui est de la croissance, il faut préciser qu’elle a été dopée par la constitution de stocks, pour un montant total de 116,5 milliards de dollars, en vue des achats pour les fêtes de fin d’année (dont le coup d’envoi traditionnel a été donné le 29 novembre dernier pour le fameux week-end du Black Friday). Il faudra donc attendre les résultats du quatrième trimestre pour vérifier si la reprise de la consommation s’est maintenue au même niveau.
Concernant le marché du travail, les statistiques de création d’emplois ont bénéficié du retour au bureau de plusieurs milliers de fonctionnaires qui s’étaient retrouvés sans emploi jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé au Congrès à propos du budget fédéral. De même, il faut noter que le nombre de chômeurs reste élevé car proche de 11 millions (10,9) ce qui est très loin de la moyenne de 6 millions qui prévalait au début des années 2000 quand la croissance de l’économie était vigoureuse. Voilà pourquoi de nombreux commentateurs continuent de parler de « jobless recovery », reprise sans emplois, et cela malgré les 2,8 millions d’emplois créés depuis septembre 2012.
On peut aussi s’interroger sur la manière dont évolueront les chiffres de la croissance et de l’emploi le jour où la Réserve fédérale (Fed) s’arrêtera d’injecter chaque mois 85 milliards de dollars dans l’économie. A ce sujet, les perspectives restent encore incertaines. D’une part, la Fed ne pourra pas continuer à créer de la monnaie de manière indéfinie (ses injections créent déjà des bulles sur les marchés financiers notamment dans le secteur des nouvelles technologies). De l’autre, la bataille parlementaire à propos du budget est loin d’être terminée au Congrès et un nouveau blocage de l’appareil fédéral n’est pas à exclure.
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LE PRAGMATISME AVANT TOUT
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Mais quoiqu’il en soit, ces derniers chiffres de conjoncture démontrent la capacité de l’économie des Etats-Unis à s’adapter et à déterminer les mesures susceptibles d’enrayer les menaces récessionnistes. Ainsi, l’action volontariste de la Réserve fédérale s’apparente à une méga-subvention publique de l’économie et du secteur privé qu’il soit bancaire ou pas. Dans ce genre de circonstances, l’idéologie cède donc la place à un keynésianisme des plus pragmatiques. C’est là une leçon américaine que l’Union européenne, agrippée à son dogme libéral, a encore du mal à comprendre…
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mercredi 11 décembre 2013
Mandela : écrits et propos (1)
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"Je suis de ceux qui possèdent des bribes d'information sur une grande variété de sujets, mais à qui manque une connaissance profonde et pointue du seul domaine dans lequel ils auraient dû se spécialiser, c'est-à-dire dans mon cas l'histoire de mon pays et de mon peuple"
Lettre à Fatima Meer (*), 1er mars 1971
in "Conversations avec moi-même. Lettres de prison, notes et carnets intimes", Editions de la Martinière. 2010.
(*) Fatima Meer est une militante anti-apartheid et écrivaine sud-africaine, universitaire et biographe de Nelson Mandela, née 12 août 1928 et décédée le 12 mars 2010 à Durban. Universitaire, écrivaine et éditrice dans les années 1960, proche de Nelson Mandela, elle a été détenue sans être jugée pour avoir tenté d'organiser un rassemblement avec le militant anti-apartheid Steve Biko.
Musulmane d'origine indienne, « sage » respectée de sa communauté, elle a notamment écrit une biographie sur celui qui allait devenir le premier président noir d'Afrique du Sud, intitulée « Plus haut que l'espoir » (1988). Elle était mariée avec l'avocat et militant Ismail Meer (mort en 2000) et avait deux filles. Elle est décédée d'un attaque cérébrale à l'hôpital de Durban. (source Wikipédia)
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"Je suis de ceux qui possèdent des bribes d'information sur une grande variété de sujets, mais à qui manque une connaissance profonde et pointue du seul domaine dans lequel ils auraient dû se spécialiser, c'est-à-dire dans mon cas l'histoire de mon pays et de mon peuple"
Lettre à Fatima Meer (*), 1er mars 1971
in "Conversations avec moi-même. Lettres de prison, notes et carnets intimes", Editions de la Martinière. 2010.
(*) Fatima Meer est une militante anti-apartheid et écrivaine sud-africaine, universitaire et biographe de Nelson Mandela, née 12 août 1928 et décédée le 12 mars 2010 à Durban. Universitaire, écrivaine et éditrice dans les années 1960, proche de Nelson Mandela, elle a été détenue sans être jugée pour avoir tenté d'organiser un rassemblement avec le militant anti-apartheid Steve Biko.
Musulmane d'origine indienne, « sage » respectée de sa communauté, elle a notamment écrit une biographie sur celui qui allait devenir le premier président noir d'Afrique du Sud, intitulée « Plus haut que l'espoir » (1988). Elle était mariée avec l'avocat et militant Ismail Meer (mort en 2000) et avait deux filles. Elle est décédée d'un attaque cérébrale à l'hôpital de Durban. (source Wikipédia)
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mardi 10 décembre 2013
Flamboiements automnaux
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Rester là quelques instants, immobile et silencieux.
Simplement respirer, s'emplir les poumons, garder les yeux ouverts et se réchauffer à ce flamboiement..
Lever la tête, saluer le géant déjà décharné.
De bas en haut, vert, jaune et vide
Sont-ils bien droits et fiers ces trois vaillants
Qui ne craignent guère l'hiver qui vient
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Rester là quelques instants, immobile et silencieux.
Simplement respirer, s'emplir les poumons, garder les yeux ouverts et se réchauffer à ce flamboiement..
Lever la tête, saluer le géant déjà décharné.
De bas en haut, vert, jaune et vide
Sont-ils bien droits et fiers ces trois vaillants
Qui ne craignent guère l'hiver qui vient
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La chronique du blédard : Dubaï ou l’envie de monde et de mouvement
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Le Quotidien d'Oran, jeudi 5 décembre 2013
Akram Belkaïd, Paris
Il y a quelques mois, cette chronique moquait le vocabulaire d’autopromotion et quelque peu grandiloquent utilisé en toute occasion dans les pays du Golfe (*). « Vision, hub, heritage, human capital, billions, global, mall, sustainable devlopment,… », il est vrai qu’il est impossible d’échapper à ces termes omniprésents, ma préférence allant à « the vision » (the vijieune) dont seraient porteur les grands monarques éclairés et humanistes de la région… Mais si on a le droit de se moquer, il faut tout de même parfois reconnaître la réalité d’une dynamique économique.
La semaine dernière, l’émirat de Dubaï a obtenu l’organisation de l’Exposition universelle de 2020 (celle de 2015 aura lieu à Milan). Organisée tous les cinq ans, cette manifestation non-commerciale (c’est pour celle de 1889 que fut construite la tour Eiffel) est la troisième en termes d’impact culturel et économique après la Coupe du monde de football et les Jeux Olympiques. Réunis par le Bureau international des expositions (BIE), 160 pays ont eu à choisir entre la cité-État, Ekaterinbourg (Russie), Izmir (Turquie) et Sao Paulo (Brésil). Et c’est la première fois qu’un pays arabo-musulman va accueillir cette exposition qui se veut être une vitrine planétaire sur les savoirs et les technologies.
« Ils ont payé… » Que l’on soit à Alger, Oran ou Paris, c’est la réaction qui vient tout de suite à l’esprit. Bien sûr, le vote était secret mais la bataille entre les candidats a notamment porté sur les voix africaines jugées susceptibles d’aller au plus offrant. Il serait naïf de croire que Dubaï n’a pas eu recours à la diplomatie du chéquier. Mais cela a été aussi le cas des Turcs et, à un degré moindre, des Russes. En fait, dans ce genre de compétition, l’argent est absolument nécessaire mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi avoir d’autres arguments à commencer par celui de vendre du rêve et de susciter l’envie de se déplacer sur place.
Il faut reconnaître que les promoteurs de la candidature dubaïotes ont su y faire en promettant un site d’exposition (qui reste à construire) digne du XXIème siècle et dont le cœur thématique sera l’économie de la connaissance et la connexion. Futurisme assumé, glorification des sciences et de la technologie, promesse de dépaysement dans un environnement où le luxe occupe une grande place : tout cela a certainement joué lors du vote. A cela s’ajoutent des prévisions qui donnent le tournis en ces temps de crise et d’austérité mondiale : 300.000 emplois seront créés d’ici sept ans et 3 milliards de dollars investis en infrastructures diverses.
Là aussi, on peut ironiser sur la nature de ces futurs emplois, surtout quand on a en tête les drames qui endeuillent les chantiers de construction dans l’émirat voisin du Qatar et, de façon plus générale, la manière dont les migrants sont traités dans le Golfe (on notera au passage que la presse occidentale, si véhémente avec le Qatar, a été bien moins incisive quant aux expulsions massives de travailleurs étrangers en Arabie Saoudite). Mais il est évident que le projet Dubaï 2020 va constituer un nouvel appel d’air et attirer des compétences du monde entier. Il fut un temps où les pétrodollars étaient recyclés par les grandes banques d’affaires occidentales en prêts (pas toujours nécessaires) à destination des pays en développement. Aujourd’hui, et c’est tant mieux, une bonne partie de cette manne est utilisée sur place dans ces chantiers, certes faramineux, mais qui contribuent tout de même à moderniser le Golfe.
Par ailleurs, il est intéressant de relever l’intense ferveur populaire qui a précédé et suivi la désignation de Dubaï. Cet émirat, né dans les années soixante-dix comme d’autres micro-États de la région, a un vrai problème d’identité nationale. Ses ressortissants sont noyés dans la masse des expatriés étrangers, la langue arabe n’en finit pas d’être bousculée par l’anglais et le lien tribal continue de primer par rapport à la citoyenneté. Or, l’obtention de l’Expo 2020 a provoqué un vrai engouement, notamment sur les réseaux sociaux. A lire le déluge de commentaires euphoriques, on aurait même pu croire que Dubaï venait de remporter la Coupe du monde de football… Bien entendu, conclure que, quarante ans après les indépendances, une conscience nationale existe enfin serait hâtif. Il n’empêche, cette mobilisation est révélatrice d’une nouvelle identité qui se forge notamment grâce au regard extérieur.
« Londres a pu accueillir les Jeux Olympiques parce que la population le désirait » a récemment déclaré l’ancien athlète Sebastien Coe qui fut la cheville ouvrière de la candidature londonienne aux JO de 2012. Une petite pique à l’adresse des Parisiens qui, tout en étant persuadés que leur ville serait choisie (c’est Paris, tout de même !), voyaient d’un mauvais œil la perspective d’une compétition sportive susceptible de provoquer une augmentation des impôts locaux. Or, l’envie, les dubaïotes, y compris les étrangers qui y habitent, l’ont. Au-delà de nombre d’archaïsmes sociétaux et de contradictions entre la modernité technologique et le conservatisme des mœurs, cette envie féroce de « monde et de mouvement» est quelque chose qui saute aux yeux dès les premiers pas dans l’émirat. Loin de la morosité et des interrogations existentielles du « vieux monde », c’est cela qui symbolise le mieux l’obtention par Dubaï de l’Exposition universelle de 2020.
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dimanche 8 décembre 2013
samedi 7 décembre 2013
La chronique économique : L’OMC malgré tout…
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LA QUESTION DES SUBVENTIONS
Une chose est certaine, et de l’aveu même de Roberto Azevedo, le nouveau directeur général de l’OMC, la portée des discussions est limitée puisqu’elles ne concernent plus que 10% du projet initial concocté à Doha. Mais même les thèmes retenus (facilitation des échanges, agriculture et développement) posent problème surtout en ce qui concerne le volet agricole. L’objet de la discorde entre pays en développement et les grandes puissances ainsi que l’OMC concerne les stocks agricoles. Ce bras de fer met d’ailleurs en relief l’inanité du dogme libre-échangiste que ses fidèles partisans continuent de présenter comme la solution absolue aux problèmes économiques de la planète. L’un des arguments en la matière est de répéter à l’envi que l’accomplissement du cycle de Doha créerait 34 millions d’emplois sans que l’on soit vraiment sûr de la pertinence et de la fiabilité des études qui ont conduit à ce chiffre…
D’un côté, les pays en développement veulent avoir la capacité de constituer des stocks pour contrôler les prix et éviter que les populations pauvres ne soient pénalisées par une hausse des cours des produits agricoles comme ce fut le cas entre 2007 et 2009. De l’autre, l’OMC se cantonne dans une position rigide estimant que l’existence de stocks gérés par les Etats s’apparente à des subventions. Or, comme chacun sait, la pensée néo-libérale abhorre les subventions et ne croit qu’à l’efficience du marché (même quand ce dernier se dédouble entre un marché physique et un marché financier où les quantités de produits échangées – qu’il s’agisse de pétrole ou de café – n’ont rien à voir avec la moindre réalité…).
Le plus étonnant dans l’affaire, c’est que les pays riches ne se privent pas de subventionner leurs agricultures. L’Europe et sa politique agricole commune en est un exemple flagrant. Aux Etats-Unis, les cotonniers savent se faire entendre du Congrès et qu’importe si les subsides qui leur sont alloués provoquent la ruine de leurs homologues du Sahel. Enfin, de nombreux experts reconnaissent aujourd’hui que l’une des pires mesures prises concernant le cacao ivoirien fut de supprimer la capacité de l’Etat à faire jouer des mécanismes de compensation pour les cultivateurs.
UNE DISPARITION NON-SOUHAITABLE
Faut-il pour autant se réjouir de l’enlisement de l’OMC ? L’une des grandes tares de cette organisation est son incapacité à penser l’échange commercial dans un autre cadre conceptuel que le libre-échange à tous crins. On l’a vu dans certains cas, à l’image du fameux « oignon indien » (la protection de la production intérieure a évité la faillite de nombreux producteurs) ; une certaine dose de protectionnisme est nécessaire, ce que refuse d’entendre cette institution. Mais, aussi défaillante soit-elle, l’Organisation mondiale du commerce a cela de positif qu’elle repose sur le multilatéralisme. Son échec définitif signifierait le retour en grâce des traités bilatéraux où c’est la loi du plus fort qui s’impose. Qu’ils le veuillent ou non, les pays en développement ont ainsi intérêt à ce que la bataille des négociations commerciales continue de se dérouler au sein de l’OMC.
Akram Belkaïd, Paris
Encore quelques jours et il est possible que l’on n’entende plus parler de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), du moins pas dans sa forme et sa mission actuelles... C’est hier mardi qu’ont débuté dans l’île indonésienne de Bali les négociations ministérielles pour un accord sur la libéralisation des échanges mondiaux et personne ne croit à un résultat positif. En effet, il n’y a même pas de projet de texte à discuter et ce n’est donc pas ce neuvième round de pourparlers qui va faire aboutir le cycle engagé lors de la Conférence de Doha en 2001.
LA QUESTION DES SUBVENTIONS
Une chose est certaine, et de l’aveu même de Roberto Azevedo, le nouveau directeur général de l’OMC, la portée des discussions est limitée puisqu’elles ne concernent plus que 10% du projet initial concocté à Doha. Mais même les thèmes retenus (facilitation des échanges, agriculture et développement) posent problème surtout en ce qui concerne le volet agricole. L’objet de la discorde entre pays en développement et les grandes puissances ainsi que l’OMC concerne les stocks agricoles. Ce bras de fer met d’ailleurs en relief l’inanité du dogme libre-échangiste que ses fidèles partisans continuent de présenter comme la solution absolue aux problèmes économiques de la planète. L’un des arguments en la matière est de répéter à l’envi que l’accomplissement du cycle de Doha créerait 34 millions d’emplois sans que l’on soit vraiment sûr de la pertinence et de la fiabilité des études qui ont conduit à ce chiffre…
D’un côté, les pays en développement veulent avoir la capacité de constituer des stocks pour contrôler les prix et éviter que les populations pauvres ne soient pénalisées par une hausse des cours des produits agricoles comme ce fut le cas entre 2007 et 2009. De l’autre, l’OMC se cantonne dans une position rigide estimant que l’existence de stocks gérés par les Etats s’apparente à des subventions. Or, comme chacun sait, la pensée néo-libérale abhorre les subventions et ne croit qu’à l’efficience du marché (même quand ce dernier se dédouble entre un marché physique et un marché financier où les quantités de produits échangées – qu’il s’agisse de pétrole ou de café – n’ont rien à voir avec la moindre réalité…).
Le plus étonnant dans l’affaire, c’est que les pays riches ne se privent pas de subventionner leurs agricultures. L’Europe et sa politique agricole commune en est un exemple flagrant. Aux Etats-Unis, les cotonniers savent se faire entendre du Congrès et qu’importe si les subsides qui leur sont alloués provoquent la ruine de leurs homologues du Sahel. Enfin, de nombreux experts reconnaissent aujourd’hui que l’une des pires mesures prises concernant le cacao ivoirien fut de supprimer la capacité de l’Etat à faire jouer des mécanismes de compensation pour les cultivateurs.
UNE DISPARITION NON-SOUHAITABLE
Faut-il pour autant se réjouir de l’enlisement de l’OMC ? L’une des grandes tares de cette organisation est son incapacité à penser l’échange commercial dans un autre cadre conceptuel que le libre-échange à tous crins. On l’a vu dans certains cas, à l’image du fameux « oignon indien » (la protection de la production intérieure a évité la faillite de nombreux producteurs) ; une certaine dose de protectionnisme est nécessaire, ce que refuse d’entendre cette institution. Mais, aussi défaillante soit-elle, l’Organisation mondiale du commerce a cela de positif qu’elle repose sur le multilatéralisme. Son échec définitif signifierait le retour en grâce des traités bilatéraux où c’est la loi du plus fort qui s’impose. Qu’ils le veuillent ou non, les pays en développement ont ainsi intérêt à ce que la bataille des négociations commerciales continue de se dérouler au sein de l’OMC.
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vendredi 6 décembre 2013
jeudi 5 décembre 2013
mardi 3 décembre 2013
lundi 2 décembre 2013
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